mardi 25 juillet 2023

Les Démons de l'Esprit / Demons of the Mind

                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Sykes. 1972. Angleterre. 1h35. Avec Gillian Hills, Robert Hardy, Patrick Magee, Michael Hordern, Shane Briant

Sortie salles France: 20 Septembre 1973. Angleterre: 5 Novembre 1972

FILMOGRAPHIEPeter Sykes est un réalisateur et scénariste australien né le 17 juin 1939 à Melbourne (Australie) et mort le 1er mars 2006. 1968 : The Committee. 1971 : Venom. 1972 : Les Démons de l'esprit (Demons of the Mind). 1973 : The House in Nightmare Park. 1973 : Steptoe and Son Ride Again. 1976 : Une fille... pour le diable (To the Devil a Daughter). 1979 : Jesus. 

Dommage que cette rareté oubliée issue de la firme Hammer ne soit pas reconnue par les critiques, voire même aussi du public si on excepte une poignée d'irréductibles dont je fais indubitablement parti après l'avoir revu une seconde fois avec beaucoup de plaisir. Car si effectivement l'oeuvre rigoureusement inquiétante pâtie d'un scénario à la fois mal structuré et (sciemment) confus, les Démons de l'esprit oppose efficacement horreur gothique séculaire et horreur psychologique autrement contemporaine par le truchement de la psychanalyse. D'ailleurs, cette confusion narrative partant un peu dans tous les sens permet toutefois d'insuffler un climat d'étrangeté prégnant qui ne nous lâche pas d'une semelle jusqu'au final révélateur d'une grande violence graphique (pour l'époque et pour une prod Hammer). Peter Sykes  dénonçant assez intelligemment, et dans une étonnante ambiance malsaine quasi indicible (on peut aussi rappeler que Peter Sykes récidivera dans l'inconfort licencieux avec le sulfureux Une Fille pour le Diable), les thématiques épineuses du fanatisme religieux, de l'inceste, du patriarcat et des superstitions parmi l'autorité d'un père de famille en berne s'efforçant d'emprisonner son fils et sa fille à la suite du suicide de son épouse dépressive. 

Or, incapable de surmonter la perte de l'être aimé, celui-ci se venge inconsciemment sur ses progénitures afin de punir son épouse défroquée (elle qui osa le blasphème du suicide), victime selon lui d'une malédiction démoniale. Par conséquent, en y faisant intervenir un praticien aux méthodes archaïques mais en voie de remise en question morale, les Démons de l'Esprit  y suggère une société en mutabilité de par l'éveil de conscience de mentalités plus ouvertes (notamment auprès d'un second médecin en herbe autrement perspicace, clément, lucide et rationnel s'attachant particulièrement au sort précaire d'Elisabeth, soumise et droguée) en dépit des coutumes moyenâgeuses des villageois d'accomplir une justice expéditive rigoureusement barbare. Outre sa superbe photo mettant en valeur les décors naturels oniriques ainsi que le manoir de Wykehurst Park, Les Démons de l'esprit est renforcé de la qualité de son interprétation. Tant auprès de ceux endossant les éléments perturbateurs, des villageois tributaires de l'affres du Mal que des enfants démunis de Zorn nous interrogeant fréquemment sur leur personnalité sciemment ambivalente. 


Egalement teinté de surréalisme par la fantasmagorie du rêve, de l'intuition et des hallucinations auprès de cette filiation plausiblement maléfique, les démons de l'esprit est à découvrir avec vif intérêt. Si bien qu'il s'agit d'une oeuvre horrifique étonnamment moderne d'après son cadre rétro, tout en étant déconcertante, équivoque sous le pilier d'un réalisme obscur à la violence parfois crue. 

*Bruno
2èx. Vostfr.

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