vendredi 16 novembre 2018

Fog. Prix de la Critique, Avoriaz 1980.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site telerama.fr

"The Fog" de John Carpenter. 1980. 1h29. Avec Adrienne Barbeau, Jamie Lee Curtis, Janet Leigh, John Houseman, Tom Atkins, James Canning, Charles Cyphers, Nancy Kyes, Ty Mitchell, Hal Holbrook, John F. Goff.

Sortie salles France: 19 Mars 1980. U.S: 8 Février 1980

FILMOGRAPHIEJohn Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 :The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible, 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward

                                       

"Tout ce que nous voyons ou croyons voir n'est-il qu'un rêve dans un rêve ?"
Edgar Allan Poe

Hormis son Prix de la critique à Avoriaz en 1980 et un succès commercial (dont 947 944 entrées rien qu'en France), Fog reçu un accueil timoré du côté de la critique. D'autre part, insatisfait du premier montage, Carpenter remania 1/3 du film (ajout puis suppression de scènes) tout en modifiant la bande sonore ainsi que sa partition musicale. Antonio Bay, petite ville côtière de Californie du Nord. Une légende prédit que des fantômes tapis dans l'ombre d'un brouillard ressurgissent des flots pour assassiner six citadins et tenter de récupérer leur cargaison. Pour cause, le village fut construit grâce à l'or pillé par le prêtre Malone et ses cinq complices lorsque Blake et son équipage daignaient trouver refuge sur la rive. Attiré par la lumière d'un feu de camp, le navire s'écrasa sur un rocher et coula avec l'équipage. Cent ans plus tard, les victimes de ce traquenard sont décidées à se venger. Une gérante de radio postée à l'intérieur de son phare tente d'avertir la population qu'un étrange brouillard semble semer terreur et mort.
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A l'instar de son envoûtant préambule auquel un marin sclérosé assis autour d'un feu de camp narre auprès d'une assemblée de gamins une sombre histoire de spectres vengeurs, Fog rend ses lettres de noblesse aux mythes et légendes afin de renouer avec l'ambiance séculaire des Ghost stories d'antan. Oeuvre considérée comme mineure chez la filmo de Carpenter, d'autant plus sujette à de multiples modifications techniques et narratives en cours de montage, Fog demeure pourtant une illustration flamboyante de ce que la série B modeste peut surpasser en terme d'atmosphère ouatée, latente et crépusculaire. Tant et si bien que le spectateur s'y évade facilement pour se fondre avec délectation au coeur de l"imagerie fantastique" ! Et donc, à l'aide d'un simple argument aussi original que fascinant bâti sur le conte horrifique (avec en arrière plan une métaphore sur la fourberie du colonialisme - créer une société en éliminant les plus faibles par le sang -), John Carpenter nous livre un modèle de mise en scène de par l'utilisation judicieuse du phénomène (sur)naturel du brouillard ! Avec une belle efficacité, tant dans la gestion de l'angoisse et du suspense que du climat de mystère tantôt oppressant, tantôt anxiogène, ces spectres vengeurs (bon dieu leur look mortifère nous hypnotise le regard à chacune de leurs apparitions résolument photogéniques !) se fondent à travers le décor côtier du village d'Antonio Bay de manière littéralement alchimique. De par la maîtrise du cadre et de l'espace, et la manière irréelle dont le brouillard s'accapare de l'environnement quotidien pour emprisonner ses proies, Fog  nous suggère un cauchemar capiteux.


Ainsi donc, il fallait oser assigner le rôle majeur à cette nappe diffuse y éclipsant à l'intérieur des morts-vivants afin de mieux véhiculer une menace anxiogène en proie au surnaturel le plus opaque. De par son aura indicible, cet élément naturel avili par une vengeance morbide nous ensorcelle avec un réalisme diaphane. Si bien que la manière habile dont Carpenter exploite l'apparence sépulcrale des spectres est souvent suggérée par des silhouettes noires tapies dans l'ombre, et ce avant d'ébranler brutalement la victime à l'aide d'une serpe ou d'un crochet rubigineux. Et pour revenir à son intrigue minimaliste mais pour autant efficace, elle dépend de plusieurs destins, parmi lesquels deux couples de survivants prochainement contraints à se réunir dans la chapelle d'un prêtre grâce à la sollicitation d'une émettrice de radio bientôt en instance de survie ! Et pour intensifier la situation alarmiste, le rejeton de cette dernière réfugié dans la demeure d'une septuagénaire aura fort affaire avec une expérience épeurante depuis que Blake et ses complices le désigneront comme potentielle nouvelle cible. Emaillé de séquences horrifiques habilement suggérées parmi l'entité du brouillard éthéré,  Fog oscille angoisse, (douce) terreur et effet de surprise auprès des attaques cinglantes de nos lépreux putréfiés. A l'aide d'un accord musical à la fois entêtant et envoûtant confectionné par le maître himself, Fog diffuse enfin un rythme haletant pour culminer vers le huis-clos restreint d'une église véreuse. Et pour renchérir le sentiment de danger létal, Carpenter y inclus en parallèle une seconde séquence de siège lorsque l'animatrice radio poursuivie par les revenants est contrainte de se blottir sur le toit de son phare !


Derrière la brume... l'horreur !
D'une beauté surnaturelle affinée que Carpenter transfigure grâce à son amour immodéré du Fantastique, et parfaitement convaincant auprès du charisme d'attachants seconds couteaux familiers du genre (Hal HolbrrokJamie Lee CurtisJanet Leigh,Tom Atkins et surtout Adrienne Barbeau dans le rôle le plus substantiel), Fog constitue une série B d'angoisse formellement envoûtante et singulière. Si bien que son concept horrifique audacieux (qui aurait pu sombrer dans la gaudriole Z chez un tâcheron) laisse plutôt libre court à l'imagination du spectateur (exit donc toute trace de gore !) enivré par un conte moderne inspiré de ses ancêtres écrivains (Edgar Poe en ligne de mire). 

* Bruno
16.11.18. 6èx
15.06.12. (96 v)

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Je vous félicite pour votre blog qui est une vraie réussite, en particulier pour la recherche de films oubliés. Etant moi-même auteur d'articles sur internet, je souhaiterais vous contacter en message privé si possible.

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  2. Bonjour à vous, merci beaucoup pour le compliment.
    Je vous laisse mon adresse mail: suspiria@orange.fr

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