jeudi 22 janvier 2015

INTERSTELLAR

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site flicksandbits.com

de Christopher Nolan. 2014. U.S.A/Angleterre. 2h49. Avec Matthew McConaughey, Anne Hataway, Jessica Chastain, Mackenzie Foy, Ellen Burstyn, Michael Caine, Casey Affleck, Timothée Chalamet, John Lithgow, Wes Bentley, David Gyasi, Matt Damon.

Sortie salles France: 5 Novembre 2014. U.S: 7 Novembre 2014

FILMOGRAPHIE: Christopher Nolan est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 30 Juillet 1970 à Londres en Angleterre.
1998: Following. 2000: Memento. 2002: Insomnia. 2005: Batman Begins. 2006: Le Prestige. 2008:The Dark Knight. 2010: Inception. 2012: The Dark Knight Rises. 2014: Interstellar.


Etablir un point de vue objectif à la sortie de la projo d'Interstellar est pour moi une gageure irréalisable au premier visionnage. De par la complexité d'un scénario trop confus comme de ses nombreux termes scientifiques paraphrasées, l'odyssée de Nolan ne m'a pas empêché de m'étourdir face à ce trip interstellaire plus vrai que nature ! Pour faire bref, l'intrigue retrace l'expédition cosmique d'un groupe d'explorateurs partis en mission afin de sauver l'humanité en pénurie alimentaire et d'oxygène. C'est à dire envisager une évacuation de la terre en confectionnant des vaisseaux spatiaux adéquats pour transporter la population, ou en cas d'échec, préparer une colonisation à partir du développement d'embryons humains. Contraints de s'exiler dans l'espace pour une durée indéterminée, Joseph Cooper doit quitter précipitamment son fils et sa fille inconsolable afin de tenter de trouver une alternative de secours, et sans savoir s'il reverra un jour ses enfants. 


Space-opera extrêmement ambitieux mais aussi abstrait et imbitable qu'un 2001, Interstellar nous fait vivre une expérience cinégénique hors des sentiers battus ! Christopher Nolan manipulant et maîtrisant nos sens émotionnels avec une virtuosité aussi vertigineuse que l'intensité musicale de Hans Zimmer ! Le tour de force technique imparti aux images sidérales d'une planète océan, d'un trou de ver et d'un trou noir nous transcendant également un dépaysement aussi crédible que celui de Gravity d'Alfonso Cuaron. Mais ce qui m'a principalement interpellé durant cette dérive spatio-temporelle où plane l'existence extra-terrestre, c'est sa dimension humaine impartie entre un père et sa fille. Leur brutale séparation étalée sur un nombre infinie d'années, leur tentative de communication à partir de messages audiovisuels envoyés depuis la Terre, et enfin leurs différences d'âge imparties à l'éventuelle retrouvaille laissent en mémoire des séquences intimistes bouleversantes dans leur relation précaire non avare d'aspiration ! Les thèmes de la famille, de l'amour, de la foi, de l'espoir, de l'optimisme étant illustrés avec une sensibilité écorchée vive ! A l'instar du dénouement renversant vécu à mon sens comme l'un des plus beaux moments de cinéma que j'ai pu vivre de mémoire de cinéphile. Déchirant car d'une intensité dramatique éprouvante, Spoiler ! la séquence érigée autour d'une retrouvaille Fin du Spoiler m'a littéralement crevé le coeur par sa puissance humaniste, sa dignité et son sens de loyauté. C'est donc pour moi avant tout une bouleversante histoire d'amour entre un père et une fille que nous relate Nolan avec un humanisme à fleur de peau, et avant que les rebondissements, subterfuges et cliffhanger ne viennent nous plaquer au siège !


D'une richesse thématique universelle dans sa réflexion spirituelle et métaphysique mais aussi dans sa notion temporelle, sa foi en l'optimisme et à l'intelligence de l'être humain, Interstellar n'a pas besoin d'être studieusement analysé pour apprécier le spectacle vertigineux auquel Nolan nous a préparé. Dans une démesure et, à échelle égale, dans la pudeur ! Véritable ode aux sentiments et au sens de la responsabilité, Interstellar s'adressant de prime abord au coeur d'un vibrant témoignage. Celui du fondement familial, du courage et de l'espoir de concrétiser un avenir autrement optimiste par l'intelligence scientifique. Du cinéma sensitif à coeur ouvert, à l'instar de la prestance écorchée du monstre sacré Matthew McConaughey

Bruno Matéï

                                      

mercredi 21 janvier 2015

WILD

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site commeaucinema.com

de Jean-Marc Vallée. 2014. U.S.A. 2h00. Avec Reese Witherspoon, Gaby Hoffmann, Laura Dern, Michiel Huisman, Charles Baker, W. Earl Brown, Kevin Rankin.

Sortie salles France: 14 Janvier 2015. U.S: 5 Décembre 2014

FILMOGRAPHIE: Jean-Marc Vallée est un réalisateur et scénariste américain, né le 9 Mars 1963 au Québec.
1992: Stéréotypes. 1995: Les Fleurs Magiques. 1995: Liste Noire. 1997: Los Locos. 1998: Les Mots Magiques. 1999: Loser Love. 2005: C.R.A.Z.Y. 2009: Victoria: les jeunes années d'une reine. 2011: Café de Flore. 2013: The Dallas Buyers Club. 2014: Wild. 2015: Demolition.


"Le chemin qui mène à la sagesse est long, tortueux et semé d'obstacles".

