lundi 19 septembre 2011

LE GAMIN AU VELO. Grand Prix au Festival de Cannes 2011.


de Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne. 2011. France. 1h27. Avec Cécile de France, Thomas Doret, Jérémie Renier, Olivier Gourmet, Fabrizio Rongione, Egon Di Mateo.
Sortie en salles en France 18 Mai 2011

FILMOGRAPHIE: Jean-Pierre et Luc Dardenne sont des frères réalisateurs belges. Jean-Pierre est né le 21 Avril 1951 à Engis et Luc est né le 10 mars 1954 aux Awirs.
1987: Falsch, 1992: Je pense à vous, 1996: La Promesse, 1999: Rosetta, 2002: Le Fils, 2005: l'Enfant, 2008: Le Silence de Lorna, 2011: Le Gamin au Vélo.


12 ans après la Palme d'Or de Rosetta, drame social ayant révélé au grand public la débutante Emilie Dequenne (Prix d'interprétation à Cannes), les frères Dardenne renouent avec la jeunesse galvaudée sur fond de précarité sociale avec le douloureux portrait d'un enfant abdiqué par son père, Le Gamin à Vélo


Dans la lignée du cinéma de Truffaut et des 400 coups, le Gamin au vélo décrit avec un souci d'authenticité le portrait chétif d'un jeune garçon de 12 ans, incapable d'assumer sa nouvelle vie improvisée dans un foyer d'abandon, en l'attente d'une éventuelle famille d'accueil. C'est suite à une démission parentale engagée par son père que l'adolescent en quête de reconnaissance affective s'engage inlassablement à retrouver les traces de celui-ci incapable d'endosser ses responsabilités civiles. Dès lors, l'errance de ce jeune gamin multipliant les évasions et les crises de violence va voir son destin chamboulé lorsqu'il va faire la rencontre impromptue d'une femme prête à l'accepter pour l'héberger chaque week-end. C'est après avoir retrouvé les traces de son père, foncièrement délibéré à ne plus envisager de l'élever, que Cyril va s'apercevoir du lien familial rompu. Avec son vélo, il déambule quotidiennement dans les quartiers de sa nouvelle cité, à proximité de la demeure de Samantha, jusqu'au jour où suite à une altercation avec un jeune lascard, Cyril va faire la connaissance désobligée d'un dealer réputé par son influence perfide.

                                    

Réalisé sans fioriture et entièrement voué à ses personnages tourmentés débordant d'humanité, les frères Dardenne nous retranscrivent ici sans pathos le douloureux profil d'un enfant désuni, lâchement abandonné par sa propre famille. Le cheminement incertain de cet enfant sauvage, à deux doigts de sombrer dans le drame le plus pénal va démontrer comment un gosse livré à lui même peut facilement sombrer dans la délinquance quand l'amour, l'engagement familial et l'éducation parentale ont été exemptés de son équilibre psychologique et affectif. Ou quand la colère, la révolte et la haine alimentés par le sentiment d'injustice nous entraînent instinctivement vers la fréquentation marginale des laissés pour compte. Le jeune Thomas Doret réussit avec un naturel vigoureux à provoquer l'empathie dans son refus de se plier aux règles des autorités après avoir été banni du coeur de son père. Cette quête désespérée de fuir aveuglément les sentiers de la perdition d'une enfance démunie le mènera vers le danger le plus répréhensible. A moins qu'un adulte responsable ne réussisse in extremis à le rappeler à la raison. Lumineuse et pétillante, Cécile de France aura la difficile tâche d'apporter le soutien nécessaire et l'amour salvateur pour prouver à Cyril que sa vie peut néanmoins être un nouveau départ pour sa postérité.

Réalisé avec autorité, vérité prude et refus de mièvrerie, Le Gamin au Vélo est un drame poignant sur l'enfance fustigée d'une démission parentale. Un portrait en demi-teinte d'un jeune ado humilié, implacablement condamné à renouer avec de nouveaux liens pour pouvoir reconstruire un semblant de famille et cristalliser un avenir fructueux. L'interprétation pleine de justesse de nos deux comédiens impliqués dans une relation conflictuelle contribuant pour beaucoup à la puissance dramatique de cette oeuvre aussi fragile que candide.

19.09.11
Bruno Matéï

vendredi 16 septembre 2011

La Guerre des Etoiles (Star wars : episode IV - A New Hope)


de Georges Lucas. 1977. U.S.A. 2h04. Avec Mark Hamill, Harrison Ford, Carrie Fisher, Peter Cushing, Alec Guinness, Anthony Daniels, Kenny Baker, Peter Mayhew.

Sortie en salles en France le 19 Octobre 1977. U.S: 25 Mai 1977

FILMOGRAPHIE: George Walton Lucas, Junior est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 14 Mai 1944 à Modesto, en Californie. 1971: THX 1138. 1973: American Graffiti. 1977: La Guerre des Etoiles. 1999: La menace Fantôme. 2002: L'Attaque des Clones. 2008: La Revanche des Siths


Deux ans après le triomphe des Dents de la mer qui aura terrorisé des millions de spectateurs (et baigneurs masochistes), un second blockbuster hollywoodien va venir bouleverser le paysage cinématographique avec l'entreprise d'une saga érigée juqu'à présent en 6 volets par George Lucas.
Titre légendaire, La Guerre des Etoiles ou plus familièrement Star Wars est un pur divertissement familial apte à séduire les spectateurs de 7 à 77 ans. Cette énorme production ambitieuse est une forme de réactualisation des Chevaliers de la Table Ronde et de la légende d'Oedipe si on soulève les rapports funestes entre Luke Skywalker et Dark Vador. Bénéficiant d'effets-spéciaux révolutionnaires pour l'époque, ce space opéra flamboyant maintes fois copié (mais surpassé par l'Empire contre-attaque !) reste en l'occurrence un fabuleux spectacle enchanteur au pouvoir de fascination aussi persuasif. Il y a bien longtemps, dans une galaxie très lointaine... Une guerre civile éclate entre l'empire galactique et des insurgés téméraires. Capturé par l'armée de Dark Vador, la princesse Leia Organa se voit contraint de divulguer les plans volés de l'Etoile Noire. Réussissant malgré tout à les confier à son droïde R2-D2, elle lui demande de les remettre au Jedi Obi-Wan Kenobi. C'est le jeune Luke Skywalker, après avoir acheté à bon prix le droide et son complice C-3PO, qui va devoir s'unir avec Obi Wan, le trafiquant Han Solo et Chewbacca pour faire communément preuve de courage et d'effort à tenter de libérer la princesse et ainsi annihiler la station de l'empire.


