vendredi 22 mai 2015

TRAINSPOTTING

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site imgkid.com

de Danny Boyle. 1996. Angleterre. 1h34. Avec Ewan McGregor, Ewen Bremner, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle, Kevin McKidd, Kelly Macdonald, Peter Mullan, James Cosmo.

Sortie salles France: 19 Juin 1996. Angleterre: 23 Février 1996

FILMOGRAPHIE: Danny Boyle est un réalisateur Britannique, né le 20 Octobre 1946 à Manchester.
1994: Petits Meurtres entre amis. 1996: Trainspotting. 1997: Une Vie moins Ordinaire. 2000: La Plage. 2002: 28 Jours plus tard. 2004: Millions. 2007: Sunshine. 2008: Slumdog Millionaire. 2010: 127 Hours. 2013: Trance. 2015: Steve Jobs.


Comédie caustique au succès international et objet de culte auprès d'une génération de cinéphiles, Trainspotting est la consécration de Danny Boyle, cinéaste anglais préalablement révélé avec un petit thriller d'humour noir, Petits meurtres entre amis. Pourvu d'un sens de dérision décalé afin de se démarquer des clichés concernant le thème éculé de la drogue, Trainspotting parvient à tirer parti de son originalité par la démarche déjantée de cinq héroïnomanes condamnés à s'épauler et se trahir pour le compte perfide de leur dope. Vivant mutuellement une existence miséreuse dans leur bourgade écossaise touchée par la dépression économique, ils passent leur temps à flâner, voler, dealer et se shooter entre deux tentatives de décrochage que leur leader Mark Renton essaie désespérément d'appliquer malgré l'influence de l'entourage.  


Nanti d'une mise en scène inventive et expérimentale afin de mieux nous immerger dans les effets désirables (orgasme extatique à l'intraveineuse, hallucinations édéniques) et indésirables de l'héroïne (impuissance sexuelle, perte de sens avec la réalité, bad-trip, overdose, crise de manque insoutenable), Danny Boyle réussit à allier fascination et répulsion quant à la perversité du produit que nos héros s'injectent obstinément sans prêter attention à la vivacité du monde extérieur. A l'instar de la séquence traumatisante auquel une mère défoncée se rend subitement compte que son bébé est mort de dénutrition ! Une situation cauchemardesque d'une intensité dramatique éprouvante, le cinéaste n'hésitant pas à filmer explicitement le cadavre nécrosé du bambin. Aussi réaliste que décalé dans les stratagèmes audacieux que nos junkies se contraignent de pratiquer pour obtenir leur produit, à l'instar de leur transaction pour 2 kilos d'héroïne, Danny Boyle ne cesse d'enjoliver sa mise en scène à l'aide d'un esthétisme poético-baroque (la fameuse plongée sous-marine dans la cuvette de toilette insalubre, les hallucinations cauchemardesques de Mark durant son sevrage !). Notamment en jouant avec la saturation / désaturation de décors tantôt psychédéliques, tantôt glauques au sein du refuge familier des drogués. Une manière d'établir un contraste entre l'illusion de leur bonheur et la réalité sordide de leur miséreux quotidien. Si certaines séquences débridées prêtent à la rigolade dans leur sens du gag vitriolé (le châtiment scatologique invoqué à Spud par sa compagne, le vol de la cassette porno que Mark a échangé chez le domicile de Tommy), d'autres moments exaltent un humour noir assez cru (la disparition d'un de leurs amis mort dans une circonstance aussi sordide que singulière). 


Mené avec entrain par une galerie de junkies délurés plongés dans l'illusion de la came, Trainspotting parvient à alerter le cercle infernal et dévastateur de la drogue avec une inventivité et une dérision aussi acerbe que grinçante (à l'instar du dénouement cynique de l'épilogue inscrit dans la désillusion). Scandé par une BO éclectique alternant la pop et la techno à une cadence métronomique et dominé par la prestance spontanée de comédiens au caractère bien trempé (mention particulière à Robert Carlyle en psychopathe avili par son alcoolisme et sa violence convulsive et à la présence ambivalente d'Ewan McGregor en junkie intarissable !), Trainspotting continue d'insuffler son emprise de bad-trip par le biais d'un réalisme désincarné !

Bruno Matéï
4èx

Récompenses:
Prix du meilleur film et du meilleur réalisateur au Festival international du film de Seattle de 1996.
BAFTA Award du meilleur scénario adapté en 1996.
BSFC Award du meilleur film en 1996.
Empire Awards du meilleur film britannique, du meilleur réalisateur britannique, du meilleur acteur britannique (Ewan McGregor) et du meilleur espoir (Ewen Bremner) en 1997.
BAFTA Scotland Awards du meilleur film et du meilleur acteur (Ewan McGregor) en 1997.
Bodil du meilleur film non-américain en 1997.
Lion tchèque du meilleur film étranger en 1997.
Brit Award de la meilleure bande-originale de film en 1997.
London Critics Circle Film Awards du meilleur acteur (Ewan McGregor) et du meilleur producteur en 1997

jeudi 21 mai 2015

Phantasm. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 80.

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

de Don Coscarelli. 1979. U.S.A. 1h32. Avec Michael Baldwin, Bill Thornbury, Reggie Bannister, Kathy Lester et Angus Scrimm.

Sortie salles France: 4 Juillet 1979

FILMOGRAPHIE: Don Coscarelli est un scénariste et réalisateur américain né le 17 Février 1954 à Tripoli (Lybie). 1976: Jim the World's Greatest. 1976: Kenny and Compagny. 1979: Phantasm1982: Dar l'invincible. 1988: Phantasm 2. 1989: Survival Quest. 1994: Phantasm 3. 1998: Phantasm 4. 2002: Bubba Ho-tep. 2012: John Dies at the end.

Don Coscarelli et les clefs d’un autre monde.
Pour son troisième long-métrage, le néophyte Don Coscarelli frappe un grand coup dans le paysage du fantastique avec un film à petit budget, Phantasm, récompensé du Prix spécial du Jury à Avoriaz, puis célébré comme une relique culte dans les vidéo-clubs des années 80.
Difficile à classer, Phantasm est un croisement entre conte horrifique, fantastique et science-fiction — à l’image de son dernier acte désincarné révélant l’origine du Tall Man et de ses esclaves. Son succès commercial s’avère tel que quatre suites verront le jour, avec plus ou moins d’inspiration.

