samedi 5 septembre 2020

Police

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site lecinedeneil.over-blog.com

de Maurice Pialat. 1985. France. 1h54. Avec Gérard Depardieu, Sophie Marceau, Richard Anconina,  Pascale Rocard, Sandrine Bonnaire.

Sortie salles Franec: 4 Septembre 1985

FILMOGRAPHIEMaurice Pialat, né le 31 août 1925 à Cunlhat (Puy-de-Dôme) et mort le 11 janvier 2003 à Paris, est un réalisateur de cinéma et peintre français. 1968 : L'Enfance nue. 1970 : La Maison des bois (Feuilleton TV de sept épisodes). 1972 : Nous ne vieillirons pas ensemble. 1974 : La Gueule ouverte. 1978 : Passe ton bac d'abord. 1980 : Loulou. 1983 : À nos amours. 1985 : Police. 1987 : Sous le soleil de Satan. 1991 : Van Gogh. 1995 : Le Garçu.


Un fascinant jeu de dupe, de pouvoir et d'intimidation entre flics et voyous, chacun se renvoyant la balle avec une arrogance persifleuse. 
Joli succès commercial à sa sortie avec 1 830 970 entrées; Police fut l'un des polars les plus marquants des années 80 même si les critiques furent assez partagées si je ne m'abuse. A la revoyure, quelques décennies plus tard, il est étonnant de constater à quel point le film perdure son intensité de par son saisissant réalisme issu d'un cinéma vérité hérité de Cassavetes pour l'auteur qui me vient promptement à l'esprit. Mais pas que, car au-delà de ces impressionnantes scènes d'interrogatoires aux méthodes parfois musclées (on y dénonce donc en filigrane les brutalités policières auprès de leurs présumés coupables), Police est littéralement sublimé (je pèse mes mots !) par son cast aux p'tits oignons issu de la génération 80. Parmi lesquels le monstre sacré Gérard Depardieu en flic  outrecuidant et primesautier, Sophie Marceau (sans conteste un de ces rôles les plus authentiques) en maîtresse vénale compromise à un gros trafic de drogue, Richard Anconina en avocat sur la corde raide (pas assez reconnu auprès des critiques), Sandrine Bonnaire en jeune catin d'un saisissant naturel (jusqu'à son plus simple appareil) ainsi qu'une multitude de seconds-rôles basanés au charisme patibulaire infaillible.


Bref, on reste fréquemment captivé par les nombreux affrontements psychologiques plus vrais que nature que se disputent flics et malfrats lors d'un jeu de duperie assez commun. Et si durant la première heure on ne saisit pas bien où souhaite nous embarquer Maurice Pialat à travers une réalisation documentée, sa trajectoire narrative adopte une dramaturgie beaucoup plus limpide, tendue et anxiogène lorsque l'inspecteur Mangin (Depardieu) tombe subitement amoureux de Noria (Marceau). Ce qui nous vaut d'ailleurs au passage une séquence d'attouchement sexuel dans une voiture que les féministes d'aujourd'hui ne manqueraient pas de vilipender dans leur démarche extrémiste. Noria étant dépeinte comme une gamine de 19 ans perfide et paumée auquel Mangin ne parvient pas à se détacher quitte à y braver sa déontologie policière. Ainsi, on reste à la fois interloqué et amusé qu'un tel représentant de l'ordre sombre aussi naïvement dans les bras d'une potiche aguicheuse. Et ce même si cette dernière d'un flegme rassurant parvient toutefois à masquer sa véritable personnalité. Tant et si bien qu'à travers sa réflexion sur le faux semblant on présume que personne n'est à l'abri d'une mauvaise rencontre amoureuse (surtout auprès d'une beauté - juvénile - fatale) lorsque l'on se laisse voguer/aveugler par nos propres sentiments intuitifs.


La frontière fébrile entre flics et voyous.
Polar impeccablement maîtrisé à travers sa direction d'acteur hors-pair et sa réalisation clinique au gré d'une intensité dramatique impromptue, Police conjugue divertissement et film d'auteur avec une efficacité toujours plus persuasive. Tant et si bien que la jeune réalisatrice Maïwenn s'en est probablement inspirée pour parfaire l'évènementiel Polisse de par son réalisme communément tranché et incisif. Car on retrouve en effet dans ces 2 oeuvres documentées une similaire intensité émotionnelle pour les scènes d'interrogatoires aussi brutales que rigoureuses. A revoir fissa dans la mesure où Police n'a pas pris une ride dans sa facture de cinéma vérité résolument immersif. 

*Bruno
3èx

Les conditions de tournage houleuses entre Pialat et ses acteurs (source Wikipedia):
Malgré des moyens importants dont Pialat n'est pas coutumier, le tournage de Police fut pour le moins mouvementé : disputes entre Pialat et Anconina, relation tendue aussi avec Sophie Marceau car le réalisateur veut la surprendre et la déstabiliser (elle refusera d'ailleurs d'assurer la promotion du film et se plaindra que Depardieu lui ait assené de vraies claques…) pour obtenir un jeu différent d'elle, jusqu'à Sandrine Bonnaire à qui Pialat, irrité par son manque de disponibilité lors du tournage, décide d'accorder seulement un tout petit rôle. Le film rencontra pourtant un vrai succès populaire.
Lors du premier interrogatoire de Noria par Mangin, ce dernier est à la fois brutal et moqueur ce qui provoque les pleurs de Noria. Pourtant lors du tournage de la scène, Pialat a tellement mis la pression sur Sophie Marceau qu'elle pleurait réellement. L'effet est néanmoins réussi car dans la séquence l'actrice est bouleversante d'intensité1. À propos de son actrice principale, Pialat a déclaré à l'occasion de la sortie du film dans l'émission "Le cinéma des cinéastes" que Sophie Marceau était la personne la plus détestable qu'il lui ait été donné de fréquenter dans le milieu du cinéma.

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