Spectacle visuel à couper le souffle affiliant la féerie poétique, l'action belliqueuse hérité du film de guerre, de l'aventure, du western et du jeu vidéo, La Guerre des Etoiles est une fabuleuse épopée sur le combat sempiternel du Bien et du Mal. En immortalisant une poignée de héros bien spécifiques dans leur physionomie singulière et leur complicité fantaisiste épaulée de deux droïdes et d'un homme singe mutique, l'équipée engagée de Luke Skywalker, Han Solo et Obi Wan peut débuter ! Georges Lucas établit dans un premier temps chronologique la connexion entre ces personnages vaillants voués à combattre un empire maléfique régi par le diabolique et ténébreux Dark Vador. Avec naïveté infantile pleine d'entrain, de cocasserie docile et de charme poétique, c'est de prime abord les droïdes R2-D2 et son acolyte C-3PO qui attisent la sympathie du spectateur facilement amusé. Baignant dans un univers de voie lactée, et par intermittence dans la familiarité d'un globe terrestre, nous sommes particulièrement curieux et distraits de voir évoluer ces robots livrés à eux-mêmes car échoués sur la contrée de Tatooine. C'est ensuite avec le jeune fermier Luke Skywalker que nous allons prendre fugacement connaissance puis enfin de Obi Wan Kenobi, maître à penser du pouvoir mystique de la Force innée en chaque chevalier Jedi. C'est dans l'ambiance insolite et débridée d'un saloon futuriste regroupant des ethnies éclectiques, comme ce bestiaire de mutants extra-terrestres venus de toutes contrées, que nos comparses vont établir un périlleux compromis avec le marginal Han Solo afin d'unir leur force et mieux concrétiser leur divine mission.


C'est après cette cohésion fusionnelle bâtie sur l'union fraternelle que la seconde partie, capitale pour les enjeux factuels du devenir de l'humanité, va pouvoir enfin faire preuve de bravoure et courage à combattre l'antagoniste quand nos aventuriers de l'espace auront réussi à pénétrer en interne de l'empire de Dark Vador. Action chevronnée maniée au sabre et aux armes lasers sont déployés pour riposter face à l'armée engagée de Dark Vader arborant une multitude de figurants costumés en armure des temps modernes d'un blanc clinquant immaculé. Après avoir sauvé la radieuse princesse Leia et évacuer l'enceinte de la station mécréante, le point d'orgue présagé va culminer son apogée dans une impressionnante course poursuite à travers la galaxie. Un combat aérien de vaisseaux spatiaux élancés à travers l'espace sidéral vont s'interposer pour défendre leur cause et combattre farouchement l'antagoniste hostile (la préservation de l'étoile noire pour l'armée de Vador et sa destruction radicale pour les insurgés pugnaces). Les effets-spéciaux prodigieux, lointainement inspirés des fameux combats d'aviation entrepris durant notre historique seconde guerre mondiale, restent encore aujourd'hui bluffants et superbement chorégraphiés.  Outre la bonhomie attachante des comédiens Harrison Ford, Mark Hamill, Carrie Fisher, Alex Guiness, Anthony Daniels (C-3PO), Kenny Baker (R2-D2) et Peter Mayhew (le grand Wookie poilu), la guerre des étoiles accentue sa dimension épique et ombrageuse envers deux illustres interprètes entrés dans la légende. L'immense Peter Cushing, Grand Moff de l'Empire à la trogne famélique, impassible et dictatoriale affilié à Sebastian Shaw incarnant Dark Vador, icône maléfique sombrement camouflé de noir, à l'esprit perfide beaucoup plus hermétique dans les prochains épisodes à venir.


Spectacle foisonnant haut en couleurs scandé par l'inoubliable score de John Williams, film d'aventures intersidéral doté d'une véritable profondeur mystique (la force instinctive de l'âme apte à réfréner ses doutes pour transcender ses affres), La Guerre des Etoiles est un classique intemporel destiné à séduire et émerveiller dans un alliage d'émotions aussi fougueuses qu'exaltantes. Alloué d'un budget de 11 millions de dollars, son épopée fertile en péripéties ne cède jamais à l'artillerie cinglante de la gratuité et retrouve dans sa modernité insolite le souffle épique, romanesque des films d'aventures d'antan.

Dédicace à Luke (Skywlaker) Mars
16.09.11
Bruno 
                                          

DISTINCTIONS:
1977: Saturn AwardsMeilleur film de science-fiction ; Meilleur acteur : Mark Hamill ; Meilleure actrice : Carrie Fisher ; Meilleur acteur dans un second rôle : Alec Guiness ; Meilleure réalisation : George Lucas ex-æquo avec Steven Spielberg pour Rencontres du troisième type; Meilleur scénario : George Lucas ; Meilleurs costumes : John Mollo ; Meilleur maquillage : Stuart Freeborn et Rick Baker ; Meilleurs effets spéciaux : John Dykstra et John Stears ; Meilleure musique : John Williams (récompensé également pour Rencontres du troisième type).

