lundi 17 juin 2024

I saw the TV Glow

                                             
                                                                 Photo empruntée sur Facebook

de Jane Schoenbrun. 2024. U.S.A. 1h41. Avec Justice Smith, Brigette Lundy-Paine, Helena Howard, Lindsey Jordan, Conner O'Malley, Emma Portner

Sortie salles U.S: 3 mai 2024

FILMOGRAPHIEJane Flannery Schoenbrun est un réalisateur américain né en 1987. 2018: A Self-Induced Hallucination. 2021: We're All Going to the World's Fair. 2024: I saw the Glow TV.


                              « Parfois, The Pink Opaque semble plus réel que ma propre vie. »

Souvenez-vous : il n’est pas nécessaire de tout comprendre pour aimer — l’essentiel est de rêver.
Il y a des films, et puis il y a des expériences. I Saw the TV Glow appartient à cette seconde catégorie, plus autonome, plus créative, plus personnelle, plus singulière. À mi-chemin entre Lynch et Cronenberg (Vidéodrome en étendard), I Saw the TV Glow explore le mal-être existentiel depuis la fissure adolescente, avec une sensibilité marginale, sans une once de moralisme. Si bien qu’au fil du cheminement tortueux, fragile, de deux adolescents taiseux, timorés, engloutis dans leur série fétiche — quasi fétichiste — le spectateur dérive, hypnotisé, dans leur bad trip hallucinatoire, impuissant à détourner le regard.

C’est dire si I Saw the TV Glow ensorcelle. Hypnotique, envoûtant, aussi beau que malaisant, terriblement émouvant dans sa métaphore universelle : ce besoin irrépressible de fuir la réalité d’un quotidien mélancolique pour s’engloutir dans l’illusion télévisuelle, addictive, délétère, fallacieuse. Par l’entremise de ce refuge cathodique, à la fois enivrant et troublant, se déploie un discours sur le pouvoir de l’image, la nostalgie du souvenir et son emprise sur une psyché dépressive, esseulée, suicidaire même — que Jane Schoenbrun, cinéaste transgenre, transfigure en un fantastique d’une imagerie onirique à damner un saint. Entre la quotidienneté rose fluo de ce duo zombifié errant dans une banlieue tranquille, et les bribes VHS qu’ils ressassent sur leur écran, règne The Pink Opaque.

Et si son final, sciemment ambigu, voire absurde (mais l’on se console dans la métaphore métaphysique), nous laisse autant subjugué que désarmé, I Saw the TV Glow brûle l’encéphale au fer rouge — qu’on adhère ou non.

"L’opaque rose brûle encore".
En tout état de cause, cet OFNI déjà culte fera date — à l’instar du bouche-à-oreille qui fit naître Donnie Darko — et déchaînera passions et interrogations autour de cette étude cérébrale, bouleversante, sur notre quête identitaire, ligotée à l’évasion hypnotique du petit (et grand) écran, au mépris d’une réalité imberbe, déshumanisante. Avec, en guise d’écrin, un hommage nostalgique aux années 90, transfiguré en banlieue rétro baignée de nuances roses, bleues, violettes — du plus bel effet, et terriblement insolite.

*Bruno

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Ci-joint un p'tit mot du devoir:
Le film, dont le message n’est pas évident au premier visionnement, est une expérience avant tout sensorielle, qui prend aux tripes, bouscule et force le cerveau à s’extraire de ses propres névroses et fictions pour constater leurs dangers comme les limites de leur pouvoir. On sort de la salle la tête remplie de questions, mais certain d’avoir vécu quelque chose d’absolument unique.
Le Devoir.

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