de Michael Reeves. 1968. Angleterre. 1h26. Avec Vincent Price, Ian Ogilvy, Hilary Dwyer, Rupert Davies, Robert Russell.
Sortie salles France: 10 Septembre 1969. U.S: 14 Août 1968
FILMOGRAPHIE: Michael Reeves est un réalisateur, producteur et scénariste anglais né le 17 Octobre à Sutton, Surrey, décédé le 11 février 1969 à Londres. 1968: Le grand inquisiteur. 1967: La créature invisible. 1966: The She Beast. 1964: Le château des morts vivants (non crédité).
Grand classique de l'horreur britannique natif de 1968, Le Grand Inquisiteur fait preuve d'une grande violence pour dénoncer les méthodes sadiennes de chasseurs de sorcières délibérés à débusquer le mal chez d'innocentes victimes dévotes. En 1665, l'inquisiteur Matthew Robbins et son adjoint sillonnent les campagnes anglaises durant la guerre civile. Profitants de ce désordre politique, ils s'en prennent aujourd'hui à un prêtre et à sa nièce depuis que ces derniers furent suspectés de pactiser avec le diable par la population locale. De son côté, alors qu'il est prochainement chargé de renverser le roi, Richard Marshall apprend que sa fiancée (la nièce du prêtre) est entre les mains du grand inquisiteur. Il part à sa recherche et découvre avec effroi la résultante des châtiments religieux.
Oeuvre coup de poing si j'ose dire car d'une cruauté inouïe quant à sa représentation graphique d'une violence parfois insupportable, Le Grand Inquisiteur puise son intensité dans son réalisme cru et son refus de concession à mettre en exergue les exactions crapuleuses d'inquisiteurs assouvissant leur perversité au nom de Dieu. Abordant les thèmes de la superstition, du fanatisme religieux et de l'abus de pouvoir sous l'autorité véreuse d'un notable ecclésiastique que Vincent Price endosse avec un cynisme délétère, Michael Reeves souhaite provoquer le malaise pour mieux dénoncer la barbarie de l'inquisition aussi insidieuse que bonimenteuse. Ainsi, à travers une histoire de vengeance tour à tour haletante et vigoureuse, il en profite au passage d'y brosser le portrait autrement corrompu d'un soldat anglais plongé dans une auto-justice criminelle. A l'instar des bourreaux qu'il traque sans relâche au point d'y perdre son âme lorsqu'il cède à ses pulsions animales. Préfigurant notamment Massacre à la Tronçonneuse avec 6 ans d'avance si je me réfère au zoom final appliqué sur l'expression faciale de la survivante en crise démentielle, faute d'un carnage perpétré sous ses yeux (un massacre à la hache éludé du hors-champs), Le Grand Inquisiteur nous laisse KO pour son constat tragique d'une horreur sociale où personne n'en sortira indemne.
Nanti d'un magnifique score mélancolique composée par Paul Ferris et d'une distribution infaillible menée par l'autoritaire Vincent Price dans une posture aussi impassible que viciée, Le Grand Inquisiteur tire-parti de son intensité dramatique auprès de son réalisme crapuleux étonnamment couillu (le film datant de 1968) sous couvert d'un thème religieux où les tortures perpétrées sur l'innocence furent monnaie courante. A redécouvrir d'urgence si bien qu'à mon sens ce chef-d'oeuvre infiniment malsain reste toujours inégalé à travers sa scrupuleuse reconstitution plus vraie que naure.
3èx
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