mercredi 24 juillet 2013

ONLY GOD FORGIVES. Grand Prix au Festival du film de Sydney, 2013.

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site flicksandbits.com

de Nicolas Winding Refn. 2013. France/Danemark. 1h30. Avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya Pansringarm, Tom Burke, Ratha Pohngam, Byron Gibson.

Récompense: Grand Prix au Festival du film de Sydney, 2013.

Sortie salles France: 22 Mai 2013. U.S: 19 Juillet 2013

FILMOGRAPHIE: Nicolas Winding Refn est un scénariste, réalisateur, producteur et acteur danois, né le 29 septembre 1970 à Coppenhague (Danemark).
1996: Pusher. 1999: Bleeder. 2003: Inside Job. 2004: Pusher 2. 2005: Pusher 3. 2008: Marple - Nemesis (télé-film). 2009: Bronson. 2010: Valhalla Rising. 2011: Drive. 2012: Only God Forgives.


Après le succès inattendu Drive et la révélation Ryan GoslingNicolas Winding Refn enchaîne avec Only God Forgives, récompensé du Grand Prix à Sydney. Trip métaphysique quasi expérimental, le réalisateur prend ici le contre-pied de son polar antécédent pour nous livrer un ovni beaucoup moins accessible pour le spectateur lambda peu habitué aux ambiances hermétiques. Car ici, le réalisateur utilise le thème de la vengeance pour fignoler avant tout une mise en scène hyper travaillée dans des décors stylisés et picturaux. A la suite de la mort de son frère, Julian voit débarquer l'arrivée de sa mère lui suppliant d'assassiner le responsable. Cette doléance intransigeante d'une mégère castratrice va être le théâtre d'un règlement de compte sanglant entre Chang, officier de police véreux et Julian, célibataire introverti en quête existentielle. 


Pari audacieux que ce polar obscur noyé dans un rythme languissant mais transcendé par une ambiance envoûtante et des éclairs de violence soudains. Concerto emphatique sur la vengeance expéditive, Only God Forgives bouscule les habitudes du spectateur dans un spectacle onirique de sons et lumières. A l'intonation d'une partition musicale électrisante, les antagonistes ressemblent ici à des fantômes errants se provoquant communément par des regards mutiques puisque les bavardages laconiques laissent souvent place aux coups de sabres pourfendeurs et gunfights assourdissants ! Balade nocturne dans un Bangkok crépusculaire illuminé de néons polychromes où les prostituées ferment les yeux face à la barbarie, Only God Forgives chorégraphie la besogne de meurtriers renfrognés, ne cessant de se provoquer par des exactions vindicatives inutiles. La filiation, la paternité déchue sont ici abordés du point de vue de protagonistes meurtris d'un deuil infantile. En justiciers redresseurs de torts, ils souhaitent établir eux mêmes la sentence meurtrière afin d'apaiser leur rancoeur. Au milieu de cette confrontation sanglante, notre anti-héros Julian va devoir se mesurer à un ange de la vengeance indestructible. Compromis par la dictature tyrannique de sa mère (Kristin Scott Thomas est littéralement transie d'agressivité impassible !) et ayant vécu une enfance douloureuse (il avait préalablement assassiné son propre géniteur dans son pays natal !), Julian va devoir combattre la figure divine d'un ange exterminateur dans une éthique indécise en perte de repères. Car ici, notre gangster est un boxeur novice brisé par la solitude et la démission parentale mais néanmoins épris d'empathie auprès de la candeur des enfants martyrs. 


Sauvage et cruel, monotone et concis mais d'une beauté contemplative ensorcelante, Only God forgives privilégie l'expérience atmosphérique et le lyrisme envoûtant au sein d'une intrigue tortueuse imprimant la quête impossible d'une plénitude et de la repentance. On adhère et on se laisse bercer par la mélodie baroque ou on rejette en bloc cette ambition auteurisante de prôner avant tout une mise en scène prodige. Pour ma perception sensorielle, la balade funeste m'a laissé une trace indélébile dans l'esprit !
24.07.13
Bruno Matéï

mardi 23 juillet 2013

OBLIVION

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site nowhereelse.fr

de Joseph Kosinski. 2013. U.S.A. 2h04. Avec Tom cruise, Morgan Freeman, Olga Kurylenko, Nikolaj Coster-Waldau, Melissa Leo, Andrea Riseborough.

Sorties salles France: 10 Avril 2013. U.S: 12 Avril 2013

FILMOGRAPHIE: Joseph Kosinski est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 3 Mai 1974. 2010: Tron: l'héritage. 2013: Oblivion


Film d'anticipation grand public à la portée mystique universelle (renouer avec l'autonomie du souvenir dans une doctrine d'altruisme et de sentiment), Oblivion est un nouveau spectacle d'une opulence visuelle inédite au sein d'un univers terrestre clairsemé.

Envahie par une espèce extra-terrestre surnommée les "Scavs", la moitié de la terre fut décimée après une guerre nucléaire entre les humains et ces envahisseurs. Depuis, les survivants se sont réfugiés sur la planète Titan sous le contrôle d'un mystérieux ordinateur. 2077. A cause d'une loi interdisant de prémunir les souvenirs, Jack et son alliée Julia ont perdu la mémoire pour être installés dans une station afin de pouvoir surveiller la fiabilité des drones. Des engins volants capables d'extraire de l'eau de mer pour la transformer en énergie chez les humains expatriés sur Titan. Un jour, Jack est témoin du crash d'un vaisseau spatial. A proximité, il découvre parmi des caissons une jeune femme en hibernation au visage familier. Il décide de la ramener dans sa station sans savoir que son destin est subordonné à l'avenir de l'humanité. 