Los Angeles Film Critics Association Awards :
Meilleur film ;
Meilleure musique : John Williams.
1978: Oscars 1978 : Meilleure direction artistique : John Barry, Norman Reynolds, Leslie Dilley et Roger Christian ;Meilleurs costumes : John Mollo ; Meilleur montage : Paul Hirsch, Marcia Lucas et Richard Chew ; Meilleurs effets visuels : John Dykstra, John Stears, Richard Edlund, Grant McCune et Robert Blalack ; Meilleur son : Don MacDougall, Ray West, Bob Minkler et Derek Ball ; Meilleure musique originale : John Williams ; Oscar pour une performance spéciale : Ben Burtt pour les effets sonores (création des voix d'extraterrestres, robots et créatures).
Golden Globe de la meilleure musique de film : John Williams
Golden Screen du meilleur film
Grammy Award du meilleur album de musique de film : John Williams
Hochi Film Award du meilleur film étranger
Prix Hugo du meilleur film dramatique
Film préféré des américains lors des People's Choice Awards
Prix spécial de la part de la Science Fiction and Fantasy Writers of America
1979: BAFTA : Meilleur son : DonMacDougall, Ray West, Bob Minkler, Derek Ball, Sam Shaw, Robert R. Rutledge, Gordon Davidson, Gene Corso, Michael Minkler, Les Fresholtz, Richard Portman et Ben Burtt. Anthony Asquith Award de la meilleure musique de film : John Williams
Evening Standard British Film Awards :
Meilleur film;
Meilleur acteur : Alec Guiness.
Kinema Junpo Award du meilleur film étranger décerné par les lecteurs de la revue.
1989: Le film a été sélectionné par le National Film Preservation Board pour figurer dans le National Film Registry.
1997: Le film a reçu un prix spécial pour son 20e anniversaire de la part de l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur.
                     

jeudi 15 septembre 2011

LE CERCLE DES POETES DISPARUS (Dead Poets Society). César du Meilleur Film Etranger en 1990. Oscar du Meilleur Scénario en 1989.


de Peter Weir. 1989. U.S.A. 2h08. Avec Robin Williams, Robert Sean Leonard, Ethan Hawke, Josh Charles, Gale Hansen, Dylan Kussman, Allelon Ruggiero, James Waterston, Norman Lloyd, Kurtwood Smith.

Sortie en salles en France le 17 Janvier 1990. U.S: 16 Juin 1989

FILMOGRAPHIE: Peter Weir est un réalisateur et producteur australien né le 21 Août 1944 à Sydney en Australie.
1974: Les Voitures qui ont mangé Paris, 1975: Pique-nique à Hanging Rock, 1977: La Dernière Vague, 1981: Gallipoli, 1982: l'Année de tous les Dangers, 1985: Witness, 1986: Mosquito Coast, 1989: Le Cercle des Poètes Disparus, 1990: Green Card, 1993: Etat Second, 1998: The Truman Show, 2003: Master and Commander, 2011: Les Chemins de la Liberté.


C'est dans ses rêves que l'homme trouve la liberté
Gros succès public et critique lors de sa sortie en 1989, Le Cercle des Poètes Disparus aura su toucher des millions de spectateurs par sa puissance émotionnelle et son immuable éthique sur l'autonomie des êtres aptes à se transcender pour savourer l'instant suprême du moment présent.
Par l'entremise d'un scénario remarquable et de comédiens vigoureux pleins de fraicheur et de fragilité, Peter Weir a appliqué une leçon de vie, un classique inoxydable conçu pour réveiller les consciences timorées qui n'osent canaliser et surtout transcender leurs affres de l'angoisse.

En 1959, dans une stricte académie universitaire de renom, de jeunes étudiants vont faire la rencontre singulière de leur nouveau professeur de lettre anglaise, M. Keating. Cet homme anticonformiste, passionné par l'art de l'enseignement va inculquer à ses novices élèves le fluide du bonheur retrouvé,  la liberté d'accomplir ses rêves en admettant que l'instant présent est une offrande d'une richesse universelle ! 


On ne lit pas ni écrit de la poésie parce que c'est joli. On lit et écrit de la poésie car on fait partie de l'humanité.
S'il y a un film capable de réveiller les consciences, de modifier le destin de notre existence et celle des générations à venir, c'est bien ce cercle ouvert des poètes conquérants. Une confrérie estudiantine soudainement éprise de l'envie d'arborer la vie, d'embrasser avec fougue ce miracle de l'existence par l'entremise d'un professeur habité par l'amour de l'initiation. Celle de permettre à ces jeunes débutants de pouvoir s'extérioriser et d'exprimer librement leurs désirs secrets les plus passionnels.
Comme le prouve le tableau représentant d'illustres ancêtres de jeunes étudiants à la physionomie pleine d'aplomb, ces nouveaux élèves vont furtivement se résoudre à se prendre en main, se jouer de la découverte d'un nouvel univers autrement distinct et de quelle manière épurée le monde en ébullition peut devenir autrement plus fantasmatique par la poésie des vers. Une précieuse doctrine transcendant notre aura terrestre ou l'art d'apprendre et s'épanouir en osant affronter son propre destin. Par la fantaisie du rêve et l'audace désinhibée, M. Keating va déclencher auprès de ces étudiants l'étincelle de l'optimisme. Par la ténuité des mots aptes à convertir l'évolution épique de l'épopée humaine, ce capitaine romantique va leur prouver que l'individualité de chaque être renferme un potentiel d'exception.

Mais l'intransigeance égoïste d'un père de famille drastique et conservateur va totalement bouleverser et chambouler la spontanéité de nos poètes offensés quand le fils de celui-ci, passionné par le théâtre et le jeu de la comédie va désespérément se sacrifier afin de bannir une vie professionnelle antinomique qu'il n'envisageait pas. Ce suicide tragique va inévitablement réveiller la suprématie des conformistes bien pensants, leur intolérance de l'écoute de l'autre, le refus de commuter les règles de l'enseignement régi depuis des siècles par une opiniâtre discipline de fer. Dès lors, le professeur le plus équilibré, indulgeant et salutaire subira les conséquences déloyales de cette innocence meurtrie, avant que les poètes prodiges ne lui rendent un ultime hommage en guise de reconnaissance salutaire.


