mercredi 28 septembre 2022

Fall

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Scott Mann. 2022. U.S.A/Angleterre. 1h47. Avec Grace Caroline Currey, Virginia Gardner, Mason Gooding, Jeffrey Dean Morgan. 

Sortie salles France: ?. Belgique: 14 Septembre 2022. U.S: 12 Août 2022

FILMOGRAPHIEScott Mann est un réalisateur et producteur britannique. 2005 : Down Amongst the Dead Men (co-réalisé avec Nick Rowntree). 2008 : The Tournament. 2015 : Bus 657 (Heist). 2018 : Final Score. 2022 : Fall. 

                             

                                                      TOP 2022 ! Haut les coeurs !
 
"L’acrophobie sublimée : plongée dans l’enfer vertical de Fall".
Époustouflant, à couper le souffle, crispant au possible — si bien qu’on reste rivé à son siège, tétanisé d’appréhension, de pessimisme, puis d’effroi ! Que de dithyrambes, me diras-tu ! Mais je m’adresse d’abord aux spectateurs qui, comme moi, souffrent du vertige. Autrement dit, à ceux pour qui la peur du vide est une hantise que Scott Mann magnifie à travers sa mise en scène technique et formelle : des images naturelles magnifiquement exploitées, baignées d’un onirisme tantôt crépusculaire, où tout (ou presque) paraît plus vrai que nature. Car Mann parvient à nous glisser dans la peau de ses deux héroïnes avec un art consommé du trucage artisanal.

Sans trop plonger dans les détails numériques, tout ce que vous verrez dans Fall est quasiment tangible, criant de vérité — à peu de choses près. Les deux actrices ont accompli de véritables cascades physiques, et la tour de la station radio qu’elles escaladent fut bel et bien construite sur le lieu du tournage : une structure de plus de 32 mètres, en lieu et place des 600 mètres redoutés à l’écran. Bref, Fall est une véritable expérience cinégénique à l’ancienne — à l’image de Top Gun Maverick, mais avec un budget plus modeste — menée à un train d’enfer littéralement vertigineux (doux euphémisme pour les âmes en proie au vertige, car il faut un cœur bien accroché ; tout le récit se condense en montagnes russes incontrôlées).

Il fallait oser tenir l’intérêt du spectateur pendant 1h47 avec comme seul décor une tour pharaonique et deux actrices juvéniles, monopolisant l’écran par leur force d’expression à la fois résiliente et désespérée. Les rebondissements, cohérents, irriguent leurs épreuves, tandis que certains spectateurs moins convaincus relèveront, à tort, quelques incohérences. Sachez, sans spoiler, que l’élément capital du chargeur cellulaire, utilisé à bon escient lors d’une action fatidique, est tout à fait plausible (oui, oui !). Le réalisateur et son équipe ont même testé l’expérience avant le tournage, pour redoubler d’authenticité dans cette épreuve tendue comme un arc. Vous voilà prévenus, sceptiques !

Si quelques clichés et anicroches narratives parsèment le récit (rien de rédhibitoire), le twist final, survenant quinze minutes avant le générique, nous invite à reconsidérer les actions antérieures à travers un second niveau de lecture — plus crédible, plus réaliste, plus sensé. Ce dernier éclaire notamment un morceau de bravoure un peu disproportionné mais plausible, selon les expertes en alpinisme consultées. Ce coup de théâtre renforce l’attrait bouleversant de cette descente aux enfers, véritable leçon de résilience, de bravoure et de dépassement de soi, portée par une intensité dramatique insoupçonnée, concluant cette hallucinante expérience humaine, militante d’une éthique spirituelle : la valeur précieuse du temps présent, que chacun devrait savourer au compte-goutte.


L'acrophobie à son paroxysme.
Étonnamment maîtrisé, ici un Scott Mann inspiré — loin de ses produits standard sans éclat (sa filmo, à mes yeux, exempte de réussites probantes) — et interprété avec sobriété, il met en scène ces survivantes émérites, liées par une solidarité amicale et une résistance physique, en quête d’une lueur d’espoir, aussi minime soit-elle. Fall met sans cesse les nerfs à rude épreuve, dans un florilège de séquences ultra éprouvantes (je m’adresse toujours aux spectateurs vertigineux), animées d’un réalisme vertigineux inédit.

Bombe émotionnelle, le film parvient aussi à nous bouleverser en arrière-plan — en mode dépressif — par un second niveau de lecture pétri d’humilité, de cri de révolte et de fatalisme cruel, notamment à travers la thématique de la rédemption parentale.

P.S. : privilégiez la VO et une qualité 4K pour décupler l’immersion dans ce vortex escarpé, au fulgurant pouvoir formel renversant.
Et pour les derniers sceptiques, voici la dithyrambe d’un youtubeur féru des genres.

*Bruno

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