Avec une ambition esthétique singulière, le réalisateur Joseph Kosinski se rattache au soin formel pour authentifier les décors décharnées d'une terre dévastée par une guerre extra-terrestre. Un couple de geôliers se contentent de surveiller du haut de leur station la surface aride de la terre évacuée de toute présence humaine. Cet univers criant de réalisme blafard donne lieu à des décors de désolation de toute beauté, renforcés par les teintes désaturées d'une photographie argentée. En ce qui concerne l'aspect technologique d'une civilisation extra-terrestre, là aussi un soin scrupuleux est préconisé pour façonner des vaisseaux spatiaux circulaires au design immaculé ou encore des drones de combat aussi furtifs que précis dans leur cible ajustée. Avec l'illustre présence de Tom Cruise aux commandes, l'acteur livre avec conviction une présence héroïque pugnace accentuée d'une prise de conscience humaniste en quête identitaire. Si le scénario étroitement lié au clonage (thème emprunté à une métaphore sur la réincarnation) et à la réminiscence (notamment notre rapport affectif au souvenir) avait gagné à être perfectible, il ne manque pas de nous captiver pour sa structure ciselée privilégiant la densité romantique d'un couple en rédemption ainsi que leur responsabilité majeure d'un enjeu imparti à la survie de la Terre. Déployant par intermittence des séquences de combats aériens à couper le souffle, Joseph Kosinski allie aussi une action belliqueuse vers son point d'orgue crucial avant de renouer avec un lyrisme prude militant pour une réflexion spirituelle. Notamment le sens de la bravoure et du sacrifice afin de rendre honneur aux défunts, mais aussi notre dignité à prémunir la vie des futures générations (comment un homme peut-il mieux mourir qu'en affrontant les dangers ! Pour les cendres de ces ancêtres et les temples de ses dieux, déclarait le romain Orathius !).


Vivre et laisser mourir
Avec maîtrise technique et souci formel prégnant, Oblivion privilégie une belle place pour l'émotion lyrique (accord musical au souffle romanesque à l'appui !) avant de s'engager dans la virtuosité de quelques séquences homériques. L'intensité humaine qui émane des personnages conquérants ainsi que sa réflexion formulée à la dévotion des sentiments transcendent aisément l'aspect conformiste de son scénario. Ainsi, on garde en mémoire un spectacle d'une beauté épurée enchanteresse. 

23.07.13
Bruno 

lundi 22 juillet 2013

LA PEUR AU VENTRE (Running Scared)

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Wayne Kramer. 2006. U.S.A. 2h02. Avec Paul Walker, Cameron Bright, Vera Farmiga, Chazz Palminteri, Karel Roden, Johnny Messner, Ivana Milicevic.

Sortie salles France: 1er Mars 2006. 24 Février 2006

FILMOGRAPHIE: Wayne Kramer est un réalisateur, scénariste et monteur sud-africain, né en 1965 en Afrique du Sud.
1992: Blazeland. 2003: Lady Chance. 2006: La Peur au Ventre. 2009: Droit de passage.


Polar hard-boiled mené à un train d'enfer, La Peur au Ventre est un pur divertissement stimulé par une intrigue fertile en rebondissements (un peu trop parfois même) mais qui ne s'embarrasse pas de certaines ficelles grossières durant son cheminement trépidant. Durant un deal de came, une rixe sanglante éclate entre des gangsters et des flics ripoux provoquant la mort d'un des membres de la police. Afin d'éviter la prison et celle de ses alliés, Joey décide de planquer l'arme dans sa cave. Seulement, le camarade de son rejeton réussit à s'en emparer pour tenter de tuer son beau-père tyrannique. Par l'autorité de son leader, Joey ne possède que quelques heures de sursis afin de de retrouver l'arme du crime. 


Avec son prologue pétaradant déployant une chorégraphie d'échanges de tirs sanglants, La Peur au Ventre n'hésite pas à façonner une réalisation stylisée pour mettre en valeur l'esbroufe d'une ultra violence spectaculaire. Méchamment cinglant, ce polar brutal et palpitant véhicule une indéniable efficacité dans sa narration linéaire multipliant des revirements fortuits au creux d'une urbanisation lunaire livrée à la corruption. Si en cours de route, certaines invraisemblances se compromettent dans la facilité (les nombreuses mésaventures que Oleg doit traverser durant sa fugue, la facilité à laquelle Joey réussit à enfiler la blouse et récupérer la balle au sein du service hospitalier) et que son épilogue abuse d'une dramaturgie aussi inutile que simulée, le film n'en demeure pas moins captivant par sa vigueur effrénée . D'autant plus que le rôle principal imparti au bellâtre Paul Walker est un choix concluant puisque l'acteur véhicule une prestance plutôt viscérale dans sa stoïcité à provoquer ces adversaires. Anti-héros érigé sous la bannière du bad boy aux yeux bleux, notre comédien dégage une véritable intensité émotionnelle par son tempérament impétueux déclenchant parfois un héroïsme suicidaire. Dans le rôle de l'épouse maternelle, la charmante Vera Farmiga lui partage la vedette avec sincérité et nous surprend également par son tempérament réactionnaire d'une pulsion expéditive lorsqu'elle décide d'endiguer un couple de pédophiles. Enfin, dans la peau d'un ado maltraité en quête paternelle, le petit Cameron Bright grossit parfois le trait dans ses expressions de stupeur mais s'en tire tout de même honorablement par sa présence photogénique aussi flegme que taciturne.


Revolver
Polar brutal rondement mené par l'adrénaline d'actions intempestives, La Peur au ventre s'impose en excellent divertissement pour mettre en vedette une foule d'antagonistes à l'immoralité sardonique. Sa réalisation inventive (montage assidu et clippesque) et moderne (couleurs saturées, slow motion chorégraphié, séquence inscrite sur pause ou en déchronologie accélérée) ainsi que l'interprétation persuasive de Paul Walker (peut-être son meilleur rôle à l'écran !) nous permettent aussi de faire l'impasse sur quelques facilités fantaisistes. Enfin, à travers l'obsession passionnelle d'un des antagonistes pour son archétype chimérique, on appréciera l'hommage sincère adressé à une légende du western cher à Ford, John Wayne

22.07.13. 2èx
Bruno Matéï

vendredi 19 juillet 2013

7 JOURS A VIVRE (Seven days to live)

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site schyzo-dead-house.purforum.com

de Sebastian Nemman. 2000. Allemagne/Tchecoslovaquie/U.S.A. 1h37. Avec Amanda Plummer, Sean Pertwee, Nick Brimble, Gina Bellmman, Sean Chapman, Eddie Cooper, Amanda Walker.

