mardi 6 novembre 2018

Sicario: la guerre des cartels

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Sicario: Day of the Soldado" de Stefano Sollima. 2018. Italie/U.S.A. 2h02. Avec Benicio del Toro, Josh Brolin, Isabela Moner, Jeffrey Donovan, Manuel Garcia-Ruflo, Catherine Keener

Sortie salles France: 27 Juin 2018. U.S: 29 Juin 2018

FILMOGRAPHIE: Stefano Sollima est un cinéaste et réalisateur italien, né le 4 mai 1966 à Rome. 2012: A.C.A.B.: All Cops Are Bastards. 2015: Suburra. Séries TV: Un posto al sole - soap opera (2002), La squadra - série TV, 7 épisodes (2003 - 2007), Ho sposato un calciatore - mini série (2005), Crimini - série TV, épisodes Il covo di Teresa, Mork et Mindy et Luce del nord (2006 - 2010)
Romanzo criminale, 22 épisodes (2008 - 2010). Gomorra, 12 épisodes (2014 - 2015).


Si Denis Villeneuve n'est plus de la partie pour donner suite à Sicaire, le réalisateur italien Stefano Sollima (déjà très remarqué avec son 1er métrage A.C.A.B et surtout Suburra !) relève haut la main la gageure de surpasser son congénère avec une séquelle de haute volée. Sicario: la guerre des Cartels retraçant avec un réalisme méticuleux la mission secrète de la CIA et du sicaire Alejandro Gillick d'enlever la fille d'un parrain du cartel afin d'influencer une guerre fratricide entre clans mafieux tirant des bénéfices sur le dos des migrants à la frontière americano-mexicaine. Car depuis un attentat meurtrier dans un supermarché, les passeurs grassement payés par leur supérieur sont désignés coupables par le secrétaire de la défense d'y faire entrer des migrants potentiellement terroristes. Ainsi, alors que la CIA parvient à kidnapper leur cible, la mission doit être annulée depuis la révélation identitaire des terroristes natifs d'Amérique. Mais au mépris de ses supérieurs et de son bras droit Matt Graver, Alejandro réfute les ordres d'éliminer chaque témoin. Thriller hypnotique rondement menée car d'une précision chirurgicale auprès de sa mise en scène virtuose, Sicario: la guerre des cartels plaque au siège de par sa structure narrative captivante fertile en bravoures homériques, retournements de situations et rebondissements parfois insensés (mais chut, j'en ai déjà trop dit !). On peut d'ailleurs s'agenouiller face au dynamisme du montage rendant lisible la chorégraphie de l'action entièrement au service narratif, et ce sans jamais complexifier vainement le récit plutôt limpide et dénué de digressions.


Superbement campé par 2 acteurs en acmé, Benicio del Toro / Josh Brolin se partagent la vedette avec un charisme quasi animal, notamment auprès de leur idéologie équivoque à combattre vaillamment le crime au prix d'un sacrifice difficilement tolérable. Description aride d'une société de corruption en déliquescence morale, tant auprès des redresseurs de tort impassibles que des trafiquants ne sachant plus trop distinguer qui travaille pour qui et quel est leur véritable identité derrière l'insigne ou le treillis, Sicario se taille une carrure mature assez avilissante auprès de ces personnages véreux s'entretuant pour l'enjeu d'une otage sans défense. Tendu comme un arc auprès de sa seconde partie à couper le souffle, le suspense narratif cède place à une dramaturgie escarpée lorsque Alejandro doit tenter de passer la frontière pour sauver l'otage sévèrement ballottée d'assister en direct à des tueries de masse. Là encore, Stefano Sollima apporte un soin scrupuleux à dresser le portrait si "réaliste" d'une jeune fille obtuse et rebelle mais davantage fragile et démunie au fil de son parcours de survie en proie au chaos. Outre le regard très sobre de Isabela Moner très impressionnante dans sa fonction aussi bien soumise qu'épeurée, le jeune Elijah Rodriguez s'avère aussi soigneusement structuré en passeur en herbe indécis gagné pour autant par le désir de vaincre ses peurs et montrer ses preuves à sa vile hiérarchie quitte à y vendre son âme. La pâleur de son regard candide, sa posture plutôt timorée doucement ternis par ses actes frauduleux nous glacent d'amertume passé sa probation criminelle.


Passionnant, violent et tendu à l'extrême lors d'un second acte littéralement anthologique, Sicario: la guerre des cartels surpasse son modèle en mode thriller noir et radical où bons et méchants ne font plus qu'un au sein d'une société aussi parano que schizo. 

* Bruno

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire