mardi 6 mars 2018

CREEPSHOW 2

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Gornick. 1987. U.S.A. 1h32. Avec Domenick John, Tom Savini, Joe Silver, George Kennedy, Philip Dore, Kaltey Napoleon.

Sortie salles France: 16 Décembre 1987. U.S: 1er Mai 1987

FILMOGRAPHIE: Michael Gornick est un réalisateur et producteur américain.
1985: Stephen King's Golden Tales (Video - segment "The Word Processor of the Gods". 1987: Creepshow 2.


Chef opérateur du premier Creepshow, Michael Gornick réalise avec Creepshow 2 une sympathique séquelle si bien qu'elle fut un succès commercial outre-atlantique. Sans jamais atteindre l'envergure de son modèle, cette série B au charme Bis parvient à distraire avec plus ou moins d'efficacité autour de 3 segments sans prétention. Le 1er sketch, "Le Vieux Chef Tête-de-bois" s'avère le plus faible en dépit de l'empathie instaurée auprès du couple de commerçants semi-retraités, prochainement molestés par un trio de maraudeurs sans vergogne. Si son cheminement narratif trop prévisible n'accorde aucune surprise quant à la vengeance meurtrière du totem (une statue de bois toute à fait convaincant lors de sa mobilité réduite), l'intrigue agréablement contée se suit sans déplaisir, quand bien même la réalisation fait parfois preuve d'inventivité pour rehausser la routine horrifique du second acte. On apprécie également la bonhomie sereine de George Kennedy en commerçant altruiste s'efforçant d'épauler la communauté indienne. 


Baignant dans une atmosphère solaire estivale autour d'un lac bucolique, "Le Radeau" s'avère redoutablement réjouissant lorsqu'un quatuor de jeunes vacanciers profitent du beau temps pour s'y baigner. Seulement, une nappe semblable à du mazout est aux aguets pour se nourrir de chair humaine. Bénéficiant d'effets spéciaux à la fois convaincants et spectaculaires, "le Radeau" diffuse une intensité dramatique exponentielle sous l'impulsion d'une chose visqueuse d'un noir magnétique lorsqu'elle s'agrippe aux membres de ses victimes. Cauchemardesque et haletant, le huis-clos assez tendu se permet comme de coutume d'y injecter des traits d'humour macabres auprès de la posture des victimes moribondes, à l'instar de sa chute abrupte en bonne et du forme.


La dernière histoire, "L'autostoppeur", relate par le truchement d'humour noir caustique et d'effets gores bien juteux la nuit d'enfer d'une épouse infidèle ayant renversé un autostoppeur de couleur noir sur son chemin du retour. Incessamment persécutée par ce dernier lui conjurant de le prendre en stop, elle tentera par tous les moyens de l'anéantir lors d'une guérilla routière rouge sang. Assez jouissif et drôlement sardonique, "l'Autostoppeur" affiche un rythme haletant à partir d'une idée débridée efficacement exploitée. Et ce en dépit de sa chute moins renversante et d'un score musical inopportun avec les évènements décrits sans temps morts.


Ludique, bonnard et jamais ennuyeux en dépit de ses scories et de son manque d'ambition (d'où sa modestie bisseuse qui en émane), Creepshow 2 nous offre une copie somme toute honorable, surtout auprès des 2 derniers segments aussi bien corsés qu'attractifs dans leur dosage d'humour vitriolé et de grand-guignol qui tâche. 

La chronique de Creepshow: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/06/creepshow_20.html

* Bruno
3èx 

lundi 5 mars 2018

LA MAISON QUI TUE

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Duffell. 1971. Angleterre. 1h41. Avec Christopher Lee, Denholm Elliott, Joanna Dunham, Peter Cushing, Nyree Dawn Porter, Jon Pertwe.

Sortie salles France: 27 Novembre 1974. Angleterre: 22 Février 1971

FILMOGRAPHIEPeter Duffell est un réalisateur anglais né le 10 Juillet 1922 à Canterbury, Kent, England, UK, décédé le 12 Décembre 2017. 1973: Les rapaces du 3è Reich. 1975: L'Enlèvement. 1980: Daisy (téléfilm). 1982: Experience Preferred... But Not Essential. 1986: Les Louves (téléfilm). 1987: Hand in glove (téléfilm). 1990: King of the wind (téléfilm). 1991: Some Other Spring (téléfilm).