Sortie salles France: 9 Mai 2001

FILMOGRAPHIE: Sebastian Nemman est un réalisateur et scénariste allemand, né le 21 Juin 1968 à Lüneburg.
2000: 7 Jours à Vivres
2002: Das Jesus Video (télé-film)
2006: Hui Buh - Le Fantôme du château


Série B d'épouvante blindée de références aux classiques du genre (Amityville, Shining, la Maison près du cimetière, l'Au-dela), 7 Jours à Vivre nous refait le coup du couple maudit (ils viennent de perdre leur enfant à la suite d'un incident domestique) parti s'exiler dans une bâtisse bucolique en guise de deuil infantile. Au préalable, un inquiétant prologue nous avait établi la découverte macabre d'une femme ventripotente, retrouvée tuméfiée sur une chaise par ses voisins, alors qu'à proximité, son mari en état de choc s'est avachi sur le coin du salon.
Ca commence fort avec la mort d'un bambin étouffé par une guêpe qui s'était dissimulée dans son petit déjeuner. La séquence éprouvante et réaliste s'exacerbe un peu plus quand le paternel décide d'infliger à son rejeton une trachéotomie en désespoir de cause. C'est après ce décès brutal que le couple décide d'emménager dans une vieille demeure isolée, située à proximité d'un marais. Rapidement, d'étranges évènements ébranlent le quotidien d'Ellen. Sujette à des hallucinations, de mystérieux indices lui révèlent de manière chronologique qu'il ne lui reste que 7 jours à vivre. De son côté, son mari Martin devient de plus en plus irascible et démystifie la paranoïa de son épouse sur la disparition de leur fils. Elle décide alors de consulter un psychologue...


Modestement réalisé, 7 Jours à Vivre n'invente rien avec son pitch éculé lorgnant surtout du côté de Shining (Martin, écrivain en manque d'inspiration, est gagné par une folie incontrôlée !) et des atmosphères chères de Lucio Fulci. Sur ce dernier point, il faut saluer le soin esthétique imparti à sa photo sépia et surtout à son climat gothique imprégné de brume. Avec un évident souci formel, Sebastian Nemman fignole des images macabres d'une beauté picturale afin de renforcer l'aspect inquiétant d'une demeure isolée. L'architecture externe et son cadre naturel nous évoquent instinctivement celle de la Maison près du Cimetière, tandis que la cave nous rappelle l'Au-dela pour son épilogue voué aux fantômes putrides revenus ici d'un marais maudit ! En prime, les interprétations convaincantes d'Amanda Plummer et de Sean Pertwee renforcent une certaine densité psychologique dans leur déveine récursive et leur espoir de solidarité en perdition. Si l'intrigue balisée, non exempt de clichés, nous laisse un sérieux goût de déjà vu, sa structure narrative laisse tout de même planer un certain suspense. Et cela, jusqu'à la frustration de ces 20 dernières minutes plutôt prévisibles nous laissant sur notre faim par la faute d'un dénouement aseptique.


Indubitablement, 7 Jours à vivre ne laissera pas un souvenir impérissable auprès de l'amateur d'horreur à sensations fortes. Néanmoins, et à condition d'être indulgent, le soin accordé à son atmosphère palpable, la qualité de l'interprétation et la beauté de certaines images nous permettent de passer un moment ludique.  

19.07.13. 3èx
Bruno Matéï 

    PACIFIC RIM

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

    de Guillermo Del Toro. 2013. U.S.A. 2h12. Avec Charlie Hunnam, Ron Perlman, Idris Elba, Charlie Day, Burn Gorman, Clifton Collins Jr, Rinko Kikuchi.

    Sortie salles France: 17 Juillet 2013. U.S: 12 Juillet 2013

    FILMOGRAPHIE: Guillermo Del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur américain, né le 9 Octobre 1964 à Guadalajara (Jalisco, Mexique).
    1993: Cronos. 1997: Mimic. 2001: l'Echine du Diable. 2002: Blade 2. 2004: Hellboy. 2006: Le Labyrinthe de Pan. 2008: Hellboy 2. 2013: Pacific Rim.


    Kaiju vs Jaegers
    Oubliez les baudruches clinquantes Transformers et leurs playmobil, Guillermo Del Toro cristalise avec Pacific Rim un rêve de gosse pour des millions de spectateurs. Pur hommage aux Kaijus (films de monstres japonais apparus au cinéma dans les années 50) mais également au mecha (sous genre animé des mangas célébré par Goldorak dans les années 70 !), Pacific Rim transcende avec une virtuosité inédite tout ce qui avait été conçu au préalable dans le gigantisme monstrueux.
    Blockbuster familial conçu pour émerveiller toutes les tranches d'âge, cet affrontement colossal entre
    Jaegers (robot ultra perfectionné que deux homme réussissent à télécommander par leur pensée commune !) et Kaijus nous plonge dans des rixes de destruction massive étourdissantes. Et pour mieux contempler ses altercations titanesques, Guillermo Del Toro filme toutes les séquences de nuit afin de mieux mettre en valeur les armures métalliques de nos robots guerriers et les écailles argentées de monstres protéiformes ! A titre d'exemple prégnant, leur combat survenant dans un Tokyo illuminé de néons flashy nous déploie des séquences démentielles de bastons homériques avec un sens du détail inouï. Car ici l'action fluide nous permet de nous immerger en interne des combats sans l'utilisation d'une caméra erratique (que ce soit au milieu de l'océan ou à l'intérieur de la ville !). Un privilège donc qui va permettre d'exacerber l'action avec une rare intensité émotionnelle .


