Photo empruntée sur Google, appartenant au site bloody-disgusting.com
de Jemaine Clement, Taika Waititi. 2014. Nouvelle-Zélande. 1h25. Avec Jemaine Clement, Taika Waititi, Jonathan Brugh, Cori Gonzales-Macuer, Stuart Rutherford.
Sortie salles France: Prochainement. Sortie salles Nouvelle-Zélande: 19 Juin 2014
FILMOGRAPHIE: Jemaine Clement est un acteur, musicien, humoriste et réalisateur néo-zélandais, né le 10 Janvier 1974 à Masterton. 2014: What we do in the Shadows.
Taika Waititi est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur néo-zélandais, né le 16 Août 1975.
2002: John and Pogo. 2004: Two Cars, One Night. 2004: Heinous Crime. 2005: Tama Tu. 2007: A chacun sa chacune. 2008: Cinema 16: World Short Films. 2010: Boy. 2014: What we do in the Shadows.
"Rires, crocs et confidences : l’immortelle farce néo-zélandaise".
Sélectionné à Gérardmer 2015 mais relégué « hors compétition », What We Do in the Shadows est une petite production indépendante venue de Nouvelle-Zélande, cousine du bricolé et réjouissant Housebound. Ici, le duo Jemaine Clement / Taika Waititi emprunte la même voie de la comédie horrifique, avec un hommage appuyé à la parodie vampirique. Pour simuler un documentaire, une équipe de cameramen — que l’on ne verra jamais — s’immisce dans le quotidien morne de vampires cohabitant dans leur demeure moisie. Mais l’arrivée d’un cinquième membre, tout juste mordu, ébranle leur tranquillité et menace de les exposer.
Comédie pittoresque surfant sur le principe du found footage, What We Do in the Shadows croque avec un réalisme cocasse les déboires de vampires anachroniques, forcés de se fondre dans notre monde moderne. Interrogés face caméra, suivis au plus près lors de leurs virées nocturnes, ces aristos décatis se prêtent au jeu de la confession : entre liberté ricanante et mélancolie poisseuse — la douleur récurrente de voir mourir les mortels aimés, l’impossibilité de croiser l’amour, même si l’un d’eux arrachera sa revanche !
Émaillé de déboires, de beuveries et de rencontres improbables (les altercations avec les loups-garous valent leur pesant de crocs !), What We Do in the Shadows foisonne de gags et de trouvailles (une nouvelle idée toutes les dix secondes !). À l’instar de la bonhomie bancale de deux nouveaux venus, propulsés malgré eux vers une métamorphose inévitable. Si le film pulse d’une vigueur revigorante, c’est grâce à la spontanéité d’acteurs qui jonglent entre sobriété et dérision mordante. Cette parodie tient par leur cohésion, leur indulgence aussi : épargner la vie d’un humain trop pur pour finir en casse-croûte. Ce dosage d’humour noir et de tendresse révèle l’indéniable respect des réalisateurs pour un genre qu’ils moquent sans jamais l’avilir, glissant des clins d’œil complices aux classiques d’antan (Nosferatu, Le Bal des Vampires) comme aux bluettes modernes (Twilight, Blade). En prime, sans tapage, les effets spéciaux numériques retrouvent un charme d’antan : réalisme mordant et stupeurs surgies de l’ombre.
Débordant de bonne humeur sans sombrer dans l’outrance ni la vulgarité, What We Do in the Shadows réussit ce fragile équilibre rire/frisson dans un esprit libre et débordant d’invention. Tout en accordant une humanité désarmante à ces immortels cabossés, le film devient presque enviable, tant leur invulnérabilité se teinte d’un pathos touchant. À l’image du Bal des Vampires ou de Vampires, vous avez dit Vampires ?, What We Do in the Shadows s’érige en perle rare, vouée au culte chez les amateurs de parodie révérencieuse. À mes yeux — et sans céder à l’euphorie — la plus brillante comédie horrifique depuis ces deux classiques. Et pour parachever ses nobles intentions, une leçon de tolérance romantique qu’Harold et Maude n’auraient pas reniée !
Bruno Matéï
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