Un adolescent et son frère aîné deviennent la cible d’événements étranges dans le funérarium de leur contrée, après la mort brutale d’un ami. Un croque-mort patibulaire, une sphère volante et une horde de nains cadavériques s’immiscent dans leur quotidien.

Dès le préambule, baigné d’une aura trouble, dans la pénombre d’une nécropole nocturne, un meurtre à l’arme blanche est perpétré par une pulpeuse créature envoûtante. Puis viennent Jodie et Mike, deux frères déjà endeuillés par la disparition de leurs parents. Tandis que l’aîné s’éloigne pour conquérir la mystérieuse femme, Mike s’insurge à l’idée d’un nouvel abandon, et le suit à la trace, impertinent et inquiet. C’est après l’enterrement de leur ami Tommy que Mike est témoin d’un acte impensable : le croque-mort en personne dérobant le cercueil, pour l’enfermer dans le coffre d’un corbillard.

Quand la peur devient passage, et la mort un mystère à apprivoiser.
Épaulé d’une partition onirique entêtante, Don Coscarelli bâtit avec Phantasm un univers macabro-surnaturel, hors des sentiers battus.
À travers la démarche quasi-détective d’un adolescent rongé par l’angoisse de l’abandon, un monde opaque prend forme — né de sa jalousie, de sa paranoïa, de son imaginaire débordant. Il affronte ses propres démons, ses peurs morbides nourries par la tragique disparition de sa famille.
Les vicissitudes baroques qu’il traverse, Coscarelli les matérialise avec un sens visuel vertigineux et un climat de mystère ensorcelant.
La narration elliptique, trouble, altère nos repères entre passé et présent, pour mieux nous engloutir dans un dédale cauchemardesque.

Sphère volante foreuse de cerveau, doigt métamorphosé en insecte, nains camouflés, portail dimensionnel vers une planète rouge… Phantasm est un périple initiatique vers l’acceptation du deuil, une odyssée psychique où la morgue devient seuil de l’inconnu.
L’inaccessibilité de l’absolu.
Coscarelli, en pionnier du fantastique contemporain, n’oublie pas l’humour noir, disséminé dans l’excentricité de ses créatures, et mêle au malaise une sensualité troublante, à hauteur d’ado en éveil sexuel.

Et comment oublier le rictus diabolique d’Angus Scrimm, incarnation inoubliable du Tall Man, figure spectrale du boogeyman, silhouette implacable à la démarche lente ?
Autour de Mike, les seconds rôles touchants gravitent comme des refuges de fortune. Et A. Michael Baldwin incarne, avec un naturel désarmant, la fragilité d’un adolescent contraint de refréner sa douleur pour survivre — avec une bravoure nerveuse, fiévreuse.                  

Phantasm : Enfance endeuillée, cauchemar éveillé.
Par son pouvoir de fascination, son décor de funérailles permanentes, son brassage de genres éclatés, Phantasm s’érige en chef-d’œuvre du fantastique moderne — un hymne au rêve, à la spiritualité, à l’apprivoisement de la mort.
La puissance métaphorique de son scénario, l’univers onirico-macabre peint avec une créativité organique, sa mélodie obsédante et inaltérable… tout concourt à faire de Phantasm une œuvre éternellement adolescente.

Les amoureux transis de bizarrerie ne se sont jamais remis d’une expérience aussi irrationnelle — un rite de passage vers l’ombre, pour consentir, à demi, à la fatalité… ou à l’illusion de l’existence.

*Bruno
06.07.11.  5 (186 vues)
21.05.15.  6èx

mercredi 20 mai 2015

TRUE ROMANCE

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Tony Scott. 1993. U.S.A. 2h00. Avec Christian Slater, Patricia Arquette, Michael Rapaport, Christopher Walken, Dennis Hopper, Saul Rubinek, Bronson Pinchot, Samuel L. Jackson, Gary Oldman, Brad Pitt, Val Kilmer, James Gandolfini, Chris Penn, Tom Sizemore, Michael Beach, Frank Adonis.

Sortie salles France: 3 Novembre 1993. U.S: 10 Septembre 1993

FILMOGRAPHIE: Tony Scott (né le 21 juillet 1944 à Stockton-on-Tees, Royaume-Uni - ) est un réalisateur, producteur, producteur délégué, directeur de la photographie, monteur et acteur britannique. 1983 : Les Prédateurs, 1986 : Top Gun, 1987 : Le Flic de Beverly Hills 2, 1990 : Vengeance,1990 : Jours de tonnerre,1991 : Le Dernier Samaritain,1993 : True Romance, 1995 : USS Alabama,1996 : Le Fan,1998 : Ennemi d'État, 2001 : Spy Game, 2004 : Man on Fire, 2005 : Domino, 2006 : Déjà Vu, 2009 : L'Attaque du métro 123, 2010 : Unstoppable..


Echec commercial lors de sa sortie, True Romance finit néanmoins par accéder au rang de film-culte chez les cinéphiles aguerris d'une ultra-violence aussi corrosive que cartoonesque. Scénarisé par Quentin Tarantino dont on reconnait bien là la verve de ses dialogues satiriques, True Romance se rapproche plus d'une déclinaison de Sailor et Lula dans le portrait marginal du couple d'amants et les conséquences de leur corruption, que du mythique Bonnie and Clyde auquel l'affiche française prêtait allusion. Tony Scott ne lésinant pas sur le caractère sanglant des règlements de compte et passage à tabac (à l'instar du mémorable corps à corps barbare entre Alabama et un tueur misogyne !) dans un esprit sardonique où l'humour noir fait des étincelles. 


