Photo empruntée sur Google, appartenant au site www31horrorscom.blogspot.com
de Terence Fisher. 1962. Angleterre. 1h24. Avec Herbert Lom, Heather Sears, Edward de Souza, Michael Gough, Thorley Walters, Ian Wilson.
Sortie salles France: 23 Février 1963. U.S: 15 Août 1962. Angleterre: 25 Juin 1962
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.
Echec commercial lors de sa sortie, le Fantôme de l'opéra eut sans doute dérouté le spectateur de par son climat austère particulièrement déroutant il faut avouer. En prime, Terence Fisher adapte le roman de Gaston Leroux de manière personnelle si bien que la romance impartie entre le fantôme et la cantatrice est ici occultée au profit d'une vengeance latente. Ce parti-pris anticonformiste frustra sans doute une majorité du public qui s'attendait à une représentation fidèle du bouquin. Or, sous la houlette d'un maître du Fantastique, le Fantôme de l'Opéra s'avère toutefois une grande tragédie sur la passion artistique, en l'occurrence celle de l'opéra et de sa composition musicale que le professeur Petrie eut studieusement écrit durant plus de 10 ans. Incité à vendre sa création auprès d'un directeur d'opéra mégalo, il se fera usurper son travail d'une frauduleuse signature. Fou de colère, Petrie s'empresse alors de brûler les publications de son texte dans l'atelier d'imprimerie mais se brûle gravement le visage avec de l'acide nitrique. Par chance, il réussit à plonger dans un fleuve pour y rejoindre les égouts avec l'aide d'un vagabond. Délibéré à accomplir sa vengeance auprès du directeur mais aussi à parfaire son numéro d'opéra, il hante les loges administratives afin de sélectionner sa cantatrice ayant l'opportunité de chantonner son texte.
Sous couvert de climat fantastique où plane l'ombre d'un fantôme au coeur d'un amphithéâtre, Terence Fisher suggère d'abord sa présence par des chuchotements qu'il souffle derrière les loges des cantatrices. Une manière anxiogène d'imposer son autorité uniquement motivée par le choix d'une artiste mais aussi par le besoin de vengeance et de reconnaissance. L'incarnation fantaisiste du fantôme n'est donc ici qu'une allégorie car elle se rapproche explicitement du monstre difforme dont le visage est ici protégé d'un masque. Par ailleurs, la densité du récit émane de son esprit torturé en mal de notoriété, ses ambitions artistiques n'ayant jamais pu être reconnues auprès du public. Ce sentiment d'impuissance et d'injustice atteindra son apogée lorsque Fisher nous relate par le biais du flash-back la transaction artistique de Petrie avec Ambrose et les conséquences désastreuses qui s'ensuivront passée la trahison. Au niveau des rapports intimes du fantôme et de la cantatrice confinés dans le sous-sol des égouts, on est également surpris de sa cruauté autoritaire puisque n'hésitant pas à gifler sa muse à plusieurs reprises afin de la forcer à peaufiner sa voix. Or, avec l'indulgence de cette dernière et celui du producteur d'opéra ayant finalement découvert sa planque, le fantôme réussira à exaucer son rêve pour découvrir en tant que "spectateur" sa représentation lyrique d'une pièce de Jeanne d'Arc ! Une mise en abîme, un final emphatique enfin émotif, de par l'intensité du numéro musical chantonné par la cantatrice que par le témoignage poignant du fantôme, garant privilège de son ultime chef-d'oeuvre, quand bien même son sacrifice fera écho d'une rédemption.
Déroutant par son climat sévère et son rythme langoureux mais transcendé par la force du récit et la conviction des comédiens (Michael Gough excelle dans son personnage détestable de Lord égotiste, Herbert Lom exprime une émotion subtile sous son masque plâtreux et la jeune Heather Sears étonne dans sa discrétion naturelle !), Le Fantôme de l'Opéra s'avère peut-être la plus baroque des transpositions pour mettre en appui l'amour de l'art plutôt que la romance des coeurs. En résulte une production Hammer inhabituelle sollicitant une certaine exigence de la part du public de par son aspect hétérodoxe, son refus de facilité, de fioriture, d'intensité romantique. D'où ce manque d'émotions et de vigueur tout le long du récit, et c'est bien dommage car le chef-d'oeuvre fut à deux doigts de se concrétiser.
13.10.23. 3èx
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