de David Hemmings. 1981. Australie. 1h27. Avec Robert Powell, Jenny Agutter, Peter Sumner, Joseph Cotten, Angela Punch McGregor.
Sortie salles France: 2 Décembre 1981
FILMOGRAPHIE: David Hemmings est un acteur, producteur et réalisateur britannique, né le 18 novembre 1941 à Guildford, Surrey, et mort d'une crise cardiaque le 3 décembre 2003 à Bucarest (Roumanie).1972 : Running Scared. 1973 : The 14. 1979 : C'est mon gigolo. 1981 : Les Bourlingueurs. 1981 : Le Survivant d'un monde parallèle. 1984 : Money Hunt: The Mystery of the Missing Link (vidéo). 1985 : Le Code Rebecca (The Key to Rebecca) (TV). 1989 : Down Delaware Road (TV). 1992 : Dark Horse. 1993 : Christmas Reunion (TV). 1993 : Passport to Murder (TV).
"Mémoires d’un ciel déchiré".
Sorti à la fin de l’âge d’or du fantastique australien, Le Survivant d’un monde parallèle capitalise sur le charisme lunaire de Robert Powell, révélé un an plus tôt dans le singulier Harlequin (Prix du Jury, Prix de la Critique et Prix du Meilleur Acteur au Rex de Paris). Le film joue la carte d’un fantastique intègre, original, mystérieux, assez intriguant pour captiver sans relâche, sans effets de manche ni esbroufe tapageuse. David Hemmings (inoubliable interprète de Blow-Up et des Frissons de l’angoisse) parvient ici à structurer un suspense latent autour de la quête de vérité d’un pilote, rescapé d’un crash aérien.
Épaulé d’une médium témoin de la tragédie ayant causé plus de 300 morts, le commandant Keller tente de retrouver la mémoire afin d’élucider les causes de l’accident. Sabotage ? Défaillance technique ? Pourquoi est-il l’unique survivant ? Et pourquoi, autour des débris calcinés, certains membres de son entourage meurent-ils, acculés par une étrange fillette et les cris invisibles d’enfants ?
Parsemé d’incidents horrifiques discrets mais marquants, le film instille un surnaturel tacite - feutré, crédible, insidieux - qui fait vibrer l’écho spectral des plaintes infantiles. Le Survivant d’un monde parallèle cultive l’expectatif, dilue la terreur dans le silence, au fil d’une enquête de longue haleine menée par Keller et sa partenaire Hobbs (élégamment campée par Jenny Agutter, vue dans Le Loup-Garou de Londres), à partir de maigres indices glanés çà et là, comme tombés d’un autre monde.
Entre incompréhension, stupeur et angoisse sourde, le spectateur se laisse emporter dans cette dérive interlope, digne d’un épisode de La Quatrième Dimension, jusqu’à un ultime quart d’heure aussi limpide que - volontairement ? - confus. Le trouble du récit repose aussi sur la relation étrange et silencieuse entre Keller et Hobbs, tissée de non-dits et d’expressions imperceptibles, de regards détachés. Ce mystère émotionnel ajoute à l’aura ésotérique du film, où la suggestion règne en maître, guidée par un hors-champ sonore aussi déstabilisant que fascinant.
Le charme rétro d’un fantastique aux portes de l’au-delà.
Grâce à son casting sincèrement attachant (Powell, magnétique par son hermétisme, Agutter, touchante par son flegme contrarié), à sa superbe photo en Scope et à son atmosphère spirituelle subtilement suggérée - on croit sans sourciller à la revanche des fantômes - Le Survivant d’un monde parallèle s’impose comme un excellent suspense fantastique. Solide, pudique, habité. Adapté d’un best-seller de James Herbert (Celui qui survit), le film offre à David Hemmings l’occasion d’imprimer sans tapage sa patte personnelle : une aura ouatée, un mystère diffus, quelques séquences-chocs savamment distillées (notamment l’inventivité visuelle du crash, à la fois réaliste et spectaculaire malgré un budget modeste, et un dénouement à twist où des voix d’outre-tombe viennent souffler une vérité honteuse).
* Bruno
25.06.25. 5èx.
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