Produit par la célèbre firme Amicus, la Maison qui tue fait probablement parti du haut du panier des films à sketchs gothiques, à ranger à proximité d'Histoires d'outre-tombe et de Frissons d'Outre-Tombe. D'après des récits du notoire écrivain Robert Bloch, l'intrigue suggère l'éventuelle malédiction d'une maison qui aurait le pouvoir d'intenter à la vie de ses occupants (du moins les plus véreux). La première histoire assez terrifiante lors des apparitions d'un spectre ricaneur nous dépeint la paranoïa progressive d'un écrivain après que celui-ci imagina un personnage diabolique pour parfaire son nouveau roman. Nanti de visions dérangeantes d'un fantôme hideux, Charles Hillyer finit timidement par l'avouer à son épouse qui lui sollicite de convoquer un psychiatre. Efficace et sarcastique lors de son cheminement ombrageux, "Method for Murder" baigne dans un climat d'angoisse assez bien entretenu sous l'impulsion d'un écrivain en perte de raison gagné par l'appréhension. Le réalisateur exploitant habilement ses visions horrifiques sous l'alibi de son éventuelle paranoïa (voir aussi de sa schizophrénie, à l'instar de son altercation conjugale). On apprécie également le côté sardonique de sa chute sans concession, et ce même si le thème de la spoil ! machination criminelle fin du Spoil fut mainte fois exploitée au préalable. Le second récit, "Waxworks", nous relate la visite d'un veuf dans un musée des horreurs un peu particulier. Lors d'une exposition représentant une femme tenant une tête décapitée sur un plateau d'argent, le visiteur est perturbée par la ressemblance frappante de celle-ci avec son ancienne compagne. Fasciné et déconcerté, il s'efforce d'oublier cette étrange coïncidence jusqu'au moment où l'un de ses anciens amis vient lui rendre visite à son domicile. Là encore, le récit inquiétant tournant autour de l'infidélité et de la jalousie est efficacement mené sous l'autorité du gentleman Peter Cushing éminemment convaincant en solitaire taiseux hantée par la mort de sa compagne. La chute persifleuse s'avérant assez bienvenue en dépit de son manque d'originalité et de la courte durée du sketch. 


Le 3è segment, (mon attitré avec le 4), relate la dissension tendue entre un aristocrate et une éducatrice venue s'occuper de sa fille introvertie depuis son absence scolaire. Au fil de son entretien amical avec cette dernière plutôt douce et docile, l'éducatrice s'offusque du comportement castrateur du paternel ayant parfois recours à la violence physique. Superbement écrit, mis en scène et interprété, (outre la prestance dandy de Christopher Lee et la sobriété rassurante de Nyree Dawn Porter, on est résolument captivé par le magnétisme de Chloe Franks de par sa posture statique et la beauté de son regard aussi bien candide que diaphane), "Sweets to the Sweet" fait intervenir la sorcellerie de manière à la fois latente et sournoise lors de la progression dramatique d'une vendetta infantile. Car si on y devine son issue fatale méchamment cruelle, l'intensité de l'affrontement du duo parental et surtout la présence subtilement vénéneuse de la fillette en concertation criminelle nous hante bien au-delà du générique. Pour clore, le 4è récit s'articule autour de l'égotisme d'un illustre acteur de film d'épouvante particulièrement condescendant et méprisant envers son entourage. Mais l'achat d'une cape de vampire trouvée chez un vieux brocanteur va bouleverser sa vie professionnelle et intime. Savoureuse farce macabre semi-parodique et ponctuée de clins d'oeil, "The Cloak" se raille de son protagoniste hautain avec une truculente originalité, aussi fantaisiste soit-elle. Outre l'aspect débridé de son idée majeure épaulée d'excellents trucages (même si concis), on apprécie également le jeu très impliqué (et parfois volontairement grimaçant) de Jon Pertwee en vampire malgré lui.


Composé de sketchs inégaux pour autant attachants, plaisants et assez surprenants, de par le soin permanent de la mise en scène et son casting hors-pair, la Maison qui tue consolide ses ambitions à mi parcours avec ses 2 derniers segments hautement recommandables. 

