jeudi 3 septembre 2015

CANNIBAL FEROX


d'Umberto Lenzi. 1981. Italie. 1h36. Avec Giovanni Lombardo Radice, Lorraine De Selle, Robert Kerman, Danilo Mattei, Zora Kerova, Walter Lucchini.

Sortie salles France: 16 Juin 1982. Italie: 24 Avril 1981. Interdit aux - de 18 ans lors de sa sortie en salles.

FILMOGRAPHIE: Umberto Lenzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Aout 1931 à Massa Marittima, dans la province de Grosseto en Toscane (Italie).
1962: Le Triomphe de Robin des Bois, 1963: Maciste contre Zorro, Sandokan, le Tigre de Bornéo, 1964: Les Pirates de Malaisie, 1966: Kriminal, 1967: Les Chiens Verts du Désert, 1968: Gringo joue et gagne, 1969: La Légion des Damnés, Si douces, si perverses, 1970: Paranoia, 1972: Le Tueur à l'orchidée, 1972: Au pays de l'Exorcisme, 1973: La Guerre des Gangs, 1974: Spasmo, La Rançon de la Peur, 1975: Bracelets de Sang, 1976: Brigade Spéciale, Opération Casseurs, La Mort en Sursis, 1977: Le Cynique, l'infâme et le violent, 1978: Echec au gang, 1980: La Secte des Cannibales, l'Avion de l'Apocalypse, 1981: Cannibal Ferox, 1983: Iron Master, la guerre du fer, 1988: Nightmare Beach, la Maison du Cauchemar, 1991: Démons 3, 1996: Sarayevo inferno di fuoco.


Pur produit d'exploitation typiquement transalpin, Cannibal Ferox surfe sur le succès du scandaleux Cannibal Holocaust un an après que le classique de Deodato eut éclaboussé les écrans dans des versions tronquées. Réalisé par Umberto Lenzi qui fut l'initiateur du genre en 1972 avec Au pays de l'Exorcisme, Cannibal Ferox fut interdit dès sa sortie dans 31 pays en raison de son extrême violence et de ces séquences snufs animalières (honteusement) familières au sous-genre. Si la plupart des films de cannibales avait déjà provoqué un tollé de réprobation de la part du public et des défenseurs de la cause animale, Cannibal Ferox continue de se complaire dans la mise à mort réelle d'animaux avec une gratuité triviale. En dehors du dégoût viscéral que provoque inévitablement ses châtiments cruels pris sur le vif, le film parvient tout de même à nous "distraire" dans son format de série B/Z exploitant avec une certaine efficacité l'aventures et l'horreur crapoteuse par le biais d'une intrigue fertile en péripéties. 


En gros, une équipe d'étudiants en anthropologie préparant une thèse sur la cannibalisme décident de se rendre en Amazonie afin de prouver que cette pratique indigène n'était qu'une légende. Durant leur périple, ils font la rencontre de deux trafiquants de drogue délibérés à retrouver des émeraudes au fin de fond de la jungle. Parmi ce duo suspicieux, le leader cocaïnomane s'avère un psychopathe sans vergogne multipliant les intimidations meurtrières auprès d'une tribu autochtone. Si cette intrigue conventionnelle n'accorde aucune surprise quant au cheminement de survie des protagonistes fatalement pourchassés par des indigènes revanchards depuis leurs sauvages exactions, Cannibal Ferox puise son intérêt dans le dépaysement de sa scénographie végétative au rythme de scènes de poursuites et de fugue que nos protagonistes doivent encourir afin de rester en vie. On peut aussi relever l'ironie finale du réalisateur à mettre en appui l'hypocrisie de l'anthropologie lorsque l'unique survivante primée d'un diplôme de docteur à l'université de New-York est contrainte de feindre à ses professeurs que le cannibalisme n'était qu'un mythe ! Mais le clou du spectacle, si escompté, se révèle bien entendu les moments gores de mises à mort cruelles intentées sur les êtres humains. Les multiples sévices infligés sur les indigènes et (anti)héros s'avérant assez impressionnants de réalisme grâce à l'habileté du montage et des maquillages élaborés par Giuseppe Ferranti. A l'instar des seins d'une jeune femme suspendus par des crochets, de l'émasculation suivie d'un scalp (en gros plan) d'un prisonnier et de l'énucléation d'un indigène sans défense ! Si la plupart des acteurs cabotins offre le minimum syndical pour leur prestance superficielle d'expéditeurs apeurés, Giovanni Lombardo Radice parvient à s'extraire du lot pour son rôle erratique de tortionnaire pervers (à la moindre occasion il n'hésite pas à parfaire ses délires morbides tout en influençant l'une de ses proches !) prêt à trahir les siens afin de s'extraire de l'enfer vert ! 


Dénué de suspense et d'intensité pour les enjeux de survie et la fonction alimentaire des personnages, notamment faute d'un scénario éculé inspiré de Cannibal Holocaust, Cannibal Ferox fait aujourd'hui office de curiosité Bis par son aspect attachant de film d'aventures horrifiques mené sur un rythme soutenu. Du Grindhouse transalpin de (bon) mauvais goût sauvé par l'audace de son ambiance malsaine où des marginaux peu recommandable vont finalement servir de dîner anthropophage parmi des séquences mémorables de châtiment rustre.    

La Chronique de Cannibal Holocaust: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/07/cannibal-holocaust.html

Bruno Matéï
3èx 


mercredi 2 septembre 2015

THE AGE OF ADALINE

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site lajupettedejeannette.com

de Lee Toland Krieger. 2015. U.S.A. 1h55. Avec Blake Lively, Michiel Huisman, Kathy Baker, Harrison Ford, Ellen Burstyn, Amanda Crew, Richard Harmon, Mark Ghanimé.

Sortie salles France: 22 Mai 2015 en video. U.S: 24 Avril 2015

FILMOGRAPHIE: Lee Toland Krieger est un scénariste et réalisateur américain.
2006: December Ends. 2009: The Vicious Kind. 2012: Celeste and Jesse Forever. 2015: Adaline.


Honteusement banni de nos salles pour être directement passé par la case DTV, The Age of Adeline empreinte les thématiques universelles de l'amour, la solitude et la vieillesse avec une pudeur inattendue pour le genre romantique. L'intrigue érigée en conte de fée illustrant le cheminement existentiel d'une jeune fille de 29 ans incapable de vieillir corporellement depuis un grave accident de voiture. Alors qu'elle se jure de renoncer à l'amour une seconde fois, Adaline se laisse finalement séduire par un affable inconnu, Spoil ! au moment même où ressurgit l'obscur passé de sa première idylle Fin du Spoil.