    Outre la simplicité d'un scénario naïf prétexte aux confrontations pharaoniques (au fond du Pacifique, l'ouverture d'une brèche permet aux Kaijus d'envahir la terre pendant que des robots humanoïdes se préparent à la guerre !), Pacific Rim n'en n'est pas pour autant un épuisant pop-corn movie puisque la première heure prend le temps de nous décrire un univers technologique criant de vérité et de nous établir une complicité avec la caractérisation de nos héros. Que ce soit Raleigh Becket, jeune briscard pugnace mais affaibli par la disparition de son frère durant un combat de labeur, Stacker Pentecost, un colonel drastique au passé glorieux mais souffrant d'une certaine pathologie, et enfin Mako Mori, jeune japonaise pleine de bravoure mais ayant vécu un choc traumatique durant son enfance. En prime, son obscure relation paternelle avec le colonel la contraint de remettre en question sa collaboration avec Raleigh afin de pouvoir partir au front. D'autres seconds protagonistes fort en gueule sont également de la partie pour se mesurer aux Kaijus, tandis qu'un duo de scientifiques fébriles viennent égayer l'aventure de leurs extravagances cérébrales !


    Le choc des Titans
    Festival de pyrotechnie à vous faire décoller la mâchoire, Pacific Rim équivaut à la quintessence de l'actionner bourrin dans sa volonté studieuse de faire rêver son public avec humilité. Vouant son amour immodéré pour ces robots d'acier et ces reptiles hostiles, Guillermo Del Toro concède un gigantesque spectacle populaire prônant les valeurs nobles du courage, de la pugnacité, de la fraternité et du sens du sacrifice, tout en glorifiant l'égalité des sexes et l'unification des peuples.

    19.07.13.
    Bruno Matéï




                                          

    jeudi 18 juillet 2013

    LE JOUR DES MORTS-VIVANTS (Day of the Dead)

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site whatculture.com

    de Georges A. Romero. 1985. U.S.A. 1h43. Avec Lori Cardille, Terry Alexander, Joseph Pilato, Jarlath Conroy, Richard Liberty, Sherman Howard.

    Sortie salles France: 10 Décembre 1986. U.S: 19 Juillet 1985

    Récompenses: Prix d'Interprétation Féminine, Prix des Effets-Spéciaux au Festival du Rex de Paris en 1986.
    Prix Spécial Gore

    FILMOGRAPHIE: Georges Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York.
    1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead. 2011: Deep Red.


    Huit ans après le phénomène planétaire Zombie, Georges A. Romero entreprend de boucler sa trilogie avec le Jour des Morts-vivants. Entouré d'une équipe d'acteurs méconnus et pour mettre en évidence sa touche féministe, il invoque cette fois-ci le rôle principal à une jeune femme stoïque ! Avec l'entremise du spécialiste des effets de maquillage, Tom Savini, et la musique cadencée de John Harrison, Georges Romero nous établi une fois de plus sa vision de l'apocalypse avec une ambition toute aussi spontanée. 

    Dans la grotte d'une base militaire, une poignée de scientifiques et de soldats se chamaillent pour l'avenir de leur survie depuis que les morts ont envahi la terre. 


    C'est en interne d'un huis-clos que le réalisateur s'entreprend de nous embrigader parmi la tyrannie de militaires écervelés et la résignation de scientifiques plus érudits. En abordant à nouveau les thèmes de l'incommunicabilité et de l'individualité, Georges Romero ironise tous azimuts sur la nature humaine quand l'homme égocentrique doit se mesurer à une menace qu'il ne maîtrise pas. Afin de renforcer la densité des enjeux, le Jour des Morts-vivants accorde un peu plus de place à l'étude caractérielle de ses personnages (c'est d'ailleurs ce que certaines critiques de l'époque lui avaient reproché !) que son précédent opus. En adressant notamment un joli portrait de femme, c'est la comédienne novice Lori Cardille (sa 1ère apparition au cinéma !) qui prête son talent pour endosser la dirigeante d'un groupe de scientifiques avec une ténacité virile. Sa tolérance humaniste et sa quête de solidarité pour mieux déjouer la menace des zombies sont loin de contenter le Capitaine Rhodes (plaisamment cabotiné par Joseph Pilato), leader obtus assoiffé de mégalomanie et n'hésitant pas supprimer ses concurrents trop arrogants. En jouant la carte de la dramaturgie et du réalisme, George Romeo met notamment en exergue le portrait fébrile d'un des comparses de Sarah, un latino dépressif incapable de canaliser ses affres et rempli de rancoeur pour la stoïcité de cette dernière. Alors que les zombies sont retenus derrière les grilles du camp militaire, nos deux groupes n'auront de cesse de se chamailler par la faute des exactions scientifiques d'un Dr Frankenstein sur le point d'amadouer le zombie Bub (Sherman Howard livre une prestance apathique inoubliable !). Bien entendu, ce microcosme en perpétuelle divergence va finir par s'entretuer jusqu'à ce que les zombies viennent investir la base après s'être libérés de leur grille. Autant la première heure accordait beaucoup de place aux conflits humains en perdition, son dernier acte va redoubler d'action cinglante et de gore festif quand les zombies auront réussi à se confondre parmi les vivants. 
    Avec une dérision beaucoup plus prononcée que dans Zombie, Le jour des Morts-vivants joue la carte de la satire pour fustiger un pamphlet antimilitariste (tous les bidasses sont d'impayables crétins au QI dérisoire !) contre une science arriviste concurrente de Dieu. Tandis que dehors, les morts-vivants assoiffés de tripailles se préparent à assiéger le terrain ! Sur ce dernier point, on peut dire qu'une fois encore Tom Savini a accompli des miracles pour façonner des effets gores aussi inventifs et spectaculaires que sanglants et jusqu'au-boutiste (un corps est déchiré en deux, une tête se détache de son buste sans implication du hors-champs !). 


