vendredi 8 janvier 2021

Incubus / The Incubus

                                                   
                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site grindhousedatabase.com

de John Hough. 1981. Canada. 1h34. Avec John Cassavetes, John Ireland, Kerrie Keane, Erin Flannery, Duncan McIntosh, Wendy Hughes.

Sortie salles France: 24 Février 1982

FILMOGRAPHIEJohn Hough est un réalisateur anglais, né le 21 Novembre 1941 à Londres.
1969: Wolfshead : The Legend of Robin Hood. 1970: Eyewitness. 1971: Les Sévices de Dracula. 1972: l'île au Trésor. 1973: La Maison des Damnés. 1974: Larry le dingue, Mary la garce. 1975: La Montagne Ensorcelée. 1978: Les Visiteurs d'un Autre Monde. 1978: La Cible Etoilée. 1980: Les Yeux de la Forêt. 1981: Incubus. 1982: Le Triomphe d'un Homme nommé Cheval. 1986: Biggles. 1988: Hurlements 4. 1988: American Gothic. 1989: Le Cavalier Masqué (télé-film). 1990: A Ghost in Monte Carlo (Télé-film). 1992: Duel of Hearts (télé-film). 1998: Something to Believe In. 2002: Bad Karma.


Incube: Démon censé abuser des femmes durant leur sommeil
Succube: Démon qui revêt une apparence femelle, généralement humaine, afin d'entretenir des rapports sexuels avec un homme.

"Incubus; le viol des âmes".
Aimable artisan de la série B — à qui l’on doit l’un des classiques de la hantise, La Maison des DamnésJohn Hough n’aura jamais été aussi convaincant que lorsqu’il explore les recoins obscurs du cinéma horrifique. Incubus, sorti à l’orée des années 80, en est une nouvelle preuve. Une affiche explicite, qui fit fantasmer toute une génération de spectateurs et de vidéophiles (il connut d’ailleurs un joli succès sous la bannière de Sunset Video), et une surprise de taille : l’illustre John Cassavetes se prêtant au jeu avec une déférence inattendue, incarnant un médecin-enquêteur décidé à percer le mystère d’un démon incube.

Le pitch : au bord d’un lac, un couple en pleine étreinte est attaqué par un inconnu. L’homme meurt sur le coup, la jeune fille violée, en état de catatonie, est transportée d’urgence à l’hôpital. Le docteur Sam Cordell tente, en vain, de lui faire retrouver la parole. Peu après, un nouveau viol d’une sauvagerie inouïe secoue leur paisible bourgade.

Série B sans prétention, Incubus étonne par le soin apporté à sa mise en scène et la construction limpide d’un récit trouble, flirtant entre fausses pistes, meurtres ritualisés et soupçons diffamants. Il confronte l’horreur archaïque à un contexte contemporain avec une force sourde. Car il est question ici d’un démon, censé violer d’innocentes jeunes femmes, pendant qu’un adolescent, Tim Gallen — victime de visions morbides — semble étrangement lié aux crimes. Duncan McIntosh, d’une sobriété poignante, incarne ce garçon rongé par l’angoisse, comme si ses rêves eux-mêmes étaient habités.

John Hough tisse une toile de personnages ambigus et contrariés, nourrissant le doute et l’inquiétude. La relation équivoque entre le docteur Cordell et une journaliste de passage, les liens protecteurs entre sa fille Jenny et le jeune Tim, ou encore la figure obscure de la grand-mère du garçon, tout concourt à créer un climat trouble, aux frontières du surnaturel. Et à mesure que les cadavres s’accumulent, le montage elliptique installe une sensation de cauchemar éveillé. Alternant l’enquête rationnelle et les pulsions de l’irrationnel, Incubus captive par sa montée en tension constante, culminant dans une scène de confrontation où la vérité éclate enfin, glaçante.


"Le Démon dans la Tête, la Chair comme Théâtre".
Porté par une atmosphère singulière, baignée d’ombre et de fatalité, le film s’inscrit dans cette tradition du cinéma d’horreur gothique des années 80, où l’étrange le dispute à l’angoisse diffuse. Outre son casting investi (jusqu’aux moindres figurants), c’est cette étrangeté rampante, cette ambiance vénéneuse, qui s’imprime durablement. Sans jamais verser dans le gore facile, Hough préfère la suggestion — et la terreur, d’autant plus dérangeante, sourd des dialogues, des regards, des silences. Comme le souligne justement Marc Toullec dans le livret du coffret Blu-ray édité par Rimini, Incubus se bonifie avec le temps. Son étrangeté intacte, son audace visuelle et son aura malsaine le rendent peut-être encore plus perturbant aujourd’hui qu’à sa sortie.

*Bruno 
29.05.25. 6èx.                  
08.01.20. 
06.08.10 . 142 v

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