mercredi 6 février 2013

JACK LE TUEUR DE GEANTS (Jack the Giant Killer)

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinefantastiqueonline.com

de Nathan Juran. 1961. U.S.A. 1h34. Avec Kerwin Mathews, Judi Meredith, Torin Thatcher, Walter Burke, Don Beddoe, Barry Kelley.

Sortie salles U.S: 13 Juin 1962

FILMOGRAPHIE: Nathan Juran est un réalisateur, scénariste et directeur artistique américain, né le 1er Septembre 1907 à Bucovine (Roumanie), décédé de mort naturelle le 23 Octobre 2002 à Paolos Verdes Estates (Etats-Unis). 1953: La Légende de l'Epée Magique. 1957: La Chose surgie des Ténèbres. A des Millions de kms de la Terre. Le Cerveau de la Planère Arous. 1958: L'Attaque de la Femme à 50 Pieds. Le 7è Voyage de Sinbad. 1961: Jack, le Tueur de Géants. 1964: Les premiers Hommes dans la lune. 1966: The Deadly Mantis. 1967: Billy the Kid. Les Trompettes de Jéricho. Les Aventuriers de l'Espace. 1969: Land Raiders. 1973: The Boy who Cried Werewolf.


Trois ans après l'immense succès du 7è Voyage de Sinbad, Nathan Juran est à nouveau recruté par le  producteur Edward Small pour entreprendre un conte fantastique dans la plus pure tradition féerique ! D'après un roman d'Orville H. Hampton, Jack le tueur de géants est un film d'aventures haut en couleurs parmi ses traditionnelles créatures monstrueuses uniquement animées en stop motion ! A l'instar de Ray Harryhausen, les responsables des effets spéciaux Howard A. Anderson et Jim Danforth s'inspirent ici de son talent inimitable pour nous façonner une palette de monstres exubérants (un cyclope, un géant à deux têtes, un serpent de mer et un dragon hybride !). L'histoire intelligible est un prétexte pour nous confiner dans un univers de magie et d'aventures. Celle de Jack, modeste fermier, qui réussit in extremis à sauver la princesse Elaine des griffes du sorcier Pendragon et de son monstre géant. Seulement, l'alchimiste doué de pouvoirs maléfiques réussit à nouveau à enlever la jeune femme afin de l'embrigader au sein de son château. Déterminé à la libérer, Jack va user de vaillance et bravoure pour s'opposer à Pendragon épaulé de ses sbires diaboliques ! Sur sa route, notre aventurier rencontrera un viking et un garçonnet, mais aussi un gnome enfermé dans une bouteille. C'est grâce aux prestiges magiques du lutin que Jack va ainsi pouvoir déjouer les maléfices du sorcier lors d'un florilège de revirements rocambolesques.


Si Jack, le tueur de Géants accuse le poids des années par ses effets spéciaux archaïques moins perfectionnistes que ceux de Ray Harryhausen, il n'en demeure pas moins un spectacle aussi exaltant qu'enchanteur propre à émerveiller son public de 7 à 77 ans. Le caractère attachant des personnages, la mesquinerie perfide de Pendragon, sa fantasmagorie attractive (l'apparition du petit monstre dans la boite à musique et la danse qui s'ensuit, le premier combat de Jack contre le Cyclope, les facéties du génie) et son rythme haletant continuent de nous enthousiasmer avec une naïveté attendrissante. A titre nostalgique, l'ancienne génération n'oubliera pas de se remémorer sa toute première projection TV diffusée un mardi soir dans le cadre de l'émission d'Eddie Mitchel: la Dernière séance !


A noter que le film est ressorti plus tard dans une version musicale et qu'il fut interdit de projection en Angleterre durant 7 ans, faute de certaines séquences jugées impressionnantes ! En prime, il écopa à travers le monde d'une interdiction au moins de 13 ans !

06.02.13. 3èx
Bruno Matéï

mardi 5 février 2013

The Bay


                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineheroes.net

de Barry Levinson. 2012. 1h24. Avec Will Rogers, Kristen Connoly, Kether Donohue, Frank Deal, Stephen Kunken, Christopher Denham.

Sortie salles U.S: 2 Novembre 2012. Belgique: 21 Novembre 2012

FILMOGRAPHIEBarry Levinson est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 6 Avril 1942 à Baltimore. 1982: Diner. 1984: Le Meilleur. 1985: Le secret de la Pyramide. 1987: Les Filous. 1987: Good morning Vietnam. 1988: Rain Man. 1990: Avalon. 1991: Bugsy. 1992: Toys. 1994: Jimmy Hollywood. 1994: Harcèlement. 1996: Sleepers. 1997: Des Hommes d'influence. 1998: Sphère. 1999: Liberty Heights. 2000: An Everlasting Piece. 2001: Bandits. 2004: Envy. 2006: Man of the Year. 2008: Panique à Hollywood. 2009: PoliWood (documentaire). 2012: The Bay. Prochainement: Gotti: in the shadow of my father.


Et un de plus ! Profitant du filon éculé du found footage, le réalisateur Barry Levinson s'essaie au concept documenteur avec une efficacité inespérée. Car illustrant avec souci d'authenticité la lente propagation d'un parasite chez les citadins d'une côte balnéaire, The Bay adopte l'unité de temps réel pour mieux nous convaincre du péril progressif. Avec l'appui de données scientifiques énoncés par des chercheurs indécis et l'impuissance des médecins de pouvoir dénicher un vaccin afin de déjouer la pandémie, The Bay provoque fatalement une anxiété extensive chez le spectateur. Sans faire preuve de complaisance, Barry Levinson réussit à provoquer une terreur viscérale par le biais des plaies purulentes figurants sur la peau des victimes contaminées (gestation de pustules, cloques et furoncles nauséeux).  L'aspect gluant du parasite, ressemblant au départ à une larve stéroïde, éclot de prime abord dans le ventre des poissons puis grossit rapidement pour muter en une forme de crustacé isopode (à l'instar de Frissons de Cronenberg !). 


C'est donc par l'eau salée de la baie empoisonnée par les ruissellements agricoles et les excréments de poulet, que les baigneurs vont se transmettre communément la bactérie à une vitesse grand V ! Un parasite se nourrissant d'abord de la langue de ces victimes avant de s'empresser de dévorer la chair humaine de l'intérieur du corps (on peut aussi suggérer les effets carnassiers du virus évoqué dans Cabin Fever). Avec une profusion d'images d'archives plutôt glauques et de reportages chocs retransmis par une journaliste scrupuleuse, The Bay nous entraîne dans un cauchemar catastrophiste dont l'homme impuissant ne peut avoir aucun recours pour enrayer la menace. C'est ce sentiment prégnant de réalisme docu illustrant avec une certaine verdeur l'affluence dégénérative des victimes infectées, agonisants dans d'horribles souffrances, qui nous suscite désarroi mais aussi malaise palpable face à l'imagerie gore déployée, même si la dernière demi-heure s'essouffle un tantinet.