    Si le Jour des Morts-Vivants s'avère le plus faible de la trilogie (notamment par la faute d'un budget trop modeste et d'un scénario perfectible), il possède suffisamment d'atouts probants (densité psychologique de personnages attachants, narration captivante émaillée d'idées sardoniques, action cinglante compromise au gore jouissif et score exotique en parfaite harmonie) pour l'assigner au classique du genre. 

    18.07.13. 5èx
    Bruno Matéï 

    mercredi 17 juillet 2013

    QUI VEUT LA PEAU DE ROGER RABBIT (Who Framed Roger Rabbit)

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site movie-bar.com

    de Robert Zemeckis. 1988. U.S.A. 1h43. Avec Bob Hoskins, Christopher Lloyd, Joanna Cassidy, Stubby Kaye, Alan Tilvern, Richard LeParmentier, Joel Silver.

    Sortie salles France: 18 Octobre 1988. U.S: 22 Juin 1988

    FILMOGRAPHIE: Robert Zemeckis est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 14 Mai 1951 à Chicago (Illinois).
    1978: Crazy Day. 1980: La Grosse Magouille. 1984: A la poursuite du diamant vert. 1985: Retour vers le Futur. 1988: Qui veut la peau de Roger Rabbit. 1989: Retour vers le Futur 2. 1990: Retour vers le Futur 3. 1992: La Mort vous va si bien. 1994: Forrest Gump. 1997: Contact. 2000: Apparences. 2000: Seul au monde. 2004: Le Pôle express. 2007: La Légende de Beowulf. 2009: Le Drôle de Noël de Scrooge. 2013: Flight.

    Oscars 1989: meilleurs effets visuels (Ken Ralston, Richard Williams, Edward Jones, George Gibbs), meilleur montage sonore (Charles L. Campbell, Louis L. Edemann), meilleur montage (Arthur Schmidt) et Oscar pour une contribution spéciale (Richard Williams).
    BAFTA Awards 1989: meilleurs effets visuels (Ken Ralston, Richard Williams, Edward Jones, George Gibbs)


    Couronné de 4 oscars un an après sa sortie, Qui veut la peau de Roger Rabbit n'a pas volé ses prestigieuses récompenses tant il continue de nous bluffer par son exploit technique à avoir su allier personnages de chair et d'os et héros d'animation. Avec la nouvelle recrue Roger Rabitt, ce divertissement roublard nous présente un nouveau toon à la spontanéité virevoltante, entouré d'une femme fatale à la sensualité ardente ! Avec sa trame policière située dans l'après guerre des années 40, Robert Zemeckis rend autant hommage au film noir qu'aux dessins animés de notre enfance érigés sous le label de Warner Bros (les fameux Looney Tunes !) et de Walt Disney (on y côtoie Dumbo, Blanche Neige et consorts). En redécouvrant aujourd'hui ce blockbuster familial, nous nous surprenons encore du soin circonspect intenté à la perfection des effets-spéciaux où des protagonistes humains cohabitent parmi la familiarité de personnages d'animation ! Qui veut la peau de Roger Rabbit s'avère d'autant plus bluffant de réalisme dans ses moult péripéties endiablées qu'il réussit à émerveiller le spectateur lambda âgé de 7 à 77 ans.


    Son intrigue charpentée bourrée de revirements fortuits nous propose une véritable énigme policière que doit mener le détective Eddy Valiant (Bob Hoskins, étonnamment flegme et gentiment bougon!) épaulé d'un comparse peu commun, Roger Rabbit. A eux deux, ils forment un duo explosif dans leur tentative de débusquer le meurtrier d'un producteur mais aussi mettre la main sur un mystérieux testament. Durant leur investigation, ils vont devoir se confronter à l'autorité drastique de l'étrange Juge DeMort (Christopher Lloyd, diabolique de mégalomanie hautaine !) accompagné de ses sbires, les Fouines (des toons railleurs particulièrement sardoniques !), communément délibérés à retrouver la trace de Roger Rabbit. En effet, ce dernier se retrouve suspecté de l'assassinat de Marvin Acme, producteur de films d'animation et inventeur ayant eu la veille de sa mort une éventuelle liaison avec Jessica Rabbit !
    Ce pitch hérité d'un roman de Gary K. Wolf (Who censored Roger Rabbit ?) et publié en 1981 est une occasion singulière d'opposer des personnages humains avec une foule de toons novices et notoires ! Avec un sens inventif sans cesse renouvelé (comme cette soudaine plongée dans l'univers urbain des Toons ou l'invention mortelle de la Trempette afin de pouvoir les dissoudre !), Qui veut la peau de Roger Rabit déploie sans modération une prolifération de gags échevelés dans une action ininterrompue (course poursuite en plein centre-ville à bord d'une voiture d'animation, rixes en tous genres entre toons et humains et point d'orgue explosif pourvu d'une révélation inopinée !).


    Parfaitement équilibré par sa drôlerie insolente (mais jamais erratique !) et la tendresse impartie à tous ces protagonistes hybrides (la séquence mélancolique décrivant une Betty Boop passéiste est touchée par la grâce !), Qui veut la peau de Roger Rabbit est un bijou de féerie fantaisiste. 
    Sans jamais surenchérir dans une esbroufe gratuite car au service d'un scénario retors, cet exploit technique insuffle son pouvoir séducteur pour le respect accordé à ses icônes d'animation, alors que Roger Rabbit va imposer son statut d'étoile montante de "Toon Reality" !  

    17.07.13. 3èx
    Bruno Matéï 

      mardi 16 juillet 2013

      CANNIBAL HOLOCAUST

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cultreels.net

      de Ruggero Deodato. 1980. 1h32. Italie/Colombie/Etats-Unis. Avec Robert Kerman, Carl Gabriel Yorke, Francesca Ciardi, Perry Pirkanen, Luca Barbareschi.