* Bruno

dimanche 4 mars 2018

VERONICA

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Paco Plazza. 2017. Espagne. 1h45. Avec Sandra Escacena, Bruna González, Claudia Placer, Iván Chavero, Ana Torrent.

Sortie salles France: 24 Janvier 2018. Espagne: 25 Août 2017

FILMOGRAPHIE: Paco Plaza est un réalisateur et scénariste espagnol, né en 1973 à Valence (Espagne). 2002: Les Enfants d'Abraham. 2004: L'Enfer des Loups. 2006: Scary Stories. 2007: REC. 2008: REC 2. 2012: REC 3 Genesis.


Plein de bonnes intentions dans son parti-pris de privilégier un réalisme studieux (limite documenté) et de s'offrir un casting juvénile très convaincant (notamment auprès d'un marmot criant de naturel !), Paco Plaza réalise avec Veronica une honnête série B en exploitant l'attirail démonologique avec une certaine efficacité. Tant et si bien que le récit tiré d'une histoire vraie se laisse suivre sans déplaisir en dépit de son cheminement routinier et des facilités du "ouh fais moi peur" tributaire d'artifices souvent grossiers.

2/3 scènes chocs assez dérangeantes provoquent toutefois un certain malaise (viscéral ou psychologique selon la posture parano de l'héroïne sévèrement hantée et molestée par l'entité), quand bien même son épilogue tragique fidèle à la reconstitution du "fait divers" nous glace le sang par son intensité dramatique escarpée. Par ailleurs, on peut louer l'aspect atmosphérique d'une partition musicale aussi intense que grave dans ses sonorités contractées, ce qui rehausse le vérisme de l'ensemble.

A voir 1 fois, car en dépit de l'extrême sincérité de Plaza, le film aurait largement gagné à être plus cérébral, vraisemblable et fouillé au niveau de la caractérisation morale de l'héroïne (en perte de repères et de raison) pour provoquer l'effroi tant escompté. Dommage donc.

* Bruno

vendredi 2 mars 2018

RUBY

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Curtis Harrington. 1977. U.S.A. 1h24. Avec Piper Laurie, Stuart Whitman, Roger Davis, Janit Baldwin, Paul Kent, Len Lesser.

Sortie salles U.S: 24 Juin 1977

FILMOGRAPHIECurtis Harrington, né le 17 septembre 1926 à Los Angeles (Californie) et mort le 6 mai 2007, est un réalisateur, scénariste, acteur, producteur et directeur de la photographie américain.1946 : Fragment of Seeking. 1961 : Night Tide. 1965 : Voyage sur la planète préhistorique. 1966 : Queen of Blood. 1967 : Games. 1970 : How Awful About Allan (TV). 1971 : Mais qui a tué tante Roo ? 1971 : What's the Matter with Helen ? 1973 : The Killing Kind. 1973 : The Cat Creature (TV). 1974 : La Révolte des abeilles (Killer Bees) (TV). 1975 : The Dead Don't Die (TV). 1977: Ruby. 1978 : Devil Dog: The Hound of Hell (TV). 1985 : Mata Hari. 2002 : Usher


Désolé si je froisse certains amateurs mais que sont venus faire dans cette galère Piper Laurie (bien qu'assez convaincante en veuve éplorée) et Stuart Whitman ? Ruby s'avérant d'une rare indigence de par son scénario insipide (une banale vengeance d'outre tombe surfant en dernier acte sur le mode opératoire de L'Exorciste) et le ridicule des situations horrifiques à la lisière de la semi-parodie. Bref, en dépit de l'originalité de sa scénographie restreinte (un drive-in, théâtre d'événement paranormaux et de morts sanglantes en mode "hors champs"), Ruby est une épreuve soporifique à la temporalité étirée (alors qu'il n'affiche  qu'1h24 au compteur !). On comprends donc l'invisibilité du produit depuis sa sortie (même si dispo en Vhs rare chez nous) si bien qu'il fut discrètement exploité en salles chez nous avec 14802 entrées (semble t-il ! Et donc à confirmer...).

* Bruno

jeudi 1 mars 2018

La Revanche de Freddy / A Nightmare On Elm Street Part 2: Freddy's Revenge

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Jack Sholder. 1985. U.S.A. 1h24. Avec Mark Patton, Kim Myers, Robert Englund, Robert Rusler, Clu Gulager, Hope Lange, Marshall Bell.