Romance prude où se conjugue subtilement la science-fiction (stellaire) et sa poésie qui en émane, The Age of Adeline s'entreprend de narrer avec souci de maturité et vibrante émotion une magnifique histoire d'amour où chaque personnage insuffle une belle densité psychologique dans leur tourment sentimental. Faute de la condition maudite de notre héroïne destinée à se morfondre dans la solitude depuis le fardeau de sa jeunesse éternelle, Adaline est condamnée à se reclure afin d'épargner la souffrance de l'être aimé destiné à vieillir naturellement. Privilégiant la sobriété d'une émotion contenue et l'art de conter sa romance épurée, Lee Toland Krieger nous livre une fable sur la candeur de la vieillesse lorsque deux êtres sont destinés à la longévité amoureuse. Notamment cet équilibre moral d'être parvenu à combler l'être aimé dans le respect des sentiments et de la sincérité. En épargnant intelligemment le pathos et la mièvrerie dans lequel le récit aurait facilement basculé, le cinéaste compte autant sur la spontanéité de comédiens renversants de naturel pour nous émouvoir avec une intensité imprévisible ! Blake Lively (Savages, Green Lantern) livrant avec justesse une composition fragile de célibataire aguerrie, compromise entre ses émotions contradictoires à se laisser gagner par l'amour ou à le fuir afin d'épargner au conjoint sa malédiction improbable. Si Michiel Huisman lui partage la vedette avec une belle retenue en philanthrope inscrit dans la sincérité des sentiments, le vétéran Harrison Ford lui dérobe la vedette dans sa posture confuse d'époux septuagénaire Spoil ! subitement ébranlé par une rencontre aléatoire ! Fin du Spoil. Enfin, c'est avec une émotion élégiaque que l'on retrouve l'illustre Ellen Burstyn (l'Exorciste, Requiem for a Dream) pour son apparition secondaire de maman octogénaire férue de vitalité empathique pour sa progéniture !


Hymne à l'amour passionnel et à la dignité de la vieillesse, métaphore sur la peur de l'engagement et la crainte d'aimer, fable sur la symétrie naturelle du temps, The Age of Adaline parvient à séduire et bouleverser sans jamais préméditer une structure émotive convenue. Outre la poésie candide de ses images mystiques renforcées d'une photo épurée, le magnétisme naturel des comédiens est autant à prôner, comme le souligne la présence bouleversante d'Harrison Ford et la personnalité torturée de Blake Lively parvenant aussi à nous tirer les larmes par le biais d'une simple tige de cheveu ! 

Remerciements à Pascal Frezzato et Olivier le Docteur.
Bruno Matéï

La critique de Gilles Rolland: http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-adaline

mardi 1 septembre 2015

LA RAGE AU VENTRE

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site joblo.com

"Southpaw" de Antoine Fuqua. 2015. U.S.A. 2h03. Avec Jake Gyllenhaal, Rachel McAdams, Forest Whitaker, Oona Laurence, Curtis "50 Cent" Jackson, Skylan Brooks, Naomie Harris, Victor Ortiz, Beau Knapp.

Sortie salles France: 22 Juillet 2015. U.S: 24 Juillet 2015

FILMOGRAPHIE: Antoine Fuqua est un réalisateur américain, né le 19 Janvier 1966 à Pittsburgh (Etats-Unis).
1998: Un Tueur pour Cible. 2000: Piégé. 2001: Training Day. 2003: Les Larmes du Soleil. 2004: Le Roi Arthur. 2007: Shooter, tireur d'élite. 2010: L'Elite de Brooklyn. 2013: La Chute de la Maison Blanche. 2014: Equalizer. 2015: La Rage au Ventre.


Cinéaste éclectique dans sa diversité des genres ayant su alterner avec plus ou moins de savoir-faire l'aventure, le polar, la guerre et l'actionner bourrin, Antoine Fuqua renoue avec la qualité d'une de ses oeuvres les plus abouties (l'Elite de Brooklyn) afin de parfaire une nouvelle "success-story" initiée par la célèbre saga RockyLa Rage au Ventre cultivant avec pathos le cheminement de constance d'un ancien champion du monde délibéré à récupérer son prestigieux titre après avoir essuyer une sérieuse déroute. Ce pitch éculé du dépassement de soi que l'on connait par coeur, Antoine Fuqua le réexploite parmi l'efficacité d'une intensité dramatique (au plus près de la corde sensible) et la précarité humaine d'un ancien héros en quête de rédemption tendant à nous questionner sur le sens de l'injustice. Et le miracle de se (re)produire ! Car aussi prévisible que soit son initiation à la sagesse et à la volonté de vaincre, La Rage au Ventre parvient à nouveau avec l'alibi des bons sentiments à nous immerger dans la détresse de ce boxer subitement ébranlé par la perte de l'être cher.


Véritable descente aux enfers pour sa déliquescence humaine et le concours de circonstances aggravantes entraînant notamment la démission de sa fille, l'intrigue s'érige en tragédie de la déveine avant de renouer avec l'optimisme victorieux (ou tout du moins tenter de remonter sur le ring pour affronter l'ancien rival responsable de sa tragédie familiale). Pour l'amour et l'honneur familial, et justifier un sens à l'iniquité de sa cruelle destinée, Billy Hope va réapprendre à vivre afin de récupérer sa dignité par l'entremise d'un coach chevronné, et en escomptant récupérer la garde de sa fille. Par le biais de ce propos dramatique multipliant les situations lacrymales autour d'une discorde familiale (celle d'un père fustigé par sa propre fille), Antoine Fuqua met en appui les conséquences juridiques du deuil accidentel lorsqu'un paternel n'est plus apte à gérer son devoir pédagogique. Le poids incommensurable de cette affliction humaine, Antoine Fuqua l'illustre avec autant de pudeur et d'intensité que de réalisme pour les séquences intimes les plus bouleversantes, et ce en dépit d'une certaine complaisance à manipuler notre corde sensible. Malgré ce part-pris trivial impliqué dans la facilité, nous nous immergeons de plein fouet dans le désarroi de cette famille en berne parmi la stature charismatique d'une poignée de comédiens avenants. Que ce soit la présence viscérale de Jake Gyllenhaal (doublée d'une transformation physique saillante !) en boxeur noyé de chagrin, la composition acquise du vétéran Forrest Whitaker en mentor avisé, la fonction maternelle de Rachel McAdams en épouse consultante, et la sobriété infantile de Oona Laurence en fillette insurgée, La Rage au Ventre compte sur leur vigueur autoritaire pour nous entraîner dans un déluge d'émotions aussi fortes (les combats de boxe très réalistes et violents génèrent tension exponentielle autour d'une mécanique de suspense éprouvant !) que fragiles (toutes les séquences précitées avant les retrouvailles du pardon et l'issue de la rédemption).


Le Champion
Spectacle ardu d'émotions fortes érigées autour de la compétition symbolique de la boxe, La Rage au Ventre parvient avec l'efficacité de sa mise en scène à renouveler sa narration prévisible par le biais d'un contexte tragique rigoureux (préparez impérativement les mouchoirs pour son intensité dramatique en roue libre !) et le talent sentencieux de comédiens jouant autant sur les ressorts de pudeur que de révolte pour décrocher la sérénité. Si je compte sur l'instant euphorique de mon ressenti à chaud, je peux prétendre sans complexe le "Coup de Coeur" ! 