Film d'horreur écolo dénonçant les méfaits pernicieux de la pollution et du nucléaire, tout en suggérant ironiquement le terrorisme biologique, The Bay aurait été une banale série B d'horreur s'il n'eut été conçu sous le principe du Found Footage. S'il se révèle sans surprise et inévitablement répétitif, son efficacité émane de la véracité des faits exposés face à une menace bactériologique épouvantablement délétère. Là où Soderbergh échoua de manière pompeuse à daigner nous terrifier avec son virus MEV-1 dans ContagionBarry Levinson s'en tire honorablement en jouant sans compromis la carte du démonstratif épidermique. Et cela fonctionne plutôt efficacement durant une bonne heure de métrage. 

Dédicace à François Most

*Bruno
16.07.22
05.02.13

GRABBERS. Prix du Public au Festival de Neuchâtel.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site tumblr.com

de John Wright. 2012. Angleterre/Irlande. 1h34. Avec Richard Coyle, Ruth Bradley, Russell Tovey, Lalor Roddy, David Pearse, Bronagh Gallagher

Sortie salles U.S: 23 Janvier 2012. Irlande: 10 Août 2012

Récompense: Prix du Public au Festival du film Fantastique de Neuchatel.

FILMOGRAPHIE: John Wright est un réalisateur et scénariste né le 2 mars 1971 à Belfast, en Irlande du Nord.
2009: Tormented. 2012: Grabbers



Récompensé du Prix du Public à Neuchatel et présenté hors compétition à Gérardmer, le second long métrage de l'irlandais John Wright est une comédie burlesque alliée au monster movie trépidant !
Sur une île côtière de l'Irlande, un poulpe géant et ses nouveaux-nés sèment la terreur parmi les citadins réfugiés à l'intérieur d'un pub. 


A partir d'un argument simpliste particulièrement éculé, le réalisateur novice John Wright réussit à tirer son épingle du jeu par un adroit sens de la dérision et du délire borderline ! L'idée majeure de cette fantaisie bougrement sympathique résulte de la manière dont les citadins vont devoir se prémunir de l'hostilité des poulpes extra-terrestres ! Se nourrissant d'eau et de sang humain, ces créatures venues d'une météorite ont la particularité de régurgiter l'alcool des clients éméchées ! Connaissant cette faille, un flic solitaire et une jeune recrue fraîchement débarquée sur l'île décident d'inviter toute la population au pub du coin afin de les inciter à participer à une beuverie improvisée !  Au départ réticents mais rapidement convaincus que l'alcool coulera gratuitement à volonté, les habitants s'empressent d'accourir vers l'établissement. Seulement, à l'extérieur, les créatures belliqueuses décident d'encercler l'open bar pour s'approvisionner en sang humain ! S'ensuit une multitude de quiproquos pittoresques où les clients atteints d'ébriété vont devoir se défendre d'une manière tantôt vaillante, tantôt erratique, faute du whisky ingurgité ! En dépit de son caractère débridé particulièrement cocasse, cette comédie insuffle notamment une sensibilité candide dans la personnalité affable des habitants irlandais ainsi que dans la romance impartie aux deux policiers, O'Shea et Lisa. Dans celui du flic dépité d'une rupture conjugale, Richard Coyle dégage avec une sympathique bonhomie un tempérament loyal de héros malgré lui. Sa collègue Lisa Nolan, incarnée par la pétillante  Ruth Bradley, véhicule de prime abord un charme innocent pour ensuite imposer une extravagance irrésistible quand la jeune fille se voit contrainte de supporter un taux d'alcool disproportionné ! Son aisance naturelle à se comporter comme une héroïne fantasque provoquant divers risques et catastrophes renforce le côté décalé de l'ambiance alarmiste.


Outre l'efficacité du récit mené sur un rythme soutenu, le soin apporté aux FX numériques, la verve des dialogues et la bonne humeur impartie à chaque protagoniste, John Wright se permet notamment de soigner son décor d'archipel en surplombant la splendeur de sa nature irlandaise ! En résulte une excellente comédie fantaisiste tirant justement son charme attractif par sa simplicité candide !

05.02.13
Bruno Matéï

lundi 4 février 2013

Universal Soldier: Le Jour du Jugement / Universal Soldier: Day of Reckoning

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site partage-ddl.com

de John Hyams. 2012. U.S.A. 1h55. Avec Scott Adkins, Jean Claude Van Damme, Dolph Lundgren, Kristopher Van Varenberg, Andrei Arlovski, Mariah Bonner.

Sortie DTV France: 23 Janvier 2013. Sortie salles U.S: 30 Novembre 2012. Russie et Malaisie: 4 Octobre 2012

FILMOGRAPHIE: John Hyams est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
1997: One dog Day. 2002: The Smashing Machine. 2003: Fight Day (télé-film). 2006: Rank. 2006: Bull Sessions: The Making of Rank. 2009: The Razzle Dazzle. 2009: Universal Soldier: régénération. 2012: Universal Soldier: le jour du jugement. 2012: Dragon Eyes.


Après une sympathique série B matricielle initiée par Roland Emmerich et deux suites mercantiles en demi-teinte (le 3è épisode plus sombre et violent se révélait plus ambitieux que l'antécédent), Universial Soldier: le jour du jugement continue de s'opposer au caractère docile et pittoresque de son modèle. Déjà responsable du 3è volet, John Hyams nous livre ici un film d'action aussi étrange que furibond, déployant à intervalle régulier des séquences homériques d'une barbarie jusqu'au- boutiste ! Ca démarre sec avec un prologue meurtrier d'une rare brutalité pour le massacre d'une famille prise en otage par une bande de malfrats encagoulés. Passage à tabac du père de famille avec le fer d'un tisonnier puis exécutions de la mère et sa fille, sommairement assassinées d'une balle dans la tête ! Passé cette séquence choc particulièrement crapuleuse, on continue dans la même veine cinglante avec l'entrée en scène d'un barbu renfrogné au sein d'un hôtel de passe en rut ! Coups de chevrotine fugaces envoyés sur chacun des clients alors que certaines de leur partenaire vont se retrouver projetées contre les murs par l'impact des balles assénées.


