d'Abel Ferrara. 1992. U.S.A. 1h36. Avec Harvey Keitel, Frankie Thorn, Victor Argo, Paul Calderon, Leonard L. Thomas, Zoë Lund, Jaime Sanchez, Peggy Gormley.
Sortie salles France: 10 Mars 1993. U.S: 20 Novembre 1992
FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Welcome to New-York. 2014: Pasolini.
Témoignage édifiant sur la déliquescence morale un flic ripoux et sur l'avilissement de sa toxicomanie (drogue et alcool compris !), Bad Lieutenant est une descente aux enfers qu'Abel Ferrara filme au plus près des tourments de son personnage autodestructeur. Filmé à la manière d'un reportage en plein coeur des cités marginales new-yorkaises, son hyper réalisme s'avère d'autant plus rigoureux avec l'appui des comédiens poussant le vice jusqu'à l'extrême puisque véritablement shootés devant la caméra d'un Ferrara complice.
Immersif, viscéral, glauque, étouffant, sensitif, Bad Lieutenant insuffle le malaise pour ausculter l'introspection licencieuse d'un lieutenant condamné à répéter les mêmes gestes de routine pour son accoutumance à la came, l'alcool et l'argent. Une posture davantage dépravée afin de fuir une réalité trop véreuse dans son lot quotidien de faits divers criminels et de délinquances mineures sans repères. Sa dérive vers le néant n'étant que les conséquences de ses excès toxicomanes, son goût pour les paris d'argent et son parti-pris libertaire à souiller l'honneur de son insigne jusqu'à concrétiser ses fantasmes pervers (son chantage sexuel imparti à deux jeunes fêtardes durant un contrôle routier). Avec une rare intensité émotionnelle, Ferrara filme les séquences de défonce à la manière d'un documentaire hardcore que n'aurait pas renié la chaîne allemande Arte. Les shoots à la seringue pénétrant dans les veines avec un réalisme chirurgical quand bien même le décorum restreint d'appartement délabré participe au climat putassier de l'environnement insalubre ! De par sa crudité abrupte et le jeu halluciné d'Harvey Keitel véritablement transi par sa déchéance humaine, le malaise éprouvé durant son cheminement existentiel inspire nausée mais aussi pitié lorsque ce dernier tente in extremis de trouver la rédemption auprès de Dieu. Subitement épris d'empathie pour le viol d'une nonne qui aura décidé d'invoquer le pardon à ses agresseurs (deux jeunes mineurs issus de quartier miséreux), le lieutenant l'incite dans un revers de conscience à déposer plainte. La puissance du film émanant également de son idéologie catholique, de ses remords éprouvés, de sa décision d'affronter sa culpabilité pour finalement se confesser à Dieu et qui, dans un ultime acte salvateur, décide d'alpaguer ces deux violeurs afin de se racheter une conduite.
Réflexion sur le pardon, la rédemption spirituelle et l'influence perverse du Mal, cri d'alarme sur les ravages de la toxicomanie, Bad Lieutenant est un uppercut émotionnel d'une intensité crapuleuse aussi dérangeante que malsaine lorsque Harvey Keitel se met à nu devant la caméra expérimentale d'un Ferrara aussi torturé par ses vieux démons.
A Zoë Lund...
Bruno Matéï
4èx
Réservoir dogs - Thelma et Louise ! C'est écrit sur la jaquette et pourtant on en est à des kilomètres ! Donc grande surprise lorsque j'ai découvert ce film qui s'approchait plus de la chronique sociale style 70's que du film noir américain !
RépondreSupprimerSinon à part ça Bruno je ne savais pas qu'Arte faisait dans le documentaire Hardcore ! ;)
salut à toi
Bonjour Laurent, j'ai évoqué la chaine allemande Arte car j'ai vu cette année un documentaire s'attardant durant plus d'1H30 sur la quotidienneté d'un couple de Toxicomanes en total déclin. Je n'oublierai jamais ces amants maudits et cette déchéance humaine beaucoup plus sordide que chez Bad Lieutenant. Les images continueront de me hanter à jamais, l'un des témoignages les plus édifiants que j'ai pu voir sur les ravages de l'héroïne.
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