Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinebel.be
de Sherry Hormann. 2012. Allemagne. 1h51. Avec Thure Lindhardt, Antonia Campbell-Hughes, Amelia Pidgeon, Trine Dyrholm, Vlasto Peyitch.
Sortie salles Autriche: 25 Février 2013. Allemagne: 28 Février 2013
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sherry Hormann est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né en 1960 à Kingston, New-York, U.S.A.
1994: Frauen sind was Wunderbares. 1996: Fête des pères. 1998: Widows. 1998: Die Cellistin. 2001: Private Lies (télé-film). 2002: My Daughter's Tears. 2003: Le Merveilleux Noël de Lena (télé-film). 2004: Männer wie wir. 2007: Helen, Fred et Ted (télé-film). 2009: Fleur du Désert. 2012: Anleitung zum Unglücklichsein. 2013: 3096
Récit authentique du célèbre kidnapping de Natascha Kampusch, jeune fille autrichienne enlevée par un ravisseur à l'âge de 10 ans, puis épargnée de son calvaire après 3096 jours de captivité, ce drame éprouvant est transposé ici avec refus de voyeurisme dans sa volonté de retransmettre sans complaisance l'affliction d'une victime juvénile soumise à un sociopathe. Dans une chronologie elliptique, le réalisateur décrit avec réalisme blafard le calvaire de Natascha dès le jour de son enlèvement, c'est à dire le 2 mars 1998, jusqu'à sa liberté retrouvée à sa majorité le 23 Août 2006. Se raccrochant au témoignage de la véritable Natascha Kampusch répertorié dans son livre autobiographique, le film s'évertue à fidèlement reconstituer ses écrits en insistant sur les rapports étroits (parfois même amicaux !) que le couple finissait par entretenir.
Ce qui frappe d'entrée avec ce huis-clos aussi étouffant que dérangeant, c'est la rigueur de sa mise en scène épurée réfutant la moindre fioriture pour coller au plus près de la réalité, renforcée par la sobriété des comédiens étonnants de vérité. Superbement dessinés, Sherry Hormann leur accorde une attention circonspecte afin de mettre en exergue les rapports dysfonctionnels de la victime et du bourreau. Pour incarner la fragilité d'une adolescente famélique soumise à l'humiliation, le viol et les châtiments corporels, Antonia Campbell-Hughes retransmet avec fragilité son désarroi quotidien à devoir se réfugier dans un cachot en tolérant l'autorité castratrice d'un misogyne sexuellement refoulé. Avec son regard glaçant d'austérité et sa posture impassible, Thure Lindhardt incarne un tortionnaire avide de prépondérance afin de réduire à l'asservissement sa victime démunie. Littéralement transi de frustration irascible face à la gente féminine, l'acteur insuffle un jeu cynique d'autorité sadienne afin de mieux dissuader sa proie à s'échapper. Enfin, durant son 1er acte d'embrigadement, il faut souligner l'incroyable justesse de la petite Amelia Pidgeon, endossant avec un naturel impressionnant celle d'une fillette candide livrée à une claustration de longue haleine. Ces châtiments intentés tels que la privation de nourriture et la violence punitive nous plongent dans une dérive psychologique difficilement supportable.
En jouant la carte de l'émotion prude et du refus du sensationnalisme, 3096 s'érige en témoignage bouleversant pour retracer le calvaire inlassable d'une adolescente aussi découragée (sa tentative de suicide afin de mettre un terme à son isolement) que combative (ses tentatives d'évasion). Les rapports troubles qu'elle entretenait avec son ravisseur rajoute une aura insolite à cette séquestration auquel le jeu subtil des comédiens puise toute sa force émotionnelle.
Pour clore, si quelqu'un peut m'expliquer pour quelle raison ce témoignage fidèlement respectueux, approuvé par la véritable Natascha Kampusch, s'est honteusement retrouvé banni de nos écrans français !
La critique de Loic Bugnon: http://www.grimmovies.com/2013/10/20/3096-sherry-hormann-2012/
Dédicace à Jenny Winter
02.10.13
Bruno Matéï
"La rigueur de la mise en scène" ???!!!
RépondreSupprimerMoi je parlerais de platitude et floutitude de point de vue...
On n'a pas vu le même film...
J'ai trouvé ça creux, plat et uniquement dérangeant lorsque les scènes impliquent la fillette...
Et uniquement par pitié pour la petite actrice, pas le pour le "personnage"...
Honnêtement, ce film n'aurait pas la "béquille" d'être tiré d'un fait divers aussi célèbre, il serait considéré comme un machin sans forme, sans fond, sans âme et sans couilles...