D'une sauvagerie inouïe dans son ultra-violence pourfendeuse et extrêmement spectaculaire dans ses combats chorégraphiés, le long métrage de John Hyams est une série B d'une audace subversive pour illustrer sans concession la quête identitaire d'une ancienne machine à tuer, délibéré à retrouver ses assaillants. Sans faire preuve d'originalité pour son scénario quelque peu décousu (voir parfois aussi expérimental dans les liens télépathiques qu'entretiennent les UniSol), Universal Soldier: le jour du jugement est suffisamment bien troussé et efficace pour prémunir l'intérêt du spectateur, constamment ébranlé par sa puissance épique ! Course poursuite endiablée contre véhicules, baston interminable entre deux antagonistes au sein d'un foyer délabré ou dans l'enceinte d'un commerce sportif et échanges de tirs méthodiques contre un groupe de mercenaires centralisés en camp militaire. Si l'interprétation reste tout juste honorable et que Scott Adkins tente comme il peut d'insuffler une certaine densité dans sa rancune vindicative, Jean Claude Vandamme véhicule une présence glaçante pour endosser l'icone mystique d'un leader aussi mutique qu'impassible. Alors que son fidèle allié campé par le vétéran Dolph Lundgren fait preuve d'un sarcasme mêlé de mépris afin d'intimider ses adversaires.


D'une férocité aussi incongrue que rigoureuse, Universal Soldier: le jour du jugement est une série B effrontée déployant sans répit des séquences homériques à l'impact foudroyant ! Si son scénario indécis et mal structuré l'empêche de dépasser le stade conventionnel du film d'action, son caractère trouble lié à la quête identitaire et au rapport émotif de nos réminiscences survole notamment une certaine réflexion existentielle. A découvrir sans préjugés pour les amateurs  d'action frontale !

04.02.13
Bruno Matéï

mardi 29 janvier 2013

LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE (The Thing from another world)

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de Christian Nyby et Howard Hawks. 1951. U.S.A. 1h27. Avec Margaret Sheridan, Kenneth Tobey, Robert Cornthwaite, Douglas Spencer, James R. Young, Robert Nichols.

Sortie salles France: 14 Décembre 1951. U.S: 6 Avril 1951 / 29 Avril 1951

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Christian Nyby est un monteur et réalisateur américain, né le 1er Septembre 1913 à Los Angeles (Californie), décédé le 17 Septembre 1993 à Temecula.
1951: La Chose d'un autre Monde. 1957: Hell on Devil's Island. 1962: Elfego Baca: Six gun Law. 1965: Furie sur le Nouveau-Mexique. 1965: Operation C.I.A. 1967: First to fight.
Howard Hawks est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 30 Mai 1896 à Goshen dans l'Indiana, décédé le 26 Décembre 1977 à Palm Springs en Californie.
1930: La Patrouille de l'aube. 1932: Scarface. 1933: Après nous le déluge. 1936: Brumes. 1936: Les Chemins de la Gloire. 1938: l'Impossible Monsieur Bébé. 1939: Seuls les anges ont des ailes. 1941: Sergent York. 1944: Le Port de l'Angoisse. 1946: Le Grand Sommeil. 1948: La Rivière Rouge. 1951: La Chose d'un autre Monde. 1952: La Captive aux Yeux clairs. 1952: Chéri, je me sens rajeunir. 1953: Les Hommes préfèrent les Blondes. 1955: La Terre des Pharaons. 1959: Rio Bravo. 1962: Hatari. 1966: El Dorado. 1970: Rio Lobo.


Bien avant The Thing de Carpenter, deux réalisateurs s'étaient appropriés du roman de John W. Campbell, Who Goes There ?, afin d'innover dans l'anticipation alarmiste. Car même si Howard Hawks est crédité au poste de producteur, il aurait été en partie responsable de la réalisation prodiguée à Christian Nyby.

Dans une région polaire de l'arctique, des chercheurs vont établir la stupéfiante découverte d'un vaisseau spatiale échoué sur la banquise. Après l'avoir fait explosé, les hommes ramènent à leur base militaire le corps congelé d'un extra-terrestre. Rapidement, la créature en éveil s'échappe et sème la terreur parmi le groupe. 


Ce qui frappe d'emblée en revoyant ce classique de la science-fiction mâtinée d'épouvante, c'est la modernité de sa mise en scène rigoureuse, filmée à la manière d'un reportage pris sur le vif. D'ailleurs, d'illustres réalisateurs comme Ridley Scott et John Carpenter appliqueront plus tard la même recette pour façonner avec véracité leur terreur diffuse d'une menace extra-terrestre (Alien et bien entendu le démarquage The Thing).
Avec un sens habile du suspense sous-jacent, la Chose d'un autre monde est une formidable machine anxiogène privilégiant l'effet de suggestion avec une belle efficacité. L'originalité de son récit confiné au sein d'un décor hivernal réfrigérant et l'aspect hybride de sa créature végétale (en gros, une carotte vivante se régénérant grâce au sang humain), confronte le spectateur à une menace inédite irrémédiablement fascinante. En prime, la dextérité à laquelle les réalisateurs retardent ses furtives apparitions afin de véhiculer l'angoisse, déploie par intermittence des séquences d'agressions particulièrement cinglantes ! Pour preuve, l'altercation avec la chose prise dans les mailles d'un grand incendie se révèle bougrement impressionnante lorsque le feu a décidé de se propager aux alentours de la pièce cloisonnée, pour intenter notamment à la vie de nos équipiers.
La sobriété d'interprétation allouée à chacun des comédiens renforce largement son aspect documenté auquel l'esprit de cohésion va leur permettre avec courage de se mesurer à la menace singulière. Et pour renforcer le caractère épineux de l'enjeu de survie, un scientifique renfrogné a décidé de bafouer sa discipline hiérarchique pour préserver la survie d'une race inconnue !


Irrésistiblement fascinant et inquiétant, La Chose d'un autre monde n'a en l'occurrence rien perdu de sa rigueur technique d'une réalisation novatrice privilégiant un suspense méthodique. Un modèle du genre étonnamment pragmatique et stimulant ! 

29.01.13. 3èx
Bruno Matéï 


lundi 28 janvier 2013

THE COLLECTION

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site geektyrant.com

de Marcus Dunstan. 2012. U.S.A. 1h22. Avec Josh Stewart, Lee Tergesen, Christopher McDonald, Emma Fitzpatrick, Courtney Lauren Cumming.

Inédit en salles en France. Sortie salles U.S: 30 Novembre 2012

FILMOGRAPHIE: Marcus Dunstan est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 9 Septembre 1975 à Macomb dans l'Illinois.
2009: The Collector
2011: The Collection

Une déclinaison inutile de son modèle. A force de tout miser sur l'efficacité de l'action à grosse dose de surenchère et d'esbroufe, on finit par en être lasser. La faute en incombe un peu aussi au scénario éculé multipliant (comme dans le précédent) les invraisemblances. Quand au final vindicatif, il sombre dans le ridicule, comme la  plupart des vicissitudes allouées aux protagonistes. 

