vendredi 28 juillet 2023

Chien de la casse. Prix du Public, Angers 2023.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jean-Baptiste Durand. 2023. France. 1h33. Avec Anthony Bajon, Galatéa Bellugi, Raphaël Quenard, Dominique Reymond, Bernard Blancan.

Sortie salles France: 19 Avril 2023

FILMOGRAPHIEJean-Baptiste Durand est un réalisateur, scénariste et acteur de cinéma français né le 15 octobre 1985 à Antibes (06). 2023 : Chien de la casse. Prochainement: L'homme qui avait peur des femmes. 


Un hymne à l'amitié chez la génération périurbaine.
Comédie dramatique sociale illustrant la dissension amicale de deux acolytes périurbains aux caractères antinomiques, faute de l'intrusion d'une jeune fille dont le plus introverti en tombe amoureux, Chien de la casse est une première oeuvre sidérante de maîtrise. Un coup de coeur couronné de trois prix (à l'heure où j'imprime mes impressions personnelles) rappelant le cinéma de CorneauPialat, Claude SautetBruno Dumont de par l'authenticité de son vérisme documenté au sein d'une scénographie rurale touchée par le chômage, la petite délinquance, la solitude, le mal-être. Une véritable révélation en la personne de son auteur Jean-Baptiste Durant tant habité à tailler sur pellicule son histoire profondément humaine et de son acteur vedette Raphaël Quenard crevant l'écran à chacune de ses apparitions. A l'instar d'un Patrick Dewaere à ses prémices, toute proportion gardée, de par sa force tranquille et de sureté. C'est dire si ce dernier désarmant de spontanéité à travers son autorité écorchée s'avère brut de décoffrage dans sa posture de grand frère un poil trop orgueilleux auprès de son franc-parler parfois offensant (euphémisme, la séquence dérangeante du resto, rupture de ton narrative pour une seconde partie plus douloureuse et amère). Sans compter sa susceptibilité pathologique (tant auprès de ses amis que de sa mère) faute de son complexe d'infériorité qu'il n'ose dévoiler à lui même et aux autres. 


Surtout lorsqu'il s'adresse à son partenaire de toujours Dog endossé par Anthony Bajon dans sa présence chétive autrement timorée, taiseuse, sentencieuse, effacée. Et ce sans nullement sombrer dans la caricature auquel il aurait pu se morfondre si bien qu'il crève également l'écran auprès de son mal-être existentiel perméable que l'on subi avec tendre empathie mais aussi parfois une gêne tacite dans son incapacité à s'exprimer. Et si sur le papier, le pitch d'une banalité confondante avait de quoi faire fuir le plus clément des producteurs (alors qu'ici c'est une femme qui s'y est collée), Jean-Baptiste Durant le transcende en toute quiétude en tablant sur la caractérisation psychologique de ses personnages évoluant face à nous comme si nous étions parmi eux en interne de l'action davantage acrimonieuse. Des profils complexes (et complexés !) que l'on observe donc avec une infinie attention, les personnages s'efforçant malgré eux de communiquer, de crier leur malaise, leur solitude, entre maladresses, intimidations et provocations autoritaires lorsque Mirales, jaloux de cette rivalité amoureuse, continue d'asseoir sa mainmise avec un égoïsme aussi cruel qu'émouvant. 


“Une amitié qui peut résister aux actes condamnables de l'ami est une amitié.”
C'est donc cette profonde humanité désarmante de naturel qui fait la plus-value de cette oeuvre intimiste que d'observer ses marginaux pétris d'utopie, de bonnes intentions et de furieux désir de vivre, d'aimer dans leur fonction esseulée incertaine. Chien de la casse nous illustrant avec une vibrante humanité torturée la puissante (autant que houleuse) amitié d'un tandem (rigoureusement) contradictoire se déchirant corps et âme à crier leur amour l'un pour l'autre (y'a t'il une homosexualité refoulée chez Mirales ?). Les interprètes communément transis de vécu crevant l'écran (et l'abcès) auprès d'une force expressive contagieuse. Dans la mesure où lorsque apparait le générique de fin nous regrettons amèrement de les avoir déjà quittés, même si on se rassure de leur dessein plausiblement optimiste. Sans réserve un des grands films de 2023, en espérant que ces nouveaux talents surgis de nulle part continuent d'explorer le paysage cinématographique français avec autant de sincérité explosive.

*Bruno

Récompenses
Festival Premiers Plans d'Angers 2023 : Prix du Public.
Festival La Ciotat Berceau du cinéma 2023 : Lumière d'or et double prix d'interprétation masculine pour Raphaël Quenard et Anthony Bajon
Festival de Cabourg 2023 : Swann d'or du meilleur premier film et Swann d'or de la révélation masculine pour Raphaël Quenard

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