Clarence, vendeur de comics, fan d'Elvis et de films de Kung-Fu, établit la rencontre d'une escort-girl, Alabama, en pleine séance de cinéma. Emportés par le coup de foudre, ils décident rapidement de se marier avant que Clarence ne se décide d'aller récupérer les affaires de son épouse chez son ancien mac, Drexl Spivey, et de le supprimer. Après la mortelle altercation, Clarence s'empare par mégarde d'une valise bourrée de Coke. Sans le sou, le couple décide par le biais d'un ami de revendre la drogue auprès d'un producteur d'Hollywood. Jouissif et trépidant dans son intrigue à revirements, quiproquos et rencontres inopportunes auquel la violence aride éclate de manière brutale, hilarant dans sa galerie fantaisiste de malfrats déjantés auquel d'illustres comédiens se prêtent au jeu avec ferveur (mention spéciale pour le numéro anthologique que Christopher Walken insuffle dans sa posture parodique de parrain sicilien !), True Romance s'instaure en plaisir de cinéma malotru. Notamment pour la caricature assignée aux financiers véreux d'Hollywood, l'hommage attendrissant invoqué à la Pop-Culture et son goût pour la farce caustique auquel la fourberie de certains antagonistes dévoile l'envers d'une industrie cinématographique rongée par le cynisme et la cupidité. Par sa facture exotique (le cadre ensoleillé des palmiers de Los Angeles) et le vent de charme et fraîcheur que le couple Christian Slater / Patricia Arquette laisse planer avec fougue passionnelle, True Romance allie tendresse et trépas dans un cocktail acidulé d'hystérie collective (fusillade paroxystique à l'appui !). 


Soutenu par la bande-son exaltante d'un Hans Zimmer particulièrement inspiré par les sonorités tropicales, True Romance transfigure la romance criminelle par le biais du polar brutal auquel les réparties inventives et la galerie effrontée des comédiens participent autant à son attrait de séduction ! Classique moderne du genre, cette "vraie" romance (adoubée par Tarantino himself pour l'alternative du happy-end de Scott !) reste aujourd'hui toujours aussi pétillante et pétaradante ! 

Bruno Matéï
3èx

    mardi 19 mai 2015

    Class 84

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

    Class of 1984 de Mark Lester. 1982. U.S.A. 1h38. Avec Perry King, Merrie Lynn Ross, Timothy Van Patten, Roddy McDowall, Stefan Arngrim, Michael J. Fox, Keith Knight, Lisa Langlois.

    Sortie salles France: 29 Septembre 1982. U.S: 20 Août 1982. Interdit au - de 18 ans lors de sa sortie.

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Mark Lester est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 26 Novembre 1946 à Cleveland, Ohio. 1971: Twilight of the Mayas. 1973: Steel Arena. 1982: Class 84. 1984: Firestarter. 1985: Commando. 1986: Armé et Dangereux. 1990: Class of 1999. 1991: Dans les Griffes du Dragon Rouge. 1996: Public Ennemies. 2000: Blowback. 2000: Sacrifice (télé-film). 2000: Guilty as Charged (télé-film). 2002: Piège sur Internet. 2003: Trahisons. 2003: Ruée vers la Blanche. 2005: Ptérodactyles.


    L'année dernière, dans les collèges américains, 280 000 incidents avec violence ont été perpétrés par des étudiants à l'encontre de professeurs ou d'élèves. 
                                                                        Malheureusement... 
                                                Ce film est basé sur des évènements réels.
                                                                        Heureusement... 
                                                Très peu d'écoles sont à l'image de "Lincoln High".
                                                                                  ... Pour l'instant.
     
    "Punk's not dead... le prof non plus".
    Voilà ce qu’on pouvait lire en guise d’introduction, juste avant que le générique n’imprime en gros caractères rouges le logo prémonitoire : Class of 1984. Film culte pour toute une génération — en témoigne son gros succès en salles puis en VHS, et ce malgré son interdiction aux moins de 18 ans — Class of 1984 doit sa réputation à la frénésie de son ultra-violence, que Mark Lester exploite dans le cadre d’une série B pour mieux dénoncer, en filigrane, la flambée inquiétante de la délinquance scolaire. Les flics postés à l’entrée des établissements y font office de geôliers, chargés de détecter armes blanches et flingues que certains lycéens planquent sous leur manteau avant de rejoindre les cours.

    Habité d’une violence aussi gratuite que putassière - autant dans les exactions dévergondées de nos quatre antagonistes que dans la riposte d’enseignants consumés par leur rancœur - le film ose même aborder la question de l’autodéfense via un final grand-guignolesque gravé dans toutes les mémoires. Quand un prof forcené décide de se faire justice en trouant la peau de quatre ados après qu’ils ont violé puis kidnappé sa femme ! Sauf qu’ici, il ne s’agit pas d’une vengeance ordinaire, comme dans tant de Vigilante Movies : Andrew Norris veut d’abord retrouver sa femme en VIE… avant de méthodiquement dégommer ses bourreaux.
     

    D’une efficacité et d’une tension exponentielles, la confrontation impitoyable entre Norris - harcelé jour et nuit par une bande de punks - et ses élèves dégénérés (interprétés par des comédiens en transe, jubilant dans leur fourberie criminelle) prophétise un avenir dystopique, vingt ans avant l’heure. Mark Lester souligne tout cela avec outrance et une certaine dérision, exposant l’impuissance grotesque de la police et des profs… au point qu’un d’eux finira par sombrer dans une dépression suicidaire. Comment oublier cette scène hallucinée où Roddy McDowall, flingue en main, prend sa classe en otage pendant un cours de biologie pour enfin se faire entendre ?

    Débridé, sardonique, violemment réactionnaire, Class of 1984 aligne les confrontations musclées entre une troupe de délinquants sans vergogne - dignes héritiers d’Orange Mécanique - et deux enseignants entraînés malgré eux dans une spirale d’intimidation et de représailles. De cette guerre larvée naît une violence démente que Mark Lester pousse jusqu’à la folie furieuse. Complètement frappadingue, j’vous dis ! 

    "Violence programmée en salle de classe".
    Ultra-violent et sans concession dans ses excès de brutalité putassière (la fameuse scène de viol et le carnage qui s’ensuit !), mais jouissif en diable dans son efficacité brute, Class of 1984 tire sa force de ce délire assumé et du jeu schizo de ses comédiens en roue libre - mention spéciale à Timothy Van Patten, délectable de perversité insidieuse. Une vision prophétique de l’inflation de la délinquance scolaire, nourrie par la démission parentale… À savourer au second degré, donc, pour ce tableau halluciné de la violence convulsive.