Distrayant au second degré pour les indulgents alors que la nouvelle génération sevrée à Saw applaudira une fois de plus !

P.S: le film ne dure qu'1H10 (non générique compris) !



vendredi 25 janvier 2013

THE MAN FROM EARTH (Jerome Bixby's The Man from Earth). Prix du Meilleur Film à Rhode Island, 2007

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site aeriesguard.com

de Richard Schenkman. 2007. U.S.A. 1h27. Avec David Lee Smith, John Billingsley, Ellen Crawford, William Katt, Annika Peterson, Richard Riehle, Alexis Thorpe.

Sortie dvd et blu-ray en France: 5 Juillet 2011. Sortie salles U.S: 13 Novembre 2007

Récompenses: Premier Prix du Meilleur Film, Grand Prix du Meilleur Scénario au Festival de Rhode Island en Août 2007.

FILMOGRAPHIE: Richard Schenkman est un réalisateur, scénariste et acteur américain, né le 6 Mars 1958 à New-York.
2000: A Diva's Christmas Carol (télé-film)
2006: Muckraker ! (télé-film)
2007: The Man from Earth
2007: And then came Love


Inédit en salles en France mais distribué en dvd et blu-ray, The Man From Earth est le genre de perle rare honteusement occultée mais favorisée par un bouche à oreille particulièrement expansif. Notamment grâce à son téléchargement illégal pratiqué à travers le monde mais approuvé par le réalisateur lui même.
Récit de science-fiction spéculatif sur les origines de l'univers et de la religion, The Man From Earth est un passionnant cours d'histoire et de philosophie inculqué par l'entremise d'un divin (affabulateur ?).

Sur le point de quitter ses amis, un professeur leur confesse qu'il était un homme de Croc- Magnon ayant survécu depuis des millénaires. Au cours des discussions enflammées, ses camarades dubitatifs et intrigués commencent à douter de son état mental. L'un des leurs fait donc appel à un psychologue pour tenter de définir s'il est saint d'esprit, mythomane ou tout simplement dérangé. En prime, au moment où l'un des thèmes abordés se focalise sur le thème religieux, l'homme prétend être Jésus en personne !


Avec des moyens dérisoires essentiellement établis autour d'un huis-clos intime, le réalisateur nous convie à un aparté symbolisé par un oracle venu de nulle part, délibéré à avouer son éthique auprès de ses fidèles amis ! Au fil de ses discussions passionnelles sur l'intérêt de l'existence (en gros, prodiguer tout simplement le Bien !) et de la foi, le film remet en cause nos valeurs spirituelles sur l'idéologie d'un quelconque Dieu, pointe du doigt le fanatisme religieux et théorise sur la fatalité de la réincarnation. Autour de cet entretien passionnant chargé de mystère insondable, le réalisateur met en évidence le rapport philosophique du bouddhisme auquel l'enseignement du christianisme se serait largement inspiré pour exalter l'humanité. Nos grands philosophes, prosélytes et poètes nous auraient alors inventé des paraboles et des mythes extravagants pour mieux nous orienter vers une sagesse mystique.
A travers cette idée improbable qu'un homme de 35 ans aurait survécu depuis plus de 14 000 ans, le réalisateur aborde notamment une réflexion sur le pouvoir de persuasion et d'imagination. Sur notre inévitable curiosité à tenter de déceler la véracité de propos fantaisistes mais aussi d'y croire fermement si le narrateur en question était réellement céleste. Etrange mais irrésistiblement captivant, le discours théorique de John nous énonce finalement que l'homme est destiné à apprendre, aimer son prochain et respecter les lois de la nature. Notamment que le paradis tant idéalisé s'est érigé sur notre terre (la bonté est ici là où elle doit être !), et que nous ne formons peut-être qu'une seule et unique personne, à moins d'être voué à renaître indéfiniment !


La vie de Jésus
Science-fiction cérébrale bourrée de réflexions passionnantes sur les thèmes de l'existence et la religion, la fatalité de la vieillesse et la peur de la mort, The Man From Earth est une allégorie agnostique sur une forme d'incarnation surnaturelle. Avec des moyens minimaliste érigés sur une unité de lieu, Richard Schenkman réalise une oeuvre universelle, originale, studieuse et sensible, culminant son épilogue vers un coup de théâtre particulièrement poignant. Là où l'amour implore de laisser deux amants en étreinte...

Dédicace à O du Moulin
26.01.13
Bruno Matéï

LE LAC DES MORTS-VIVANTS (Zombie Lake)

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site cult-labs.com

de Julian de Laserna (Jésus Franco) et Jean Rollin. 1981. France/Espagne. 1h29. Avec Howard Vernon, Pierre-Marie Escourrou, Anouchka Lesoeur, Antonio Mayans, Nadine Pascal, Youri Radionow, Burt Altman, Gilda Arancio, Marcia Sharif, Yvonne Dany, Jean-René Bleu.

Sortie salles France: 13 Mai 1981

FILMOGRAPHIE: Jean Rollin (Jean Michel Rollin Roth Le Gentil) est un réalisateur, producteur, scénariste et écrivain français, né le 3 novembre 1938 à Neuilly-sur-Seine (Seine), décédé le 15 Décembre 2010. 1958: Les Amours Jaunes. 1961: Ciel de cuivre. 1963: l'Itinéraire marin. 1964: Vivre en Espagne. 1965: Les Pays loin. 1968: Le Viol du Vampire. 1969: La Vampire Nue. 1970: Le Frisson des Vampires. 1971: Requiem pour un vampire. 1973: La Rose de fer. 1973: Jeunes filles impudiques. 1973: Christina chez les morts-vivants (une séquence, non crédité). 1974: Les Démoniaques. 1974: Tout le monde il en a deux. 1975: Lèvres de sang. 1975: Phantasmes. 1976: La Romancière Lubrique. 1976: La comtesse Ixe. 1977: Saute moi dessus. 1977: Hard Penetration. 1977: Vibrations sexuelles. 1977: Positions danoises. 1978: Remplissez moi les trois trous. 1978: Petites pensionnaires impudiques. 1978: Lèvres entrouvertes pour sexes chauds. 1978: Hyperpénétrations. 1978: Les Raisins de la mort. 1978: Discosex. 1979: Fascination. 1979: Gamines en chaleur. 1979: Bouches lascives et pornos. 1979: Pénétrations Vicieuses. 1980: Le Nuit des Traqués. 1981: Fugues mineures. 1981: Le Lac des Morts-vivants (sous le pseudonyme de J. A. Lazer). 1982: Rêves de sexes. 1982: La Morte-vivante. 1983: Sodomanie. 1983: Folies anales. 1984: Les Trottoirs de Bangkok. 1985: Ne prends pas les poulets pour des pigeons. 1985: Emmanuelle 6. 1990: La Griffe d'Horus (TV). 1990: A la poursuite de Barbara. 1991: Perdues dans New-York. 1993: Killing Car. 1994: Le Parfum de Mathilde. 1997: Les 2 Orphelines Vampires. 2002: La Fiancée de Dracula. 2007: La Nuit des Horloges. 2010: Le Masque de la Méduse.