P.S: A déconseiller la vision de son Trailer avant la projo puisque dévoilant sans complexe le clou dramatique de l'intrigue !  

Bruno Matéï

    lundi 31 août 2015

    TULPA - PERDIZIONI MORTALI

                                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site horreur.net  

    de Federico Zampaglione. 2012. 1h32. Italie. Avec Claudia Gerini, Michela Cescon, Ivan Franek, Nuot Arquint, Laurence Belgrave, Yohann Chopin.

    Sortie salles Italie: 20 Juin 2013

    FILMOGRAPHIE: Federico Zampaglione est un réalisateur et scénariste italien, né le 29 Juin 1968 à Rome. 2007: Nero bifamiliare. 2009: Shadow. 2012: Tulpa - Perdizioni Mortali.


    Inédit en salles chez nous, Tulpa - Perdizioni Mortali relate les vicissitudes d'une femme d'affaires ébranlée par un mystérieux tueur s'en prenant à son entourage, uniquement la clientèle de la Tulpa, boite d'échangisme aux pratiques occultes que Lisa s'adonne chaque soir. Alors que les meurtres s'accélèrent, elle tente d'avertir son nouveau compagnon sexuel, Stéphano.


    Giallo typiquement représentatif de la tradition du genre, à contre-emploi donc des expériences auteurisantes (voires gonflantes pour les réfractaires !) d'Amer et de L'Etrange couleur des larmes de ton corps, Tulpa empreinte le moule de sa série B sous la houlette d'un réalisateur respectueux de ces illustres ancêtres. Comme souvent chez le genre codifié, le scénario ne brille ni par son originalité (la forme de conscience et la volonté psychique de la "Tulpa" sont à peine survolées !) ni par ses rebondissements avares en suspense (la révélation du meurtrier s'avérant assez insignifiante), l'intrigue n'étant qu'un prétexte à émailler habilement des séquences de meurtres directement inspirés de Dario Argento. Sur ce point, difficile de décevoir les amateurs face au stylisme de sa violence graphique aussi cruelle que cradingue. On appréciera d'ailleurs le clin d'oeil du prologue faisant écho à un célèbre assassinat vu dans Opera ! En ce qui concerne la forme, Tulpa s'avère donc une réussite, notamment pour le soin esthétique imparti à ses décors baroques (bien que minimalistes) régis autour des nuances de rouge et de noir profond. Et en dépit du classicisme de son cheminement narratif et du manque de profondeur des personnages, on se prend d'intérêt à suivre les péripéties nocturnes de notre héroïne malmenée par un assassin revanchard. D'autant plus que l'élégante Claudia Gerini se fond dans le corps (lubrique) d'une entrepreneuse parmi l'autorité d'une personnalité respectée du cadre professionnel. On appréciera aussi le magnétisme ensorcelant qu'invoque implicitement son regard concupiscent !


    Sympathique série B à la réalisation perfectible mais récupérée par une ambition formelle, Tulpa réexploite les codes du giallo avec assez de sincérité pour façonner un divertissement sanglant mené tambour battant. En dépit du caractère éculé des situations et de la révélation aseptique du tueur, on gardera surtout en mémoire une ambiance ombrageuse assez palpable, des séquences horrifiques de meurtres très crus et le jeu suave de la charmante Claudia Gerini parfois contemplée dans des étreintes sexuelles mystiques ! 

    Dédicace à Céline Trinci et Cid Orlandu.
    Bruno Matéï

    Qu’est-ce qu’un/une Tulpa ?

    Tulpa(e): Littéralement “Forme de pensée” en Sanscrit. Le concept émergea il y a longtemps en Asie, et s’inscrivait naturellement dans les longues sessions de méditation des moines tibétains.

    Pour compléter la définition donnée plus haut, on peut dire qu’une tulpa est une forme de conscience autonome et indépendante, modelée à partir de la simple volonté psychique. Elle possède les mêmes capacités intellectuelles que son hôte (créateur) ainsi que les mêmes possibilités à penser, raisonner, croire, espérer et percevoir le monde... que lui.


    vendredi 28 août 2015

    OTAGE

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site dougrichardson.com

    de Florent Emilio Siri. 2005. U.S.A. 1h53. Avec Bruce Willis, Ben Foster, Jonathan Tucker, Marshall Allman, Kim Coates, Robert Knepper, Tina Lifford, Kevin Pollak.

    Sortie salles France: 27 Avril 2005. U.S: 11 Mars 2005

    FILMOGRAPHIE: Florent Emilio Siri est un réalisateur et scénariste français, né le 2 Mars 1965 à Saint-Avold en Lorraine.
    1998: Une Minute de Silence. 2001: Nid de Guêpes. 2005: Otage. 2007: L'Ennemi Intime. 2012: Cloclo. 2015: Pension Complète.


    Quatre ans après nous avoir agréablement surpris avec le très efficace Nid de Guêpes, digne hommage à AssautFlorent Emilio Siri empreinte la voie du thriller à suspense avec Otage. Un huis-clos aussi intense qu'implacable comme le souligne son prologue abrupt lorsqu'un négociateur se retrouve en porte-à-faux face au comportement désaxé d'un père de famille déterminé à abattre froidement sa femme et son fils. Cette séquence choc d'une rare violence dans le châtiment imparti aux victimes, notamment cette mort impardonnable perpétré sur l'enfant, nous éprouve émotionnellement par son réalisme rigoureux, même si le hors-champs nous épargne intelligemment l'impact graphique du carnage annoncé. Par l'intensité de la prestation de Bruce Willis endossant avec humanisme fébrile le négociateur, nous nous éprenons d'empathie pour l'accablement de son affliction allouée à la responsabilité de sa déroute. Un an plus tard, toujours marqué par cette tragédie, Jeff Taller se retrouve à nouveau confronté à une situation de prise d'otage lorsque trois jeunes marginaux ont décidé de s'en prendre à la famille d'un riche comptable.