      Sortie salles France: 22 Avril 1981. Italie: 7 Février 1980

      FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Ruggero Deodato est un réalisateur italien, né le 7 Mai 1939.
      1977: Le Dernier monde Cannibale. 1979: SOS Concorde. 1980: Cannibal Holocaust. 1980: La Maison au fond du parc. 1983: Les Prédateurs du Futur. 1985: Amazonia, la jungle blanche. 1987: Les Barbarians. 1987: Body Count. 1988: Le Tueur de la pleine lune. 1993: The Washing Machine.


      "Il faut parfois montrer au monde l'enfer pour qu'il se rende compte de son bonheur."
      Classé X dans certains pays et interdit dans une soixantaine, Cannibal Holocaust perdure son pouvoir de réalisme sordide et ne cesse de provoquer chez les spectateurs du monde entier violente aversion et/ou fascination dérangée. Réputé comme l'un des films les plus controversés de l'histoire du cinéma puis saisi dès sa sortie par un magistrat italien pour délit d'obscénité et suspicion de snuff movie, Ruggero Deodato s'est taillé au fil des décennies une réputation de cinéaste scandaleux. Notamment sa culpabilité (assumé) d'avoir osé assassiner face caméra des animaux sauvages. Outre l'aspect impardonnable de s'être complaisamment adonné au snuf animalier (acte qu'il regrette aujourd'hui !), le réalisateur poussera encore le vice lors de son exploitation officielle dans les salles obscures en y suggérant une folle rumeur autour du sort des comédiens principaux. Car exilés hors de l'Italie durant un laps de temps, ces derniers en connivence avec le réalisateur sont parvenus à simuler leur probable disparition à la populace italienne.


      Découvrir aujourd'hui pour la première fois Cannibal Holocaust reste autant une expérience qu'une épreuve traumatisante difficilement digérable. Dans la mesure où Ruggero deodato redouble de provocation putassière afin de retourner les estomacs les plus solides en se jouant de l'illusion de la fiction et de l'authenticité de la réalité. Pour ce faire, par le principe avant-gardiste du Found Footage, le réalisateur jumèle ici des images authentiques de snuf-animaliers par la méthode journalistique de la caméra portée à l'épaule. En priorité lors de sa seconde partie impartie au docu-vérité auquel quatre journalistes avides d'images chocs iront filmer en pleine cambrousse amazonienne une multitude de mises à mort avec un goût du sensationnalisme hyper racoleur. Tant auprès de leurs exactions crapuleuses commises sur une une tortue dépecée ou sur un porcinet abattu au fusil, de leur viol pratiqué sur une indigène ou encore de l'incendie volontaire perpétré dans la hutte des Yacumos. Avec toujours autant de surenchère voyeuriste, ils n'hésiteront pas non plus à filmer la fausse couche d'une indigène et sa lapidation qui s'ensuit, le rituel barbare préalablement invoqué à une femme empalée sur un pieu (anthologie souvent censurée en Vhs), mais aussi le meurtre d'un de leur propre camarade ainsi que le viol en réunion infligé sur la petite amie du cameraman.


      Outre l'aspect inévitablement émétique déversé à cette boucherie primitive (tant auprès du camp des journalistes que de celui des indigènes), Cannibal Holocaust met en exergue une charge corrosive sur notre société dite civilisée si bien qu'ici nos quatre reporters partis en expédition amazonienne se vautrent royalement dans la débauche et l'assassinat dans l'unique but de se divertir parmi l'appât du scoop. Par esprit de mégalomanie et sans une once de vergogne, leurs exactions sont notamment une mesure expéditive afin de prouver à l'étranger primitif qu'en cas de survie, la meilleure déontologie à respecter reste la loi du plus fort. Ainsi, en y juxtaposant les coutumes barbares tolérées par des indigènes cannibales, la mise à mort réelle d'animaux vivants et les plaisirs lubriques et meurtriers de nos quatre lurons civilisés, Ruggero Deodato sème profond malaise et ambiguïté de par son désir de choquer, d'écoeurer à tous prix le spectateur pris en otage par un maelström d'images morbides édifiantes de crudité ! Ainsi, à travers cet alliage de fiction et de réalité, nous sommes donc conditionnés à perdre nos repères avec ce troublant sentiment d'assister à un documentaire où l'illusion est transcendée par son degré d'authenticité ! (combien de spectateurs et vidéophiles de l'époque ont cru assister à un véritable schockumentaire !). Cette aversion viscérale pour la cruauté morbide, le réalisateur y extrait notamment une réflexion sur notre part de voyeurisme, notre curiosité instinctive à daigner observer la mort sous son aspect le plus crapoteux. A la mélodie antinomique d'un score élégiaque inscrit dans la tragédie, il amplifie également avec provocation notre dégoût émotionnel face à notre pulsion animale. La mort et la souffrance faisant parties du rituel, tant auprès d'une sentence vindicative que d'une violence gratuite engendrée par une civilisation moderne.


      Mondo Cane
      De ce chaos primitif émane un grand film malade, viscéralement éprouvant et hyper dérangeant mais au pouvoir de fascination révulsif et à la puissance émotionnelle ardue. Cet amoncellement de barbarie explicitement illustrée tendant à suggérer que nous sommes tous coupables de notre voyeurisme pour oser observer la cruauté de la mort indissociable du monde sauvage qui nous entoure. Que l'on adhère ou que l'on rejette en bloc ce témoignage intolérable, Cannibal Holocaust ne cessera de provoquer violentes polémiques et débats passionnels sur la nature humaine, tant pour le rapport pervers de notre instinct meurtrier que de notre curiosité morbide pour l'imagerie choc.  

      *Bruno
      16.07.13. 5èx



      lundi 15 juillet 2013

      Halloween de Rob Zombie

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site newageamazon.buzznet.com

      de Rob Zombie. 2007. U.S.A. 1h50. Avec Scout Taylor-Compton, Malcolm McDowell, Tyler Mane, Danielle Harris, Kristina Klebe, Daeg Faerch, Brad Dourif, Sheri Moon Zombie, Hanna Hall, Dee Wallace Stone.