Tourné en partie par Jean Rollin (Jesus Franco aurait pris la poudre d'escampette au bout de 2 jours de tournage !), Le Lac des Morts-vivants est considéré à juste titre comme l'un des nanars les plus affligeants de l'Hexagone (et de la planète entière s'exclameront les goguenards !). Nanti d'un budget de miséricorde, d'acteurs amateuristes (même Howard Vernon semble totalement évasif !) et d'une réalisation godiche, cette production Eurociné transcende sa nullité par un humour involontaire multipliant les bourdes techniques. Maquillage verdâtre des zombies tantôt criard, tantôt désaturé dès qu'ils s'extirpent de l'eau, piscine camouflée en étang de nénuphars et surtout un jeu d'interprétation constitué en grande partie de bovins du 3è âge quand il ne s'agit pas de jolies potiches dénudées filmées sous toutes les coutures !


Le scénario risible est à lui tout seul une farce saugrenue alliant romantisme infantile, horreur académique et parodie troupière ! Dans un petit village des années 50, des zombies nazis autrefois assassinés et noyés par des résistants français s'extirpent d'un lac pour revenir se venger. La cause de leur damnation provient des messes noires invoquées dans les eaux de l'étang sous le règne de l'inquisition médiévale. Débarquée au village, une journaliste enquête auprès du maire pour connaître les origines de la tragédie que la populace prénomme "le lac des maudits". Enfin, pour insuffler une certaine forme de poésie romanesque à l'intrigue, un flash-back nous remémore qu'un des soldats allemands avait eu une relation idyllique avec une femme française, décédée quelques temps après l'accouchement de leur fille. Revenu aujourd'hui d'entre les morts, l'officier décide de rendre visite à sa fille avec une bonhomie virginale !!!


Jamais ennuyeux car tellement andouille dans les chassés croisés imparties entre zombies délavés et victimes ahuries, le Lac des Morts-vivants est notamment privilégié d'une quantité astronomique de dialogues aussi bien grandiloquents qu'hilarants ! A titre d'exemple, je vous laisse lire l'une des répliques les plus mémorables !
Le maire: Seul le grand feu sacré de l'apocalypse pourrait les réduire en cendres et leur donner la paix éternelle !
Katia: Le grand feu sacré de l'apocalypse, le feu auquel je pense n'a rien de sacré vous voyez ! Au contraire, il est moins mystique mais tout aussi efficace que l'apocalypse ! Pas grand chose ne lui résiste, n'hésitez pas utilisez le !
Le maire: Mais, mais, à quoi pensez vous ?
Katia: Au napalm !
Le maire: Merci, merci Katia ! Vous allez sauvez le village de la destruction et moi du désespoir !


On a retrouvé la 7è compagnie !
Panthéon du Z franchouillard où le grand-guignol troupier se dispute à l'érotisme polisson (le club des baskets est entièrement à poil pour aller faire trempette dans la piscine !), le Lac des Morts-vivants est un nanar suprême que tout aficionados se doit d'expérimenter ! Filmé avec une maladresse et un sérieux stoïques, joué par des métayers plus vrais que nature et des nymphettes décomplexées, cette pantalonnade s'alloue même d'un charme formel dans ses paysages bucoliques et dans sa poésie niaise attendrissante. Ajoutez enfin pour agrémenter la fantaisie grand-guignol un score dissonant résolument envoûtant et vous obtenez un épigone d'outre-tombe des Bidasses en Folie !
A noter l'apparition clin d'oeil du regretté Jean Rollin en victime baba !

25.01.13. 3èx
Bruno Matéï


jeudi 24 janvier 2013

SOCIETY

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrordaily.com

de Brian Yuzna. 1989. U.S.A. 1h35. Avec Bill Warlock, Devin Devasquez, Evan Richards, Ben Meyerson, Connie Danese, Ben Slack.

FILMOGRAPHIE: Brian Yuzna est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né en 1949 aux Philippines.
1989: Society. 1990: La Fiancée du Ré-animator. 1990: Silent Night, Deadly Night 4. 1993: Le Retour des morts-vivants 3. 1996: Le Dentiste. 1998: Progeny, l'enfant du futur. 1998: Le Dentiste 2. 2000: Faust. 2003: Beyond Ré-animator. 2004: Rottweiler. 2005: La Malédiction des Profondeurs. 2010: Amphibious 3D.


En 1989, un réalisateur néophyte élabore une série B détonante sortie de nulle part, dépeignant avec une originalité sans égale une caricature au vitriol de la bourgeoisie ricaine de Beverlly Hills. Sous influence d'un épisode de la 4è Dimension ou des délires organiques d'un Cronenberg, Society est une farce caustique à l'humour noir cinglant culminant sa dépravation sexuelle dans une partouze finale paroxystique ! Perturbé par des cauchemars récurrents, un jeune lycéen issu d'une noble famille consulte un psychologue pour tenter de remédier à ses terreurs nocturnes. Alors qu'il accumule les conquêtes féminines, Billy suspecte l'étrange comportement indécent de sa soeur et ses parents. Pour alimenter ces soupçons, un de ses camarades de classe, David, lui fait écouter une étrange cassette audio auquel ses parents semblent s'adonner à des plaisirs incestueux. Le lendemain, le témoin meurt dans un accident de voiture. Série B d'apparence conventionnelle, desservie par une facture télévisuelle à la mise en scène débutante, Society s'élabore finalement en immense farce macabre dans sa métaphore sur le cannibalisme de la haute bourgeoisie. Empreint de dérision et d'érotisme coquin, la première partie nous décrit une jeunesse huppée de la Californie s'adonnant aux traditionnels conflits machistes pour de futiles flirts avec des potiches sexy. Peu à peu, l'atmosphère paisible mais factice de cette petite bourgeoisie va rapidement changer de ton avec l'attitude parano du jeune Billy.