    Convenue mais efficace, l'intrigue aurait pu s'en tenir là pour laisser diluer le traditionnel suspense haletant autour des stratégies du négociateur jouant une ultime fois le héros en guise de rédemption. Mais afin de corser l'affaire, Florent Emilio Siri relance rapidement les enjeux avec le stratagème imposé d'une autre bande de malfaiteurs délibérés à faire chanter Jeff Taller afin de le forcer à récupérer un Dvd chez le domicile du comptable. Sa femme et sa fille étant kidnappés vers un endroit tenu secret, le négociateur n'a d'autre choix que de s'efforcer de convaincre les trois marginaux à libérer les otages et tenter de pénétrer en interne de la bâtisse pour pouvoir avoir accès au disque contenant des informations capitales. En décuplant les situations de péril face au contexte inédit de deux prises d'otages, Florent Emilio Siri insuffle un suspense d'une tension tangible dans son lot de rebondissements et revirements souvent imprévisibles. Exploitant à merveille les compartiments intimes de la riche demeure (barricadée de l'extérieur par une alarme dernier cri !), notamment les combles derrière les murs que le fils cadet parvient à emprunter pour pouvoir s'y réfugier et correspondre avec la police, Otage multiplie les situations de stress parmi ce personnage secondaire aussi audacieux que retors. Par le tempérament erratique des trois ravisseurs, l'intrigue suscite également une angoisse diffuse par la rigueur de son réalisme traversée d'éclairs de violence à la dramaturgie tantôt éprouvante, tantôt dérangeante. Dans celui du héros hanté par le passé de son échec professionnel, Bruce Willis agence les actions de bravoures de dernier ressort et négociations perfides dans une prise de conscience hésitante afin d'acheminer deux situations alertes vers le succès. Un dilemme draconien que l'acteur parvient à rendre crédible face à sa fonction désespérée de héros faillible néanmoins motivé par la volonté de vaincre sa peur afin d'épargner victimes et sa propre famille.


    Fort d'un scénario astucieux fertile en rebondissements impondérables et péripéties explosives, Otage parvient surtout à faire naître l'angoisse et la tension parmi l'efficacité d'une réalisation maîtrisée exploitant sans fioritures le cadre d'un huis-clos de tous les dangers. Un thriller percutant donc largement au dessus du tout venant commercial, notamment dans la vigueur vertigineuse de ses séquences d'action éprouvantes. 

    Bruno Matéï
    2èx

    jeudi 27 août 2015

    ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

    "Interview with the vampire" de Neil Jordan. 1994. U.S.A. 2h02. Avec Tom Cruise, Brad Pitt, Kirsten Dunst, Antonio Banderas, Stephen Rea, Christian Slater, Thandie Newton, Domiziana Giordano.

    Sortie salles France: 21 Décembre 1994. U.S: 11 Novembre 1994

    FILMOGRAPHIE: Neil Jordan est un réalisateur, producteur, scénariste et écrivain irlandais, né le 25 Février 1950 à Sligo. 1982: Angel. 1984: La Compagnie des Loups. 1986: Mona Lisa. 1988: High Spirits. 1989: Nous ne sommes pas des Anges. 1991: L'Etrangère. 1992: The Crying Game. 1994: Entretien avec un Vampire. 1996: Michael Collins. 1997: The Butcher Boy. 1999: Prémonitions. 1999: La Fin d'une Liaison. 2002: L'Homme de la Riviera. 2005: Breakfast on Pluto. 2007: A vif. 2009: Ondine. 2012: Byzantium.


    Quelle gageure que d'avoir osé transposer à l'écran le célèbre roman d'Anne Rice ovationné aux quatre coins du monde par le lectorat ! Un défi que le célèbre réalisateur irlandais Neil Jordan relève haut la main grâce à son ambition formelle flamboyante (notamment une reconstitution historique inscrite dans le lyrisme et soucieuse du détail !) et le parti-pris aussi judicieux que couillu d'opposer à l'écran deux stars bankables, Tom Cruise et Brad Pitt ! Les acteurs incarnant respectivement avec une vérité troublante un duo de vampires (aux tendances homosexuelles) incapables de s'apprivoiser dans leur éthique contradictoire. Lestat, le vampire par qui Louis fut malencontreusement mordu, n'étant qu'un ingrat sans vergogne totalement tributaire de son avidité meurtrière mais aujourd'hui délibéré à s'épauler d'un fidèle compagnon pour tenir lieu d'ennui. Alors que l'on pouvait craindre le pire de la part du bellâtre Tom Cruise, ce dernier parvient pourtant dans une fonction à contre-emploi à transcender son rôle de vampire égocentrique avec cynisme souvent détestable !


    Du point de vue de Louis que Brad Pitt endosse avec une aigreur chétive, ce dernier se morfond dans la peau d'un vampire mélancolique, faute de l'empathie qu'il réussit encore à éprouver pour ses victimes, quand bien même sa condition damnée l'entraîne un peu plus vers une désillusion sans échappatoire. Autour de ce duo dissonant, une fillette orpheline viendra violemment s'interposer entre eux dans sa nouvelle condition d'immortelle infantile que Lestat a égoïstement sacrifié afin que Louis se résigne à rester à ses côtés ! Et du haut de ses 12 ans, la néophyte Kirsten Dunst exprime déjà un intense tempérament pour l'autorité de son caractère impertinent, rehaussé d'un regard mature ambivalent ! Grande fresque illustrant le cheminement existentiel de Louis, vampire dépressif interrogé par un journaliste au sein d'une chambre d'hôtel, Entretien avec un Vampire s'édifie au fil de ses vicissitudes comme un album d'images fulgurantes que Neil Jordan illustre au service d'une narration pessimiste. De par la condition existentielle de Louis, on peut notamment y voir un discours sur le fardeau de la solitude et le désintérêt de l'existence, qu'elle soit mortelle ou immortelle lorsque l'amour est en berne face à l'orgueil du Mal ! Outre le sens esthétique imparti à son imagerie gothico-baroque (notamment cette représentation théâtrale sardonique, avant-coureur du snuf-movie !) multipliant traquenards sanglants, règlements de compte punitifs et rebondissements aussi cruels qu'inventifs, cette oeuvre désenchantée parvient avec un réalisme stupéfiant à traiter du thème du vampire par l'entremise d'une vérité historique. Dans le sens où le vampirisme ne tient ici plus lieu de légende séculaire conforme aux clichés désuets (le pieu dans le coeur, les longues canines, la peur de l'ail et du crucifix) mais d'une réalité diachronique par la chimère du cinéma. Autant dire que Neil Jordan croit fermement à ses suceurs de sang, nouveaux aristocrates du 18è siècle, le cinéaste étant parvenu à leur donner chair par le soutien d'un trio de comédiens magnifiquement taillés pour leur discorde en roue libre.


    Une splendide fresque sur la désillusion d'une errance immortelle.
    Epaulé de maquillages et d'effets spéciaux numériques très convaincants que Neil Jordan exploite par moments avec une cruauté graphique sans concession, Entretien avec un Vampire réussit à parfaire à l'écran l'un des plus beaux romans jamais écrits sur le mythe. Avec sa reconstitution flamboyante, son climat gothique ensorcelant et surtout la caractérisation nihiliste allouée aux antagonistes immortels (que les comédiens transcendent sans grandiloquence !), le vampire archaïque renaît ici de ses cendres avec autant de réalisme que de lyrisme blafard ! 

    Bruno Matéï
    4èx


    mercredi 26 août 2015

    LES AUTRES

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

    "The Others" d'Alejandro Amenabar. 2001. France/Amérique/Espagne. 1h44. Avec Nicole Kidman, Fionnula Flanagan, Christopher Eccleston, Alakina Mann, James Bentley, Eric Sykes, Elaine Cassidy, Renée Asherson.