      Sortie salles France: 10 Octobre 2007. U.S: 31 Août 2007

      FILMOGRAPHIE: Rob Zombie est un chanteur, musicien et réalisateur américain, né le 12 Janvier 1965 à Haverhill, dans le Massachusetts. 2003: House of 1000 Corpses. 2005: The Devil's Rejects. 2007: Werewolf Women of the S.S. (trailer). 2007: Halloween. 2009: Halloween 2. 2012: The Lords of Salem.


      Deux ans après sa horde sauvage contemporaine (The Devil's Rejects) Rob Zombie s'attelle en 2007 à la conception d'une préquelle/remake du chef-d'oeuvre inoxydable, Halloween. En s'attardant à l'enfance meurtrie de Michael Myers dans sa première partie, Rob Zombie nous transcende le portrait glaçant d'un psychopathe juvénile dénué de conscience et de moralité, faute d'une cellule familiale corrompue. Avec une dose d'ultra violence à la sauvagerie tranchée, le réalisateur adopte une démarche explicite pour illustrer les exactions d'un enfant tueur raillé et molesté, délibéré à passer à l'acte vindicatif (le premier meurtre émis sur son camarade de classe en est une preuve éprouvante !). D'ailleurs, avec sa bouille innocente au regard impassible, on peut saluer le jeu diaphane du jeune Daeg Faerch dans une prestance austère alternant accalmie et éclairs d'agressivité. Son goût fétichiste pour les masques afin de se rejeter son apparence humaine est notamment une idée judicieusement exploitée par le réalisateur. Enfin, pour incarner le Dr Loomis, le rôle attribué au vétéran Malcolm Mc Dowell n'est pas aussi probant que l'icone Donald Pleasance mais il réussit tout de même à insuffler une présence ombrageuse dans sa fonction de psychologue indécis (incapable de décrire la vraie personnalité et les motivations de Michael, il le symbolise donc à l'entité du Mal). 


      A contre courant de l'horreur suggérée par un suspense lattent entrevue dans son modèle originel, cet Halloween 2007 mise sur l'action cuisante et les péripéties échevelées. Sans concession et avec un désir de provoquer le spectateur dans une horreur graphique, Rob Zombie dépoussière le mythe de manière frontale et beaucoup plus réaliste. Si la première partie se révélait toute à fait convaincante après nous avoir illustré l'enfance galvaudée d'un Michael Myers solitaire et perturbé, le second segment retombe dans la convention du remake formaté sans souci de se démarquer de sa narration usuelle. Après s'être échappé de sa cellule, notre tueur devenu adulte, décide de renouer avec les liens familiaux pour la reconquête de sa soeur. On se retrouve alors dans un slasher routinier dépourvu de surprises pour enchaîner les meurtres cinglants à un rythme alerte. A l'instar d'un Vendredi 13 ludique, cette seconde mouture réussit néanmoins à maintenir l'intérêt par la vigueur d'une mise en scène efficace, la posture terrifiante d'un molosse inébranlable et surtout l'impact foudroyant de ces meurtres hardcores. A titre d'originalité, on notera tout de même la démarche louable de Rob Zombie d'avoir modifié une ligne de conduite importante puisqu'en l'occurrence, Michael n'a pas l'ambition d'assassiner sa soeur mais de la préserver sous sa propre garde !


      Impitoyable et vraiment impressionnant dans sa première partie octroyée à la préquelle, Halloween retombe dans la redite dans un second chapitre subordonné au remake. Néanmoins, avec plus ou moins d'efficacité, Rob Zombie réussit avec savoir-faire à trousser des séquences de terreur incisives finissant par emporter l'adhésion. Pour conclure, cet Halloween détonne pour offrir une déclinaison furibonde et insolente du chef-d'oeuvre de Carpenter

      La critique d'Halloween 2: http://brunomatei.blogspot.fr/…/halloween-2-directors-cut.h…

      15.07.13. 2èx
      Bruno Matéï

                                              

      vendredi 12 juillet 2013

      GENERATION SACRIFIEE (DEAD PRESIDENTS)

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site in.com

      de Albert et Allen Hughes. 1995. U.S.A. 2h00. Avec Larenz Tate, Keith David, Chris Tucker, Bokeem Woodbine, Freddy Rodriguez, Rose Jackson, N'Bushe Wright.

      FILMOGRAPHIE: Albert et Allen Hughes sont des frères jumeaux producteurs, scénaristes et réalisateurs américains, né le 1er Avril 1972 à Détroit (Michigan).
      1993: Menace II Society. 1995: Génération Sacrifiée. 1999: American Pimp (doc). 2001: From Hell. 2009: New-York, I love you (un segment d'Allen Hughes). 2009: Le Livre d'Eli. 2013: Broken City (d'Allen Hughes).


      Inédit en salles dans l'hexagone, Génération Sacrifiée avait néanmoins pu bénéficier d'une édition en Dvd quelques années après sa sortie officielle. Un paradoxe d'autant plus regrettable que le premier long-métrage des Hughes Brothers, Menace II Society, eut été salué pour la maîtrise de sa mise en scène et sa peinture abrupte d'une jeunesse afro-américaine en déclin, opposée aux règlements de compte meurtriers entre bandes rivales. En l'occurrence, les frères Hughes traite des conséquences dramatiques de la guerre du Vietnam après que les survivants ont pu rejoindre leur bercail. En particulier, la réinsertion de la communauté noire si dépréciée par leur société que certains n'hésiteront pas à sombrer dans le banditisme ou des mouvements anarchistes afin de tenter de survivre. Outre le portrait émis à une poignée de délinquants fraternels, Génération Sacrifiée s'intéresse au parcours d'Anthony Curtis (Larenz Tate, étonnant d'innocence galvaudée !), jeune garçon de 18 ans délibéré à s'inscrire dans la marine pour occulter ses études de lycée. Après avoir combattu vaillamment durant 4 ans au Vietnam, notre vétéran retrouve son cocon familial dans un quartier défavorisé par le chômage et la drogue. Après avoir été viré de son job de boucher, Anthony décide de planifier l'attaque d'un fourgon avec la complicité de quelques comparses.


