mardi 6 septembre 2022

Là où chantent les écrevisses / Where the Crawdads Sing

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Olivia Newman. 2022. U.S.A. 2h05. Avec Daisy Edgar-Jones, Taylor John Smith, Harris Dickinson, Sterling Macer Jr, Michael Hyatt, David Strathairn 

Sortie salles France: 17 Août 2022. U.S: 15 Juillet 2022

FILMOGRAPHIE: Olivia Newman est une réalisatrice, scénariste et productrice américaine. 2018: Mon premier combat. 2022: Là où chantent les Ecrevisses. Prochainement: Untitled Roe v. Wade Project. 

"Désormais, je suis le marais. Je suis la plume d'une aigrette. Je suis chaque coquillage échoué sur le rivage. Je suis une luciole. Vous en verrez des centaines clignotées jusqu'au plus profond du marais. Et c'est à cet endroit que vous me trouverez. Loin là bas, où chantent les écrevisses."

Tiré d'un illustre roman de l'écrivaine et zoologiste Delia Owens et produit par l'actrice Reese Whiterspoon, Là où chantent les Ecrevisses est une oeuvre terriblement émouvante et attachante. De par la sobriété candide de l'actrice Daisy Edgar-Jones (révélée dans la série irlandaise Normal People) nous extériorisant un tsunami d'émotions lors des 56 premières minutes, et pour la prestance criante de vérité démunie de la petite Jojo Regina incarnant Kya à son âge infantile à travers les flash-back d'un 1er acte relatant sa cruelle condition orpheline après avoir été molestée puis abdiquée par son père abusif. Livrée à elle même, cette dernière tentera de survivre dans son lieu naturel reculé grâce à sa passion des insectes et des crustacés qui environnent le marais. Ces instants de plénitude et de quiétude demeurant d'autant plus tangibles par la beauté de sa photo scope et par cette nature sensorielle que l'on aimerait effleurer du bout des doigts. Ainsi, en magnifiant ce cadre singulier d'une Louisiane isolée d'urbanisation, Olivia Newman possède ce talent inné de nous narrer son histoire parmi l'attention scrupuleuse du traitement de ses personnages vus à travers les yeux de Kya lors de son enfance puis lors de sa maturité. 

La réalisatrice conjuguant sans l'outrance de sentiments programmés (à l'exception près d'une seule séquence pour la posture trop empathique de l'épicier Jumpin pour Kya) romance et onirisme dans une harmonie édénique eu égard de la puissance émotionnelle que nous suscite le duo d'amants en étreinte. Des instants de pureté parfois rehaussés d'une poésie enchanteresse (les feuilles tournoyant autour d'eux) nous donnant le vertige d'un amour fusionnel inscrit dans la passion de sentiments idéalistes. Bref, on croit à fond à leur passion incandescente sous l'impulsion de ces acteurs vibrants d'humanité pudibonde. Alors que la seconde partie nous rappellera à la réalité d'un fait aussi tragique que morbide (même si dès le prologue nous étions déjà avertis) en incluant un second personnage masculin que nous fréquenteront lors des flash-back explicatifs du triangle amoureux. Or, dès l'instant où Kya établit la rencontre de ce jeune prétendant trop loquace et désinvolte pour être honnête, on ne retrouve plus l'émotion fulgurante qui irriguait sa première partie de par sa puissance romantique brutalement estompée. Pour autant, grâce au soin de la mise en scène, du jeu toujours aussi investi des acteurs, de la présence magnétique de Daisy Edgar-Jones et de la façon studieuse de nous relater l'histoire en suspens, on reste à la fois intrigué et attentif au déroulement narratif cédant un peu plus de place à la tension de séquences de procès entre 2/3 flash-back que l'on observe dans l'expectative. Et c'est là où le cheminement d'apparence conventionnel et prévisible finit par nous surprendre de plein fouet au gré d'un final bouleversant (pour ne pas dire "crève-coeur" auprès des + sensibles) que nous ne voyons pas arriver. 


Le Cycle de la Vie.
Si bien que d'après l'acuité de ces images oniriques (toutes en suggestion !) défilant à travers la valeur des mots utilisés par une Kya transie de grâce; Là où chantent les Ecrevisses retrouve ses lettres de noblesse auprès de son hymne à la nature et de son sens existentiel (avec un discours assumé sur la métempsychose) quant aux êtres qui nous sont chers inévitablement destinés à disparaître. Un très beau conte donc, délicat, très sensible par sa tendresse sans fard, actuel (le sempiternel traitement des enfants et des femmes battus, le droit à la différence auprès des êtres marginaux pointés d'un doigt médisant), à découvrir sans se laisser influencer par l'ombre de préjugés et par son intrigue fallacieuse. 

*Bruno

Info Wikipedia: "Là où chante les Ecrevisses", le roman, a dominé le New York Times Fiction Best Sellers de 2019 pendant 25 semaines non consécutives. Le livre a figuré sur la New York Times Best Seller list pendant plus d'un an. Il est paru en France en 2020.

2 commentaires:

  1. Bien souvent déçu par les films réalisés après avoir lu le livre votre critique semble positive donc je vais le voir .Merci.

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  2. Attention, je ne compare jamais les films et les livres adaptés (comme dirait Jean-Baptiste Thoret). Qui plus est je n'ai jamais lu le roman de Delia Owen. Mais bon, j'espère qu'il vous plaira néanmoins, à condition également d'être romantique dans l'âme.

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