    Sortie salles France: 26 Décembre 2001. U.S: 10 Août 2001

    FILMOGRAPHIE: Alejandro Amenabar est un réalisateur, scénariste, écrivain, monteur, acteur, producteur et compositeur de nationalité hispano chilienne, né le 31 Mars 1972 à Santiago.
    1996: Tesis. 1997: Ouvre les Yeux. 2001: Les Autres. 2004: Mar Adentro. 2009: Agora. 2015: Régression.


    Poème gothique sur la solitude de la mort autour du cheminement psychotique d'une mère de famille prise à parti avec de potentiels fantômes, les Autres renoue avec le classicisme des suspenses psychanalytiques, à l'instar des pièces maîtresses, les Innocents et la Maison du Diable. Par le biais d'un scénario retors remarquablement structuré, Alejandro Amenabar dédie son intrigue à la fragilité de ses personnages caractérisés par une mère et ses deux enfants en quête désespérée de vérité. 1945. Alors que son mari n'est toujours pas revenu de la guerre, Grace accueille les trois nouveaux domestiques de sa demeure. Persécutée par d'étranges bruits résonnants de l'intérieur de la bâtisse, cette dernière accuse dans un premier temps sa fille, particulièrement espiègle et impertinente car ne cessant d'importuner son frère cadet sur l'éventuel apparition du fantôme de Victor. Peu à peu, Grace sombre dans un délire de persécution alors que les domestiques adoptent un comportement de plus en plus équivoque. Inspiré du roman le Tour d'Ecrou d'Henry James, Alejandro Amenabar transcende à l'écran avec une ambition formelle (l'architecture gothique est d'autant plus renforcée par de magnifiques éclairages incandescents) une sombre histoire de fantômes inscrite dans la fragilité de l'accablement. Prenant pour cadre une immense demeure victorienne confinée au milieu d'un parc champêtre alors que la brume environnante y masque une partie de sa devanture, Les Autres cultive un goût pour l'angoisse et l'inquiétude parmi l'intelligence d'un détournement des codes usuels.


    Dans le sens où les rôles classiquement attribués au premier abord sont finalement inversés au profit d'une énigme astucieuse brouillant les identités des personnages (les vivants se substituant aux fantômes et vice-versa !). Se focalisant sur le désarroi neurotique d'une mère de famille apeurée par des phénomènes irrationnels depuis la disparition de son mari et son isolement dans la pénombre (ses enfants atteints de protoporphyrie ne supportant pas la lumière), Alejandro Amenabar en dresse un magnifique portrait de femme démunie incapable d'accepter le fardeau de la mort par sa posture désaxée d'une solitude nécrosée. Brossant en second plan l'innocence bafouée de ses enfants toujours plus curieux à déceler les présences surnaturelles, les Autres insuffle un climat d'étrangeté palpable, notamment par le pouvoir de suggestion d'une réalisation épurée entièrement vouée à ausculter les névroses de ces trois personnages. Fort d'une montée progressive d'un suspense impeccablement huilé, l'intrigue parvient autant à nous déranger que nous questionner sur le comportement équivoque de ses protagonistes, notamment les trois domestiques nous signalant assez rapidement qu'il s'agit en fait de commanditaires d'une conjuration. Et si Les Autres parvient autant à envoûter dans son immersion spirituelle et occulte, il le doit énormément à la dimension humaine des comédiens criants d'instabilité. Que ce soit la présence gracile de Nicole Kidman en épouse catholique extrêmement susceptible, la posture arrogante de Alakina Mann, en soeur aînée teintée de perversité lorsqu'elle effraie cruellement son frère, ou encore la personnalité de James Bentley endossant avec candeur un garçonnet transi d'émoi à l'idée d'entrevoir un mort. A eux trois, ils parviennent avec une intensité toujours plus rigoureuse à nous interpeller dans leur psychose en chute libre, quand bien même la révélation du twist final nous arrache les larmes pour aborder avec une grande sensibilité l'acceptation de la mort et la quiétude du repos éternel quelque soit l'endroit élu (ici la maison mère, incarnation identitaire des propriétaires).


    Poème élégiaque sur le consentement du deuil et la perte de l'être cher, métaphore sur le traumatisme de la guerre, réflexion spirituelle sur la foi et l'illusion de la réalité (la vie n'est qu'un long rêve dont la mort nous réveille !), Les Autres aborde la peur de l'inconnu (du point de vue de fantômes errants) avec une sensibilité inconsolable (le point d'orgue m'a autant effondré que perturbé malgré la dignité de son message mystique). Tout le fondement de ce récit n'étant au final qu'un dérivatif, une délivrance à accepter la fragilité de l'existence intimement liée à la destinée morbide d'un questionnement existentiel avec l'au-delà.  

    Bruno Matéï
    4èx

    Récompenses:
    Festival international du film de Flandres 2001.
    Prix du meilleur film d'horreur, meilleure actrice pour Nicole Kidman, meilleur second rôle féminin pour Fionnula Flanagan, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 2002.
    Prix du meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleure photographie, lors des Cinema Writers Circle Awards 2002.
    Prix Goya du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario original, de la meilleure photographie, du meilleur montage, des meilleurs décors et du meilleur son (Ricardo Steinberg, Tim Cavagin, Alfonso Raposo, Daniel Goldstein) en 2002.
    Actrice de l'année pour Nicole Kidman, lors des London Critics Circle Film Awards 2002.
    Saturn Award pour Nicole Kidman.

    mardi 25 août 2015

    Die Hard 4: Retour en Enfer

                                                 
                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site instantcritique.com

    "Live Free or Die Hard" de Len Wiseman. 2007. U.S.A. 2h08. Avec Justin Long, Timothy Olyphant, Cliff Curtis, Maggie Q, Mary Elisabeth Winstead, Jonathan Sadowski, Kevin Smith, Cyril Raffaelli.

    Sortie salles France: 4 Juillet 2007. U.S: 21 Juin 2007

    FILMOGRAPHIE: Len Wiseman (Len Ryan Wiseman) est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 4 Mars 1973 à Fremont, Californie, Etats-Unis. 2003: Underworld. 2006: Underworld 2: Evolution. 2007: Die Hard 4. 2012: Total Recall: Mémoires Programmées.