Robin Williams endosse peut-être ici l'un de ses meilleurs rôles, du moins l'un de ces plus sobres et mesurés dans son aisance innée, sa bonhomie instinctive à prodiguer sa philosophie existentielle auprès d'un groupe d'étudiants en pleine crise identitaire. Robert Sean Leonard est sans doute la révélation du film tant il retranscrit à merveille sa passion de s'épanouir et concrétiser son espoir d'exercer la profession artistique de la comédie vers le théâtre. Fustigé par un paternel austère extrêmement rigoureux, son destin mortuaire va cruellement bouleverser la donne. Un père tout aussi flagellé et déchu à jamais par la mort de son fils dans son iniquité de lui avoir obstruer et briser son nouveau destin immolé. Le jeune Ethan Hawke apporte également une poignante dimension humaine, une fragilité chétive dans celui d'un étudiant introverti, trop timide pour affirmer ses idées et ainsi affronter ses adversaires en pleine reconversion identitaire. Il provoque dans le fameux épilogue une digne empathie en osant entreprendre courageusement un dernier hommage à son professeur limogé de ses fonctions, en s'élevant droit devant sur sa table scolaire, comme le feront chacun de ses camarades. 


La vie est un songe, tout n'est que de vaine apparence. C'est un songe qui dure un peu plus qu'une nuit.
Ode à l'apprentissage de sa foi et ses intimes convictions, hymne à la vie et la liberté d'expression, déclaration d'amour à l'incantation de la poésie gracile, réquisitoire contre l'intolérance, les conformités et le conservatisme, Le Cercle des Poètes Disparus est tout cela à la fois et beaucoup plus encore. Un magnifique récit initiatique sur la quête rédemptrice d'accepter sa personnalité intrinsèque et de banir son inhibition au profit d'affronter les richesses extérieures. Celui d'un univers sensoriel où chaque être humain est une denrée atypique et où les mots inhérents restent les maîtres à penser afin de révolutionner ce qui nous entoure.

A Pascal...

15.09.11
Bruno Matéï

Distinctions:
1989: Oscar du Meilleur Scénario Original pour Tom Schulman.
Meilleur film, meilleure musique originale pour Maurice Jarre aux British Academy Awards.
1990: César du Meilleur Film Etranger.
Meilleur Film Etranger, Prix David di Donatello
Meilleur film Etranger au Joseph Plateau Awards
Meilleur Film Etranger au Ruban d'Argent.

                                        

mardi 13 septembre 2011

Opera. Uncut Version (1h47).


de Dario Argento. 1987. Italie. 1h47. Avec Cristina Marsillach, Ian Charleson, Urbano Barberini, Daria Nicolodi, Coralina Cataldi Tassoni, Antonella Vitale, William McNamara, Barbara Cupisti.

Sortie salles France: 8 Octobre 1989. Italie: 19 Décembre 1987

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


Deux ans après l'onirisme limpide du splendide Phenomena, Dario Argento renoue en 1987 avec le Neo Giallo depuis Ténèbres pour l'inventivité des meurtres explicites ainsi que la virtuosité d'expérimentations formellement alambiquées. Echec public et critique lors de sa discrète sortie puisque directement passé par la case Dvd chez nous (en dépit d'une discrète projo salles), l'étrange Opera  s'avère d'une flamboyance esthétique à damner à saint. Surtout après l'avoir redécouvert en format HD grâce à l'éditeur Le Chat qui Fume si bien que nous avons affaire ici à un tout autre métrage de par son format scope et sa version intégrale (en privilégiant selon moi le doublage italien avec l'intervention d'Argento en voix-off à 2 reprises vers le final). Le pitchAvant la représentation de Macbeth de Verdi, une diva est incidemment renversée par une voiture. Betty, jeune cantatrice timorée, est appelée à la remplacer pour endosser son rôle majeur. Mais durant le spectacle, un incident technique a lieu au troisième étage de l'amphithéâtre. Quelques instants après la représentation, un homme retrouvé mort est découvert sur les lieux de l'accident. C'est le début d'une série de meurtres sanglants perpétrés par un mystérieux tueur face au témoignage candide de la jeune Betty prise en otage à observer sans relâche ces crimes sauvages. Ainsi donc, Opéra amorce son spectacle épuré dans la demeure circulaire d'un luxueux amphithéâtre auquel une novice cantatrice y interprète le rôle d'une diva dans Macbeth. La réalisation résolument inspirée d'Argento s'appropriant de l'espace de façon aussi bien fluide qu'acrobatique lors de ses amples mouvements de caméra tributaires du plan séquence vertigineux ! Le concert appuyé d'une voix aigue et scandé de la partition classique de Verdi demeure d'une élégance affinée au moment même où un meurtre liminaire aura lieu, avec en toile de fond un décor baroque crépusculaire où planent de véritables corbeaux !


Par conséquent, Argento prouve avec cet épatant prologue qu'il n'a rien perdu de sa rigueur formelle et de son inventivité pour y gérer un univers flamboyant sous le mode liturgique du crime toléré par un monomane. Et pour ajouter une certaine ambiguïté à l'intrigue détonante, ce dernier exploitera à bon escient le témoignage de corbeaux impliqué dans l'action ainsi qu'une curieuse séquence de rêve fantasmé par l'héroïne lors de ses réminiscences. Et donc, à travers ce songe obscur, diverses tortures y sont perpétrées sur une femme soumise (elle est allongée sur un lit) par un individu masqué. Ces exactions sadiques causées sur elle étant établies du point de vue voyeuriste d'une femme complice et d'une fillette outrageusement prise en otage. Passé ce suspicieux cauchemar torturé, le second meurtre sera commis dans un appartement auquel Betty et un amant de passage y sont confinés. Tout le génie créatif de l'art criminel d'Argento explose à nouveau lors de cette séquence anthologique au cours duquel notre protagoniste est contrainte de contempler un crime face à ces yeux écarquillés. Pour cause, par un ingénieux système délétère, le criminel aura apposé deux rangées d'aiguilles sur du ruban adhésif afin de les plaquer sous chaque oeil exorbité de l'héroïne entravée. De manière à ce que ses paupières ne puissent jamais s'obstruer au risque d'écorcher ses pupilles prises en otage par les aiguilles filiformes. Au passage, le second meurtre asséné au couteau sur le compagnon de Betty est sans doute le passage le plus brutal et sanglant du film. Argento utilisant à nouveau toute sa maestria technique pour impressionner avec une cruauté fertile son abominable homicide occasionné par un tueur machiavéliquement pervers (le couteau acéré pénétrant dans la gorge du témoin pour ressortir ensuite par la cavité buccale au travers de sa dentition !). Spectacle morbide assuré en bonne et due forme donc, qui plus est d'une singularité à toute épreuve ! 


