mercredi 13 janvier 2021

César et Rosalie

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Sautet. 1972. France. 1h51. Avec Yves Montand, Romy Schneider, Sami Frey, Umberto Orsini, Eva Maria Meineke, Bernard Le Coq, Gisela Hahn. 

Sortie salles France: 27 Octobre 1972

FILMOGRAPHIE: Claude Sautet, né le 23 février 1924 à Montrouge (Seine) et mort le 22 juillet 2000 dans le 14e arrondissement de Paris, est un scénariste et réalisateur français. 1951 : Nous n'irons plus au bois (court-métrage). 1955 : Bonjour sourire (non crédité comme scénariste). 1960 : Classe tous risques. 1965 : L'Arme à gauche. 1970 : Les Choses de la vie. 1971 : Max et les Ferrailleurs. 1972 : César et Rosalie. 1974 : Vincent, François, Paul... et les autres. 1976 : Mado. 1978 : Une histoire simple. 1980 : Un mauvais fils. 1983 : Garçon ! 1988 : Quelques jours avec moi. 1991 : Un cœur en hiver. 1995 : Nelly et Monsieur Arnaud.


"Tout s'oublie, même les grands amours. C'est ce qu'il y a de triste et d'exaltant à la fois dans la vie. C'est pour ça qu'il est bon quand même d'avoir eu un grand amour, une passion malheureuse dans sa vie. ça fait au moins un alibi pour les désespoirs sans raison dont nous sommes accablés."
Albert Camus.

Comédie de marivaudage d'une justesse inusitée de par le talent auteurisant de Claude Sautet à transfigurer un triangle amoureux avec une vérité humaine qui n'appartient qu'à son tempérament, César et Rosalie est un morceau de cinéma intemporel confinant au vertige émotionnel. Tant auprès du vérisme de sa mise en scène pour autant cinégénique, que du talent hors-pair de ces comédiens habités par une spontanéité si communicative. Yves Montand endossant un ferrailleur affabulateur afin de reconquérir sa muse bovarienne que Romy Schneider incarne avec son naturel éminemment bienveillant en dépit de son ambivalence si indécise à oser se prononcer pour l'éventuel prétendant. Au centre de ce duo singulier fertile en chamailleries et réconciliation, le jeune Sami Frey endosse une carrure altière dans celui, taiseux, de David aussi complexe à partager son coeur auprès de Rosalie pour une durée (in)déterminée. 


C'est donc une improbable romance bipolaire que nous fait partager Claude Sautet, émaillée de temps à autre d'éclairs de violence cinglants quant au comportement erratique de César transi d'amour pour Rosalie mais incapable de la combler depuis que cette dernière éprouve (en toute sincérité) d'autres sentiments vers David, dessinateur charmeur aussi flegme que discret. Comédie douce-amère où s'y intègre fréquemment une dramaturgie poignante quant à l'état dépressif d'un César impuissant face à son contexte conjugal en dent de scie, César et Rosalie nous retransmet également avec un ton tragi-cocasse une étrange amitié entre ces 2 cocus contraints de s'unifier afin de pallier leur chagrin. C'est donc le thème central de la romance passionnelle que nous décrit Claude Sautet avec ce que cela sous entend de crime passionnel si on observe la posture atrabilaire de César potentiellement capable de commettre l'irréparable de par sa détresse résolument démunie. Yves Montand demeurant terriblement touchant dans ses expressions sentencieuses d'amant en perdition se rattachant à la bouée de sauvetage David afin d'évacuer ses idées noires que l'on suggère à travers son tempérament tempétueux, pour ne pas dire incontrôlable. 


Folle histoire d'amour entre un trio insoluble condamné à s'isoler, César et Rosalie fait parti des plus belles romances que le cinéma nous ait conté à travers sa véracité à nous faire partager une intimité amoureuse en compagnie de l'une des plus talentueuses actrices planétaire (qui plus est une des plus belles femmes du monde). Romy Schneider transperçant l'écran à chacune de ses apparitions de par sa trouble beauté du regard scintillant au point de croire en la foi d'Yves Montand de la sacraliser à travers ses sentiments ingouvernables. Du cinéma épuré aujourd'hui révolu à revoir d'urgence auprès des amoureux d'un 7è art dénué de fioriture.

*Bruno

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