mercredi 18 mars 2015

LES MAITRESSES DE DRACULA (The Brides of Dracula)

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site galleryhip.com

de Terence Fisher. 1960. Angleterre. 1h25. Avec Peter Cushing, Yvonne Monlaur, David Peel, Martita Hunt, Freda Jackson, Fred Johnson.

Sortie salles France: 21 Décembre 1960. U.S: 5 Septembre 1960. Angleterre: 7 Juillet 1960

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville.
1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


Tourné entre le Cauchemar de Dracula et Dracula, Prince des ténèbres au sein de la carrière de l'éminent Terence Fisher, Les Maîtresses de Dracula s'alloue d'un cachet particulier en l'absence du gentleman de l'horreur, Christopher Lee. Un parti-pris volontaire de la part de son auteur privilégiant ici la stature plus rassurante d'un acteur aussi bellâtre qu'efféminé afin de redorer le blason du vampire archaïque. A ce titre, le préambule envoûtant de manque pas de distiller une atmosphère de mystère latent lorsqu'une jeune institutrice accueillie au château de la baronne Meinster découvre la condition d'esclave du fils de cette dernière. Eprise de compassion pour son sort et sa beauté innocente, elle décidera de lui porter secours pour lui ôter sa chaîne sans mesurer la gravité de son acte de délivrance. Le baron Meinster symbolisant bien entendu la menace du vampire aristocrate particulièrement fourbe dans son art de séduire cette candide proie trop influençable. Emprisonné dès son plus jeune age au sous-sol du château par sa mère et sa gouvernante, celui-ci peut enfin profiter de sa liberté pour aller répandre le mal dans un village déjà contrarié par les superstitions. Pour sa conquête du Mal et du pouvoir, quoi de plus manipulable que de séduire de naïves étudiantes après Spoiler ! s'être débarrassé de sa génitrice ! Fin du Spoiler


A partir de cette intrigue simpliste réunissant la plupart des clichés du genre, Terence Fisher en tire un modèle d'efficacité dans la dextérité de sa structure narrative alternant l'investigation circonspecte et la traque du Dr Val Helsing (que Peter Cushing endosse avec traditionnel aplomb !) avec la relation naissante de Marianne, femme-objet éprise d'amour pour le Baron. A cet égard, ce dernier semble d'ailleurs plus obnubilé à l'idée d'infecter sa victime pour procréer le Mal plutôt que de choisir sa muse en guise d'amour éternel. Comme de coutume chez les studios Hammer, on retrouve le soin formel imparti aux décors gothiques du château et d'un moulin à vent (dont un final fulgurant par son atmosphère crépusculaire de pleine lune bientôt ravivée par la lumière d'un incendie !), épaulé d'une photographie suave tirant sur le mauve. Sans compter le charisme indétrônable de tous les comédiens (la française Yvonne Monlaur s'avérant par ailleurs délicieuse de volupté charnelle !) et la maîtrise d'une mise en scène épurée transcendant par exemple les apparitions spectrales des maîtresses du Mal, fantômes nocturnes affublés de nuisettes de soie blanche !


Sans révolutionner le genre, Terence Fisher accomplit toutefois un nouveau tour de force dans l'efficience de sa construction narrative remarquablement contée et parfois traversé d'épisodes démoniaques, à l'image de l'exhumation d'une vampire incantée par une gouvernante désaxée. Qui plus est, parmi certaines trouvailles audacieuses (le traitement infligé à Van Helsing, la relation ambiguë du Baron avec sa famille puis celle de la gente féminine) et l'iconisation de ce vampire dandy, Les Maîtresses de Dracula s'alloue d'un traitement vénéneux dans la caractérisation sournoise d'un vampire uniquement motivé par le pouvoir et l'émancipation par sa condition souveraine.   

Bruno Matéï
2èx


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