Quelques instants plus tard, un autre crime cinglant aura bien lieu lorsqu'une balle de revolver transpercera l'oeil d'une victime cloîtrée sur l'orifice d'une serrure de porte ! Toutes ses séquences mises en scène avec un art consommé du brio technique demeurant ébouriffantes et jamais gratuites au sein d'une intrigue équivoque peu à peu intelligible. Captivant et déroutant d'après l'ambition expérimentale d'Argento tentant de se renouveler à travers un argument sado-maso de psycho-killer redoutable, Opera nous entraine dans un tourbillon de séquences vertigineuses où la misogynie est à nouveau abordée avec un brin d'originalité pour les étroits rapports du tueur et de la victime. Ainsi, de par sa fulgurance formelle omniprésente (superbe photo opaque à l'appui), Opéra trouble, inquiète, magnétise, dérange, séduit de par sa poésie épurée d'images morbides en constante mutabilité. C'est d'ailleurs sans nul doute l'une des oeuvres les plus maîtrisées du maître d'un point de vue technique sachant qu'il demeure ici en roue libre à exploiter sa caméra de toutes les manières alambiquées possibles et inimaginables. La musique hybride alternant le classique occidental de Verdi et la violence hard-rock renforçant l'aspect déroutant de l'entreprise, à l'instar de son onirisme féérique intervenant subitement lors de l'épilogue et faisant écho au splendide Phenomena (en tenant compte notamment de la beauté ténue de l'actrice soudainement candide passés les éclairs cuisants de sauvagerie !). Et ce de manière crédible, en accord avec le dénouement de l'intrigue criminelle. Enfin, l'idée incongrue de plonger l'univers emphatique de l'opéra au sein d'un psycho-killer franc-tireur converge au spectacle vu nulle part ailleurs. Tant et si bien qu'Opera semble aujourd'hui encore plus percutant et fascinant qu'autrefois de par sa densité émotionnelle aussi diaphane qu'attirante que l'actrice principale (décriée à l'époque) renforce à travers son jeu de fragilité virginale. C'est dire si à l'époque il était en avance sur son temps pour proposer à son public fétichiste un spectacle innovant dénué d'artifices grossiers ou éculés et encore moins de prétention auteurisante (même s'il s'agit bien d'un véritable film d'auteur !). Argento, intègre, motivant et passionné, prouvant une ultime fois son amour pour un cinéma d'horreur créatif, réelle expérience d'une beauté morbide sans égale à vivre en communauté de fans.  


Ouvre les Yeux.
Opera est donc peut-être le dernier grand film du maestro à redécouvrir fissa dans sa version HD immaculée tant il semble renaître sous un jour plus neuf, ouvert et radieux. Pour se faire, nous ne remercierons jamais assez la contribution passionnelle du Chat qui fume.
  
*Eric Binford
09.07.21. 5èx
13.09.11.   


                                         

lundi 12 septembre 2011

ALIEN 3. Version Longue 2h25.


de David Fincher. 1992. U.S.A. 2h25. Avec Sigourney Weaver, Charles S. Dutton, Paul McGann, Brian Glover, Ralph Brown, Daniel Webb, Christopher John Fields, Holt McCallany.

Sortie en salles en France le 26 Aout 1992. U.S.A: 22 Mai 1992.

FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962, à Denver dans le colorado des Etats-Unis.
1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac
2008: l'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network.


Pour une première réalisation d'un nouveau jeune talent, David Fincher entreprend un coup de maître avec Alien 3. Un troisième opus d'une illustre saga immortalisée par la présence virile de Sigourney Weaver et surtout de son antagoniste belliqueux, l'alien venu d'une lointaine galaxie. Ambiance religieuse et angoisse diffuse sont confinées autour d'un pénitencier échoué sur la planète Fiorina 161 ! A la suite du déclenchement d'un incendie survenu dans le vaisseau qui la dirigeait vers la terre, Ripley est éjectée à bord de sa capsule sur la planète Fiorina 161. Echouée au bord d'une plage, celle-ci est sauvée et ramenée par un surveillant tributaire d'un gigantesque pénitencier réunissant une vingtaine de détenus. Dans l'enceinte de la prison, les prisonniers acceptent mal la présence d'une jeune femme qui pourrait leur remémorer des instincts pervers ou meurtriers. Tandis qu'une mort accidentelle d'un des leur camarade vient d'être découvert, Ripley s'inquiète de la potentielle présence d'un nouvel alien.


