lundi 18 novembre 2013

La Sentinelle des Maudits / The Sentinel

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

de Michael Winner. 1977. U.S.A. 1h35. Avec Christina Raines, Ava Gardner, Chris Sarandon, Burgess Meredith, Sylvia Miles, José Ferrer, Arthur Kennedy, John Carradine, Christopher Walken, Eli Wallach, Jerry Orbach, Jeff Glodblum, Beverly D'Angelo, Martin Balsam, William Hickey, Tom Berenger.

Sortie salles U.S: 7 Janvier 1977

FILMOGRAPHIEMichael Winner est un réalisateur britannique né le 30 Octobre 1935 à Londres.
1967: Qu'arrivera t'il après ?, 1971: les Collines de la Terreur, 1971: l'Homme de la loi, le Corrupteur, 1972: Le Flingueur, 1973: le Cercle noir, 1973: Scorpio, Un justicier dans la ville, 1976: Won ton ton, 1977: la Sentinelle des Maudits, 1978: le Grand Sommeil, 1979: l'Arme au poing, 1982: Un justicier dans la ville 2, 1985: le Justicier de New-York, 1988: Rendez-vous avec la mort, 1993: Dirty Week-end.


"Hallucinations sépulcrales au 7e étage".
Surfant sur la vague des succès satanistes de l'époque, Michael Winner s’essaie au genre horrifique en adaptant The Sentinel, roman de Jeffrey Konvitz. Entourée d’une pléiade de stars peu habituées à côtoyer les marges du cinéma de genre, cette série B surprenante, nantie d’une certaine renommée, a fini par s’élever au rang de classique dans la catégorie des vilains p’tits canards déviants.

Le pitch : En quête d’indépendance, Alison Parker quitte le domicile de son fiancé pour emménager dans un appartement new-yorkais, à Brooklyn. Rapidement, d’étranges manifestations s’accumulent : des bruits au-dessus du plafond la nuit, des voisines saphiques surgies de nulle part, et, au sommet de l’immeuble, un vieillard aphone qui semble scruter le monde à travers sa fenêtre.

Imprégnée de son ambiance Seventies, La Sentinelle des Maudits capte l'attention sans faiblir grâce à l’inquiétude latente qui innerve ce sinistre immeuble. Émaillée de séquences chocs, parfois sanguinolentes et terrifiantes (le corps nu du père d’Alison tailladé à coups de couteau !), et de visions d’effroi — ce final mémorable, érigeant une parade monstrueuse ! — Michael Winner cherche clairement à provoquer un malaise hétérodoxe, en assumant le caractère profondément déviant de ses situations.                             

À mesure que les hallucinations se multiplient, que l’esprit d’Alison vacille, Christina Raines insuffle à son personnage une densité humaine, une fragilité lestée de soupçons et d’un émoi suicidaire en guise de dernier recours. Winner lâche alors les rênes à une imagerie lubrique : orgies de vieillards salaces, libertinage insolent de lesbiennes insatiables — et cette séquence osée, burnée, d’une masturbation aussi gênante qu’inoubliable, comme seuls les Seventies savaient en produire.

Par son intrigue interlope habilement construite, La Sentinelle des Maudits distille son intensité dans les méandres que l’héroïne tente d’éclaircir, entre le poids du clergé et le soutien ambivalent de son amant. Ce dernier, jadis suspecté du meurtre de sa première épouse, incarne l’ambiguïté ambiante. Comme lui, tous les personnages qui traversent le récit s’avèrent distants, austères, équivoques — voire spectres désincarnés. Le Monseigneur Franchino au comportement trouble, le flic arrogant en mal de reconnaissance, dont le cabotinage paranoïaque frôle le grotesque, renforcent encore l’étrangeté du récit.


"Parade nécrosée au sommet de Brooklyn".
Modestement réalisé, le film privilégie un climat d’étrangeté sourde, presque insidieuse, baigné d’une ambiance malsaine, parfois franchement effrayante, traversée de visions d’horreur nécrosées. La Sentinelle des Maudits s’impose ainsi comme un must du genre, porté par sa galerie de personnages sclérosés et la folie macabre qui martyrise son héroïne, acculée au seuil de la damnation. Grâce à l’habileté légendaire des maquillages de Dick Smith, Michael Winner grave dans la rétine une poignée de séquences cauchemardesques, plongées dans la pourriture et la décrépitude. Si bien que l’on reste tétanisé d’effroi face à ce génial récit de patrimoine sépulcral.  
Dédicace à Guillaume Matthieu

*Eric Binford
14.04.11. 
18/11/13.
22/07/21. 
01.06.25. 5èx. Vost

2 commentaires:

  1. Merci pour la dédicace mon Bruno ! Une pure merveille cauchemardesque qui m'avait scotché à l'époque et dont le final "monstrueux" reste gravé dans mon esprit au fer rouge... Gros coup de coeur !

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