Photo empruntée sur Facebook
de Jane Schoenbrun. 2024. U.S.A. 1h41. Avec Justice Smith, Brigette Lundy-Paine, Helena Howard, Lindsey Jordan, Conner O'Malley, Emma Portner
Sortie salles U.S: 3 mai 2024.
FILMOGRAPHIE: Jane Flannery Schoenbrun est un réalisateur américain né en 1987. 2018: A Self-Induced Hallucination. 2021: We're All Going to the World's Fair. 2024: I saw the Glow TV.
« Parfois, The Pink Opaque semble plus réel que ma propre vie. »
Souvenez-vous que l'on n'est pas obligé de tout comprendre pour aimer, l'important c'est de rêver.
Il y a des films, et puis il y a des expériences. I saw the TV glow fait parti de cette seconde catégorie autrement plus autonome, créative, personnelle, souvent singulière. Car à mi-chemin entre le cinéma de Lynch et celui de Cronenberg (Videodrome largement en tête), I saw the TV glow traite du mal-être existentiel du point de vue de l'adolescence avec une sensibilité, une marginalité et une originalité dénué de moralisme. Si bien qu'au fil du cheminement tortueux, si fragile, de 2 adolescents à la fois taiseux, timorés et tourmentés, totalement introvertis au point de se laisser engloutir par leur série TV fétiche (voir même fétichiste), le spectateur se laisse dériver vers leur bad trip hallucinatoire parmi l'impuissance de ne pouvoir y détourner le regard.
C'est dire si I saw the TV glow demeure aussi hypnotique et envoûtant (la bande-son élégiaque est bouleversante aux larmes) que beau, malaisant, terriblement émouvant quant à sa métaphore (universelle) sur le besoin irrépressible de se détourner de la réalité d'une quotidienneté mélancolique (thème oh combien central du récit) au profit d'une illusion télévisuelle terriblement addictive, délétère (?), fallacieuse (?). Par l'entremise de ce refuge médiatique oh combien enivrant et déconcertant s'y décline donc un discours sur le pouvoir de l'image, sur la nostalgie du souvenir et son influence sur notre psyché (ici dépressive, esseulée, suicidaire même) au sein du genre Fantastique que Jane Schoenbrun (cinéaste transgenre) transfigure au sein d'une imagerie onirique à damner un saint. Tant auprès de la quotidienneté rose fluo du duo anxiogène déambulant tels des zombies atones dans leur banlieue tranquille que des bribes Vhs qu'ils se repassent sans cesse sur la TV de leur émission attitrée, j'ai bien nommé: "l'opaque rose". Et si son final, sciemment ambigu, voir nonsensique (même si on peut se réconforter vers la métaphore métaphysique) nous laisse autant subjugué que désarmé, I saw the TV glow vous reste imprimé dans l'encéphale au fer rouge, que l'on ait adhéré ou non.
En tout état de cause, cet OFNI déjà culte fera date (à l'instar du bouche à oreille imparti à Donnie Darko) et déchainera autant les passions que les interrogations à travers cette bouleversante étude cérébrale sur notre quête identitaire ici assujettie au besoin de se plonger dans l'évasion du petit (et grand) écran au grand dam de notre réalité imberbe déshumanisante. Avec un bel hommage (évidemment nostalgique) aux années 90 pour tenir lieu de cadre urbain rétro imbibé de nuances rose, bleues et violettes du plus bel effet insolite.
*Bruno
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Ci-joint un p'tit mot du devoir:
Le film, dont le message n’est pas évident au premier visionnement, est une expérience avant tout sensorielle, qui prend aux tripes, bouscule et force le cerveau à s’extraire de ses propres névroses et fictions pour constater leurs dangers comme les limites de leur pouvoir. On sort de la salle la tête remplie de questions, mais certain d’avoir vécu quelque chose d’absolument unique.
Le Devoir.
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