Au préalable, il y a eu deux chefs-d'oeuvre antinomiques dans la manière d'aborder leur sujet, de par la personnalité de cinéastes aux ambitions divergentes (l'un étant modestement investi par la suggestion de l'angoisse tandis que l'autre valorisera son potentiel dans l'action belliqueuse). Et ce troisième opus ambitieux de surprendre une fois encore à pouvoir se renouveler dans la sobriété d'un suspense savamment mis en place, une psychologie consciencieuse des personnages et une dernière demi heure fertile en péripéties échevelées. Ce qui frappe au premier abord, c'est l'univers ocre, étouffant et rubigineux dépeint avec souci d'authenticité pour retranscrire le plus fidèlement la vie nonchalante de dangereux détenus résidant en communauté dans un pénitencier caverneux (les longs couloirs sont un véritable dédale de doute et subterfuge pour nos protagonistes quand une créature s'y est infiltrée). Le caractère religieux établi par une hiérarchie fondamentaliste afin de mieux reconvertir dans la foi ces condamnés apporte une touche d'originalité particulièrement mystique, voir aussi gothique. Et d'y confronter dans cette terne demeure la venue inhospitalière de Ripley accompagnée de l'inévitable Alien. La cohésion de cette assemblée véreuse va se dissoudre chez nos rebelles apeurés et semer une panique incontrôlée lorsque l'Alien, plus délétère que jamais, décimera un à un ses occupants. Après avoir sympathisé avec le médecin Clemens, Ripley est contrainte de se dégarnir le crane, faute d'une épidémie de poux mais aussi et surtout afin de ne pas réveiller les instincts sexuels des mâles fascinés par sa beauté charnelle. Les rapports insidieux entre cette unique survivante et ses rebelles ne vont pas tarder à ranimer leur libido quand trois d'entre eux vont tenter de la violer. Sauvée par leur leader prêchant machinalement la parole de Dieu, Ripley se réconforte néanmoins auprès de la loyauté de son médecin, non dénué de sentiments amoureux. Mais cet individu également condamné par un passé ambigu s'avère plutôt inquiet de devoir subir l'autopsie d'une fillette retrouvée morte en interne du vaisseau l'USS Sulaco, sous la recommandation de Ripley. Alors que le spectateur s'imagine que l'Alien aurait potentiellement réussi à s'infiltrer dans le corps de ce petit cadavre, la menace palpable est autrement plus perfide et aléatoire quand il s'agit de s'approvisionner d'un nouveau corps létal ramené à l'intérieur de la colonie.


David Fincher accorde dans les 2/3 de son récit âpre et tendu une importance substantielle à la psychologie ombrageuse de ses personnages marginaux. Des violeurs présumés, des meurtriers sans vergogne rattachés à l'éthique des évangiles tandis qu'une héroïne désemparée, trahie par ses supérieurs, envisage de se porter en sacrifice pour sauver l'humanité, faute de son enfantement investi par la créature. En effet, et pour relancer l'intrigue, le réalisateur a la bonne idée de féconder le propre corps contaminé de Ripley. C'est cette densité dramatique, cet enjeu capital pour la survie de l'humanité qui vont permettre de redoubler d'intensité les péripéties coordonnées par notre héroïne plus engagée que jamais. Ce qui permet notablement (et sans outrance spectaculaire) de converger à une dernière partie rigoureuse car trépidante dans les inlassables courses poursuites octroyées aux protagonistes contre l'alien belliqueux réfugié dans les étroits couloirs du pénitencier. Un point d'orgue mémorablement mis en scène, haletant et spectaculaire, auquel l'action efficace est vouée à sa continuité narrative. Une succession de va et vient sont soumis aux protagonistes courageusement engagés dans les souterrains afin de tenter de sceller les sas de portes et d'évacuer la créature vers une fonderie de plomb. Pour parachever ces affrontements dantesques, son épilogue particulièrement poignant offre un intimiste moment d'émotion dans la tache ardente de notre héroïne acculée à se suicider par la faute de ses supérieurs véreux, désireux de capturer une espèce extra-terrestre pour concevoir une arme biologique révolutionnaire.


Le jour de la pénitence.
La force psychologique de l'intrigue dédiée à l'humanité aigrie de ses personnages en quête de rédemption et son esthétisme gothique sont des éléments capitaux pour Fincher de se réapproprier de l'icône du bestiaire fantastique au pouvoir de fascination hypnotique. La cohérence de son scénario alloué au suspense lattent et la maîtrise de sa mise en scène confinant à sublimer cette grandiose épopée d'un souffle épique désenchanté. Tandis que Sigourney Weaver, endossée d'une figure christique, telle la Jeanne d'Arc des temps futuristes, n'aura jamais été aussi empathique et valeureuse dans sa requête salvatrice du devenir de l'humanité.

12.09.1. 3
Bruno Matéï

Les critiques des autres opus:
Alien, le Huitième Passager: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/04/alien-le-huitieme-passager.html
Aliens, le retour: http://brunomatei.blogspot.fr/…/aliens-le-retour-aliens.html
Alien, la Résurrection: http://brunomatei.blogspot.com/2011/08/alien-la-resurrection.html
NOTE (INFO WILKIPEDIA). Cet épisode contient également le mystère (ou incohérence ?) de la saga Alien : la provenance de l'œuf au début du film. Un sujet qui passionne les fans. Certains disent que c'est la Reine qui l'a pondu à la fin d' Aliens, le Retour mais comment celle-ci peut-elle pondre sans son abdomen pondeur ? D'autres disent que c'est Bishop qui l'aurait embarqué et caché dans le Sulaco pendant l'absence de Ripley (partie sauver Newt). N'oublions pas que la mission de base de Bishop était de ramener un spécimen, Bishop est un androïde et il est conçu pour ça. Certaines scènes du précédent volet le montrent clairement. De même dans ce 3e épisode où il éconduit du mieux qu'il peut les questions de Ripley en lui faisant croire qu'il a mal (depuis quand un androïde a mal ?). N'oublions surtout pas que l'on entend un œuf s'ouvrir tout à la fin du générique d'Aliens, le Retour... ce qui indiquerait que James Cameron avait laissé un indice pour cette suite.

