de Terence Fisher. 1960. Angleterre. 1h25. Avec Peter Cushing, Yvonne Monlaur, David Peel, Martita Hunt, Freda Jackson, Fred Johnson.
Sortie salles France: 21 Décembre 1960. U.S: 5 Septembre 1960. Angleterre: 7 Juillet 1960
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville.
1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.
Les Maîtresses de dracula fascine parce qu'il nous renvoit à notre propre dualité. Le Mal nous observe plein cadre pour mieux nous ensorceler !
Tourné entre le Cauchemar de Dracula et Dracula, Prince des ténèbres au sein de la carrière de l'éminent Terence Fisher, Les Maîtresses de Dracula s'alloue d'un cachet particulier en l'absence du gentleman de l'horreur, Christopher Lee. Un parti-pris volontaire de la part de l'auteur privilégiant ici la stature plus rassurante d'un acteur aussi bellâtre qu'efféminé afin de redorer le blason du vampire archaïque. A ce titre, le préambule envoûtant, absolument anthologique, ne manque pas d'y distiller une atmosphère de mystère latent lorsqu'une jeune institutrice accueillie au château de la baronne Meinster découvre la condition d'esclave du fils de cette dernière. Eprise de compassion pour son sort et sa beauté innocente, elle s'efforcera de lui porter secours pour lui ôter sa chaîne sans mesurer la gravité de cet acte de délivrance. Le baron Meinster symbolisant bien entendu la menace du vampire aristocrate particulièrement fourbe dans son art d'y séduire cette proie innocente trop influençable. Emprisonné dès son plus jeune age au sous-sol du château par sa mère et sa gouvernante, celui-ci peut enfin profiter de sa liberté pour aller répandre le mal dans un village déjà contrarié par les superstitions. Ainsi, pour sa conquête du Mal et du pouvoir, quoi de plus manipulable que d'y séduire de naïves étudiantes en priorisant toutefois sa relation naissante avec l'institutrice.
Et donc, à partir de cette intrigue simpliste réunissant la plupart des clichés du genre, Terence Fisher en tire un modèle d'efficacité et de formalité dans la dextérité de sa structure narrative alternant l'investigation circonspecte et la traque amorcée par le Dr Val Helsing (que Peter Cushing endosse avec son traditionnel aplomb !) avec la relation naissante de Marianne, femme-objet éprise d'amour pour le Baron. A cet égard, ce dernier semble d'ailleurs plus obnubilé à l'idée d'infecter sa victime pour procréer le Mal plutôt que de choisir sa muse en guise d'amour éternel. Comme de coutume chez les studios Hammer, on retrouve le soin formel imparti aux sublimes décors gothiques du château et d'un moulin à vent (dont un final fulgurant pour son atmosphère crépusculaire de pleine lune bientôt ravivée par la lumière d'un incendie !), épaulé d'une photographie suave tirant magnifiquement sur le mauve. Sans compter le charisme indétrônable de tous les comédiens (la française Yvonne Monlaur demeurant par ailleurs délicieuse de candeur et de volupté charnelle !) et le brio d'une mise en scène épurée transcendant par exemple les apparitions spectrales des maîtresses du Mal, fantômes nocturnes affublés de nuisettes de soie blanche ! Des séquences iconiques parfois même d'une poésie morbide inusitée (la résurrection de l'une d'elles s'extirpant de la terre).
Une expérience de notre propre dualité.
Visuellement à damner un saint, Terence Fisher accomplit un nouveau tour de force dans l'efficience de sa construction narrative habilement contée parfois traversé d'épisodes démoniaques, à l'instar de l'exhumation d'une vampire incantée par la gouvernante rendue désaxée. Qui plus est, parmi certaines trouvailles audacieuses (le traitement infligé à Van Helsing, la relation ambiguë du Baron avec sa famille puis celle de la gente féminine) et l'iconisation de ce vampire dandy, Les Maîtresses de Dracula s'alloue d'un traitement vénéneux dans la caractérisation sournoise de celui-ci uniquement motivé par le pouvoir et l'émancipation de par sa condition souveraine. Une splendeur horrifique de chaque instant à redécouvrir d'urgence en Blu-ray (chez Elephant Films), tout autre écrin.
3èx. Vostf
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