Sortie salles Tchécoslovaquie: 1er Septembre 1972
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Juraj Herz est un réalisateur, acteur et scénariste slovaque, né le 4 septembre 1934 à Kezmarok, en Tchécoslovaquie (actuellement en Slovaquie). 1968: l'Incinérateur de cadavres. 1972: Morgiana. 1978: La Belle et la Bête. 1979: Le 9è coeur. 1986: Galose stastia. 1996: Maigret tend un piège. Maigret et la tête d'un homme. 1997: Passage. 2009: T.M.A. 2010: Habermann.
Maître du cinéma Tchèque à qui l'on doit les grands classiques l'Incinérateur de Cadavres, le 9è Coeur et le splendide la Belle et la Bête, Juraj Herz n'en finit plus de nous surprendre avec Morgiana. Un thriller à suspense mâtiné de fantastique (en mode suggéré), d'onirisme et de surréalisme avec l'étrange sentiment de s'immerger dans un univers gothique sans égal. L'histoire obscure d'une rivalité entre 2 soeurs, Viktoria demeurant folle de jalousie auprès de Klara que la gente masculine ne cesse de courtiser. Or, un jour elle décide de passer à l'acte criminel en tentant de l'empoisonner. Mais rien ne se déroulera comme prévu. Et c'est ce qui fait le sel de ce récit reptilien latent sublimé du profil exécrable d'une snobe criminelle imbibée d'hypocrisie alors que les rebondissements que l'on ne voient pas arriver nous déconcertent en y désamorçant le surnaturel jusqu'à l'épilogue teinté de douce ironie.
Les acteurs et actrices, tous méconnus chez nous ayant une identité propre au point que le spectateur reste fasciné pour leur comportement autre, leur façon un tantinet particulière de jouer et d'y donner la réplique, et par la manière dont le réalisateur use et abuse de gros plans, de cadrages agressifs de telle sorte de nous plonger dans une fantasmagorie singulière subtilement envoûtante. Mais outre l'efficacité de son récit machiavélique jouant sur le faux-semblant et la cruauté morale, Morgiana est transcendé de sa facture formelle faisant office de pur chef-d'oeuvre esthétisant (je pèse mes mots !). Tant auprès de sa splendide photo naturelle que de ces décors verdoyants mais aussi côtiers que Juraj Herz filme amoureusement à l'aide de cadrages alambiqués ne débordant jamais (on peut même parfois songer à Picnic à Hanging Rock pour le sens stylisé de sa poésie lascive, pour son cadre champêtre solaire, pour la tenue vestimentaire des gentes dames insouciantes, toutes proportions gardées). Enfin, la musique hétéroclite de Luboš Fišer irrigue toute l'intrigue, entre grâce, mystère, sensualité, vrombissements, dissonance, à l'instar de son autre chef-d'oeuvre bicéphale La Belle et la Bête.
A ne rater sous aucun prétexte d'autant plus que cette oeuvre rare, infiniment élégante et précieuse ne fut jamais distribuée au cinéma chez nous.
*Bruno
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