LA VERSION ALTERNATIVE et ses différences avec le MONTAGE CINEMA.
La version alternative de 2003 disponible sur l'édition spéciale en DVD et BLU-RAY diffère sur de nombreux points par rapport à la version sortie en 1992. Par exemple, dans la version cinéma, le xénomorphe sort d'un chien alors que dans l'édition spéciale, il sort d'un boeuf mort. On voit brièvement le Superfacehugger, une version évoluée de la créature qui pond des œufs dans leur victime (ici un boeuf). On y voit l'apparition complète du background des prisonniers, les fameux chromosomes double Y. On apprend entre autres que la prison est fermée depuis plusieurs années, mais qu'ayant trouvé un équilibre dans le travail minier, ceux-ci ont été autorisés par la « Compagnie » à continuer leurs occupations ici. On en apprend ainsi beaucoup plus sur l'histoire du docteur Clemens. La fin, elle aussi, est différente. Si dans l'édition de 1992, on voit la reine Alien sortir du corps de Ripley quand celle-ci se suicide, il n'en est rien dans l'édition alternative.
A noter, qu'il n'y a pour l'heure aucune version "director's cut". En effet, David Fincher étant brouillé avec les producteurs qui ont remonté son film sans son accord, n'a toujours pas voulu y retoucher...

                                         

vendredi 9 septembre 2011

THE HOLE (After The Hole). Prix "Spécial police" à Cognac 2001.


de Nick Hamm. 2001. Angleterre. 1h42. Avec Thora Birch, Keira Knightley, Desmond Harrington, Laurence Fox, Daniel Brocklebank.

Prix "Spécial police" au festival du film policier à Cognac en 2011

Sortie en salles en France le 20 Juin 2001. Angleterre: 20 Avril 2001.

FILMOGRAPHIE: Nick Hamm est un réalisateur et producteur né en 1957 à Belfast, en Irlande du Nord.1989: The Bottom Line (doc).1990: The Bill (série TV, 2 épisodes). 1991: The harmfulness of Tobacco. Out of the Blue (télé-film). 1992: Soldier Soldier (série TV, 3 épisodes). 1993: Micky Love (télé-film). Briefest Encounter (télé-film). Dancing Queen (télé-film). 1998: Martha, Frank, Daniel et Lawrence. Talk of Angels. 2001: The Hole2004: Godsend, expérience interdite. 2011: Killing Bono


Réalisateur british peu connu en France, hormis son grotesque Godsend sorti en 2004, Nick Hamm avait réalisé 3 ans au préalable un thriller choc sortant des sentiers battus, malgré son affiche branchée. D'après le roman After the Hole de Guy Burt paru en 1993, The Hole constitue un cauchemar opaque et glaçant auquel la dextérité d'un scénario tortueux nous entraîne dans le dédale d'une idylle impitoyable. Deux couples d'amis, étudiants dans une université anglaise, décident de flâner trois jours à l'intérieur d'un bunker désaffecté. Un prétexte pour Liz, éperdument amoureuse de Mickael, de se retrouver en intimité dans ce lieu clos barricadé. En effet, nos quatre étudiants vont se retrouver enfermés durant 18 jours alors que cette dernière, seule survivante d'une hécatombe, va réussir à s'échapper du blockhaus. Une psychologue va tenter de découvrir l'horrible vérité par l'entremise de cette rescapée traumatisée.


Récompensé à Cognac la même année que sa sortie officielle, The Hole mérite amplement cette louange tant il retranscrit avec intelligence et réalisme sordide un suspense finaud beaucoup plus subtil qu'il n'y parait. En prenant comme point de départ une banale réunion festive de quatre lycéens décidés à s'enfermer trois jours durant dans un bunker, l'intrigue épouse le point de vue de l'unique survivante pour ses confidences auprès d'une psychologue. Dès le départ, nous sommes sur le qui-vive, dubitatif, perplexe de la version des faits rapportés par une jeune fille préalablement amoureuse d'un coureur de jupon frigide. Durant la première partie, nous ne savons même pas s'il y aurait un potentiel autre survivant, de manière à mieux semer la confusion et le doute sur le cheminement de l'intrigue. Ce n'est qu'un peu plus tard quand la police dépêchée sur les lieux laisse sous entendre que Liz aurait été l'unique rescapée d'un charnier improbable. Reste donc à savoir de quelle manière sont décédés ces amis, quel en était le mobile et surtout le tueur présumé ! C'est ce que Liz va finalement décider d'avouer à Philippa Horwood en reconstituant de manière chronologique la trajectoire de leurs vicissitudes durant ses 18 jours de cauchemar.


L'atmosphère étouffante émanant de ce lieu clos ténébreux réussit facilement à incommoder le spectateur observant méticuleusement ses protagonistes piégés en interne du bunker. D'autant plus que la construction narrative, davantage pernicieuse et incertaine dans les faits rapportés par Liz, souhaite mieux nous immerger dans un perfide jeu de massacre sur fond d'amour déchu. Ainsi donc, l'efficacité du récit nous piège dans le refuge caverneux d'un huis clos particulièrement glauque et éprouvant si bien qu'au fil des jours escomptés, la destinée chétive de nos protagonistes s'avère de plus en plus abrupt et implacable. La soif, la faim, l'insalubrité, l'hygiène et la fatigue vont petit à petit les étreindre vers une irréversible agonie. La caractérisation de nos personnages, tous remarquables de conviction à travers leur personnalité bien définie, doit beaucoup à la force émotionnelle qui en émane. Chaque profil psychologique de prime abord jovial se retrouve facilement accablé par la dégénérescence physique, la peur de trépasser et le désir désespéré d'escompter désespérément une issue de secours. Cette humanité moribonde et révoltée éprouve et dérange le spectateur alors que le cheminement de l'énigme va peu à peu dévoiler son horrible vérité. A moins que tout ceci n'était que l'immense leurre d'un esprit machiavélique ! Spoiler ! A ce titre, je ne manquerais pas de souligner l'incroyable prestance de Thora Birch (American Beauty), terrifiante de machiavélisme pour les exactions accidentelles décrites, sans oublier la facture sournoise du fameux dénouement. Fin du Spoiler.


