Photo empruntée sur Google, appartenant au site chronicart.com
de Tommy Lee Jones. 2014. U.S.A. 1h57. Avec Tommy Lee Jones, Hilary Swank, Hailee Steinfeld, William Fichtner, Meryl Streep, David Dencik, James Spader.
Sortie salles France: 18 Mai 2014. U.S: 3 Octobre 2014
FILMOGRAPHIE: Tommy Lee Jones est un réalisateur et acteur américain, né le 15 Septembre 1946 à San Saba, Texas.
1995: les Derniers Pionniers (télé-film). 2011: The Sunset Limited (télé-film). 2005: Trois Enterrements. 2014: The Homesman.
Pour son second long métrage, Tommy Lee Jones rempile avec le western iconoclaste au ton encore plus acide et désenchanté que son précédent coup de maître, 3 Enterrements. En 1854, Mary Bee Cudy, jeune femme esseulée en quête amoureuse, se porte volontaire pour escorter trois épouses atteintes de folie vers une paroisse . Sur son chemin, elle fait l'étrange rencontre d'un marginal sur le point d'être pendu mais décide de le sauver in extremis. Après leur accord de transaction, ils décident d'entreprendre le voyage ensemble.
Dans la lignée de Missouri Breaks pour son humour au vitriol, l'esprit décalé des personnages et le caractère insolite des situations, The Homesman nous relate l'étrange relation amicale d'un couple contradictoire mais dont leur périple va les amener à mieux se connaître et se considérer. Avec une subtile provocation, le cinéaste nous dépeint le profil d'une femme courageuse dans sa volonté de rassurer son existence solitaire en prêtant main forte au pasteur du village. Dévalorisée par la population et conspuée par les hommes pour son physique anodin, Mary se résigne néanmoins à devenir utile aux yeux des autres tout en ayant l'espoir prochain de se marier avec le premier venu. Outre sa force de caractère d'escorter dangereusement trois épouses azimutées et sa dignité de ne pas se laisser miner par le désespoir, c'est également le portrait d'une femme trop fragile que le cinéaste nous suggère Spoiler !!! au moment même où un évènement cinglant chamboulera son compagnon de route fin du Spoiler. Emaillé d'incidents impromptus et de situations pittoresques tournant au vinaigre, Tommy Lee Jones déconcerte le spectateur dans sa structure narrative aléatoire où la plupart des personnages machistes sont influencés par l'intolérance, l'individualité et l'égoïsme. Dur et cruel dans son refus de concession pour le cheminement de nos héros puis dans leur relation affective qu'ils se partagent difficilement, The Homesman finit subitement par inverser les rôles au moment le plus inopportun. Ce brusque revirement annonce la seconde partie du film pour s'intéresser de plus près à l'introspection de George, anti-héros bourru préalablement cupide mais rattrapé par sa morale et le remord lorsqu'un évènement tragique le bouleversera à jamais.
Western hétérodoxe n'ayant de cesse de nous dérouter dans sa galerie de personnages mesquins et dans sa progression dramatique intempestive, The Homesman se porte en témoignage pour les laissés pour compte déconsidérés par la société, quand bien même la place de la femme est souvent mise en retrait. Dominé par les prestations poignantes d'Hilary Swank et de Tommy Lee Jones, cette initiation au respect d'autrui bouleverse d'émotion avec une ironie particulièrement cruelle dans les rapports du couple. On en sort donc la gorge nouée jusqu'aux larmes de l'expiation.
Bruno Matéï
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