Un an après l'oscarisé The Dallas Buyers ClubJean-Marc Vallée entreprend d'adapter l'histoire vraie de Cheryl Strayed à travers son périple de 1500 kms de marche à pied. Afin de tolérer le deuil de sa mère subitement éteinte d'un cancer, puis son divorce avec son compagnon, Cheryl décide d'entreprendre un pèlerinage de longue haleine pour évacuer ses démons, ses blessures et peut-être renouer avec une rédemption existentielle. Si le sujet avait déjà été magnifiquement traité dans Into the WildJean-Marc Vallée n'a aucunement l'intention de le plagier dans sa mise en scène personnelle à contre-courant de l'acuité émotionnelle du chef-d'oeuvre de Sean Penn


Le film se réservant un sentiment contenu dans le cheminement moral de l'héroïne vouée à se dépasser pour accéder à la sérénité. Ce qui compte avant tout ici est donc de retranscrire avec vérité et pudeur les états d'âme de cette excursionniste livrée à sa raison d'être au beau milieu d'une nature contemplative, tout en alternant avec les flash-back concis de son passé déchu. Endossée par Reese Whiterspoon, l'actrice porte littéralement le film sur ses frêles épaules dans un jeu de sobriété axée sur l'introspection torturée d'une solitaire hantée par les remords et le fardeau de la douleur. Celle d'avoir accumulé les incidents de parcours, comme ses relations sexuelles multiples ou son addiction pour l'héroïne, faute de son échec sentimental et de sa colère à réfuter l'injustice du deuil. Durant son épreuve semée de rencontres impromptues avec des pèlerins et quidams parfois interlopes, elle tentera de comprendre les aboutissants de ses échecs récursifs dans une initiation identitaire. C'est donc une leçon de vie que nous retrace sans fioriture le cinéaste, les aléas de notre destinée commune auquel le hasard n'a aucune emprise. A travers cette remise en question du point de vue fragile de la femme (notamment sa paranoïa instinctive de se confronter à l'homme suspicieux !) et en se pardonnant à soi même ses erreurs, Wild met notamment en évidence le côté fructueux de nos incertitudes, de nos souffrances et faiblesses intrinsèques pour mieux concrétiser le bonheur !


Le chemin de la destinée
Avec son parti-pris authentique et son émotion toute en retenue, Jean-Marc Vallée illustre sans effets de style l'aventure humaine d'une femme en berne renouant difficilement avec la quiétude dans son cheminement existentiel. Mais envisageant sa vie comme un voyage insaisissable, sauvage et sacrée, et après avoir purgé sa douleur dans une interminable errance solitaire, elle finira par retrouver le salut en s'acceptant telle qu'elle est.  

Bruno Matéï

mardi 20 janvier 2015

LA NUIT DE LA MORT (Les Griffes de la Mort).

                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Vhsdb

de Raphael Delpard. 1980. France. 1h34. Avec isabelle Goguey, Betty Beckers, Charlotte de Turckheim, Georges Lucas, Michel Debrane, Jean-Paul Lilienfeld, Michel Flavius.

FILMOGRAPHIE: Raphael Delpard est un acteur, réalisateur, scénariste, journaliste et écrivain français, né en 1942 à Paris.
1976: Perversions. 1978: Ca va pas la tête. 1979: Le Journal. 1980: La Nuit de la Mort. 1981: Les Bidasses aux grandes manoeuvres. 1982: Le Marionnettiste (télé-film). 1984: Vive le fric ! 1984: Clash. 1998: Les Enfants Cachés (doc). 2009: Les Convois de la Honte.


"C'est un film que l'on a fait avec des bouts de ficelle et des bouts de carton. Il nous a rapporté de l'argent. (...) Il a été vendu aux Etats-Unis, en Allemagne, en Angleterre, en Italie. Tobe Hooper m'a envoyé un télégramme que malheureusement j'ai perdu (nous avions le même diffuseur vidéo) et lorsque je suis allé à Hollywood j'ai été absolument stupéfait de rencontrer des gens qui avaient vu le film et qui me récitaient des répliques entières du film en français, et qui disaient "Ce n'est pas un Français qui a fait ça, il n'y a aucune patte française." C'est très curieux et le film m'a valu une petite renommée. (...) Le film est sorti la même semaine que Shining. C'est ridicule de sortir deux films fantastiques en même temps (...) Le temps a fait que c'est devenu un film culte, au début seuls quelques journalistes et le petit milieu du fantastique ont véritablement apprécié, le public, lui, était indifférent.". Propos du réalisateur recueillis sur le site Nanarland.

Réalisateur touche-à-tout ayant oeuvré à deux reprises dans le domaine du Fantastique, Raphael Delpard est loin d'avoir convaincu les journalistes de l'époque, puisque n'hésitant pas à le discréditer pour ses essais entrepris avec La Nuit de la Mort et Clash. Sorti à la même période que Shining, La Nuit de la mort fut également boudé par le public français, alors qu'aux Etats-Unis il remporte le succès au moment même où Tobe Hooper délégua au cinéaste une lettre d'approbation ! Commercialisé ensuite en location Vhs dans les rayons de nos Vidéos-Club, les amateurs de gore attisés par sa jaquette explicite (on y voyait la tête en lambeaux d'une femme ensanglantée suspendue à un croc de boucher !) s'empressèrent de le louer avant une certaine côte d'appréciation. Film d'horreur franchouillard surfant sur la vague gore des bisseries transalpines, La Nuit de la mort aborde le thème du cannibalisme dans le cadre inquiétant d'une maison de retraite. Alors qu'une nouvelle gouvernante, Martine, vient d'être recrutée par la directrice, les pensionnaires avides de chair et sang frais sont sur le point de sacrifier leur domestique actuelle afin d'accéder à la pérennité ! Inquiète de sa disparition soudaine, Martine commence à suspecter le comportement interlope des vieillards ! 



Série B d'exploitation conçue avec une réelle sincérité de divertir en toute simplicité, La Nuit de la Mort fait presque figure d'ovni dans le paysage français par son esprit foutraque et débridé à illustrer l'orgie dégueulbif de pensionnaires incapables d'accepter le fardeau de la vieillesse. Tour à tour blagueurs, cyniques, mesquins et un brin polissons, ces cannibales du 3è âge s'avèrent l'attraction principale de ce délire macabre n'hésitant pas en 1er acte de surenchérir dans l'horreur vomitive ! Je parle bien évidemment du fameux banquet sanglant auquel nos vieillards sont invités pour dévorer goulûment la tripaille d'une Charlotte de Turckeim éventrée ! Epaulé de maquillages de latex minimalistes, l'effet choc désiré fait son petit effet de répulsion, notamment par la texture d'un sang onctueux et d'organes crus fraîchement arrachés de leurs entrailles ! Passé cette séquence choc, La Nuit de la mort laisse place ensuite au suspense lattent (entre une séance inopinée de flagellation SM !) lorsque la gouvernante Martine tente de déjouer les prochaines pitreries de nos cannibales en jouant l'investigatrice nocturne. Sans jamais céder à l'ennui, cette seconde partie réussit à éveiller l'intérêt dans les chassés-croisés impartis entre les vieillards et notre héroïne toujours plus fouineuse à élucider la vérité. La compagnie attachante des seconds-rôles sclérosés, la posture maladroite de Michel Flavius (en boiteux déficient !) et surtout la vertu sensuelle d'Isabelle Goguey accentuant l'aspect délirant de cette confrérie orgueilleuse en dépit de maladresses et d'incohérences narratives. Enfin, le final bordélique renoue avec l'esprit gore du 1er acte dans une succession de péripéties haletantes autour de la survie de l'héroïne, sans compter deux rebondissements assez bienvenus dans leur facture horriblement mesquine !


Epaulé d'un score dissonant, de décors parfois sinistres ou inquiétants (la chaufferie, la salle insalubre du banquet ou encore les longs couloirs étroits auquel une assemblée de vieillards abordent une marche funèbre), et d'une ambiance malsaine palpable, La Nuit de la mort s'avère l'une des rares réussites franchouillardes dans le domaine peu exploité du gore bisseux. Si l'aspect mineur de la réalisation et le jeu amateur de certains seconds-rôles le rattachent au nanar Z, il n'en demeure pas moins aussi attachant que divertissant, à l'instar de l'apparition impertinente d'une Charlotte de Turckheim mise à nu ! 

Bruno Matéï
2èx

+

lundi 19 janvier 2015

LES RATS DE MANHATTAN (Les Mutants de la 2è Humanité / Rats - Notte di terrore)

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

de Bruno Mattei. 1984. Italie. 1h37. Avec Richard Raymond, Janna Ryan, Alex McBride, Richard Cross.

FILMOGRAPHIE: Bruno Mattei est un réalisateur, monteur et scénariste italien, né le 30 Juillet 1931 à Rome, décédé d'une tumeur au cerveau le 21 Mai 2007 à Rome (Italie).
1980: Virus Cannibale. 1980: L'Autre Enfer. 1982: Caligula et Messaline. 1981: Holocausto Porno. 1982: Les Aventures sexuelles de Néron et de Poppée. 1982: Pénitencier de Femmes. 1983: Révolte au pénitencier de filles. 1984: Les Rats de Manhattan. 1986: Bianco Apache. 1987: Scalps. 1988: Robotwar. 1988: Zombie 3. 1995: Cruel Jaws. 2003: Horror Cannibal 1 et 2. 2007: L'île des Morts-vivants. 2008: Zombie: la création.


Fleuron du Z transalpin moins réputé que son compère Virus Cannibale, les Rats de Manhattan s'avère pourtant beaucoup mieux rythmé et plus drôle dans sa succession de péripéties fantaisistes auquel un groupe de survivants tentent de déjouer la menace de rats meurtriers au sein d'une bicoque abandonnée. Ce pitch d'une simplicité désarmante, cumulant les situations grotesques d'attaques animales, est transcendé par la prestance cabotine de comédiens au comportement particulièrement extravagant dans leurs enjeux de survie et les effets de panique qui s'ensuivent. Que ce soit dans leur performance outrée d'insuffler la terreur face à la menace animale, dans leur cohésion combative mais aussi couarde (un traître est infiltré parmi eux !), dans leur esprit potache de camaraderie ("chui dev'nue toute blanche, euh !") et dans leur patronyme risible ("Chocolat", "Video" et "Lucifer" se disputent le pseudo le plus ringard !), tous les protagonistes semblent évacués d'une bande dessinée vitriolée.


Confiné dans le huis-clos d'une demeure délabrée et souvent filmé dans la pénombre, Bruno Mattei pallie sa carence budgétaire et sa scénographie restreinte par la vigueur d'une réalisation fertile en péripéties, à l'instar des nombreuses agressions sanglantes. D'ailleurs, on remarque bien la marque de fabrique de nos chers italiens à insister sur l'imagerie gore des plaies purulentes ou déchiquetées, entaillées sur les victimes, alors que d'autres effets spéciaux prêtent à sourire dans leur aspect bricolée ! (la tête d'un rat s'évacuant de la bouche d'une victime !). Pas le temps de surveiller le cadran de notre montre donc tant l'aventure affolante laisse toujours place à des rebondissements horrifiques aussi grotesques qu'impayables ! Qui plus est, la mine sympathique des protagonistes militant pour l'esprit de fraternité donne lieu à des moments empathiques hilarants dans leur fonction désoeuvrée ! Émanant d'un pitch d'anticipation surfant sur la vague post-apo de Mad-Max, Les Rats de Manhattan rejoint rapidement le survival horrifique parmi cette offensive de rats exterminant un à un la communauté des laissés-pour-compte. Le problème, c'est que le résultat à l'écran fait risible figure dans la capacité du cinéaste à nous faire croire que les rongeurs, régis en nombre, redoublent d'agressivité auprès des victimes pourchassées, alors qu'ils s'avèrent plutôt aussi inoffensifs et dociles qu'une souris ! Souvent violemment largués sur les comédiens afin de simuler leur vélocité meurtrière, les rats provoquent plus la bonhomie dans leur insouciance à se voir contraint d'ébranler leurs adversaires ! Enfin, et pour parachever, on ne manquera pas de souligner l'incroyable audace du cliffhanger à faire pâlir de jalousie Franklin J. Schaffner ! Un moment de suspense saisi par la stupeur d'une révélation aussi improbable qu'hilarante !


Souligné par l'harmonium lugubre de Luigi Ceccarelli, Les Rats de Manhattan ne manque pas de distiller une ambiance horrifique assez prégnante dans le huis-clos d'une bâtisse poussiéreuse. D'une rare vacuité dans le cheminement de survie de nos protagonistes, l'aventure post-apo ne provoque pourtant jamais l'ennui dans sa succession d'incidents rocambolesques où l'homme, sévèrement malmené, semble encore plus erratique que son oppresseur quadrupède. Un nanar fastueux donc comme seuls les italiens ont le secret, sans doute le meilleur film de son auteur (voir même son plus attachant !), si on épargne l'Autre Enfer !

Bruno Matéï
3èx 



vendredi 16 janvier 2015

Freddy 3, les Griffes du Cauchemar (A Nightmare On Elm Street 3: Dream Warriors)

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site rowsdowr.com

de Chuck Russell. 1987. U.S.A. 1h36. Avec Heather Langenkamp, Craig Wasson, Patricia Arquette, Robert Englund, Ken Sagoes, Rodney Eastman.

Sortie salles France: 17 Juin 1987. U.S: 27 Février 1987

Récompense: Prix de la Critique, Fantasporto, 1988.

FILMOGRAPHIE: Chuck Russel est un réalisateur, producteur, scénariste américain, né le 6 Août 1952 à Highland Park dans l'Illinois (Etats-Unis). 1987: Freddy 3. 1988: Le Blob. 1994: The Mask. 1996: l'Effaceur. 2000: l'Elue. 2002: Le Roi Scorpion. 2014: Arabian Nights.


Troisième volet de la franchise des Freddy, Les Griffes de Cauchemar renoue avec l'originalité du premier opus après une séquelle (bonnard) assez conventionnelle réalisée par Jack Sholder. C'est au débutant Chuck Russel, futur réal du Blob, The Mask et de l'Effaceur, qu'incombe la tâche de prendre la relève, et on peut dire qu'avec une intrigue haletante et le brio d'effets spéciaux réussis, Freddy 3 réussit à divertir avec modeste efficacité. Qui plus est, outre l'aspect cosmétique de la psychologie des jeunes héros, le réalisateur compte tout de même à les humaniser dans leur autonomie fragile à redouter les attaques de Freddy et dans leur pugnacité à relever ensuite le défi pour le combattre communément au sein de leur rêve. On reconnaîtra d'ailleurs l'attachante Patricia Arquette pour sa seconde apparition juvénile à l'écran, et en terme de figuration, la futur star Laurence Fishburne dans celui d'un aide-soignant prévenant. 


Le pitch: Dans un institut psychiatrique, de jeunes patients deviennent les nouveaux souffre-douleur du Boogeyman aux griffes d'acier. Rescapée du premier opus, Nancy Thompson va y apporter son soutien pour les aider à le combattre en communauté. Avec l'aide d'un thérapeute ayant pour mission de retrouver le cadavre de Freddy afin de l'enterrer sous une terre bénite, les étudiants vont de leur côté tenter de l'annihiler en interne de leurs cauchemars. Dès lors, une lutte sans merci s'engage entre nos héros et le tueur, sachant que certains d'entre eux ont la faculté d'extérioriser des pouvoirs surnaturels par le biais du songe ! Une intrigue efficace donc, menée sans temps morts de par son jeu de duperie entre rêves et réalité, son lot de meurtres aussi spectaculaires que redoutablement inventifs, son humour sardonique et enfin son action échevelée conçue à travers la chimère du rêve ! Ce qui donne également lieu à une scénographie onirico-macabre de par la variété des décors baroques et crépusculaires ! Et pour consolider la psychologie torturée du personnage de Freddy, nous en apprenons un peu plus sur ses origines par le biais d'une apparition maternelle divulguant précisément dans quelles conditions sordides son fils bâtard fut enfanté, et donc pour quelle raison il voue une aversion viscérale pour les enfants ! 


Pur divertissement prioritairement bâti sur l'aspect festif d'effets spéciaux aussi remarquables qu'impressionnants, Freddy 3 évite honorablement la surenchère grâce à l'alibi d'un scénario bien construit où les héros persévèrent en bravoure de par leur loyauté solidaire, et ce en dépit du sacrifice de certains d'entre eux (on est d'ailleurs surpris de la tournure dramatique impartie à un personnage essentiel !). Dénué de prétention, Chuck Russel assure donc le quota d'une série B horrifique cartoonesque avec une volonté sincère de livrer un spectacle flamboyant. 

*Bruno
23.10.20. 5èx


jeudi 15 janvier 2015

WHIPLASH

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site imgkid.com

de Damien Chazelle. 2014. U.S.A. 1h46. Avec Miles Teller, J. K. Simmons, Paul Reiser, Melissa Benoist, Austin Stowell, Jayson Blair.

Sortie salles France: 24 Décembre 2014. U.S: 10 Octobre 2014

FILMOGRAPHIE: Damien Chazelle est un réalisateur et scénariste américain, né le 19 Janvier 1985 à Providence (Rhode Island).
2009: Guy and Madeline on a Park Bench. 2013: Whiplash (court-métrage). 2014: Whiplash. 2015: La La Land.


Célébration au jazz et à tous ces néophytes mélomanes rêvant de consécration, Whiplash est une épreuve de force d'une intensité à couper au rasoir ! Pour ces plages musicales les plus incisives afin de parfaire la réussite, celle ordonnée par un chef d'orchestre féru d'élitisme, et pour cette relation masochiste entamée entre ce dernier et un batteur en ascension. Le cinéaste filmant ses compositions musicales à l'instar d'un match de foot ou d'un combat de boxe auquel tous les participants studieux s'affrontent pour déployer le meilleur d'eux mêmes. Rehaussé d'un montage rapide étourdissant de maîtrise géométrique, Whiplash est un véritable uppercut émotionnel pour l'affrontement au sommet imparti entre un jeune musicien avide de notoriété et un professeur tyrannique n'hésitant pas à humilier chacun de ses candidats.


Oubliez donc la simplicité de son intrigue, et pour les réfractaires au Jazz, soyez même rassurés, le film dégageant une telle acuité dans son suspense implacable (Andrew Neiman va t'il accéder au rêve avant que son professeur ne le détruit moralement ?), une telle énergie viscérale dans ce duo au sommet, et une telle immersion musicale dans les sonorités éclectiques des instruments de Jazz, que le plus amateur d'entre nous se surprend à tendre l'oreille la plus prévenante afin d'ausculter le morceau d'anthologie régi de main de fer ! A travers les rapports à couteaux tirés d'un élève et de son maître, et les méthodes despotiques employées par celui-ci, Whiplash nous questionne sur l'abus de pouvoir et la notion d'élitisme (favoriser les élèves les plus talentueux au détriment des plus faillibles, quitte à briser la vie des plus fragiles !), sur la limite séparant la passion de l'obsession, sur le désir du dépassement de soi et la détermination d'accéder à la réussite au risque de se décourager, faute d'un professeur orgueilleux avili par sa dictature. Quelle est à la limite à ne pas franchir lorsque l'esprit est habité par la gagne, quel est le seuil de tolérance à appliquer afin de se prémunir contre l'éventuel échec ? Faut-il également s'infliger le dilemme du choix cornélien lorsque les sentiments amoureux peuvent ternir la concentration et la constance de l'épreuve professionnelle ?


Full Metal Jacket, ou La Rage de Vaincre
Spectacle musical étourdissant de rythme, de rigueur et d'émotions dans son panel de sueurs, de larmes et de sang, Whiplash fait figure d'ovni pour son registre alloué à l'intimité écolière du Jazz. Outre la virtuosité de sa mise en scène scrupuleuse, on est estomaqué par le brio viscéral des acteurs transis de frénésie passionnelle (le novice Miles Teller et le briscard J. K. Simmons se disputant le pouvoir avec un masochisme démesuré !). La tension infernale de leur relation houleuse culminant vers un point d'orgue de rude épreuve ! Un film inoubliable, un moment de cinéma singulier où les sens sensitifs du spectateur sont totalement asservis par l'alchimie du cinéaste ! A couper le souffle !

Bruno Matéï 

Récompenses:
Festival international du film de Calgary 2014 : People's Choice Award
Festival du cinéma américain de Deauville 2014 : sélection en compétition
Grand prix du jury
Prix du public
Festival du grain à démoudre 2014 : prix du public
Festival du film de Mill Valley 2014 : prix du public
Festival du film de Sundance 2014 : sélection « U.S. Dramatic Competition »
Grand prix du jury
Prix du public
Festival international du film de Valladolid 2014 :
Golden Spike du meilleur film
Pilar Miró Award pour Damien Chazelle
American Film Institute Awards 2014 : top 10 des meilleurs films de l'année
Boston Society of Film Critics Awards 2014 :
Meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Meilleure utilisation de musique dans un film
Chicago Film Critics Association Awards 2014 :
Meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Réalisateur le plus prometteur pour Damien Chazelle
Meilleur montage pour Tom Cross
Los Angeles Film Critics Association Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
New York Film Critics Circle Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
New York Film Critics Online Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Toronto Film Critics Association Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Washington D.C. Area Film Critics Association Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
National Society of Film Critics Awards 2015 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons (1re place)
Vancouver Film Critics Circle Awards 2015 :
Meilleur film
Meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Golden Globes 2015 : Meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons

    mercredi 14 janvier 2015

    Darkness

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Jaume Balaguero. 2002. Espagne/U.S.A. 1h42. Avec Anna Paquin, Lena Olin, Iain Glen, Giancarlo Giannini, Fele Martinez.

    Sortie salles France: 18 Juin 2003. Espagne: 3 Octobre 2002. U.S: 25 Décembre 2004

    FILMOGRAPHIE: Jaume Balaguero est un réalisateur et scénariste espagnol d'origine catalane, né le 2 Novembre 1968 à Lérida. 1999: La Secte sans Nom. 2002: Darkness. 2005: Fragile. 2006: A Louer (moyen métrage). 2007: REC (co-réalisé avec Paco Plaza). 2009: REC 2 (co-réalisé avec Paco Plaza). 2011: Malveillance.


    Poème funèbre d'une longue marche des Ténèbres, Darkness est entièrement dédié à la peur irrationnelle du noir, à l'aura de fascination que puisse susciter l'obscurité. Epaulé d'une photo fulgurante et de décors stylisés plutôt baroques, Jaume Balaguero renoue avec l'ambition des grandes histoires de fantômes parmi la force de suggestion. Ainsi, en se réappropriant des codes de la demeure hantée, de la possession et des prophéties antéchristiques héritées de La Malédiction ou de la 7è Prophétie, le cinéaste fait preuve d'originalité et d'audace afin d'agrémenter un dénouement implacable autour du sort des protagonistes.  Le Pitch tournant autour d'une famille désunie par le comportement irascible d'un paternel au passé obscur. Alors que d'étranges phénomènes se produisent dans leur nouvelle demeure sans que les parents n'y prêtent attention, leur fille aînée, Régina, s'inquiète rapidement de leur comportement erratique quand bien même son petit frère est recouvert de stigmates au cou. Peu à peu, Régina et son amant vont tenter de déchiffrer l'identité de la demeure en se rapprochant auprès de l'architecte. C'est à cet instant précis que les évènements dramatiques vont se précipiter au fil de révélations toujours plus effrayantes. 


    Sans esbroufe grand-guignolesque (si on excepte 2/3 apparitions spectrales entrevues au plafond de la bâtisse !), Jaume Balaguero nous concocte ici un puzzle machiavélique autour d'une conjuration de grande ampleur. C'est à dire la consécration des ténèbres sur terre dans son apparence la plus insaisissable et à partir d'un rituel soigneusement planifié. Entièrement dédié à l'obscurité du noir dans sa forme la plus éthérée donc, Darkness distille une ambiance magnétique lorsque qu'une famille américaine devient l'objet d'une liturgie sataniste. Métaphore sur l'influence du Mal et la part d'ombre enfouie en chacun de nous, le film dégage une véritable atmosphère de fascination lorsque les forces du Mal tentent de percer la lumière rédemptrice pour instaurer leur suprématie. Si le film s'avère aussi pénétrant, inquiétant et anxiogène, il le doit également à la caractérisation dépressive de personnages facilement manipulables. A l'exception de la jeune Regina, investigatrice studieuse que l'actrice Anna Paquin endosse avec beaucoup d'humanisme et une incroyable force de caractère au point de voler la vedette à tous ces confrères. C'est aussi la densité d'un scénario habilement charpenté dévoilant peu à peu le venin d'une épouvantable machination où l'enfance maltraitée est portée en sacrifice ! Ce sentiment d'impuissance exercé par nos protagonistes et leur volonté de surpasser la peur du Mal convergeant au point-d'orgue aussi stressant que terrifiant. A l'instar de son épilogue pessimiste jouant sur l'ambiguïté d'une potentielle échappatoire. 


    Hymne au crépuscule du noir et à ses lourds secrets tapis dans l'ombre de notre fragile enfance, Darkness réussit à instaurer un climat d'inquiétude et de mystère subtilement ensorcelants. De par sa puissance de suggestion asservie par la psychologie torturée des personnages et son ambiance aussi lourde qu'oppressante y émane un diamant noir à la réalisation si maîtrisée que les années risquent de le sacraliser classique d'une horreur démoniale somme toute funeste. 

    La critique de la 7è Prophétie: http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-septieme-prophetie-seven…
    La critique de la Malédiction: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/10/la-malediction.html

    *Bruno Matéï
    03.01.22. 4èx. VO

    mardi 13 janvier 2015

    L'ECHINE DU DIABLE (El espinazo del diablo). Prix du Jury, de la Critique Internationale et du Jury jeunes, Gérardmer 2002.

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site bronxscine.wordpress.com

    de Guillermo Del Toro. 2001. Mexique/Espagne. 1h46. Avec Eduardo Noriega, Marisa Paredes, Federico Luppi, Fernando Tielve, Inigo Garcés.

    Sortie salles Espagne: 20 Avril 2001. France: 8 Mai 2002

    FILMOGRAPHIE: Guillermo Del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur américain, né le 9 Octobre 1964 à Guadalajara (Jalisco, Mexique).
    1993: Cronos. 1997: Mimic. 2001: l'Echine du Diable. 2002: Blade 2. 2004: Hellboy. 2006: Le Labyrinthe de Pan. 2008: Hellboy 2. 2013: Pacific Rim.


    "N'oublions pas que nous sommes tous, et avant tout, des êtres déviants et marginaux. On est toujours l'étranger de l'autre." Guillermo Del Toro.

    Pour son 3è long-métrage, et bien avant Le Labyrinthe de Pan, Guillermo Del Toro avait déjà abordé le thème douloureux de l'innocence bafouée par la guerre d'Espagne des années 30. Multi récompensé dans divers festivals, L'Echine du Diable emprunte le genre fantastique pour mettre en exergue un drame psychologique d'une rare dureté dans le traitement infligé aux personnages car sévèrement contrariés par une situation sociale en déclin et d'être ensuite molestés par un facho aussi cupide que fourbe. Sur ce point, on peut saluer la prestance insidieuse du bellâtre Eduardo Noriega endossant de manière viscérale un criminel sans vergogne habité par le Mal. Métaphore du fascisme, Del Toro restitue à travers cet antagoniste l'esprit dictateur de la guerre d'Espagne, celle de la période Franquiste, et le châtiment intenté aux enfants orphelins où les fantômes du passé patientent leur revanche. Alors que Carlos vient de perdre son père, il est envoyé par son tuteur dans l'orphelinat de la directrice Carmen et du docteur Casares. Sur place, il doit faire face aux provocations railleuses de certains camarades et de l'attitude castratrice de Jacinto, un trentenaire exploitant la faiblesse des autres par son aimable apparence. Rapidement, Carlos est désorienté par les visions récurrentes d'un fantôme infantile. Durant son intégration, il va tenter de percer le mystère qui entoure la disparition du jeune Santi avant que la direction ne décide de quitter les lieux, faute d'une guerre civile incontrôlable.


    Sous couvert d'argument surnaturel, Guillermo Del Toro aborde la barbarie de la guerre Franquiste avec une belle singularité dans le cadre ensoleillé d'un orphelinat réduit au confinement. Baignant dans une poésie macabre stylisée pour les apparitions spirituelles de Santi, le film privilégie le suspense lattent autour du sort tragique autrefois intenté à ce bambin martyr. Et de transcender la caractérisation fragile des autres enfants avec une dimension désespérée car apeurés des exactions immorales de Jacinto. Du point de vue des adultes, Del Toro dessine également le portrait torturé d'un couple de sexagénaires discrédités par l'adultère et l'appât du gain, Spoiler ! Carmen s'autorisant au cours de certaines nuits les avances sexuelles de Jacinto. Rongée par le remord de son infidélité, leur relation va finalement éclater au grand jour lorsque son compagnon Casarès décide de quitter les lieux avec les enfants en daignant emporter un trésor de la cause républicaine. Fin du Spoiler. C'est à partir de ce départ précipité que l'intrigue va décupler son intensité dramatique dans les stratégies meurtrières intentées au couple de fuyards, à une jeune gouvernante et aux orphelins. Récit initiatique où les enfants sont confrontés à la dérive criminelle d'un être démoniaque (et non à celui du fantôme revanchard !), ils sont contraints de s'unifier et rétorquer par la légitime violence pour retrouver leur indépendance. Eprouvant par sa violence réaliste car souvent exercée avec une lâcheté intolérable, l'Echine du Diable met donc en relief le désespoir de survivants de la guerre contraints de vivre avec leurs démons intérieurs et de se rebeller contre l'ennemi, alors qu'un enfant martyr veille à concrétiser sa revanche.


    Les fantômes du passé
    Grave, difficile, cruel et éprouvant mais plein de sensibilité pour la dimension déchue de ces protagonistes en perdition, l'Echine du Diable exploite l'argument fantastique avec l'intelligence d'une situation historique de triste mémoire (le spectre d'une guerre) tout en portant humble témoignage à la maltraitance infantile. Un chef-d'oeuvre d'onirisme singulier dont il est difficile d'évacuer sa rigueur émotive.   

    La critique du Labyrinthe de Pan (le): http://brunomatei.blogspot.fr/2013/08/le-labyrinthe-de-pan-el-laberinto-del.html

    Bruno Matéï
    2èx

    Récompenses:
    Festival du film fantastique d'Amsterdam 2002 : Grand Prix d'argent du meilleur film fantastique européen pour Guillermo del Toro
    Festival international du film fantastique de Gérardmer 2002 : Prix du jury, Prix de la critique internationale et Prix du jury jeunes de la région Lorraine
    MTV Movie Awards Latin America 2002 : meilleur mexicain travaillant à l'étranger pour Guillermo del Toro (également nommé pour Blade 2)
    Young Artist Awards 2002 : meilleur jeune acteur dans un film international pour Fernando Tielve

    lundi 12 janvier 2015

    ORCA

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotions.com

    de Michael Anderson. 1977. U.S.A. 1h32. Avec Richard Harris, Charlotte Rampling, Will Sampson, Bo Derek, Keenan Wynn, Robert Carradine.

    Sortie U.S: 22 Juillet 1977. France: 21 Décembre 1977

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Michael Anderson est un réalisateur britannique, né le 30 Janvier 1920 à Londres.
    1949: Private Angelo. 1950: Waterfront. 1956: 1984. 1956: Le Tour du monde en 80 Jours. 1960: Les Jeunes Loups. 1961: La Lame Nue. 1965: Opération Crossbow. 1975: Doc Savage arrive. 1976: L'âge de cristal. 1977: Orca. 1979: Dominique. 1980: Chroniques Martiennes. 1989: Millenium. 2000: Pinocchio et Gepetto. 2008: Tenderloin.


    Comparé à tort comme un ersatz trivial des Dents de la Mer dès sa sortie, Orca n'a pourtant pas la prétention d'émuler le modèle de Spielberg, tant au niveau de son budget beaucoup plus modeste, de l'émotion empathique qu'il procure auprès du monstre marin que de l'intrigue focalisée sur la fonction vindicative entre un homme et un orque. Dans la lignée de Moby Dick, Orca relate l'implacable vengeance d'un épaulard auprès d'un capitaine ayant tué accidentellement une femelle lors d'une chasse en mer. Appâté par le gain d'une juteuse récompense, Nolan s'était mis en tête de capturer l'animal pour l'offrir dans un centre de loisir et ainsi pouvoir hypothéquer son bateau. Seulement, la traque se solde par un grave incident lorsque la femelle décide de se suicider en s'accrochant au moteur du bateau. Après avoir réussi à embarquer à bord l'animal grièvement blessé, un foetus s'en extrait de son estomac ! Témoin de l'horrible scène, le mâle décide d'entamer une vendetta criminelle auprès du capitaine et de ses sbires.


    En dénonçant la cruauté de la chasse et le châtiment exercé auprès des orques lorsqu'ils sont envoyés dans des aquariums pour contenter la clientèle de parcs d'attraction, Michael Anderson prend inévitablement parti pour la cause animale et n'hésite pas à nous ébranler lorsqu'une femelle orque à l'agonie nous dévoile en dernier ressort la vision d'effroi de son bébé mort-né ! Soutenue par la sublime partition élégiaque d'Ennio Morricone et renforcé des hurlements stridents (comparables à ceux des humains) des épaulards en détresse, la première partie provoque une émotion accablée face à leur condition de souffre-douleur de l'homme, quand bien même un orque venait de sauver de la mort un biologiste lors d'une plongée sous-marine. La séquence illustrant ensuite le deuil communautaire du mâle emportant sa défunte sur les flots s'avère le moment le plus bouleversant dans sa poésie mélancolique et crépusculaire où la nature semble également pleurer leur triste fardeau. La seconde partie laisse place au revirement agressif de l'animal lorsqu'il décide d'affronter les membres de l'équipage du capitaine Nolan installés à proximité d'un hameau balnéaire. Hormis le caractère prévisible de ses situations belliqueuses et de la traque qui s'ensuit, Orca réussit avec efficacité à réguler l'intérêt de sa vendetta, notamment parmi la prise de conscience du capitaine Nolan, endossé avec autorité par le vétéran Richard Harris. Totalement impressionné par l'arrogance meurtrière de l'animal et hanté par le remord, car ayant préalablement vécu la même situation de deuil parental (sa femme et son fils ont été sacrifiés lors d'un accident de voiture par la faute d'un chauffard !), Nolan reconnait soudainement en lui ses prétentions d'orgueil, d'hypocrisie, de lâcheté et de cupidité qu'une biologiste militante (Charlotte Rampling, pourvu de son habituel charme vénéneux !) va également rappeler à la tolérance. La dernière partie, haletante et spectaculaire, nous dévoile enfin la traque impitoyable impartie entre nos deux adversaires, sachant que l'orque, seul mammifère au monde capable de tuer par vengeance, s'avère redoutablement finaud et opiniâtre dans sa soif de justice. Malgré son mea-culpa, l'homme s'avère donc ici contraint de combattre l'animal à armes égales et dans un ultime baroud d'honneur !


    Si on aurait préféré à ce que l'intrigue soit plus intense et captivante dans les enjeux de survie et de rébellion et que la réalisation aurait mérité à être un peu plus solide, Orca réussit pourtant à provoquer l'émotion lors de cette traque improbable où, pour le coup, l'animal peut enfin parfaire sa revanche sur l'homme. Un beau film d'aventures, humble et dénué de prétention, émaillé de séquences spectaculaires parfois impressionnantes, et soutenu du score lancinant de Morricone

    Dédicace à Gwendoline Lefaucheur
    Bruno Matéï
    3èx

      vendredi 9 janvier 2015

      LA BALANCE. César du Meilleur Film, 1983.

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site purepeople.com

      de Bob Swaim. 1982. France. 1h42. Avec Nathalie Baye, Philippe Léotard, Richard Berry, Christophe Malavoy, Jean-Paul Comart, Bernard Freyd, Maurice Ronet.

      Sortie salles France: 10 Novembre 1982

      FILMOGRAPHIE: Bob Swaim (Robert Frank Swaim Jr.) est un réalisateur et scénariste français, né le 2 Novembre 1943 à Evanston, Illinois, U.S.A. 1971: L'autoportrait d'un pornographe. 1972: Vive les Jacques. 1977: La Nuit de Saint-Germain des Prés. 1982: La Balance. 1986: Escort Girl. 1988: Mascarade. 1992: L'Atlantide. 1994: Parfum de meurtre (télé-film). 1995: Femme de passions (télé-film). 1998: Le Défi. 2004: Nos amis les flics. 2006: Lumières Noires.


      Pour faire face à la croissance d'une nouvelle criminalité, "sauvage" et plus violente, la police judiciaire crée les Brigades Territoriales, seules unités de la police intégrées dans le tissu urbain de la pègre. Chaque groupe a son propre réseau d'informateurs sans lequel il ne peut pas travailler. L'informateur ou l'indic est appelé par le milieu "la Balance". 

      Gros succès commercial de l'époque, La Balance fut également le grand gagnant des Césars si bien qu'il remporta en 1983 trois récompenses, Meilleur Film, Meilleur Acteur pour Philippe Léotard et Meilleure actrice pour Nathalie Baye. Polar d'action rondement calibré, tant au niveau de son efficace narration dressant le portrait sans concession d'une police insidieuse auprès de ses indics que de l'interprétation solide des stars montantes du cinéma français (Leotard/Baye/Berry), La Balance  s'alloue également d'une mise en scène nerveuse de par sa facture américanisée ! A l'instar de la sanglante fusillade urbaine perpétrée en plein carrefour embouteillé. Natif des U.S.A., on sent bien que Bob Swain daigne dépoussiérer le cinéma français à travers sa réalisation vigoureuse alternant poursuites en voiture (ou à pied) dans les bas-fonds parisiens, règlements de compte sanglants, trafics de drogue et passage à tabac de malfrats à la petite semaine.


      Ainsi donc, en dénonçant les méthodes perfides de la police s'évertuant à faire chanter un indic pour atteindre un plus gros bonnet mafieux, et n'hésitant pas à employer la violence ou falsifier une preuve pour exécuter froidement un malfrat, la Balance s'épanche autant sur la relation singulière d'un macro au grand coeur avec une jeune prostituée. Outre la lâcheté des flicards prêts à faire assassiner un indic pour mieux alpaguer leur cible, le réalisateur s'attarde donc à nous attacher sur la romance impossible entre Dédé et Nicole, couple de paumés pervertis par leur condition marginale mais éperdument amoureux l'un pour l'autre. La grande force du film résidant notamment dans leur complicité humaine fragile, désoeuvrée et torturée lorsqu'ils sont contraints de collaborer avec l'insigne pour dénoncer un complice ou lorsqu'ils doivent endurer séances d'interrogatoire et harcèlement moral. Outre la prestance solide du duo Philippe Leotard (macro besogneux à la gueule de chien battu !), Nathalie Baye (catin enjouée au caractère bien trempé !), les seconds rôles (Richard Berry, Christophe Malavoy, Jean-Paul Comart, Bernard Freyd) ne sont pas en reste pour insuffler spontanément une cohésion solidaire à enrayer un dangereux mafieux (Maurice Ronet taillé dans l'élégance et le sang-froid en caïd renommée !) et son comparse (Tchéky Karyo épris de lâcheté en salop sans vergogne !).


      Passionnant à travers son cheminement narratif en suspens, transgressif auprès de la caractérisation d'une Brigade Territoriale à la morale douteuse, et réaliste de par sa violence parfois brutale et pour la peinture urbaine d'un Paris insalubre, La Balance insuffle surtout une empathie ambiguë pour les amants en perdition en concertation avec des flics mesquins. Et si la chanson du générique liminaire s'avère aujourd'hui inévitablement obsolète, ne vous méprenez pas, La Balance demeure l'un des polars les plus excitants des années 80 ! 

      * Bruno
      3èx

      Récompenses: César du Meilleur Film
      César de la Meilleure Actrice, Nathalie Baye
      César du Meilleur Acteur, Philippe Léotard


        jeudi 8 janvier 2015

        REC. Prix du Public, Prix du Jury, Gérardmer 2008

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

        de Paco Plaza et Jaume Balaguero. 2007. Espagne. 1h15. Avec Manuela Velasco, Pablo Rosso, Ferran Terraza, Jorge Serrano, Javier Botet, Martha Carbonell.

        Sortie salles France: 23 Avril 2008. Espagne: 23 Novembre 2007.

        FILMOGRAPHIE: Paco Plaza est un réalisateur et scénariste espagnol, né en 1973 à Valence (Espagne). 2002: Les Enfants d'Abraham. 2004: L'Enfer des Loups. 2006: Scary Stories. 2007: REC. 2008: REC 2. 2012: REC 3 Genesis. Jaume Balaguero est un réalisateur et scénariste espagnol, né le 2 Novembre 1968 à Lérida (Espagne). 1999: La Secte sans Nom. 2002: Darkness. 2005: Fragile. 2006: Scary Stories (A louer). 2007: REC. 2008: REC 2. 2011: Malveillance. 2014: REC Apocalypse.


        Premier volet d'une quadrilogie très inégale, Rec impressionna sans ambages le public lors de sa sortie, à l'instar de ces prix remportés à Gérardmer et à Catalogne. Car misant beaucoup sur l'effet de surprise des nombreuses agressions erratiques, le film s'édifie en train-fantôme cartoonesque lorsque les survivants d'un immeuble tentent de se protéger contre la menace virale d'individus atteints de cannibalisme. Partant du concept en vogue du Found Footage, Rec emprunte la voie du huis-clos pour insuffler sentiment de claustration et poussée d'adrénaline dans l'enceinte de cet appartement barricadé par les forces de l'ordre.


        La faute incombant au chien d'un propriétaire ramené chez le vétérinaire après avoir contracté une éventuelle rage. Terriblement contagieux, la police décide donc de placer en quarantaine tous les locataires de l'immeuble au moment même où une équipe de pompiers y étaient dépêchés après la plainte d'un résidant. Enfin, un duo de journalistes qui étaient venus réaliser un reportage au siège même des sapeurs-pompiers se retrouve pris au piège parmi eux. A l'aide d'une caméra portée à l'épaule, ils décident de filmer leur condition de survie afin de divulguer aux médias et à la population la situation alarmiste d'une contagion inexpliquée. Ultra réaliste, les deux réalisateurs comptent donc sur le principe du docu-vérité et la persuasion des comédiens en roue libre pour foutre les pétoches et rendre plausible une histoire d'infectés, juste avant de culminer vers un dénouement inopinément sataniste. A cet égard, son point d'orgue filmé en vision infra-rouge réussit à provoquer un sentiment de peur inusité en jouant habilement sur la pénombre d'une pièce ornée de reliques et documents religieux, et ce avant de nous dévoiler l'apparence famélique d'un terrifiant individu. Pourvu d'un humour noir sous-jacent mais aussi d'un ton décalé dans les mouvements de panique, de par les hystéries et paranoïas collectives, les réactions imprévisibles des contaminés furibonds et leurs altercations sanguinaires, Rec exploite à peu de choses près la même recette que son binôme Evil-dead pour divertir le spectateur embarqué dans une délirante montagne russe.


        Très efficace car aussi réaliste que ludique à travers son apanage de péripéties horrifiques et jump-scares impromptus (2 demeurent fulgurants au point de réellement bondir de son siège !), Rec exploite assez habilement son concept de Found Footage autour d'un huis-clos de tous les dangers. L'idée finaude de compromettre thématique virale et possession sataniste apportant également un peu de sang neuf au genre éculé. Mais aussi fun et trépidant qu'il soit, Rec attise finalement plus la réjouissance que la terreur escomptée (si on épargne certains moments chocs impactant et la teneur inquiétante de son dénouement infiniment effrayant à marquer d'une pierre blanche). 

        *Bruno
        29.04.23. 3èx

        Récompenses: Prix du Jury, Prix du jeune public, Prix du Public à Gerardmer, 2008
        Prix du Meilleur Film Fantasporto
        Prix du Public, Prix de la critique, Prix du Meilleur Réalisateur, Prix de la Meilleure Actrice (Manuela Velasco) au Festival du film de Catalogne, 2007