    *Bruno
    22è visionnage

      jeudi 14 mai 2015

      Mad-Max: Fury Road

                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site absolutebadasses.com

      de George Miller. 2014. Australie/U.S.A. 2h00. Avec Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult, Hugh Keays-Byrne, Rosie Huntington-Whiteley, Riley Keough, Zoë Kravitz.

      Sortie salles France: 14 Mai 2015. U.S: 15 Mai 2015. Australie: 14 Mai 2015

      FILMOGRAPHIE: George Miller est un réalisateur, scénariste et producteur australien, né le 3 Mars 1945 à Chinchilla (Queensland). 1979: Mad-Max. 1981: Mad-Max 2. 1983: La 4è Dimension (dernier segment). 1985: Mad-Max : Au-delà du dôme du Tonnerre. 1987: Les Sorcières d'Eastwick. 1992: Lorenzo. 1997: 40 000 ans de rêve (documentaire). 1998: Babe 2. 2006: Happy Feet. 2011: Happy Feet 2. 2014: Mad Max: Fury Road.


                                "90% de ce que vous verrez à l'écran a vraiment eu lieu". Tom Hardy.
                                "J'ai fait Mad-Max pour retrouver l'essence du cinéma". George Miller. 

      Trente ans à se ronger les ongles dans l’espoir d’une résurgence du Road Warrior sur nos écrans insalubres, bien avant que ne surgisse la moindre bande-annonce extatique.
      Mad Max: Fury Road a enfin déferlé sur nos rétines en ce jour de gloire du 14 mai 2015.
      Oui, jour de gloire. Car cette date restera gravée dans le cœur des cinéphiles, surtout pour celles et ceux qui eurent l’aubaine de découvrir le monstre sur la grande toile.

      Réalisateur de génie et père d’une trilogie proverbiale, George Miller se surpasse une fois de plus dans son rôle d’alchimiste visionnaire. Un enchanteur moderne n’ayant rien à envier à Méliès, réinventant ici le langage cinématographique sous l’écrin incandescent de l’action pure.
      Oubliez les puddings à l’aspartame de la saga Fast and Furious et consorts : ici se joue la plus longue et affolante course-poursuite du 7ᵉ art, filmée en plein désert de Namibie, là où le sable se mêle à la fureur.

      Synopsis :
      Alors qu’il tente de reprendre la route à bord de son Interceptor, Max est capturé par une horde de warboys fanatiques. Enchaîné, muselé, il assiste impuissant à la cavale de Furiosa, impératrice rebelle, qui fuit Immortan Joe avec un convoi d’épouses en rupture, dont l’une porte l’enfant du tyran. Ivre de rage, Joe lance sa horde à leur poursuite. Et c’est ainsi que s’enclenche cette course infernale dans l’âpreté brûlante du désert.

      Un spectacle homérique, ahurissant d’inventivité formelle – entre tempêtes nocturnes et lumière solaire aveuglante – et de prouesses techniques d’une précision chirurgicale.
      Une tornade mécanique, alimentée par des riffs de guitare en feu, propulsée par une frénésie de cascades où bolides et camions se percutent sur des plaines enragées.
      Mad Max: Fury Road pulvérise tout ce qui avait été vu jusque-là, électrisant un public médusé, happé dans un cyclone de bruit et de fureur.

      Nanti de décors et d’accessoires à couper le souffle, ciselés dans le moindre détail – la citadelle d’Immortan Joe, les bolides déglingués, les défroques barbares, les armes hybrides –, le film ressuscite une mythologie barbare, nourrie à l’esthétique freak de Métal Hurlant, fusion tribale et cyberpunk.
      Une barbarie stylisée, suintante de rouille et de sueur.

      Véritable hymne à l’action dans sa forme la plus noble et viscérale, à mi-chemin entre un concert de hard-rock et un ballet opératique, Fury Road multiplie par dix les poursuites belliqueuses transfigurées jadis dans Mad Max 2.
      Miller ne se contente pas de ressasser : il renouvelle.
      Par une dramaturgie d’attaques et de contre-attaques, de trajets et de retours vers la Terre Verte, entre embuscades et retrouvailles pacifistes, il orchestre un chaos symétrique, où chaque affrontement motorisé devient chorégraphie vertigineuse.

      Au cœur de la tempête : la rédemption.
      Survie, espoir, entraide, confiance : les mêmes motifs que Mad Max 3, où Max, figure christique, reprenait contact avec son humanité au contact d’une colonie d’enfants.
      Ici, les enfants sont remplacés par des femmes. Fragiles en apparence, exploitées comme matrices, mais résolues à défier leur oppresseur.
      Face à elles, Max, toujours hanté par son passé, mutique et écorché, devra s’ouvrir, prêter main forte, réapprendre la fraternité au fil d’une fuite apocalyptique où l’humanité renaît dans la douleur.

      Charlize Theron incarne Furiosa avec une intensité rare – à la fois charnelle, virile, pugnace, mais aussi bouleversante d’humanité, guidée par une foi désespérée en un avenir meilleur pour les siens.
      Tom Hardy, convaincant bien que relégué au second plan, campe un Max taiseux, spectre en quête de sens, lesté par ses fantômes filiaux. Un guerrier fatigué, mais encore capable de croire, malgré lui, en une tribu.


      This is a Lovely Day ! 
      Possédé par le rugissement d’une poursuite jamais à court de carburant, Fury Road réinvente le cinéma d’action avec une telle virtuosité, une telle richesse de trouvailles visuelles, qu’une seule vision ne suffit pas à tout saisir.
      À l’image du cinéma précurseur d’un Buster Keaton ou d’un John Woo, Miller fusionne mouvement, sens et beauté dans un maelström ininterrompu.
      Et pourtant, sous ce roller coaster infernal se dessine l’humilité d’une cause : celle des femmes, de leur courage, de leur union, de leur désir de liberté.
      Face à elles, Max – héros brisé – retrouve, peut-être, la possibilité d’une communauté. D’un futur. D’un espoir.

      Yannick Dahan et Fury Road: http://www.cineplus.fr/pid5876-cine-frisson.html?vid=1280416

      mercredi 13 mai 2015

      CALVAIRE. Prix de la Critique, Prix du Jury, Prix Première, Gérardmer 2005.

                                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

      de Fabrice Du Welz. 2004. France/Belgique/Luxembourg. 1h33. Avec Laurent Lucas, Jackie Berroyer, Philippe Nahon, Jean-Luc Couchard, Brigitte Lahaie, Gigi Coursigny.

      Sortie salles France: 16 Mars 2005. Belgique: 9 Mars 2005

      FILMOGRAPHIE: Fabrice Du Welz est un réalisateur belge, né le 21 Octobre 1972.
      2004: Calvaire. 2008: Vinyan. 2014: Colt 45. 2014: Alleluia.


      Récompensé au Festival de Gérardmer, de Cannes et d'Amsterdam, Calvaire surpris les cinéphiles pour ce premier essai réalisé par un cinéaste belge, Fabrice Du Welz. Véritable coup de maître dans la maîtrise de sa mise en scène autonome cédant parfois à l'expérimentation et dans sa faculté de distiller un malaise aussi prégnant que répulsif, Calvaire emprunte le genre horrifique sous couvert de survival hérité de ses ancêtres Délivrance et Massacre à la Tronçonneuse (dont un fameux "clin d'oeil" pour la scène du souper !). Après son dernier concert, un chanteur de maison de retraite tombe en panne de voiture sur le chemin forestier du retour. Par le biais d'un étrange inconnu, Marc est ensuite aimablement dirigé vers l'hospitalité de Bartel, un veuf vivant reclus dans sa ferme. Au fil de leur relation amicale, Marc éprouve un malaise face à la désinvolture de ce dernier hanté par sa solitude depuis le décès de sa femme. Alors qu'il s'était disposé à réparer son véhicule, Bartel s'en débarrasse finalement afin de séquestrer son hôte. Le calvaire peut commencer... 


      Plongée horrifique dans le tréfonds de l'aliénation mentale, Calvaire aborde la thématique du refoulement sexuel du point de vue de paysans vivant en autarcie dans leur nature sauvage. Privés de toute présence féminine, ils s'adonnent en guise de sexualité et d'ennui à la zoophilie sur leur propre bétail. Ce qui nous vaut déjà une étreinte sulfureuse proprement dérangeante dans sa manière de diluer une perversité immorale par la suggestion de l'acte innommable. Farce macabre sur le besoin irrépressible d'être aimé et le poids de la déréliction entraînant chez ces métayers rétrogrades une schizophrénie influente, Calvaire multiplie les séquences inconfortables sous la main-mise du ravisseur Bartel. L'incroyable Jackie Berroyer endossant son rôle avec une ironie sournoise dans ses expressions d'impudence et de pulsions désaxées. Toutes les séquences d'humiliations et de tortures infligées sur Marc s'avérant aussi cruelles que sardoniques dans sa condition de victime estropiée. Réduit à l'état de travelo tuméfié d'ecchymoses, ce dernier est contraint de se fondre dans la peau de l'épouse soumise sous l'impériosité possessive de Bartel. Quand aux seconds-rôles tout aussi demeurés qui empiètent le récit, Fabrice Du Welz persévère dans le malsain et le crapoteux lorsque les voisins de Bartel décident de s'accaparer de son fameux trophée en guise d'esclavage sexuel. Influencé notamment par la Traque de Serge Leroy, il nous transcende une dernière partie aussi anxiogène que chimérique lorsque Marc est contraint de s'incliner dans les brumes d'une forêt spectrale où plane un silence de mort (des plages oniriques d'un esthétisme ténébreux à couper le souffle !). 


      A travers les thèmes de l'obsession sexuelle et amoureuse, du refoulement, de la psychose et de l'isolement, Fabrice Du Welz transfigure avec Calvaire un sommet d'horreur psychologique où l'humour noir et le scabreux se télescopent avec un réalisme déroutant (à l'instar de la "danse obsédante des fous" composée au piano dans une auberge chargée d'atmosphère sulfurique !). Fascinant et perturbant à la fois, l'expérience de Calvaire, survival référentiel, possède finalement une identité quant à la personnalité hétérodoxe de son auteur provocateur.  

      Bruno Matéï

      Récompenses: Grand Prix du meilleur film fantastique européen, lors du Festival du film fantastique d'Amsterdam en 2005
      Prix de la critique internationale, Prix du jury et Prix Première, au festival de Gérardmer, 2005
      Nomination au prix de la meilleure photographie, lors des Joseph Plateau Awards en 2006
      Prix Très Spécial, Cannes 2004

      mardi 12 mai 2015

      MAGGIE

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site journaldugeek.com

      de Henry Hobson. 2015. U.S.A. 1h35. Avec Arnold Schwarzenegger, Abigail Breslin, Joely Richardson, Aiden Flowers, Carsen Flowers, J.D. Evermore.

      Sortie salles France: 27 Mai 2015. U.S: 8 Mai 2015

      FILMOGRAPHIE: Henry Hobson est un réalisateur américain.
      2015: Maggie.


      A cause d'une pandémie en roue libre et avec le soutien du médecin, un père envisage de se reclure dans sa demeure familiale afin d'éviter le placement en quarantaine de sa fille infectée. Progressivement, la transformation morale et physique de cette dernière gagne du terrain... Prenant pour thème l'infection du point de vue du zombie, Maggie tente de dépoussiérer le genre horrifique dans une forme intimiste afin de se démarquer de la surenchère que nombre de réalisateurs ont le plus souvent trivialisé dans les séries B d'exploitation.



      Baignant dans une mélancolie existentielle où la nature désaturée se défraîchie devant le témoignage sentencieux de métayers, la première oeuvre de Henry Hobson fait inévitablement preuve d'intentions louables par sa sincérité à privilégier l'étude de caractère et le climat dépressif en décrépitude. Confinant l'essentiel de son action sur les rapports familiaux en huis-clos d'un père et de sa fille prochainement destinés à se séparer face à la maladie, le film est contrebalancé d'un score élégiaque aussi sensible qu'infructueux. Métaphore sur le cancer et le crédit du temps présent, Maggie tente de provoquer une émotion candide quant à la situation désespérée de cette adolescente en phase terminale, quand bien même le père ("joué" par un Schwarzzie aussi apathique que stérile, alors que tout le monde s'attendait enfin à LA révélation de sa carrière !) observe sa dégénérescence avec une empathie bouleversée. Chargé de sinistrose pour la condition démunie de cette victime en quête d'amour de dernier ressort et de rédemption, Henry Hobson n'insuffle jamais une quelconque émotion, faute d'une direction d'acteurs jamais investis dans leur fonction altruiste et surtout d'une réalisation austère survolant un cheminement narratif en perte de vitesse. Il en émane un sentiment de frustration permanent quant aux intentions sincères de mettre en valeur les ressorts dramatiques de l'amour filial et la crainte de la mort auquel le script, futile, ne réserve jamais d'éventuels surprises pour la fatalité de Maggie.


      Poussif, jamais empathique ou poignant (ou alors avec parcimonie en de brèves occasions) et ennuyeux à force de ressasser la relation précaire d'un père et de sa progéniture en mutation, Maggie rate le coche de ses intentions intègres, faute d'un scénario défaillant, d'une interprétation anémique et d'une réalisation inexpressive. Reste quelques belles images de poésie bucolique et un soupçon d'esthétisme envoûtant au sein de sa nature décharnée. 

      Bruno Matéï

      lundi 11 mai 2015

      ALLELUILA

                                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

      de Fabrice Du Welz. 2014. Belgique/France. 1h35. Avec Stéphane Bissot, Lola Duenas, Edith Le Merdy, Anne-Marie Loop, Laurent Lucas, David Murgia, Helena Noguerra.

      Sortie salles France: 26 Novembre 2014

      FILMOGRAPHIE: Fabrice Du Welz est un réalisateur belge, né le 21 Octobre 1972.
      2004: Calvaire. 2008: Vinyan. 2014: Colt 45. 2014: Alleluia.


      Raymond Fernandez et sa compagne Martha Beck devinrent célèbres sous le nom des « Lonely Hearts Killers » (les « Tueurs aux petites annonces ») à la suite de leur procès pour une série de meurtres commis en 1949. On estime qu’ils ont tué jusqu’à 20 femmes entre 1947 et 1949.

      S'inspirant de l'affaire des "Tueurs aux petites annonces" que Leonard Kastle avait magnifiquement porté à l'écran dans Les Tueurs de la Lune de Miel, Fabrice Du Welz la réadapte à sa sauce singulière, Alleluila surfant entre le cinéma de genre et celui d'auteur. Employée dans une morgue et divorcée, Gloria fait la rencontre de Michel par le biais d'une annonce. Follement amoureuse de lui, elle s'aperçoit rapidement que derrière l'apparence de son gentleman se cache un prédateur escroquant les femmes célibataires. Après lui avoir pardonné sa première infidélité, elle s'engage de s'associer avec lui afin d'être à ses côtés et de pouvoir préserver son amour. Mais la jalousie ardente de Gloria finit par la mener vers la folie meurtrière. 


      Révélé par le cauchemardesque Calvaire, Fabrice Du Welz renoue avec l'ambiance éthérée d'une étrangeté indicible où la mise en scène, inventive et ciselée, est conçue pour bousculer les sens du spectateur en perte de repères. Prenant pour thèmes l'amour fou et le crime passionnel, Alleluia nous relate entre réalisme cru et poésie baroque le parcours en chute libre d'un couple d'amoureux compromis par l'adultère. De par le point de vue influençable d'un gigolo redoutablement pervers dans ces intentions perfides à manipuler la gente féminine tout en profitant sexuellement de leurs corps. Par son comportement aussi cruel que cynique, comment peut-il alors éprouver de véritables sentiments pour sa muse au moment où cette dernière observe par le trou de la serrure ses ébats avec une impuissance toujours plus inconsolable ? Baignant dans une atmosphère aussi diaphane qu'irrésistiblement vénéneuse, Alleluia parvient à créer un malaise diffus au fil de son cheminement dramatique quant à la posture toujours plus irascible de Gloria. Illuminée par la présence de Lola Duenas, l'actrice ibérique parvient à dégager une intense émotion par son charme pétillant d'embrasser l'amour à bras ouvert avant d'engendrer une jalousie maladive face au témoignage dégradant de Michel. Cette rage d'aimer, ce désir possessif de s'accaparer de lui étant retranscrit avec une vérité fulgurante et un jeu viscéral habité par la psychose. Déjà remarqué dans Calvaire, Stéphane Bissot lui partage dignement la vedette dans une présence longiligne d'escroc à la petite semaine englué dans sa médiocrité du chantage, du subterfuge et d'une déviance sexuelle insatiable. Dans un rôle secondaire de dernier ressort, Helena Noguerra (soeur de la chanteuse Lio) s'en sort honorablement pour incarner la beauté d'une jeune mère célibataire, plus lucide et affirmée que les autres victimes, mais néanmoins dépourvue de perspicacité à déflorer la véritable identité de Michel. Dernier point que j'aimerai relever pour témoigner de la qualité essentielle de la distribution, la présence infantile de la petite Pili Groyne ! Cette dernière parvenant à afficher avec un incroyable tempérament naturel une fillette dégourdie nantie de réparties cuisantes (voir l'incroyable séquence de la discorde maternelle !), juste avant de rehausser l'intensité d'un enjeu de survie pour sa condition de victime tantôt choyée, tantôt molestée !


      Malsain, dérangeant et plutôt cru dans sa violence gore ou son érotisme ostensible, insolite, étrange et pastel à la fois, Alleluia fait office de conte de fée frelaté dans son constat imparti à l'amour fou et à sa trahison. Par le biais de sa mise en scène alambiquée (notamment ce parti-pris de filmer au plus près les corps et les regards pour en capter l'essence des sentiments) et le jeu machiavélique des acteurs, l'oeuvre choc renouvelle son fait divers avec un pouvoir de séduction nécrosé. 

      Bruno Matéï

      La Chronique des Tueurs de la Lune de Miel : http://brunomatei.blogspot.fr/2014/09/les-tueurs-de-la-lune-de-miel-honeymoon.htm
      La Chronique de Calvairehttp://brunomatei.blogspot.fr/…/calvaire-prix-de-la-critiqu…

      Les autres adaptations: Un homme fatal (Lonely Hearts de Andrew Lane, 1991), Carmin profond (1996), Cœurs perdus (2006) ainsi qu’un épisode de la télé-série Cold Case : Affaires classées.

      samedi 9 mai 2015

      KINGSMAN: SERVICES SECRETS

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com 

      "Kingsman: The Secret Service" de Matthew Vaughn. 2014. Angleterre/U.S.A. 2h08. Avec Taron Egerton, Colin Firth, Samuel L. Jackson, Mark Strong, Michael Caine, Sophie Cookson.