Plongé dans une psychose toujours plus contraignante, le lycéen va peu à peu remarquer l'attitude inconvenante de certains proches de son entourage mais aussi celle de sa propre famille. Certains citadins semblent en effet avoir un penchant fétichiste pour toute déviance sexuelle, alors que la mère bedonnante d'une de ses amies éprouve un penchant obsessionnel pour les mèches de cheveux ! Si Brian Yuzna se révèle en l'occurrence un réalisateur novice peut adroit dans le maniement de sa caméra, il réussit à instaurer un climat d'inquiétude et d'étrangeté d'une manière palpable ! Le comportement versatile ou interlope de certains des antagonistes, la découverte macabre de témoins assassinés et leur résurrection imposée nous assaillent de doutes et de questionnements laissés en suspens. Avec une certaine habileté, le réalisateur réussit donc à nous façonner un long-métrage atypique, gros bordel incongru au cours duquel son point d'orgue orgasmique va arborer une audace visuelle hallucinée ! Ce bouquet final cartoonesque, où des corps dénudés se combinent à d'autres pour pratiquer des échanges sexuels et cannibales, est transcendé par les FX de Screaming Mad George ! Et on peut dire que l'équipe s'en est donné à coeur joie pour nous confectionner des séquences (gluantes) de transformation corporelle encore jamais vues au cinéma ! (les corps se décomposent en masse gélatineuse ou se synthétisent d'une manière destructurée !)


La grande bouffe
Drôlement sardonique, inquiétant et dérangeant, Society s'érige en satire sociale pour illustrer le cynisme de la haute bourgeoisie s'adonnant uniquement aux plaisirs de la chair ! Déployant dans sa dernière partie des effets-spéciaux d'une inventivité ahurissante, cette petite perle incongrue n'a toujours rien perdu de sa verve insolente et de son mystère insoluble. 

*Bruno 
24.01.13
17.09.22

mercredi 23 janvier 2013

Répulsions. Ours d'Argent à Berlin, 1965

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotions.com

de Roman Polanski. 1965. Angleterre. 1h45. Avec Catherine Deneuve, Yvonne Furneaux, John Fraser, Ian Hendry, Helen Fraser, Patrick Wymark.

Sortie salles France: 7 Janvier 1966. Angleterre: Juin 1965

FILMOGRAPHIE: Roman Polanski (né le 18 août 1933 à Paris) est un comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra puis un producteur, scénariste et réalisateur de cinéma franco-polonais.
1962 : Le Couteau dans l'eau , 1965 : Répulsion, 1966 : Cul-de-sac, 1967 : Le Bal des vampires, 1968 : Rosemary’s baby, 1971 : Macbeth, 1972 : Quoi ?, 1974 : Chinatown, 1976 : Le Locataire ,1979 : Tess, 1986 : Pirates, 1988 : Frantic, 1992 : Lunes de fiel ,1994 : La Jeune Fille et la Mort , 1999 : La Neuvième Porte ,2002 : Le Pianiste,2005 : Oliver Twist, 2010 : The Ghost Writer 2011 : Le Dieu du carnage.


Conçu par la production comme un film d'horreur lambda, le néophyte Roman Polanski va transformer son oeuvre de commande en drame psychologique auteurisant. Chargé d'une atmosphère anxiogène, lourde et suffocante, Répulsion relate au compte goutte l'introspection déclinante d'un cas de schizophrénie. En l'occurrence, il s'agit d'une jeune manucure introvertie et taciturne, co-habitant avec sa soeur aînée dans un appartement lugubre. Plongée dans le désarroi de la solitude, Hélène est angoissée à l'idée d'être courtisée par la gente masculine. Alors que sa frangine vit une relation extra-conjugale avec un mari infidèle, la jeune femme est importunée par ses gémissements sexuels durant ses nuits de sommeil. Quand le couple décide de partir en villégiature, Hélène est effrayée à l'idée de rester cloîtrée dans l'appartement. Peu à peu, enclin à diverses hallucinations effrayantes, elle perd pied avec la réalité et sombre dans une folie meurtrière irréversible. De pas sa mise en scène à la fois inventive et ambitieuse, Roman Polanski transcende le portrait fébrile d'une jeune schizophrène avec un souci de réalisme aussi éprouvant que dérangeant. Et ce en y effectuant un travail judicieux sur le son (le tic-tac pondéré du réveil, le bourdonnement des mouches, le viol imaginaire d'Hélène éludé d'une moindre vibration ! ) le réalisateur nous transmet une angoisse diffuse toujours oppressante. 


En prime, l'atmosphère feutrée régie au sein de l'appartement est rehaussée d'une odeur putrescente de lapin avarié, tandis que des cadavres humains fraîchement assassinés vont venir amplifier l'odeur faisandée. Immergé à l'intérieur de l'esprit d'une malade mentale esseulée dans ce logement insalubre, le spectateur témoigne de ses moindres mouvements, ses pensées dérangées, ses visions horrifiées, si bien qu'il redoute ses pulsions incontrôlées ! Sans forcer le trait sur l'hémoglobine, les séquences d'estocades meurtrières impressionnent par leur violence implacable. En cinéaste avisé, Roman Polanski maîtrise ses cadres inquiétants en insufflant une indéniable tension au suspense escompté. A ce titre, le crime du bailleur infligé à coups de rasoir est retardé du comportement erratique d'Hélène pour se révéler ensuite d'une crudité difficilement supportable lorsque la peur se relaxe d'une sauvagerie précipitée. Dans un rôle inattendu, Catherine Deneuve accomplit une performance glaçante pour s'immiscer dans la peau d'une meurtrière avec son regard neutre dénué de raisonnement. Enfoui dans un mutisme aliénant laissant s'extérioriser des hallucinations cauchemardesques (les mains s'extirpant des murs d'un couloir pour l'appréhender, ses viols récurrents avec un vagabond !), le spectateur est plongé dans sa psyché torturé avec une vérité humaine confinant au malaise. Peut-être le rôle de sa vie.


Drame de la solitude illustrant sans concession la pathologie d'une jeune victime refoulée, abandonnée depuis l'enfance par la famille et discréditée d'une société machiste, Répulsion autopsie son portrait avec une véracité éprouvante. Outre la prestation transie d'émoi de Catherine Deneuve, ce chef-d'oeuvre inquiétant est notamment affermi d'une mise en scène innovante, car utilisant avec efficacité le cadre de son espace clos et l'effet de suggestion, non exempte d'éclairs de violence cinglants ! A ne pas mettre entre toutes les mains tant son réalisme demeure aussi malaisant que perturbant.

*Bruno
05.01.23. 4èx
23.01.13. 

RécompenseOurs d'Argent à Berlin, 1965


mardi 22 janvier 2013

YAKUZA (The Yakuza)

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinebel.be

de Sydney Pollack. 1974. U.S.A. 1h52. Avec Robert Mitchum, Brian Keith, Herb Edelman, Richard Jordan, Keiko Kishi, Eiji Okada.