Sortie salles France: 26 Février 1986. U.S: 1er Novembre 1985

FILMOGRAPHIE: Jack Sholder est un réalisateur américain, né le 8 juin 1945 à Philadelphia. 1973: The Garden Party (court-métrage). 1982: Alone in the dark. 1985: Le Revanche de Freddy. 1987: Hidden. 1988: Vietnam War Story 2. 1989: Flic et Rebelle. 1990: By Dawn's Early Light (télé-film). 1993: 12h01: prisonnier du temps (télé-film). 1994: Sélection naturelle (télé-film). 1994: The Omen (télé-film). 1996: Generation X (télé-film). 1997: Panique sur l'autoroute (télé-film). 1999: Wishmaster 2. 2001: Arachnid. 2002: Beeper. 2004: 12 Days of terror.


Second volet d'une franchise aussi lucrative qu'Halloween, Saw ou encore Vendredi 13, la Revanche de Freddy jouit d'une certaine forme d'originalité si on se réfère aux thématiques de la possession sous l'angle de la métaphore et de la psychanalyse que les critiques de l'époque ont préféré occulter en se focalisant sur ses défauts. Car même si les protagonistes juvéniles souffrent d'un manque d'expressivité, voirs font preuve d'outrance gestuelle (l'acolyte de Jesse) et d'absence de bagage culturel, l'idée de la possession démoniaque que le croquemitaine s'empresse d'habiter auprès d'un d'ado à l'homosexualité refoulée ne manque ni d'intérêt ni de surprise en filigrane métaphorique. Ce qui aboutira d'ailleurs à une impressionnante métamorphose à base de latex que l'on contemple aujourd'hui d'un oeil aussi fasciné qu'amusé.


D'autres séquences chocs parfois gores sont également assez réussies grâce au savoir-faire artisanal des spécialistes en maquillage et du dynamisme du montage (même si parfois maladroit lors de certaines confrontations) alors que d'autres demeurent malsaines, malaisantes (la violente agression de la péruche, les 2 p'tits chiens à tête humaine). Ainsi, outre la psychologie plutôt dérisoire des personnages (tant auprès des ados, dont la cruche du héros, que des parents gogos à rabâcher la morale à leur rejeton) et son cheminement narratif somme toute classique, la Revanche de Freddy parvient à divertir, aussi modeste soit l'ambition de Jack Sholder. On peut d'ailleurs rappeler que ce dernier nous eut tout de même fourni durant sa maigre carrière les classiques Alone in the Dark et Hidden ainsi que l'excellent téléfilm 12h01: Prisonnier du temp. Et donc grâce à un certain savoir-faire dans l'efficacité du rythme homérique (les multiples séquences de cauchemar se fondent impunément dans la réalité quotidienne jusqu'au fameux carnage que Freddy opère en point d'orgue), d'une attrayante photo influencée par la BD et de son angoisse parfois palpable, La revanche de Freddy distrait le spectateur sous l'impulsion d'un Robert Endglund encore impressionnant, fascinant, voir même terrifiant de par sa posture spectrale (parfois grâce aux plans serrés), ses réparties persifleuses et sa force tranquille à molester ses victimes avec provocation décomplexée.


Plaisir innocent du samedi soir récupéré d'une intelligente analogie sur l'homosexualité auquel le métrage fait souvent allusion, La revanche de Freddy se suit étonnamment sans déplaisir de par son charme Bisseux (tout du moins aujourd'hui) et diffuse même par instants une fascination morbide auprès de la présence charismatique de Robert Englund en croquemitaine punitif endossant ici le "double gay" de son partenaire juvénile incapable d'assumer son homosexualité, comme le souligne d'ailleurs le clifhanger final que l'on prétendait (à tort) gratuit ou nonsensique. Il est donc temps de réévaluer cette habile séquelle plus intelligente qu'elle n'y parait si on parvient à y extraire un second niveau de lecture psychanalytique assez ironique, audacieux même, limite parodique en somme quant au destin précaire de Jesse plombé par l'ambiguité de son indentité sexuelle. 

* Bruno
15.12.23. 4èx. Vostfr

mercredi 28 février 2018

YOR, LE CHASSEUR DU FUTUR

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"Il mondo di Yor" d'Anthony M. Dawson. 1983. Italie/France/Turquie. 1h28. Avec Reb Brown, Corinne Cléry, Carole André, Aytekin Akkaya, Luciano Pigozzi

Sortie salles France: 24 Août 1983. Italie: 10 Février 1983

FILMOGRAPHIE: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace. 1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.