                                                  

    Douze ans après Une Journée en Enfer, John McClane renoue ses exploits avec Die Hard 4 sous la houlette de Len Wiseman, cinéaste reconnu auprès de la jeune génération pour ces deux premiers métrages, Underworld 1 et 2SynopsisAvec l'aide d'un jeune Hacker, McClane doit à nouveau déjouer le complot terroriste d'un ancien agent des services secrets délibéré à prendre sa revanche depuis son éviction injustifiée. Epaulé d'experts en informatique, Thomas Gabriel cible le réseau informatique national contrôlant les communications, les transports et l'énergie des Etats-Unis. Son but: plonger l'Amérique dans le chaos et en profiter pour lui soutirer des milliards de dollars. A partir de ce pitch pointant du doigt les technologies innovantes de l'informatique et de ses moyens de communications exploités à des fins terroristes, Len Wiseman compte sur l'efficacité optimale de morceaux de bravoure étourdissants de réalisme. Bien évidemment, et depuis l'ère triviale du numérique exploitant tous azimuts une action (souvent) outre-mesure, l'intensité des situations périlleuses s'avère parfois (souvent) invraisemblable à force d'esbroufe ostentatoire. Toutefois, grâce à l'inventivité d'une action à la fois lisible et vertigineuse, de l'ultra dynamisme du montage et de sa virtuosité technique, ses séquences anthologiques parviennent donc ici à travestir les exploits pyrotechniques dans le domaine du crédible. Aussi invraisemblables soient certaines situations saugrenues que l'on contemple pour autant avec un sourire de gosse gâté. 

                                               

    Niveau action disproportionnée, nous sommes donc épatés par cette démonstration de force récurrente dont le clou du spectacle culmine avec une poursuite en camion à couper le souffle quant à la menace belliqueuse d'un avion prêt à abattre sa cible sur aire d'autoroute. Quant à l'intrigue, simple mais originale et ombrageuse quant au nouveau danger qu'endossent les pirates informatiques et ce manifeste (subsidiaire) anti consumériste qu'évoque le hacker Matt Farrell à McClane ("instaurer un climat quotidien de frayeur médiatique afin de pousser le citoyen à consommer"), elle demeure efficacement structurée avant d'y relancer l'action auprès d'un rapt faute de l'arrogance inépuisable de McClane à se railler de Gabriel et de sa compagne experte en kung-fu. Ce jeu du chat et de la souris, ce "cours après moi que je t'attrape", Len Wiseman nous le livre de manière orthodoxe sans que l'intensité des enjeux (humains et techniques) ne perde son potentiel en cours de route. Même si on peut déplorer un suspense pas si tendu qu'escompté quant à la confrontation entre Gabriel et Mc Lane. Quand bien même la stature cabotine de Timothy Olyphant (car jouant un peu trop sur les mêmes mimiques avec sa petite mâchoire contracté !) ne peut égaler les prestations des autres antagonistes iconisées par les opus du cinéaste John McTiernan. Et si l'identité emblématique du héros moderne John McClane perd ici un peu de sa saveur, Bruce Willis reste toutefois attachant, magnétique, séducteur, drôle, héroïque avec un charisme toujours aussi tranquille que distingué. Epaulé du jeune Justing Long en hacker retors et débrouillard, ce nouveau duo opposant le choc des générations s'avère réussi à travers leur cohésion aussi pugnace que suicidaire si bien qu'ils enchainent pour notre plus grand plaisir les prises de risques les plus follingues et débridées sans jamais se sentir otage d'une action factice risible. 

                                            

    De par l'attrait réellement jouissif de son action constamment épique, Die Hard 4 parvient avec un réel brio technique à distraire immodérément parmi le savoir-faire technique d'une réalisation soignée et l'efficacité d'une intrigue potentiellement prémonitoire (plier les USA à genou par le biais de l'informatique !). L'action intense, oppressante, gargantuesque demeurant toujours d'une lisibilité infaillible sous l'impulsion du nouveau duo accord épaulé de la bonnard Mary Elizabeth Winstead en fille à papa à la fois obtuse, sobrement caractérielle puis tolérante de par sa condition soumise. A réhabiliter au plus vite donc auprès de ceux n'ayant été pleinement convaincus si bien que Die Hard 4 se situe selon moi largement au niveau de 58 minutes pour vivre. Alors que le 5è et ultime opus est à reléguer fissa aux oubliettes. 

    Les autres opus de la saga:
    Piège de Cristal: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/08/piege-de-cristal.html
    58 Minutes pour vivre: http://brunomatei.blogspot.fr/…/…/58-minutes-pour-vivre.html
    Une Journée en Enfer: http://brunomatei.blogspot.fr/…/08/une-journee-en-enfer.html

    *Bruno
    3èx. vf 12.08.22


    lundi 24 août 2015

    58 MINUTES POUR VIVRE

                                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site dpstream.net

    "Die Hard 2" de Renny Harlin. 1990. U.S.A. 2h04. Avec Bruce Willis, Bonnie Bedelia, William Atherton, Franco Nero, William Sadler, John Amos, Dennis Franz, Art Evans.

    Sortie salles France: 3 Octobre 1990. U.S: 4 Juillet 1990

    FILMOGRAPHIE: Renny Harlin est un réalisateur et producteur américain d'origine finlandaise, né le 15 Mars 1959 à Riihimäki (Finlande).
    1986: Born American. 1988: Prison. 1988: Le Cauchemar de Freddy. 1990: 58 Minutes pour vivre. 1990: The Adventures of Ford Fairlane. 1993: Cliffhanger. 1995: L'île aux Pirates. 1996: Au revoir à jamais. 1999: Peur Bleue. 2001: Driven. 2004: Profession Profiler. 2004: L'Exorciste, au commencement. 2006: Le Pacte du Sang. 2008: Cleaner. 2009: 12 Rounds. 2011: Etat de Guerre. 2013: Dvatlov Pass Incident. 2014: La Légende d'Hercule.


    Second volet de la célèbre franchise initiée en 1988, 58 Minutes pour vivre revient deux ans plus tard sous l'égide du cinéaste inégal Renny Harlin. Si ce dernier peine à retrouver la virtuosité de John Mc Tiernan pour l'élaboration des séquences d'action, sa structure narrative et la rigueur du montage, on peut malgré tout vanter son savoir-faire à avoir su façonner une grosse série B d'action, de par le caractère trépidant de son rythme explosif. Cette fois-ci, John McClane doit déjouer la menace de terroristes délibérés à faire évader un trafiquant de drogue, le général Ramon Esperanza, juste après que ce dernier doit atterrir sur l'aéroport de Washington-Dulles. Avec leur logistique et leur hiérarchie militaire, ils parviennent à couper toutes communication avec la tour de contrôle contraignant chaque avion de rester en vol jusqu'à épuisement du carburant. Alors que la police et l'armée sont dépêchés sur les lieux pour tenter de compromettre leur projet, McClane, se résout individuellement à trouver une solution depuis que les terroristes ont mis à exécution leur première menace. 



    Combinant à nouveau les codes du film d'action avec ceux du cinéma catastrophe, Renny Harlin peine à diluer un suspense haletant autour du sort précaire de quelques avions contraints de survoler les airs depuis la prise d'otage d'une piste d'atterrissage épargnée de signalisation. Et pour épicer la situation singulière, d'y introduire à bord d'une des embarcations l'épouse de McClane accompagnée d'un journaliste mégalo tête à claque (celui du 1er volet !). Et question humour, là aussi le film pâti d'un certain manque d'originalité pour les quelques répliques échangées (comme celles de McClane avec le Capitaine Lorenzo) alors que la caricature impartie aux antagonistes n'évite pas non plus le stéréotype. Néanmoins, avec l'efficace habileté d'une série de rebondissements et subterfuges, et la vélocité de McClane, 58 minutes pour vivre insuffle une indéniable sympathie pour sa stature ludique de spectacle bourrin ! Et bien que Bruce Willis s'avère ici moins habilement exploité dans sa fonction ironique de héros stoïque, il parvient tout de même à s'y impliquer spontanément dans ses risques alloués aux bravoures de dernier ressort.