Durée: 123 minutes (Japon), 112 minutes (États-Unis), 107 minutes (Royaume-Uni)

Sortie salles U.S: 19 Mars 1975. Japon: 28 Décembre 1974

FILMOGRAPHIE: Sydney Pollack est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 1er Juillet 1934 à Lafayette, dans l'Indiana (Etats-Unis), mort d'un cancer à Los Angeles le 26 Mai 2008.
1965: The Slender Thread. 1966: Propriété Interdite. 1968: Les Chasseurs de Scalps. 1968: The Swimmer. 1969: Un Château en Enfer. 1969: On Achève bien les chevaux. 1972: Jeremiah Johnson. 1973: Nos plus belles années. 1974: Yakuza. 1975: Les 3 Jours du Condor. 1977: Bobby Deerfield. 1979: Le Cavalier Electrique. 1981: Absence de Malice. 1982: Tootsie. 1985: Out of Africa. 1990: Havana. 1993: La Firme. 1995: Sabrina. 1999: l'Ombre d'un Soupçon. 2005: l'Interprète. 2005: Esquisses de Frank Gehry


Rarement diffusé à la TV et souvent oublié des amateurs de polar, Yakuza fait parti se ses perles rares dont les défaveurs du temps n'ont eu aucune emprise. Les spectateurs qui avaient eu la chance de le découvrir sur petit écran ne manqueront pas de se remémorer avec nostalgie sa fameuse diffusion intervenue un certain mardi soir sur Antenne 2, estampillée du fameux "carré blanc" (faute d'une violence assez démonstrative). Avec la trempe d'un réalisateur aussi confirmé que Sydney Pollack, Yakuza est un superbe polar, dense et nerveux, tirant son originalité sur la culture nippone imposée aux fameux Yakuza. Une organisation du crime aux codes d'honneur et de fraternité bien spécifiques, notamment voués à un sens du sacrifice peu commun (pour éviter la peine de mort, le coupable doit se trancher l'index en guise de repentance). Un entrepreneur corrompu demande à l'un de ses amis, Harry Kilmer, ancien détective, de récupérer sa fille kidnappée au Japon par les membres d'un Yakuza. Harry en profite pour revoir une ancienne amie avec qui il eut une idylle amoureuse, et par la même occasion lui invoque l'aide de son frère. Avec l'entremise de ses équipiers, la tentative d'extraire la fille des membres des Yakuza se transforme en règlements de compte sanglants. 



Réalisé avec rigueur, épuré de décors insolites et rehaussé d'un solide scénario aux rebondissements surprenants, Yakuza est une fascinante incursion au sein de l'univers trouble des fameux Yakuzas. Dominé par l'interprétation notable du vétéran Robert mitchum, louablement secondé par la prestance magnétique du japonais Ken Takakura, cette vendetta familiale redouble d'intensité dramatique dans ces enjeux considérables où vaillance et sens du sacrifice vont être mis à rude épreuve. Autour de cette confrérie mafieuse, le réalisateur nous brode donc une histoire d'amour et d'amitié entachée de contrariété, vis à vis d'un trio d'amants compromis à leur éthique de probité. Unis dans le passé par un lien de solidarité pour la survie d'une jeune femme rescapée de la guerre, Harry Kilmer et son acolyte Ken Tanaka vont être amenés à s'échanger une dîme pour combattre toute une organisation criminelle. Sans cesse défiés au sens du courage et de la bravoure pour un code d'honneur aux règles archaïques, nos combattants vont devoir employer des risques considérables pour prémunir famille et acolytes avant leur dernier baroud d'honneur. A ce titre, les combats de sabre inévitablement imposés à Ken pour défier une armée de Yakuza, avant de pouvoir s'opposer au leader, déploient de furieux accès de violence homériques remarquablement chorégraphiées !


Formidablement tempéré par un savant dosage de suspense, d'émotion et d'action intense, Yakuza est surtout privilégié par sa densité narrative à la dramaturgie fraternelle. Sa fascinante incursion dans l'univers trouble des Yakuzas ne manque pas de nous interpeller avec leur hiérarchie drastique établie dans une discipline marginale. Un classique d'une éclatante modernité !

Dédicace à Franck Gossard
Remerciement au Ciné-club de l'antre !
22.01.13
Bruno Dussart

lundi 21 janvier 2013

BARFLY


                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood80.com

de Barbet Schroeder. 1987. U.S.A. 1h44. Avec Mickey Rourke, Faye Dunaway, Alice Krige, Jack Nance, J.C. Quinn, Frank Stallone.

FILMOGRAPHIE: Barbet Schroeder est un réalisateur et producteur, de nationalité française d'origine suisse, né le 26 Août 1941 à Téhéran (Iran).
1969: More. 1972: La Vallée. 1976: Maîtresse. 1984: Tricheurs. 1987: Barfly. 1990: Le Mystère Von Bulow. 1992: J.F partagerait appartement. 1995: Kiss of Death. 1996: Before and after. 1998: l'Enjeu. 2000: La Vierge des Tueurs. 2002: Calculs Meurtriers. 2007: l'Avocat de la terreur (Documentaire). 2008: Inju, la Bête dans l'ombre. 2009: Mad Men (série TV).


              Définition de Barfly: mouche de bar qu'on pourrait traduire par "Pilier de bistrot"

Echec public lors de sa discrète sortie en salles, Barfly se révèle l'un des films les occultés de la carrière du cinéaste. Inspiré de la véritable vie de l'écrivain Charles Bukowski, le film suit l'errance nocturne d'un couple à la dérive, fréquentant les bars miteux d'un ghetto de Los Angeles.
Drame social sur l'échec professionnel et le fardeau de la solitude, Barfly nous illustre avec une vérité humaine poignante la rencontre marginale de deux écorchés de la vie. L'un est un brillant écrivain n'ayant jamais réussi à percer dans le milieu, l'autre est une chômeuse blasée, lourdement éprouvée par son passé conjugal. Ensemble, ils tentent de former un semblant de couple harmonieux au sein de leur appartement insalubre et fuient leur désespoir en se réfugiant dans l'ivresse de l'alcool. En prenant le choix de daigner réunir deux monstres sacrées du cinéma, on pouvait craindre une oeuvre formatée un brin prétentieuse avec le jeu cabotin de ces illustres comédiens. D'autant plus que l'argument misérabiliste met bien en exergue l'existence sordide d'un couple d'alcoolos sombrant inévitablement dans une déchéance suicidaire.