      Sortie salles France: 18 Février 2015. U.S: 13 Février 2015

      FILMOGRAPHIE: Matthew Vaughn est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 7 Mars 1971 à Londres.
      2004: Layer Cake. 2007: Stardust, le mystère de l'étoile. 2010: Kick-Ass. 2011: X Men, le commencement. 2014: Kingsman: services secrets. 


      Réalisateur anglais célébré par Kick-Ass, c'est durant ce tournage que Matthew Vaughn eut à nouveau l'idée de transposer à l'écran un autre Comic Book, The Secret Service. Sous l'impulsion d'un jeune acteur novice en tête d'affiche (Taron Egerton s'en sort aisément dans sa stature pugnace de jeune loup en apprentissage !) et d'une poignée d'acteurs renommés (Samuel L. Kackson, Michael Caine, Colin Firth), Kingsman: services secrets nous cuisine un savoureux cocktail d'action, d'aventures et de cocasserie dans un esprit décomplexé où pointe le politiquement incorrect. Clairement pensé comme une parodie de James Bond et un hommage aux "vieux" classiques du cinéma noble, l'intrigue allie espionnage industriel outre-mesure (que Samuel L. Jackson se prend malin plaisir à comploter dans une posture de grand benêt !), et action homérique cultivant le goût du gore cartoonesque (même si certains effets numériques ratés viennent désamorcer leur impact spectaculaire).


      Scindé en deux parties, Kingsman privilégie de prime abord l'entraînement intensif de jeunes recrues se disputant le poste du prochain "Lancelot" au sein de la prestigieuse agence, Kingsman. Ce dernier, parti en mission, ayant été lâchement exécuté par l'acolyte d'un magnat utopiste prêt à parfaire un complot meurtrier contre l'humanité. Par le biais de cette conjuration ciblant Internet et les Smartphones, Matthew Vaughn en profite pour se railler de la société de consommation (Mac-Donald notamment dont Richmond Valentine s'en porte garant !), de ces appareils modernes toujours plus performants afin de nous inciter à repasser au tiroir-caisse. Qui plus est, la religion est également mise au pilori lors d'un stratagème expérimental, un carnage festif au sein d'une église intégriste. La seconde partie mise ensuite l'accent sur les stratégies d'attaque et de défense que nos héros vont tenter de transcender sous la houlette de l'agent Merlin. Quand bien même Valentine est sur le point de lobotomiser la population mondiale en meurtriers désaxés sous l'impulsion d'une carte Sim ! Si le film parvient habilement à amuser et à solliciter notre attention, il le doit également aux ressorts dramatiques qui interfèrent durant le cheminement incertain du héros en quête paternelle et identitaire (une manière de relancer l'intensité des enjeux d'un point de vue vindicatif et de le tester à l'épreuve de la riposte !), et à son intrigue en chute libre traversée de frénésie incontrôlée ! A l'instar du final orgasmique, délire assumé de gags sardoniques, subterfuges à répétition, gun-fights stylisés et corps à corps chorégraphiés. Qui plus est, la galerie de personnages extravagants s'en donnent à coeur joie d'afficher leurs bravoures fantaisistes par le biais de gadgets insolents conçus pour épicer les confrontations belliqueuses !


      Avec son esthétisme vintage combiné dans une facture high-tech d'anticipation, à l'instar de la défroque excentrique de ces espions au tailleur impeccable, Kingsman parvient à renouveler le genre d'espionnage grâce à l'esprit décomplexé de l'action bourrine et de la cocasserie cartoonesque. Un divertissement survitaminé tirant donc parti de sa fougue par son refus infaillible de prétention. James Bond n'a qu'à bien s'tenir et continuer à faire grise mine ! 

      Bruno Matéï

      vendredi 8 mai 2015

      The King of New-York

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Silverferox

      d'Abel Ferrara. 1990. Italie/Angleterre/U.S.A. 1h43. Avec Christopher Walken, David Caruso, Laurence Fishburne, Victor Argo, Wesley Snipes, Janet Julian, Joey Chin, Steve Buscemi.

      Sortie salles France: 18 Juillet 1990. U.S: 28 Septembre 1990

      FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
      1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Welcome to New-York. 2014: Pasolini.


      Deux ans avant son chef-d'oeuvre Bad Lieutenant, Abel Ferrara nous estomaqua avec le fulgurant King of New-York. Hormis son échec commercial à sa sortie et des critiques parfois mitigées, le film finit par se tailler une réputation culte au fil des années auprès d'une frange de cinéphiles jamais remis d'une expérience aussi opaque et frénétique. Une fresque mafieuse imprimée dans le nihilisme, notamment pour son portrait imparti à la déliquescence morale d'antagonistes convergeant inévitablement vers l'impasse. Transcendé de la présence ensorcelante de Christopher Walken dans l'un de ses meilleurs rôles, The King of New-York hypnotise les sens de par sa faculté immersive à nous plonger dans l'univers du gangstérisme parmi l'obédience d'un caïd à peine libéré de prison. 

      Le pitchDélibéré à reprendre le contrôle de sa ville et peut-être postuler pour la place de Maire, Frank White est contraint de livrer une bataille sans merci contre le cartel pour se disputer l'enjeu de la drogue. Soutenu par quelques avocats véreux, sa manoeuvre triviale a également pour but de financer la reconstruction d'un hôpital afin de venir en aide aux plus démunis et pour se racheter une bonne conscience. Mais une poignée de flics réactionnaires ont décidé de transgresser leur règle pour mieux épingler celui que l'on surnomme: le Roi de New-York. 


