mardi 12 janvier 2021

Vincent, François, Paul et les Autres. Prix Jean Cocteau, 1974.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Sautet. 1974. France. 1h54. Avec Yves Montand, Michel Piccoli, Serge Reggiani, Gérard Depardieu, Stéphane Audran, Marie Dubois, Umberto Orsini.

Sortie salles France: 20 Octobre 1974

FILMOGRAPHIEClaude Sautet, né le 23 février 1924 à Montrouge (Seine) et mort le 22 juillet 2000 dans le 14e arrondissement de Paris, est un scénariste et réalisateur français. 1951 : Nous n'irons plus au bois (court-métrage). 1955 : Bonjour sourire (non crédité comme scénariste). 1960 : Classe tous risques. 1965 : L'Arme à gauche. 1970 : Les Choses de la vie. 1971 : Max et les Ferrailleurs. 1972 : César et Rosalie. 1974 : Vincent, François, Paul... et les autres. 1976 : Mado. 1978 : Une histoire simple. 1980 : Un mauvais fils. 1983 : Garçon ! 1988 : Quelques jours avec moi. 1991 : Un cœur en hiver. 1995 : Nelly et Monsieur Arnaud.

Découvrir pour la première fois ce morceau de cinéma des Seventies demeure tout bonnement divin en prime de nous émouvoir sans ambages eu égard de la capacité du metteur en scène à radiographier les états contrariés de ses acolytes partagés entre bonheur et désillusion. Et ce même si l'espoir finit heureusement par gagner du terrain lors de sa conclusion à la fois mélancolique et luminescente militant pour l'optimisme (je songe évidemment au nouveau destin de Vincent en proie à une soudaine renaissance). Tant et si bien que rien n'est jamais véritablement perdu lorsque l'on parvient à dépister la chance qui s'offre à nous afin de reconsidérer notre existence d'un point de vue autrement positif. Il s'agit donc d'une ode à la vie, à l'amour, à la camaraderie et à l'optimisme que Claude Sautet nous immortalise sous l'impulsion d'un quatuor d'acteurs admirables de sobriété. Tant auprès du jeune Gérard Depardieu en boxer plus ambitieux qu'il n'y parait, de Michel Piccoli en chirurgien embourgeoisé ou encore de Serge Reggiani en écrivain raté au grand coeur. Car Vincent, François, Paul... et les autres est un film d'acteurs au sens le plus digne et épuré qui soit tant ses comédiens expriment leur fêlure morale dans une posture vériste somme toute modérée. 

Claude Sautet, littéralement amoureux d'eux, les dirigeant à la perfection de par son attention avisée (jamais voyeuriste) de les authentifier dans le cadre d'une fragilité humaine inscrite dans la réserve. Qui plus est sans une once d'élocution théâtrale comme on a hélas trop coutume d'en voir dans le cinéma français contemporain (mais aussi séculaire chez certains classiques renommés). Et pour conclure sur une ultime dithyrambe, je tiens à vénérer l'interprétation tant nuancée du monstre sacré Yves Montand en entrepreneur en perdition partagé entre le dépit de sa profession et celui de son échec conjugal. Si bien qu'il ne parvient pas à omettre ses sentiments pour son ex épouse Catherine que Stéphane Audran endosse avec une maturité pleine de sagesse et d'humilité. Rien que leur aparté dépeinte au sein d'un café fait office de morceau d'anthologie lorsque Sautet scrute avec une grande délicatesse ces regards tour à tour intimidés, déçus, mélancoliques, tristes, angoissés. Des amants de l'infortune incapables de renouer avec leur bonheur d'autrefois à travers des postures si posées et déférentes. Montand jouant une sorte de machiste ambitieux avec une naïveté bouleversante. Tant et si bien que derrière ce regard strié par l'âge s'y tapi un enfant chétif égaré dans la crainte de la déroute.

"La fragilité de la douleur morale à l'aune de la maturité." 
Immense film d'amour déchu à travers le ressort plus solide de l'amitié (en ce en dépit de chamailleries parfois trop houleuses), Vincent, François, Paul et les autres... est également une leçon de mise en scène du point de vue auteurisant de Claude Sautet dirigeant ses comédiens avec une affectivité bouleversante. Du grand cinéma noble et affranchi (les comédiens ne cessent de boire et de fumer face écran si bien que l'on finit par y ressentir les vapeurs !) qu'il est impossible de retrouver sur nos écrans formatés actuels. 

*Bruno

Récompenses: Prix Jean-Cocteau 1974. 

Festival du film de Téhéran 1974 : Prix du meilleur film

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