lundi 21 octobre 2013

All the boys love Mandy Lane

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com

de Jonathan Levine. 2006. U.S.A. 1h30. Amber Heard, Anson Mount, Whitney Able, Michael Welch, Edwin Hodge, Aaron Himelstein, Luke Grimes.

Sortie salles U.S: 11 Octobre 2013 (sortie limitée). Angleterre: 15 Février 2008. France, uniquement en Dvd: 3 Août 2010

FILMOGRAPHIE:  Jonathan Levine est un réalisateur et scénariste américain, né le 18 Juin 1976 à New-York. 2006: All the Boys love Mandy Lane. 2008: Wackness. 2011: 50/50. 2013: Warm Bodies.


Inédit en salles en France et tardivement programmé aux States (il est sorti le 13 Octobre 2013), faute d'une défaite financière des distributeurs (l'insuccès du dyptique Boulevard de la mort / Planet Terror), All the Boys love Mandy Lane aura connu bien des déboires pour accéder à son exploitation commerciale. Le pitchUne bande d'ados décide de passer un long week-end bucolique dans le ranch familial d'un de leurs camarades. C'est aussi l'occasion pour les garçons de courtiser la jeune Mandy Lane, fille candide à la beauté renversante. Mais une série de meurtres violents ébranle leur festivité. Sous le mode opératoire du psycho-killer de base influencé par Vendredi 13, le réalisateur  Jonathan Levine se réapproprie des clichés avec une ambition somme toute personnelle afin de se démarquer de l'ornière. On est d'abord frappé par la beauté naturelle de ces images poétiques (métaphore de la puberté) mais aussi impressionné par la troublante Mandy Lane lorsqu'elle déambule dans son lycée sous le regard éperdu des adolescents. Cette égérie sexuelle attisant d'autant plus curiosité, concurrence et jalousie qu'elle semble faire preuve d'abstinence pour la luxure.


Ce personnage central, Jonathan Levine en tire un archétype féministe où l'aura trouble de sa présence virginale planera durant tout le récit. Au niveau des stéréotypes impartis à la description des protagonistes (le dragueur, la blonde potiche, le bouffon, la grande gueule, le quidam valeureux, etc...) le réalisateur les fait voler en éclat en accordant une certaine humanité dans leur malaise pubère insolent. Car si nos jeunes fêtards continuent à se droguer et forniquer lors d'une insouciance libertaire, le témoignage innocent de Mandy Lane ainsi que la présence meurtrière d'un tueur aux aguets vont les rappeler à l'ordre de la raison. Ou lorsque le psycho-killer rencontre la chronique sociale d'une jeunesse déshumanisée par la compétition. En dépit de la stature imposée à ces personnages si souvent déconsidérés à travers l'iconographie du genre, All the Boys love Mandy Lane est notamment transcendé de la stylisation d'une mise en scène rigoureuse (voire parfois même expérimentale) en multipliant les prises de risque. Celles d'y bousculer les habitudes du spectateur pour son ton anti ludique et son refus de concession si bien que l'aspect spectaculaire des meurtres n'a ici rien de divertissant. Si bien que la violence est froide, crue, même si parfois hors-champs afin d'éviter la complaisance, et son réalisme désespéré nous laisse dans une certaine contrainte émotionnelle quant à son ultime demi-heure rigoureusement éprouvante, surprenante, impressionnante. Quand bien même l'aspect équivoque du personnage de Mandy Lane accentue cette force émotive nous laissant au final un arrière goût fort amer dans la bouche. En crescendo, Jonathan Levine distillant une terreur moite davantage ardue pour le sort des ados, alors que son point d'orgue nihiliste nous laisse sur le carreau pour la révélation du meurtrier ainsi que son parti-pris à la fois immoral et désenchanté.


Elephant. 
Etrangement poétique, désabusé, dérangeant mais aussi poignant, All the Boys love Mandy Lane réfute la redite triviale pour nous livrer un psycho-killer littéralement vénéneux, fascinant, hypnotique en somme. Le soin formel accordé aux images graciles et la beauté envoûtante de Mandy Lane se complétant harmonieusement pour laisser en mémoire une élégie défaitiste, malaise social du constat de l'amour du point de vue de l'ado ici provocateur, vulgaire, égoïste, bonimenteur. Pour un premier long-métrage aussi atypique, on peut peut-être évoquer le coup de maître de cet auteur sagace infiniment attentionné d'y dépeindre un malaise existentiel aux conséquences factieuses.

*Bruno 
21.10.13
21.07.2024. Vostfr

4 commentaires:

  1. Je me suis laissé prendre au jeu, sous le charme de Mandy Lane jusqu'à la fin avec bonheur. On est à des Km des figures du slasher habituel, sans pour autant tourner le genre en dérision. Bon choix Bruno, encore une fois :)

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  2. Une fois n'étant pas coutume , mon cher Bruno comme tu as pu le lire , nous partageons a nouveau le même point de vue , avec un angle de lecture similaire quand au coté dénonciateur d'un jeunesse américaine en déliquescence , nourrie aux réseaux sociaux et aux débauches spring breakienne ! Ta chronique en restitue très bien le coté poétique et envoutant .
    Du coup Bruno ,ce qui est certain c'est qu'il y a au moins deux garçons de plus qui aiment Mandy Lane !

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