      Polar ultra violent à travers ses éclairs de brutalité acérés déployant règlements de compte entre bandes rivales ainsi qu'une poursuite automobile effrénée au coeur de l'enfer new-yorkais, The King of New-York est l'un des films les plus envoûtants (score funeste lancinant à l'appui) que l'on ait inscrit sur pellicule. Un polar d'une noirceur abyssale, une virée cauchemardesque dans les tréfonds d'une métropole moribonde où gangsters et flics se provoquent mutuellement avec un entêtement suicidaire. Nanti d'un esthétisme crépusculaire et d'une mise en scène stylisée où le luxe est également mis en contraste afin de mettre en exergue l'addiction que peut insuffler une existence aussi faste que celle de Frank et ses sbires, The King of New-York reproduit le même effet de fascination que pouvait l'être le personnage de Tony Montana dans Scarface. Ce même attrait pour le goût de l'argent et des résidences luxueuses auquel la compagnie de jeunes filles en lingerie fine se récurent le nez avant de passer à l'étreinte ou à l'affront (elles font également usage des flingues pour protéger leur baron). Peinture nihiliste d'une société dégingandée engluée dans la corruption de l'argent et l'affluence de la drogue face à la pression d'une criminalité incontrôlable, Abel Ferrara cristallise l'idée du chaos avec un réalisme proprement crépusculaire (j'insiste). Si bien que sous le pilier du personnage iconique Frank White, il provoque une empathie ambivalente pour sa posture héroïque de gangster intouchable et son absolution d'y financer un Hôpital tout en persévérant ses exactions sanglantes auprès de parrains impliqués dans les trafics d'humains et l'exploitation sexuelle de mineurs. S'efforçant d'incarner une sorte de Robin des Bois des temps modernes en quête de rédemption, Frank White n'en reste pas moins un ange exterminateur tributaire de son idéologie mégalo à travers ses pulsions irréfragables de haine et de violence.  


      Cocaïne
      Chef-d'oeuvre du polar noir d'une intensité viscérale électrisante, The King of New-York reste l'un des plus fascinants portraits de gangster jamais réalisés. En ange de la mort, Frank White faisant office de légende criminelle pour ses ambitions disproportionnées d'y dompter une ville en chute libre. Il en émane une fresque de décadence d'un pessimisme absolu auquel son pouvoir vénéneux s'avère aussi étrangement stimulant que profondément malsain quant à sa peinture baroque du vice, du stupre et du luxe. 

      *Bruno (6èx)
      Dédicace à Daniel Aprin

      Récompense: 1991: MysFest -"Best Direction" (Abel Ferrara) Prix du meilleur réalisateur


      jeudi 7 mai 2015

      New-York, 2 heures du Matin

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

      "Fear City" de Abel Ferrara. 1984. U.S.A. 1h36. Avec Tom Berenger, Melanie Griffith, Billy Dee Williams, Jack Scalia, Rossano Brazzi, Rae Dawn Chong, John Foster.

      Sortie salles France: 18 Juillet 1984. U.S: 16 Février 1985.

      FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine. 1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Welcome to New-York. 2014: Pasolini.


      Trois ans après l'Ange de la Vengeance, Abel Ferrara renoue avec les ambiances nocturnes de la métropole new-yorkaise soumise ici aux exactions d'un serial-killer expert en arts-martiaux. 
      Le pitch: Matty, ancien boxeur aujourd'hui associé à un club de strip-tease assiste impuissant au déclin de son buziness depuis les agressions sanglantes commises sur ses effeuilleuses. Rongé par le remord d'avoir tué un de ses adversaires en plein match de boxe, il se retrouve dans une impasse à tenter d'appréhender le mystérieux tueur. Jusqu'au jour où son comparse et sa petite amie deviennent les nouvelles cibles de l'assassin. Entièrement filmé de nuit au sein des quartiers miteux de Manhattan,  New-York, 2 heures du matin s'édifie en fascinante plongée dans le cadre d'une boite de strip-tease prise à parti avec un maniaque dont nous ne connaîtrons jamais le mobile. L'intérêt résidant plutôt dans le portrait de cet ancien boxeur hanté par sa culpabilité depuis un homicide involontaire. En quête de rédemption, et c'est là où l'intrigue distille un parfum de souffre particulièrement vénéneux, ce dernier s'efforce de s'opposer à la violence jusqu'au jour où il est contraint de s'y adonner depuis un concours de circonstances toujours plus préjudiciables. 


      Car au risque de sombrer dans la faillite professionnelle et s'attirant la colère de ces rivaux pour leur entreprise en chute libre, Matt finit par sombrer dans l'obsession d'appréhender coûte que coûte le responsable de ses ennuis et de ses névroses. Ce qui culminera vers un final redoutablement âpre lorsqu'il usera à nouveau de ses poings pour éradiquer un adversaire adepte en arts-martiaux. Outre l'efficacité de l'intrigue oscillant les rebondissements horrifiques et les rapports de force entre associés véreux (notamment la filature infructueuse d'une police réactionnaire) et membres mafieux (que notre anti-héros côtoie depuis un contexte sanglant de son enfance), New-York, deux heures du matin tire-parti de son pouvoir de fascination par son climat d'authenticité régi au sein d'une jungle urbaine à laquelle une faune marginale se complaît au voyeurisme. En dépit des rôles secondaires criants de vérité dans leur stature machiste ou burinée (à l'instar de l'intervention mafieuse d'un parrain), le film est transcendé de la carrure inflexible de Tom Berenger portant le film à bout de bras de sa stature proscrite. Ce dernier endossant dans une attitude à la fois flegme et renfrognée un macro au coeur tendre assailli par la culpabilité de son instinct meurtrier. Il y émane un saisissant portrait sans concession car à double-tranchant, ce dernier étant contraint de réveiller sa tendance destructrice pour la survie de sa compagne et afin d'inhumer son passé galvaudé. 


      D'une violence percutante et d'une morale ambiguë, New-York, deux heures du matin n'a rien perdu de sa puissance d'évocation de par l'illustration sordide de sa jungle urbaine subordonnée à la perversion et au crime gratuit. Taillé sur-mesure dans une intrigue solide terriblement magnétique, ce redoutable psycho-killer exploite notamment avec beaucoup d'efficacité le caractère oppressant du contexte horrifique parmi la facture psychologique d'un anti-héros condamné à l'impasse après avoir ranimer ses pulsions meurtrières. A ne pas rater. 

      *Bruno Matéï
      14.05.22. 5èx