Sortie salles France: 3 Janvier 1974. Italie: 28 Février 1972.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaîne. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. 1972: Toutes les couleurs du vice. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983:2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.
"Ces jeunes qui flottent sont des proies parfaites pour les sectes et les mouvements extrémistes. Quand on ne sait pas qui on est, on est ravi qu’une dictature vous prenne en charge et, dès l’instant où l’on se soumet à un maître, à un texte unique, on devient fanatique." Boris Cyrulnik.
Tourné un an après l'Etrange vice de Mme Wardh, Toutes les couleurs du vice change de registre pour s'aventurer dans le thriller ésotérique eu égard de l'épreuve de force morale que Jane doit endurer afin de ne pas sombrer dans la folie. Car depuis la mort de sa mère et de son propre enfant, elle souffre d'hallucinations intermittentes où s'y conjuguent une communauté sectaire adepte du sacrifice ainsi que la filature d'un étranger patibulaire aux yeux bleus perçants (le grand - par la taille - Ivan Rassimov toujours intrigant à souhait à travers la force d'expression de son regard reptilien). Ainsi, en s'écartant du Giallo qui lui valu un joli succès, Sergio Martino nous structure ici une intrigue vénéneuse où cauchemar et réalité se télescopent sous le témoignage d'une victime en berne en paranoïa progressive. Fort de son climat de mystère constamment inquiétant et de cette foule de personnages équivoques que l'héroïne fréquente avec toujours plus de méfiance, Toutes les couleurs du vice nous immerge dans un cauchemar cérébral vertigineux si bien que le spectateur, pleinement identifié à son désarroi, ne parvient lui non plus à distinguer la chimère de la réalité.
C'est dire si la réalisation solide, d'autant plus émaillée de plages d'onirisme macabre saillantes, parvient à nous faire douter de ce que nous découvrons à travers le regard épeuré de Jane ne sachant plus vraiment vers quel soutien se vouer. Portant le film sur ses épaules charnues, Edwige Fenech, omniprésente, insuffle une solide expression fragile sous l'impulsion de sa psychose exponentielle d'être persécutée par son entourage et la secte marquée d'un oeil divin sur la peau en guise de tatoo emblématique. Quand bien même nous nous interrogeons notamment sur l'éventuelle complicité de l'époux de Jane souvent absent du cocon familial et possédant un étrange recueil de magie. Un personnage bicéphale, une part de mystère irrésolu que Sergio Martino se réserve de nous divulguer ouvertement jusqu'au générique de fin. Ainsi donc, sa scénographie sensiblement envoûtante et schizophrène nous expose nombre d'images patibulaires où horreur malsaine et suspense vertigineux se chevauchant avec une égale efficacité. Même si hélas la répétition des agressions et filatures auprès d'un personnage patibulaire s'y fait ressentir 1 heure durant.
Excellent thriller horrifico-cérébral soutenu du splendide thème solennel de Bruno Nicolai, Toutes les couleurs du vice traite des thèmes de l'emprise sectaire, de la cupidité et de la paranoïa à travers une narration labyrinthique jouant habilement de notre perception de la réalité. Si bien que nous nous interrogeons avec empathie sur la santé mentale de Jane péniblement ébranlée par le deuil et les conséquences pécuniaires qui en émanent.
*Bruno
31.08.22.
14.06.24. 4èx
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