mardi 11 septembre 2018

Carnage / The Burning

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site digitalcine.fr

"The Burning" de Tony Maylam, 1981. U.S.A. 1h31. Avec Brian Matthews, Leah Ayres, Brian Backer, Larry Joshua, Lou David, Jason Alexander, Holly Hunter, Fisher Stevens, Ned Eisenberg, Shelley Bruce, Carolyn Houlihan.

Sortie salles France: 28 Avril 1982 (Int - 18 ans). U.S: 8 Mai 1981

FILMOGRAPHIE: Tony Maylam est un réalisateur britannique né à Londres en 1943.
1981: Carnage. 1988: Across the lake (télé-film). 1992: Killer Instinct


"On n'a pas retrouvé son corps mais on dit que son esprit vit toujours dans la forêt, cette forêt ! Un maniaque, un être qui n'a plus rien d'humain et on dit aussi qu'il arrive à vivre avec ce qu'il trouve ça et là, des racines, des herbes.
Oui il est toujours vivant ! Et tous les ans il réapparaît dans un camp d'été comme celui la et il cherche toujours à se venger des terribles choses que ses gosses lui ont faites.
Tous les ans il tue, même cette nuit il est là à nous épier ! A attendre !
Ne regardez pas, il vous verrait !!! Ne respirez pas, il vous entendrait !!!
Ne bougez pas, vous êtes morts !!!!!!!!!!!!!!!!"

 
"Carnage : la légende brûlée dans les bois".
En 1980 sort sur les écrans Vendredi 13, illustre ersatz dans la vague du psycho-killer initié par Black Christmas et Halloween. Sean Cunningham s’efforce alors de rendre efficace une trame toute tracée grâce à la multiplicité des meurtres concoctés par le maître des maquillages, Tom Savini. Le public juvénile, friand du « Ouh, fais-moi peur ! », se rue en masse, et la série B fauchée explose le box-office ! Un nouveau genre est né, et son icône célébrée : le psycho-killer des bois et son tueur à la machette, Jason Voorhees !

Un an plus tard, le Britannique Tony Maylam réexplore le filon, rappelle à l’ordre l’artisan Savini, et livre sa version du « camp maudit où de jeunes vacanciers sont pris pour cible par un tueur masqué ». Et là, le miracle opère. Car Carnage transcende son ancêtre, suivant un canevas canonique emprunté aux Dix Petits Nègres, avec une réalisation avisée, un réalisme cru, une dramaturgie radicale, un gore malsain et un climat forestier inhospitalier, oppressant.

Le pitch : un surveillant de camp est accidentellement brûlé vif suite à une mauvaise blague. Cinq ans plus tard, défiguré, il revient se venger, bien décidé à martyriser une nouvelle bande d’adolescents insouciants. À la lecture, le scénario semble éculé, presque interchangeable avec celui de Vendredi 13. Mais l’ambiance, ici, se fait plus tangible, le suspense plus insidieux, savamment distillé dans les batifolages adolescents — jusqu’à une dernière demi-heure haletante, terrifiante, véritable plongée en mode survival évitant toute redite stérile.

Après un prologue cruel, où l’ironie potache laisse place à l’horreur d’un grand brûlé alité, l’entrée en scène du tueur frappe fort. Le film lorgne vers le giallo, avec cette silhouette en manteau noir et chapeau, qui assassine une jeune prostituée à coups de longs ciseaux. Meurtre brutal, sale, sec, dont la perversion explicite est accentuée par l’arme pénétrant la chair en gros plan. Par la suite, si le récit suit une ligne classique et quelques situations rebattues, Maylam prend soin d’installer une atmosphère ombrageuse, appuyée par un souffle malsain et une bande-son palpitante.

Les étudiants, archétypes du genre — baignades, baise, alcool et fumettes —, n’en restent pas moins un peu plus convaincants. Leur peur, leur manière d’appréhender le danger, leur sens de la bravoure (notamment ce souffre-douleur devenu héros malgré lui), les rendent plus attachants. Moins caricaturaux, moins crétins, ils suscitent chez nous une empathie réelle, malgré les blagues d’ados boutonneux et les brimades infligées au bouc émissaire.
 

Mais Carnage, c’est surtout une présence indicible, tapie dans les frondaisons, un battement de cœur perpétuel, un tueur fantomatique que l’on aperçoit à peine — une ombre, une paire de cisailles. Le réalisateur joue avec nos peurs enfantines, celles des contes au coin du feu. La séquence du feu de camp, aussi brève soit-elle, instille un vrai frisson d’appréhension. Peur ludique, ogre forestier, surgissant sans prévenir pour fondre sur sa proie ! Certaines scènes, latentes, sont filmées avec une précision chirurgicale. Et lorsque le tueur frappe, les meurtres cinglants nous glacent, portés par l’efficacité du jump scare et une cruauté tolérée. Mention spéciale à la séquence du radeau : corps lacérés, cisaille en furie, dans une chorégraphie sanglante d’une rare inventivité.

La partition électro stridente de Rick Wakeman amplifie l'effroi, pousse la tension jusqu'à l'effondrement, accompagne la panique croissante d’ados traqués par la folie.


"Psycho-killer au Cœur Noir : l’Épure selon Maylam".
Ludique (notamment auprès de son humour potache bien dosé), oppressant, irrésistiblement anxiogène et mené tambour battant, Carnage demeure le joyau du pycho-killer des forêts. Un maître étalon du genre, n’ayant rien perdu de son impact. Sa peur est perméable, son aura malsaine, insidieuse. Et ses homicides, gravés dans nos mémoires, laissent l’empreinte d’un cauchemar que l’on ne peut effacer. Comment oublier Cropsy, boogeyman vengeur, silhouette décharnée armée de ses longues cisailles ? Jason n’a qu’à bien se tenir.

Anecdotes : Il s’agit de la première production d’Harvey Weinstein pour Miramax. Son frère Bob a participé au scénario, et Jack Sholder (futur réalisateur de The Hidden) officia au montage. Les Weinstein affirmeront d’ailleurs que leur script fut écrit avant celui de Vendredi 13...

* Bruno
11.09.18. 6èx
Ven 22/01/10. 2259 vues

2 commentaires:

  1. Mon seul regret est qu'il n'y ai pas eu de suite...

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  2. C'est justement à ça que j'ai pensé hier !
    Il parait qu'un remake s'amorcera un jour prochain (ça a failli en 2013)

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