lundi 19 septembre 2022

Ne dis rien / Speak no Evil

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Christian Tafdrup. 2021. Danemark. 1h38. Avec Morten Burian, Sidsel Siem Koch, Fedja van Huêt, Karina Smulders, Liva Forsberg. 

Sortie en VOD et Dvd le 23 Septembre 2022. Danemark: 17 Mars 2022.

FILMOGRAPHIE: Christian Tafdrup est un réalisateur, acteur et scénariste né le 8 April 1978 à Copenhagen, Danemark. 2022: Ne dis rien. 2017: En frygtelig kvinde. 2016: Forældre. 

Top 2022 ! Le malaise perpétuel au sens littéral (tant éthéré puis tangible) dépeint ici avec un vérisme si tranché qu'il est en permanence incommodant. Jusqu'au final incongru en mode dépression..

Un choc que ce suspense horrifique impeccablement tendu et malaisant au possible si bien que le réalisateur, en pleine capacité de sa maîtrise alchimique, nous saisit à la gorge 1h33 durant jusqu'au climax traumatique. Ainsi, à partir d'un pitch linéaire ultra simpliste (un couple de touristes danois et leur fille sont aimablement invités chez un couple hollandais préalablement rencontré en villégiature), Christian Tafdrup (dont il s'agit de son 3è long) parvient à tailler un suspense au cordeau quant au désarroi moral de ses invités accorts en proie à l'incompréhension, le doute, l'appréhension et surtout la gêne eu égard du comportement à la fois lunatique, impudent, erratique de ces propriétaires hollandais fallacieux. Toute l'intensité du récit résidant dans l'interrogation de ces protagonistes (et nous même !) avant d'y prendre la poudre d'escampette en lieu et place du malaise cuisant qui empoisonne leur fébrile quotidienneté. Tant et si bien que s'il ne se passe pas grand chose durant les 3/4 quarts du récit, on reste pour autant captivé, hypnotisé, sur le qui-vive car profondément inquiet de la tournure inévitablement dramatique de ce huis-clos où le malaise suffocant n'aura jamais été aussi perméable que dans ce métrage hollandais d'un vérisme à couper au rasoir. 

Tant auprès de l'ossature du récit imprévisible, de son aura malsaine toujours plus imposante que de la direction d'acteurs où chaque comédien se fond dans le corps de leur personnage avec un art consommé du naturel expressif. Le spectateur s'identifiant d'autant mieux aux victimes que leurs visages ne nous paraissent guère familiers auprès de leur identité danoise. C'est donc un scrupuleux voyage au bout de l'enfer moral que l'on nous dépeint ici, avant d'amorcer une horreur crue qui explosera lors des 5 ultimes minutes assez pénibles à regarder de par l'intensité de sa cruauté requise éludée de lueur d'espoir. Mais ce qui ébranle avant tout selon moi avec Ne dis rien, c'est sa capacité infaillible d'avoir su distiller la fibre du malaise le plus perfide et insidieux auprès des victimes et du spectateur attentif à leurs faits et gestes eu égard du sentiment d'insécurité les agressant au compte-goutte. Et ce sans s'embarrasser d'effets de manche grossiers qu'on a coutume de se coltiner dans les prods standard, la subtilité étant ici de rigueur pour mettre en exergue un jeu psychologique de soumission/domination à travers les valeurs familiales, le civisme et la pédagogie parentale.


"Parce que tu m'as laissé faire"
Huis-clos délétère d'une tension oppressante parfois insoutenable, Ne dis rien mise sur l'horreur éthérée, les non-dits (ce que l'on n'ose pas répondre à son interlocuteur par politesse), les regards équivoques, les postures outrées pour provoquer une angoisse incommode derrière une hospitalité insidieuse trop flegme pour être honnête. Outre l'interprétation exemplaire (c'est peu de le dire) de sobriété, le récit étant renforcé d'une partition faisant écho à Shining lors de moult séquences laconiques ou mutiques où la nature semble vampirisée par un ectoplasme démonial. Toujours dérangeant car souvent déstabilisant et embarrassant, Ne dis Rien explose son potentiel horrifique lors d'un épilogue abrupt faisant office de dépression traumatique. 
Pour public averti. 

*Bruno

Ci-joint la critique de Merej

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