Rythmé d'un ombrageux score monocorde, formidablement endossé par des comédiens d'une saillante densité psychologique (en passant, Keira Knightley - Domino, Pirates des Caraîbes - n'a jamais été aussi sexy et effrontée que dans ce rôle d'aguicheuse provocante), The Hole est un thriller d'une remarquable intensité à travers un suspense imbibé de cynisme. L'atmosphère glauque et suffocante qui en découle et l'incroyable cruauté assénée aux victimes nous acheminant vers une cinglante conclusion particulièrement incongrue. 

A (re)découvrir d'urgence !

09.09.11.   2
Bruno Matéï

jeudi 8 septembre 2011

ATTACK THE BLOCK


de Joe Cornish. 2011. Angleterre. 1H28. Avec Nick Frost, Jodie Whittaker, Luke Treadaway, Joey Ansah, John Boyega, Flaminia Cinque, Chris Wilson, Terry Notary, Paige Meade, Adam Leese, Lee Long.
Sortie en salles en France le 20 Juillet 2011

FILMOGRAPHIE: Joseph Murray "Joe" Cornish est un humouriste, présentateur télé et radio, réalisateur, scénariste et acteur anglais, né le 20 Décembre 1968. Il forme avec son ami de longue dâte le duo impayable Adam et Joe.
2011: Attack the Block.


Co-scénariste de la nouvelle réalisation de Spielberg, Les Aventures de Tintin, le secret de la Licorne, le prolifique et touche à tout Joe Cornish entame pour son premier métrage un divertissement survitaminé dans la lignée du club des cinq version banlieusarde. Un alliage détonnant de science-fiction, d'action et d'horreur en compagnie d'une bande de lascards brittish retranchés dans leur immeuble pour se protéger contre une invasion d'aliens belliqueux. Dans une banlieue de Londres, une jeune femme à pied rentre dans son quartier lorsqu'une bande de délinquants juvéniles décident de la racketter. Au même moment, une boule de feu venue du ciel s'écrase sur le toit d'une voiture pour libérer une créature extra-terrestre. La jeune femme apeurée profite de cet évènement soudain pour prendre la fuite. Le leader du groupe s'approche à son tour de la présence hostile enfouie dans le véhicule quand elle décide de l'attaquer. Il réussit à la poignarder mais la chose mortellement blessée se dirige en direction de leur immeuble. La bande décide alors de le prendre en chasse tandis qu'une véritable invasion extra-terrestre est sur le point d'envahir Londres.

Alors que vient de sortir récemment sur les écrans Super 8, l'Angleterre nous refourgue une version indocile et belliqueuse imparti au portrait de délinquants cloîtrés dans leur HLM pour se protéger contre une armée d'aliens enragés. Le prologue inquiétant débute tel un vigilante movie réaliste et surprend par son austérité lors de cette violente altercation nocturne entre un groupe de jeunes rackettant une jeune femme démunie (on imaginerait presque un instant sortir de l'ombre un clone de Charles Bronson venir rendre justice). La gravité de la situation élude le moindre écart humoristique et on se demande même si la victime ne vas pas trépasser quand le leader décide de la menacer avec l'aide d'un poignard. Mais un revirement inopiné va complètement chambouler ce cliché pour fugacement nous entraîner dans une cuisante chasse au monstre. La maîtrise de la réalisation épaulée d'un montage dynamique nous permet de nous immerger dans une course poursuite horrifique aussi déroutante et débridée que vigoureuse et captivante. De prime abord, nous pouvons êtres déconcertés par la caractérisation des adolescents antipathiques suite à l'agression commise contre une innocente quidam. Mais au fur et à mesure du danger davantage délétère de cette menace extra-terrestre, les personnages héroïques et fougueux réussissent finalement à emporter l'adhésion dans leur courage et leur hargne à sauvegarder leur vie et celle de leur victime antérieure. Sachant ainsi que l'héroïne violentée du début du film réside dans le même immeuble que ces assaillants. Ils vont donc s'imputer une cohésion mutuelle sachant que celle-ci est une infirmière novice apte à soigner leurs blessures. Au fur et à mesure du récit rondement mené par des actions virevoltantes et d'une omniprésente bande son Rap, ces jeunes désoeuvrés livrés à leur propre loi vont peu à peu s'humaniser. En particulier le leader surnommé Moïse, davantage reconnaissant de l'aide fraternelle de la jeune femme jusqu'à ce qu'il envisage de lui rendre une bague en argent qu'il eut préalablement dérobé.


Le réalisateur en profite d'ailleurs un court instant en filigrane sociale, entre deux scènes d'action échevelées, le malaise de cette génération rebelle systématiquement appréhendée par les forces de l'ordre pour un motif injustifié. Quand bien même Moise suggère à ses camarades sur un ton ironique tacite qu'après le fléau de la drogue et de la prolifération des armes à feu, les flicards auront décidé d'envoyer des extra-terrestres pour mieux les entretuer et ainsi enrayer plus furtivement les immigrés des bas quartiers londoniens. Même si le scénario ne brille pas pour son originalité et se révèle sans surprise, ce huis-clos est suffisamment habile et calibré pour rendre l'aventure épique et jouissive. D'autant plus que certaines séquences chocs se laissent parfois guider par une violence graphique déployant quelques effusions de gore, tandis que l'apparence opaque des monstres aux poils, contrastant avec le vert fluo de leur mâchoire acérées impriment une physionomie délirante (sortes de Critters en plus agressifs et pernicieux). Autant dire que sous ses apparences de production familiale estampillée Amblin EntertainmentAttack The Block ne cible pas tous les publics, particulièrement  les - de 12 ans !


LA HORDE + LE GANG DES BMX + CRITTERS = ATTACK THE BLOCK !Scandé d'une bande son hip hop tonitruante et nerveusement emballé dans un montage virtuose, Attack the Block est un divertissement aussi inattendu qu'insolent pour son portrait subversif émis à une poignée de lascards au courage inflexible. Même s'il peut dérouter au premier abord, de par le caractère rigide de ses interprètes précités, la succession de péripéties diablement frénétiques, l'efficacité des enjeux encourus sous le moule du survival ludique emportent facilement l'adhésion.

08.09.11
Bruno Dussart