A contrario, le réalisateur s'en tire admirablement en éludant cette forme de pathos rédouté, tandis que Faye Dunaway et Mickey Rourke imposent leur jeu dépravé avec une vérité humaine inespérée ! En prime, à aucun moment Barbet Schroeder ne prend le parti de les juger. Il nous immerge dans leur vie nocturne avec un réalisme cru (les bastons de rue sont plutôt violentes et sanglantes), une émotion prude (tous les personnages paumés se révèlent attachants dans leur détresse humaine) et un humour parfois pittoresque (les incessants défis physiques que se provoquent Henry et le serveur de bar, Eddie). L'ambiance blafarde des bars malfamés où se côtoient ivrognes, vieillards burinés et femmes esseulées, et celle plus intime, de l'appartement de Wanda, est retranscrite avec un souci d'authenticité. Nous sommes véritablement plongés dans un univers de débauche où l'alcool, les violences conjugales avec le voisinage et les rixes urbaines découlent de leur misère sociale. Avec sa dégaine maladroite de clochard borgne et de bagarreur invétéré, Mickey Rourke incarne un provocateur misanthrope plein d'ironie ainsi qu'une empathie discrètement attendrissante (sa jalousie affectueuse auprès de sa compagne). Sa partenaire Faye Dunaway accorde autant de persuasion pour endosser le rôle vulnérable d'une quinquagénaire trop éprouvée par le poids de son passé sans connaître précisément ce qui l'eut amené à une telle dégénérescence morale. Le film reposant entièrement sur leurs frêles épaules, les deux acteurs parviennent avec sobriété à nous faire oublier leur stature notoire si bien que l'on regrette que le film se clôt brutalement sur un épilogue trivial.


S'il se révèle sans surprise, Barfly est un portrait libertaire poignant et plein d'humilité de deux alcooliques qui auront décidé de tourner le dos à leurs ambitions pour accepter communément leur propre défaite. Rien que pour la présence très attachante des deux comédiens, le film mérite assurément à être réhabilité pour sa démarche intègre et sa modestie émotionnelle, non exempte de savoureux traits d'ironie. 

Un grand merci à Ciné-bis-Art !
21.01.13. 2èx
Bruno Matéï

samedi 19 janvier 2013

DJANGO UNCHAINED

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site prettymuchamazing.com

de Quentin Tarantino. 2012. U.S.A. 2h45. Avec Jamies Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio, Kerry Washington, Samuel L. Jackson, Walton Goggins, Dennis Christopher, James Remar, Laura Cayouette, Don Johnson, Tom Wopat, Quentin Tarantino.

Sortie salles France: 16 Janvier 2013. U.S: 25 Décembre 2012

FILMOGRAPHIE: Quentin (Jérome)Tarantino est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 27 Mars 1963 à Knoxville dans le Tennessee.
1992: Réservoir Dogs. 1994: Pulp Fiction. 1995: Groom Service (segment: The Man from Hollywood). 1997: Jacky Brown. 2003: Kill Bill 1. 2004: Kill Bill 2. 2007: Boulevard de la Mort. 2009: Inglorious Basterds. 2012: Django Unchained.


Après ses 2 derniers films controversés (Boulevard de la Mort / Inglorious Basterds) qui avaient dépité une bonne partie du public, Tarantino s'entreprend cette fois-ci à rendre hommage au western en s'inspirant vaguement du chef-d'oeuvre de Corbucci, Django. En effet, il n'est aucunement question de l'élaboration d'un remake ou d'un plagiat (même si les deux héros partagent comme point commun une rancoeur vindicative en ascension), mais plutôt d'un habile démarquage du western spaghetti. Puisqu'en l'occurrence, Tarantino souhaite mettre en exergue comme argument social le traitement infligé aux esclaves noirs du Sud des Etats-Unis avant la guerre de sécession. D'une durée excessive (mais justifiée !) de plus de 2h45, Django Unchained suit le périple en 1858 d'un chasseur de prime allemand et d'un esclave noir libéré de ses chaines par ce dernier, tous deux compromis à se faire passer pour des acheteurs d'esclaves chez un riche propriétaire. Un subterfuge prémédité afin de libérer la fiancée de Django, exploitée depuis plusieurs années comme femme de ménage par un vieux nègre corrompu, l'acolyte du sadique Clavin J. Candie.


Avec sa traditionnelle virtuosité technique, sa verve inimitable pour les répliques acerbes et son humour noir féroce, Quentin Tarantino semble mieux attentionné à façonner un scénario structuré en prenant soin de peaufiner l'étude caractérielle de ses personnages cyniques. La première heure privilégie un ton léger et pittoresque (le traquenard émis à la confrérie encapuchonnée !), non exempt d'éclairs de violence sarcastique parmi les tâches du Dr King Schültz (Christoph Waltz dans un rôle pondéré à contre-emploi !). Un médecin reconverti en chasseur de prime loyal puisque dévoué à exaucer la vengeance de Django (Jamie Fox, tout en révolte contenue pour sa rancoeur latente). Ensemble, ils vont tenter de retrouver une esclave africaine au sein d'une Amérique raciste réfutant la liberté du peuple noir. La suite des évènements beaucoup plus dense dans l'enjeu imparti à la traite des nègres va prendre une tournure plus grave dès que nos deux compères vont devoir établir une transaction avec l'ignoble Clavin J. Candie (magnifiquement tempéré par l'élégance hautaine d'un Di Caprio vicelard). Ce marchandage financier pour la mise d'un combattant noir va leur permettre d'établir la nouvelle rencontre du sbire sclérosé de Candie, Stephen (Samuel L. Jackson abjecte de putasserie dans la peau d'un vieillard sénile). C'est justement dans sa propriété rurale que la fiancée de Django y demeure parmi l'allégeance d'autres esclaves destinés à labourer le coton. Émaillé d'affrontements psychologiques mesquins et perfides entre chacun des rivaux, d'action cinglante impromptue pour les impacts de balles assénés aux victimes, décuplant de manière singulière l'abondance de jets de sang sur les chairs explosées, Quentin Tarantino n'oublie pas d'exprimer sa plaidoirie anti-raciste en fustigeant le comportement crapuleux de propriétaires blancs dénués d'une moindre vergogne. Certaines tortures ou lynchages infligés aux noirs indisciplinés (l'esclave dévoré vivant par les chiens, la lutte à mort des combattants, la sentence du fouet, Broomhilda séquestrée dans la boite brûlante sous un soleil écrasant !) se révèlent d'une âpreté rigoureuse afin de réveiller la conscience du spectateur, compromis à la xénophobie d'une époque primitive.


Avec Django Enchained, Tarantino continue de déclarer sa flamme à l'amour du cinéma de genre avec toujours autant de verve caustique, d'inventivité audacieuse et d'insolence roublarde. Superbement campé par une armada de comédiens notables (mention spéciale à Samuel L. Jackson, dans un rôle insidieux innommable !) et scandé par une BO entraînante, ce western stimulant n'oublie pas pour autant de rappeler la condition inhumaine infligée à la communauté noire, longtemps martyrisée par une Amérique xénophobe au début du 16è siècle. Enfin, en guise de clin d'oeil, on notera l'apparition du vétéran Franco Nero dans un court passage tout en dérision ! N'en déplaise à ses détracteurs de toujours, Tarantino est revenu plus revigoré et persuasif que jamais !

19.01.13
Bruno Matéï