mardi 4 juillet 2023

Petites

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de  Julie Lerat-Gersant. 2022. France. 1h30. Avec Pili Groyne, Romane Bohringer, Victoire Du Bois, Lucie Charles-Alfred, Suzanne Roy-Lerat, Bilel Chegrani, Shirel Nataf. 

Sortie salles France: 22 février 2023

FILMOGRAPHIEJulie Lerat-Gersant est une scénariste et réalisatrice française. Petites est son tout 1er long-métrage réalisé en 2022. 

Tirant parti d'un réalisme documenté façon Pialat, toutes proportions gardées, Petites est une claque émotionnelle par sa sensibilité à fleur de peau traitée sans fard ni moralisme. A l'instar de son final aigre-doux, ni blanc ni noir, qui risquerait peut-être d'en déconcerter plus d'un. Et quand on prend en compte qu'il s'agit du 1er long-métrage de la réalisatrice Julie Lerat-Gersant, on ne peut que s'incliner face à la maîtrise de son projet salutaire dénué de jugement, pour ne pas dire engagé, qui plus est entouré d'une poignée d'actrices moins connues et seconds-rôles méconnues si on éclipse l'apparition surprise, dépouillée, de Romane Borhanger en éducatrice au bord du pessimisme eu égard de sa psyché davantage torturée à tenter de sauver ses jeunes filles trop instables pour amorcer une vie monoparentale (ou familiale). Ainsi, 1h30 durant, Julie Lerat-Gersant n'a aucune peine pour nous fondre dans l'intropstection chétive de la jeune Camille (incarnée avec une force de vérité humaniste par Pili Groyne, la révélation !) 16 ans, placée dans un centre maternel faute de sa grossesse et d'une maman irresponsable accusant elle-même un passé chaotique traversé d'indécision et de marche-arrière. C'est donc un long parcours moral que nous relate studieusement la cinéaste sous l'impulsion d'un vérisme sociétal plus vrai que nature en dépit du soin imparti à sa photo subtilement saturée, notamment afin de contraster avec les états d'âme frondeurs de ses jeunes rebelles inaptes à éduquer leurs enfants en dépit de leur amour fulgurant pour eux (voir la séquence bouleversante d'Alison hurlant son amour maternel auprès d'un juge pour enfant). 

Une photo colorée accentuant parfois les plages d'onirisme naturel que cultivent ses jeunes filles en compagnie de leur petit ami ou plus confindentiellement, avec leur maman à la morale déguingandée par le reflet de leur immaturité souvent non assumée comme le souligne Clo, mère de Camille. Tour à tour humble, attachant, tendre, hypnotique mais aussi fulminant par ce sentiment d'injustice que ressentent ces victimes livrées à elles mêmes, Petites laisse en état de marasme, d'impuissance, de collapse, avec toutefois au bout de l'horizon ce désir d'amour rédempteur, cette prise de conscience gratifiante afin d'éviter de reproduire les mêmes erreurs après avoir observé puis vécu dans leur quotidienneté ces témoignages édifiants au destin incertain. Par conséquent, ce manifeste alarmiste sur la maternité juvénile émane de son humanité à fleur de peau que nous suscitent les actrices et seconds-rôles féminins comme si nous les fréquentions depuis toujours par leur fragilité tacite ou explicite où certaines explosions de violence ne pourront s'y contenir. Qui plus est, par le biais de séquences à la fois cruelles et douloureuses à dénoncer les mauvais traitements (ici uniquement moraux) de bambins livrés à eux-mêmes, Petites met mal à l'aise, perturbe l'âme, invoque le vertige, voir l'insupportable lors de ses dérives de crises de larmes sans nullement se vautrer dans l'ombre d'une complaisance déplacée. 

Puissamment émotionnel par sa tendresse immodérée et sa violence furibonde que ses jeunes mamans nous communiquent avec une force de vérité aigre, désenchantée mais aussi teintée d'espoir optimiste par leur résilience acharnée, Petites demeure une référence (pour ne pas dire un coup de maître) d'aborder avec autant de tact, d'intelligence, de pudeur et surtout d'acuité humaine cette douloureuse thématique que le spectateur endure de façon à la fois lucide, concerné, pédagogue, discursive. Si bien que Petites devrait être diffusé urgemment dans tous les collèges et lycées de France à l'aide d'un bouche à oreille prolifique.  

*Bruno

Ce qu'en a pensé la presse : 

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