    Malgré le manque de maîtrise de sa réalisation perfectible, à l'instar de quelques moments d'action maladroitement découpées, 58 minutes pour vivre tire-parti de son attrait ludique par l'efficacité d'une intrigue échevelée multipliant sans modération les morceaux de bravoure. Au final, grâce à sa vigueur démonstrative et la bonhomie de ses têtes d'affiche (notamment quelques seconds-rôles plaisantins), on ne s'ennuie jamais de cet excellent spectacle de samedi soir !

    Focus sur les autres opus:
    Piège de Cristal: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/08/piege-de-cristal.html
    Une Journée en Enfer: http://brunomatei.blogspot.fr/…/08/une-journee-en-enfer.html

    Bruno Matéï
    4èx

    vendredi 21 août 2015

    PIEGE DE CRISTAL

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site bryanonion.com

    "Die Hard" de John Mc Tiernan. 1988. U.S.A. 2h12. Avec Bruce Willis, Alan Rickman, Alexander Godunov, Bonnie Bedelia, Reginald VelJohnson, Paul Gleason, De'voreaux White, William Atherton, Hart Bochner.

    Sortie salles France: 21 Septembre 1988. U.S: 22 Juillet 1988

    FILMOGRAPHIE
    : John McTiernan est un réalisateur et producteur américain, né le 8 janvier 1951 à Albany à New-York. 1986: Nomads. 1987: Predator. 1988: Piège de Cristal. 1990: A la Poursuite d'Octobre Rouge. 1992: Medicine Man. 1993: Last Action Hero. 1995: Une Journée en Enfer. 1999: Le 13è Guerrier. 1999: Thomas Crown. 2002: Rollerball. 2003: Basic. 2015: Red Squad.


    Modèle de suspense et d'efficacité au sein du cinéma d'action, Piège de Cristal renouvela le genre à la fin des années 80 par le biais d'un réalisateur surdoué (un an au préalable, il triomphait déjà avec son second film, Predator), quand bien même Bruce Willis accéda à la consécration du public pour son rôle aguerri d'héros seul contre tous. Un groupe de faux terroristes prennent en otage les hôtes d'une réception en interne d'un gratte ciel afin de décoder un coffre fort contenant 640 millions de dollars. Au même moment, le lieutenant John McLane confiné dans une salle de bain entend les coups de feu de sommation du leader allemand Hans Gruber. Délibéré à se cloisonner, McLane va tenter avec bravoure suicidaire de déjouer l'ambitieux projet des cambrioleurs. Plaçant le cadre de son action dans le huis-clos d'un gigantesque immeuble d'une trentaine d'étages, dédale de tous les dangers pour notre héros sans repère, John McTiernan l'exploite avec une inventivité constante pour ses déplacements imposés, ce dernier étant contraint de s'isoler dans les endroits les plus restreints (cage d'ascenseur, conduit d'aération, combles du plafond) avant de canarder les terroristes frayant son chemin. 


    Dans la peau du flic arrogant infatigable coursant ses adversaires à pied nu et en "marcel", Bruce Willis iconise son personnage avec un charisme hargneux dénué de prétention sachant que l'acteur ne cesse de se railler de lui même dans sa situation désespérée d'intrus malgré lui ! Bourré de répliques cocasses échangées entre lui et ses ravisseurs, Piège de Cristal alterne action, humour et catastrophe (à l'instar de son final en apothéose rappelant l'anthologique Tour Infernale !) avec un sens du suspense vertigineux. De par l'habileté dont le cinéaste charpente son intrigue, la précision accordé au sens du découpage et la tension omniprésente qu'insuffle ce contexte de siège. En prime, pour épicer les caractérisations humaines, quelques seconds-rôles tantôt sournois, cupides ou obtus (un journaliste en mal de notoriété, un otage transfuge, un adjoint de police condescendant) viennent bouleverser la situation avec irresponsabilité. Outre la trempe antipathique de ces derniers, Piège de Cristal sait également se montrer altruiste lorsque McLean sympathise avec un sergent de police (un afro-américain ventripotent au coeur tendre) pour lui dévoiler des infos sur le blocus tout en lui révélant le nombre de morts qu'il eut pu supprimer chez les terroristes. Enfin, une pointe de romance est impartie à ces efforts lorsqu'il doit préserver la vie de sa propre épouse prise en otage, cette dernière tentant fébrilement de masquer son identité aux yeux des assaillants. Bourré de situations et revirements imprévues, à l'instar de la police réunie en masse autour de l'immeuble et tentant d'y pénétrer quand bien même les terroristes ripostent sans modération, Piège de Cristal attise le danger omniprésent parmi l'appui de notre redresseur de tort en prise aux subterfuges et stratégies d'affront pour la survie des otages. 


    Au rythme d'une bande-son haletante, Piège de Cristal renouvelle le cinéma d'action sous l'autorité d'une réalisation virtuose exploitant à merveille les espaces restreints de l'empire de cristal, quand bien même le duo impétueux formé par Bruce Willis et Alan Rickman se provoque avec une impudence jouissive ! Un chef-d'oeuvre du genre n'ayant rien perdu de son souffle épique dans ses explosions et canardages sans compter l'attrait émotionnel d'une intrigue fertile en incidents arbitraires !  

    58 Minutes pour vivre: http://brunomatei.blogspot.fr/…/…/58-minutes-pour-vivre.html
    Une Journée en Enfer: http://brunomatei.blogspot.fr/…/08/une-journee-en-enfer.html


    Bruno Matéï
    4èx

    jeudi 20 août 2015

    UNE JOURNEE EN ENFER

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

    "Die Hard with a vengeance" de John Mc Tiernan. 1995. U.S.A. 2h08. Avec Bruce Willis, Samuel L. Jackson, Jeremy Irons, Graham Greene, Colleen Camp, Larry Bryggman, Anthony Peck, Nick Wyman.

    Sortie salles France: 2 Août 1995. U.S: 19 Mai 1995

    FILMOGRAPHIE: John McTiernan est un réalisateur et producteur américain, né le 8 janvier 1951 à Albany à New-York. 1986: Nomads. 1987: Predator. 1988: Piège de Cristal. 1990: A la Poursuite d'Octobre Rouge. 1992: Medicine Man. 1993: Last Action Hero. 1995: Une Journée en Enfer. 1999: Le 13è Guerrier. 1999: Thomas Crown. 2002: Rollerball. 2003: Basic. 2015: Red Squad. 


