Photo empruntée sur Google, appartenant au site fmaker.unblog.fr
"Unbreakable" de Night M. Shyamalan. 2000. U.S.A. 1h47. Avec Bruce Willis, Samuel L. Jackson, Robin Wright Penn, Spencer Treat Clark, Charlayne Woodard, Eamonn Walker, Leslie Stefanson
Sortie salles France: 27 Décembre 2000. U.S: 22 Novembre 2000
FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry.
1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth. 2015: The Visit.
Un an après le succès notoire du 6è Sens, M. Night Shyamalan recrute à nouveau Bruce Willis pour le glisser dans la peau d'un super-héros hétérodoxe. Car à travers ce thème mythologique, l'intrigue audacieuse fait fi de surenchère homérique afin de privilégier la dimension torturée de deux personnages en discorde morale. David Dunn poursuivant durant son cheminement existentiel une quête identitaire sous l'influence d'un féru de bande dessinée. Miraculeusement indemne après un tragique accident ferroviaire, il rencontre Elijah Price, artiste peintre de BD atteint d'une maladie rare, l'ostéogenèse (grande fragilité des os dû à une anomalie congénitale). Ce dernier tente de convaincre David, agent de sécurité dans un stade de foot, qu'il est affublé de pouvoirs surhumains à l'instar d'un super-héros. Réfutant cette théorie improbable mais hanté par son don pour la survie, David ne cesse de se remettre en question parmi le témoignage de son fils toujours plus intrigué par sa santé prospère. Mais comme tous les personnages super-héroïques, ce dernier pâti d'un point faible qu'Elijah va tenter d'élucider.
Récit d'anticipation émaillé de rebondissements (l'évolution morale de David et Elijah donne lieu à une complicité ambivalente !) et de plages d'intimité d'une pudeur fragile (la complicité autant amicale que paternelle de David avec son fils, ses rapports conjugaux en quête de réconciliation), Incassable prend le contre-pied du divertissement lambda pour transcender le mythe du super-héros avec sobriété imperturbable. Dénué d'aucune prétention, M. Night Shyamalan exploite tous les codes du genre avec une rare subtilité (la prise de conscience surhumaine de David avec la séance des haltères) tout en offrant au passage une déclaration d'amour à la bande dessinée (le générique introductif, l'analyse d'un dessin pictural !). A l'aide d'une réalisation alambiquée, le cinéaste prend son temps pour peaufiner un récit diaphane à travers les profils contrariés de personnages en proie à la délivrance. Réflexion sur l'identité, la rédemption, le but de notre destinée mais aussi celui du sacrifice (sur ce dernier terme, le point de vue est établi par le "méchant"), Incassable oppose les sentiments contradictoires de vengeance et de justice avec singularité. Shyamalan multipliant les rivalités psychologiques avec un humanisme fragile plutôt que la tradition des confrontations musclées (un seul pugilat est à relever !). Tant pour la remise en question de David hanté par sa condition surhumaine (une tare l'empêchant de façonner sa vie de famille), la posture admirative du fils puis sa crise morale à vouloir démasquer l'identité de son père, que de la condition versatile d'Elijah depuis son handicap congénital.
Avec le parti-pris de déconcerter le grand public, M. Night Shyamalan a pris d'énormes risques à traiter sobrement de l'univers des super-héros et de la bande dessinée en misant essentiellement sur la dimension humaine de personnages partagés entre révolte et reconnaissance ou quête de rédemption et quiétude existentielle. Outre le brio technique du cinéaste conteur, on peut également prôner le jeu flegme des comédiens communément impliqués dans la vigueur émotionnelle. Déroutant mais passionnant sous le pilier de ses thèmes universels.
2èx
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire