jeudi 20 juillet 2023

Dune

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Lynch. 1984. U.S.A/Mexique. 2h17. Avec Francesca Annis, Leonardo Cimino, Brad Dourif, José Ferrer, Linda Hunt, Freddie Jones, Richard Jordan, Kyle MacLachlan, Virginia Madsen, Silvana Mangano, Everett McGill, Kenneth McMillan, Jack Nance, Siân Phillips, Jürgen Prochnow, Paul L. Smith, Patrick Stewart, Sting, Dean Stockwell, Max von Sydow, Alicia Witt, Sean Young.

Sortie salles France: 6 février 1985. U.S: 14 Décembre 1984

FILMOGRAPHIE: David Lynch est un réalisateur, photographe, musicien et peintre américain, né le 20 Janvier 1946 à Missoula, dans le Montana, U.S.A. 1976: Eraserhead. 1980: Elephant Man. 1984: Dune. 1986: Blue Velvet. 1990: Sailor et Lula. 1992: Twin Peaks. 1997: Lost Highway. 1999: Une Histoire Vraie. 2001: Mulholland Drive. 2006: Inland Empire. 2012: Meditation, Creativity, Peace (documentaire).

"Un monde au-delà de vos rêves. Un film au-delà de votre imagination", dixit la tagline de l’époque. Et c’est exactement – au mot près – ce que nous offre l’alchimiste David Lynch, qui renia pourtant son œuvre, sans jamais lui pardonner (notamment auprès des producteurs, dont De Laurentiis). Or, à l’instar de ces films mésestimés par leur propre auteur (Gloria de Cassavetes, Nomads de McTiernan, La Forteresse Noire de Mann), Dune est un spectacle SF monumental qu’on aurait tort de bouder sous prétexte des mauvaises langues (même si, aujourd’hui, il est enfin estampillé "culte"). Un OFNI ne ressemblant à aucun autre métrage, avec son budget de 45 millions de dollars. Aussi dégingandé, confus, impénétrable, austère, froid, distant et elliptique soit-il, ce grand spectacle venu d’un autre temps… Il n’en reste pas moins fascinant. Ce qui, inévitablement, causa un échec public sévère – plutôt compréhensible tant l’œuvre malade ne s’adresse certainement pas au grand public. On est très loin du divertissement bonnard de La Guerre des Étoiles.

Et pourtant… à la cinquième revoyure – ou plutôt, à chaque révision – j’ai la troublante impression de contempler, de (re)vivre une expérience quasi inédite. Comme s’il s’agissait encore et toujours d’une première fois. Qui plus est, dans une version 4K à damner un saint (je pèse mes mots : il faut le voir – et le comparer au Blu-ray – pour le croire). Du jamais vu, j’vous dis !

Ainsi, malgré son souffle surdimensionné qui nous en fout plein la vue à chaque minute – à travers ses décors colossaux, naturels, domestiques, sculpturaux, hérités du péplum et de l’univers stellaire ; ses costumes hiératiques taillés au scalpel ; ses FX mécaniques et charnels ; sa photographie sépia ; sa figuration massive digne d’un DeMille ; et ce score de Toto, d’une ampleur sombre et homérique – malgré cet aspect baroque incommensurable, Dune nous hypnotise par sa beauté funeste, lyrique, onirique, étrange, ombrageuse.

Lynch compose là, avec son ambition personnelle, un ballet funèbre traversé de séquences atypiques (notamment dans les rapports de force, les tensions psychologiques, les rivalités feutrées), qui nous interpellent par leur dialecte philosophique – quand bien même la posture déconcertante des personnages nous laisse pantois d’impassibilité. Qu’il s’agisse de leur manière de communiquer (certains par télépathie), de combattre par un cri guerrier, ou de cette profusion de détails morbides (les pustules de l’Empereur, cette baudruche volante emplie de perversité), d’armes et d’ustensiles mortels jamais vus sur pellicule.


Le dormeur doit se réveiller.
Fort d’un prestigieux casting habité par ses rôles, plongé dans une scénographie insensée au pouvoir de fascination troublant (là où l’émotion reste discrète, contenue, presque absente), Dune est un spectacle pharaonique qu’il faut avoir tenté au moins une fois dans sa vie. Tant il est impossible d’ignorer sa puissance formelle, traversée de visions anthologiques, parfois si énigmatiques qu’elles nous échappent – mais sans que cela ne nuise, au contraire, tant ce mystère fait partie intégrante de sa magie.
Qu’on y adhère ou non, on est confronté à une forme de cinéma halluciné, abstraite, impossible à définir ni à décrypter dans sa totalité.

*Bruno
5èx Vostfr

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