    Cinq ans après 58 minutes pour vivreJohn McTiernan reprend les commandes de la saga pour transcender une suite aussi digne que son modèle ! Concentré d'action, d'humour et de suspense sur fond de scénario catastrophe imparti au thème du terrorisme, Une Journée en Enfer est également la réunion de deux vétérans en la matière, Bruce Willis et Samuel L. Jackson. Nos deux cabotins formant avec complicité impayable (répliques incisives à l'appui !) un couple de héros à perdre haleine pour leur course intrépide engagée à travers les rues de New-York afin de déjouer le prochain attentat du terroriste Peter Krieg (Jeremy Irons, épatant de fourberie dans son modeste narcissisme !). Ce leader allemand (le frère du franc-tireur du 1er volet !) s'est investi par esprit de vengeance de se payer la tête de Mc Lean en lui assignant un jeu de devinettes. Un défi morbide que nos deux héros vont devoir relever dans un enjeu de survie afin de débusquer l'origine de la bombe et son potentiel désamorçage avant la fatale explosion.


    Course effrénée contre la montre, Mc Lean et son co-équipier noir Zeus Carver sont donc contraints de se soumettre à ce chantage sardonique afin d'épargner la vie de centaines d'innocents. Spoil ! Mais toute cette mise en scène savamment planifiée autour d'un métro et d'une école n'était finalement qu'un leurre, un subterfuge afin que Krieg et son armée puissent dévaliser l'or de la réserve fédérale de New-York ! Fin du Spoil ! Cet hold-up du siècle renfermant des milliards de dollars, John McTiernan le transcende parmi l'audace d'un terroriste utopiste et la perspicacité de nos héros à bout de course. Jubilatoire dans son suspense à couper au rasoir et ses revirements homériques impromptus, le cinéaste se permet en outre de nous offrir une leçon de mise en scène par le biais d'un savoir-faire technique millimétré. Avec son intrigue alerte taillée sur mesure et la complicité pugnace de nos héros en roue libre, une Journée en Enfer décuple son intensité émotionnelle par le biais d'un montage nerveux enchaînant parfois en même temps deux situations alertes (la tentative policière de désamorçage d'une bombe infiltrée dans une école au moment même où nos héros s'efforcent de poursuivre les meurtriers en cavale). Les séquences intermittentes d'action et de catastrophe s'avérant d'autant plus vraisemblables et justifiées sous l'impulsion intraitable de terroristes et héros se défiant ironiquement l'autorité. Le réalisme imparti aux bravoures, la rigueur du montage et le sens inventif des cadrages (le prologue explosif en plein centre urbain, l'altercation sanglante dans l'ascenseur, la course-poursuite de véhicules entamée sous une pluie battante !) décuplant l'aspect addictif d'un jeu du chat et de la souris opposé entre bons et méchants.


    Fun, drôle, trépidant, spectaculaire et jubilatoire, Une Journée en Enfer relève le défi d'égaler son modèle par le biais d'une leçon de mise en scène à inculquer dans les écoles et par la complicité de deux héros sévèrement raillés dans leur épreuve de survie. Pour le genre si improbable et fantaisiste du cinéma d'action en quête d'esbroufe souvent gratuite, le terme "chef-d'oeuvre" reprend ici tout son sens sous la caméra circonspecte d'un maître non dupe de dérision.  

    Piège de Cristal: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/08/piege-de-cristal.html
    58 Minutes pour vivre: http://brunomatei.blogspot.fr/…/…/58-minutes-pour-vivre.html


    Bruno Matéï
    3èx

    mercredi 19 août 2015

    BAD LIEUTENANT

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    d'Abel Ferrara. 1992. U.S.A. 1h36. Avec Harvey Keitel, Frankie Thorn, Victor Argo, Paul Calderon, Leonard L. Thomas, Zoë Lund, Jaime Sanchez, Peggy Gormley.

    Sortie salles France: 10 Mars 1993. U.S: 20 Novembre 1992

    FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
    1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Welcome to New-York. 2014: Pasolini.


    Témoignage édifiant sur la déliquescence morale un flic ripoux et sur l'avilissement de sa toxicomanie (drogue et alcool compris !), Bad Lieutenant est une descente aux enfers qu'Abel Ferrara filme au plus près des tourments de son personnage autodestructeur. Filmé à la manière d'un reportage en plein coeur des cités marginales new-yorkaises, son hyper réalisme s'avère d'autant plus rigoureux avec l'appui des comédiens poussant le vice jusqu'à l'extrême puisque véritablement shootés devant la caméra d'un Ferrara complice. 


    Immersif, viscéral, glauque, étouffant, sensitif, Bad Lieutenant insuffle le malaise pour ausculter l'introspection licencieuse d'un lieutenant condamné à répéter les mêmes gestes de routine pour son accoutumance à la came, l'alcool et l'argent. Une posture davantage dépravée afin de fuir une réalité trop véreuse dans son lot quotidien de faits divers criminels et de délinquances mineures sans repères. Sa dérive vers le néant n'étant que les conséquences de ses excès toxicomanes, son goût pour les paris d'argent et son parti-pris libertaire à souiller l'honneur de son insigne jusqu'à concrétiser ses fantasmes pervers (son chantage sexuel imparti à deux jeunes fêtardes durant un contrôle routier). Avec une rare intensité émotionnelle, Ferrara filme les séquences de défonce à la manière d'un documentaire hardcore que n'aurait pas renié la chaîne allemande Arte. Les shoots à la seringue pénétrant dans les veines avec un réalisme chirurgical quand bien même le décorum restreint d'appartement délabré participe au climat putassier de l'environnement insalubre ! De par sa crudité abrupte et le jeu halluciné d'Harvey Keitel véritablement transi par sa déchéance humaine, le malaise éprouvé durant son cheminement existentiel inspire nausée mais aussi pitié lorsque ce dernier tente in extremis de trouver la rédemption auprès de Dieu. Subitement épris d'empathie pour le viol d'une nonne qui aura décidé d'invoquer le pardon à ses agresseurs (deux jeunes mineurs issus de quartier miséreux), le lieutenant l'incite dans un revers de conscience à déposer plainte. La puissance du film émanant également de son idéologie catholique, de ses remords éprouvés, de sa décision d'affronter sa culpabilité pour finalement se confesser à Dieu et qui, dans un ultime acte salvateur, décide d'alpaguer ces deux violeurs afin de se racheter une conduite. 


    Réflexion sur le pardon, la rédemption spirituelle et l'influence perverse du Mal, cri d'alarme sur les ravages de la toxicomanie, Bad Lieutenant est un uppercut émotionnel d'une intensité crapuleuse aussi dérangeante que malsaine lorsque Harvey Keitel se met à nu devant la caméra expérimentale d'un Ferrara aussi torturé par ses vieux démons. 

    A Zoë Lund...

    Bruno Matéï
    4èx