      Violent réquisitoire contre la guerre du Vietnam qui eut entraîné la première défaite militaire des Etats-Unis (toute la partie se déroulant au champ de bataille met en exergue la déficience mentale de certains soldats et l'inanité d'un conflit à la stratégie anti-communiste !), Génération Sacrifiée dénonce le traitement infligé aux vétérans afro-américains. Par l'influence d'un mouvement de crise contestataire en ascension (le fameux séminaire des Black Panthers prônant la violence des armes à feu en guise de rébellion !) et par la faute d'un chômage en recrudescence, certains anciens combattants vont donc se compromettre au brigandage afin de subvenir à leur famille. Dans une mise en scène stylisée et incisive, les frères Hughes n'y vont pas avec le dos de la cuillère pour illustrer la descente aux enfers irréversible d'une poignée de délinquants utopistes. Parmi le fiasco d'un braquage sanglant (séquence d'anthologie magnifiquement chorégraphiée !), les réalisateurs dénoncent également les conséquences désastreuses d'une jeunesse révoltée en perdition, largement influencée par l'illusion des drogues et de l'argent facile. Si on présage l'issue inévitable de cette tragique déroute, c'est que la guerre préalablement imposée au Vietnam aura engendré chez certains jeunes fragiles et sans repère une forme d'immoralité. La violence et la haine inculquées au front les ayant avili jusqu'à ce qu'ils reproduisent cette déchéance destructrice au sein de leurs quartiers urbains du Bronx.


      Au rythme d'une pléthore de tubes Soul entraînants, Génération Sacrifiée juxtapose critique sociale d'une Amérique hautaine tournant le dos à leurs anciennes recrues et courant culturel de la Blaxploitation par l'entremise implacable d'une narration nihiliste. De par son ultra violence cinglante et son intensité dramatique, on sort secoué et aigri pour le portrait infligé à sa génération immolée. 

      12.07.13. 3èx
      Bruno Dussart
      Warning ! Le trailer contient beaucoup de spoilers !

                                               

      jeudi 11 juillet 2013

      GUMMO

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposters.2038.net

      de Harmony Korine. 1997. U.S.A. 1h35. Avec Jacob Reynolds, Nick Sutton, Lara Tosh, Jacob Sewell, Darby Dougherty, Chloë Sevigny.

      Sortie salles France: 9 Juin 1999

      FILMOGRAPHIE: Harmony Korine est un réalisateur et scénariste américain, né le 4 Janvier 1973 à Bolinas, Californie.
      1997: Gummo. 1999: Julien Donkey-Boy. 2007: Mister Lonely. 2009: Trash Humpers. 2013: Spring Breakers.


      La célébration des anonymes
      Bien avant l'ovni Spring BreakersHarmony Korine avait débuté en 1997 avec un premier film indépendant sorti dans l'indifférence mais dont le bouche à oreille lui aura tout de même valu d'accéder au rang de film-culte. Tranches de vie d'une poignée de marginaux après qu'une tornade eut dévasté leur petite banlieue, Gummo se livre en expérience humaine où l'hyper réalisme documenté nous déconcerte et nous émeut par ses élans d'onirisme blafard. Sans voyeurisme ni misérabilisme, le réalisateur nous dresse ici le portrait d'une Amérique profonde endeuillée par une catastrophe naturelle mais livrée depuis toujours dans une immense solitude. Ce tableau peu reluisant d'une population livrée au chômage ausculte de façon aléatoire la quotidienneté triviale de petites gens désoeuvrés, déficients ou alcooliques tentant de survivre et tuer l'ennui dans un monde qu'ils ne comprennent pas. S'y côtoient devant notre témoignage et de manière désordonnée, deux adolescents tueurs de chats, une trisomique, un nain africain, une albinos, un travelo, un couple de gay et de lesbiennes, deux soeurs jumelles, deux boxeurs de sang ainsi que la faune éclectique des habitants de Xenia. 


      Avec divers procédés photographiques et une caméra vacillante, Harmony Korine nous pénètre à l'intérieur de cette ville sinistrée avec une véracité perturbante si bien qu'il semble filmer en temps réel l'existence primaire de laissés-pour-compte avec une improvisation gênante. Cette sensation de malaise persistant et cette inévitable empathie que l'on éprouve pour ces quidams névrosés souvent livrés à la déchéance ou la perversité nous remettent en question sur notre situation sociale, le bien-être de notre cocon rassurant et notre éthique à accepter la différence la plus hétérodoxe. Transportés dans un tourbillon de séquences intimes d'une pudeur dérangée (la drague improvisée entre le gay refoulé et le nain timoré) ou d'une violence animale (la table de cuisine réduite en pièces détachées par une famille avinée !), Gummo se positionne en expérience humaine où l'émotion trouble nous accapare avec une acuité poignante. L'aspect amateuriste des comédiens néophytes ou inexpérimentés au langage rustre machinal renforce cet (étrange) sentiment de crudité désespérée où la tendresse se mêle à la colère de la partialité. 


      La monstrueuse parade.
      Avec dignité et sans jamais se moquer de leurs extravagances, Harmony Kroine livre avec Gummo un portrait inoubliable d'une parade de paumés inadaptés sans jamais juger de leurs agissements erratiques. Dérangeant et perturbant mais débordant d'humanité fébrile et de poésie infantile (le garçonnet aux oreilles de lapin traversant le film avec une discrétion aphone), cette errance existentielle nous confronte finalement à leur désillusion de reconnaissance et d'amour.  

      11.07.13. 2èx
      Bruno Matéï