lundi 5 novembre 2018

Du sang dans la poussière

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Spikes Gang" de Richard Fleischer. 1974. U.S.A. 1h36. Avec Lee Marvin, Gary Grimes, Ron Howard, Charles Martin Smith, Arthur Hunnicutt, Marc Smit.

Sortie salles U.S: 1er Mai 1974

FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn,  et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles. 1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieues sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.


Honteusement méconnu et oublié alors qu'il s'agit à mon sens d'un des plus beaux westerns des années 70, Du sang dans la poussière retrace sans fioriture le parcours criminel de 3 adolescents après avoir secouru un braqueur de banque blessé lors de règlements de compte. Mélancolique, dur et désespéré, Du sang dans la poussière se veut à contre-courant du western traditionnel gentiment ludique dans la mesure où Richard Fleicher opte pour un réalisme froid en dressant le portrait si fragile d'ados en requête d'espoir et de liberté faute de leur encadrement parental psycho-rigide. Tout du moins c'est que l'on apprendra du point de vue de l'aîné Will Young régulièrement battu par son paternel en guise punitive, et qui donc décide un jour de se faire la malle pour acquérir sa propre indépendance et dénicher un havre de paix. Le réalisateur illustrant avec une rigueur dramatique expansive les conséquences tragiques du grand banditisme du point de vue de ces ados utopistes débordants de vie, de joie et d'humanité. 


Et donc sous l'influence d'un braqueur de banque aguerri, le trio s'imagine une nouvelle vie plus prospère après avoir opéré de petits emplois de fortune. Seulement, au fil de leur nouveau parcours délinquant particulièrement inhospitalier puisque semé de désordre et confrontations sanglantes, la vie de braqueur s'apparente plutôt à un danger endémique, une traque sans fin surtout lorsque l'on fait preuve d'inexpérience et que l'on privilégie l'esprit de camaraderie à travers leur amitié indéfectible. Magnifiquement interprété (on reconnaîtra le novice Ron Howard accompagné de l'excellent Charles Martin Smith dans sa nature empotée), Du sang dans la poussière est surtout illuminé par l'acteur  Gary Grimes en jeune frondeur féru de rêve et de positivisme avant de se laisser hanter par le remord et la vengeance que Richard Fleischer souligne notamment à travers ses pensées introspectives. Toujours aussi impressionnant dans sa carrure robuste et son charisme viril, Lee Marvin endosse un sexagénaire marginal avec une autorité déférente auprès de ses ados secourables lors de leur première rencontre. Et ce avant de leur dévoiler son véritable visage impassible, froid, calculateur de par sa ferme autonomie à ne leur céder aucune clémence lors des situations les plus alarmistes et moribondes. La dure loi du métier leur inculquant au final qu'il ne faudra compter que sur soi même pour tenter de s'extirper de la défaite, pour ne pas dire la mort.  


Bouleversant, noir et cruel, Du sang dans la poussière fait presque office de documentaire en soulignant la dérive criminelle d'ados livrés à eux mêmes depuis leur mauvaise fréquentation à s'idéaliser un nouveau père. Terriblement amer et sans concession à travers un cheminement indécis remarquablement conté et structuré, Richard Flescher nous éprouve moralement à travers la puissance de ces images mélancoliques noyées de désespoir existentiel. Tant et si bien que Du sang dans la poussière nous laisse gagner par une tristesse nonchalante sous l'impulsion du score sensible de Fred Karlin (résonnant longtemps dans nos mémoires après le générique de fin).

* Bruno
3èx 

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