Aberration filmique symptomatique des prods italiennes plagiant tous azimuts les récents succès ricains des années 80 avec un budget low-cost, Yor, le chasseur du futur ose la gageure de communier la Guerre du Feu avec Star Wars. Réalisé par le vétéran Antonio Margheriti (excusez du peu !), cette série Z compile à rythme assez fertile actions corporelles (tant auprès de guerriers hostiles que de créatures dantesques) et rebondissements saugrenues, faute d'un script abracadabrantesque écrit par un cerveau infantile (son inspiration émane d'ailleurs d'une lointaine bande-dessinée argentine parue en 1974). L'action aussi dépaysante qu'édénique (certains panoramas naturels sont franchement fantasmatiques !) se déroule sous l'ère préhistorique (du moins c'est ce que de prime abord on essaie de nous faire croire). Yor, preux guerrier réputé par sa bravoure vole au secours de tribus dociles incessamment persécutés par des créatures préhistoriques et méchants cro- magnon affublés de dépouilles de vison. A la recherche de ses origines en compagnie de son vieil ami Pag et de sa maîtresse Ka-Laa, il finit par rencontrer des androïdes du futur venus le kidnapper selon la mégalomanie de l'empereur Overlord. Exubérant, improbable et ridicule sans une once de complexe (d'où son attrait grotesque souvent irrésistible), Yor le Chasseur du futur nous plonge de prime abord dans des aventures primitives lorsque celui-ci renchérit les confrontations musclées avec ses rivaux lors d'une première partie assez redondante mais gentiment ludique.


L'aspect risible des bastons maladroitement exécutées, rehaussées de la mine impayable des acteurs inexpressifs (mention spéciale au blondinet Reb Brown dans le corps gringalet de Yor !) provoquant une cocasserie involontaire comme seuls les italiens ont le secret. On peut également souligner la niaiserie truculente des romances que se partage notre héros auprès de deux potiches aussi radieuses que rivales. Mais c'est véritablement lors de sa seconde partie que Yor... prend son envol pour nous embarquer dans un space opera de pacotille (le décor se limitant souvent au dédale d'un hangar industriel) à renfort de rayons lasers, gadgets électroniques et cascades acrobatiques ! Sur ce dernier point, une séquence anthologique digne du cirque Pinder vous provoquera assurément l'hilarité lorsque le vieux Pag décide de porter secours à Yor par la puissance de sa vélocité ! Cabotinant à tout va, nos gentils héros drapés de peaux animales et les méchants figurants accoutrés de combinaisons dignes de Temps X se disputent le pouvoir avec un sérieux inébranlable. Et ce sous l'impériosité d'un Dark Vador patibulaire surjouant avec une emphase renfrognée ! Et donc sous l'impulsion de règlements de compte récréatifs et de rebondissements hallucinés, l'aventure (inopinément) futuriste adopte une tournure débridée à la fois folingue et moralisatrice. Dans le sens où le progrès de la science pourrait bien mener à notre perte dans un proche avenir !


Rivalisant de près avec les meilleures réussites transalpines du genre (l'inégalé 2019, après la chute de New-York, Atomic Cyborg, les Rats de Manhattan, le Gladiateur du Futur, Les Nouveaux Barbares ou encore les Guerriers du Bronx), Yor, le chasseur du Futur s'entiche d'un scénario suffisamment couillu et azimuté (pour ne pas dire vrillé !), et d'une galerie d'attachants seconds-couteaux (joviaux) pour nous distraire fréquemment avec un second degré stimulant. A redécouvrir avec une pincée de nostalgie, faute d'une époque révolue aussi bien généreuse qu'intègre quelque soit les moyens précaires alloués. 

* Bruno
3èx

mardi 27 février 2018

LE RENARD. Golden Globe du Meilleur Film Etranger 1968

                                       Photo empruntées sur Google, appartenant au site stalkerjany.blogspot.fr

"The Fox" de Mark Rydell. 1967. U.S.A. 1h54. Avec Sandy Dennis, Anne Heywood, Keir Dullea, Glynne Morris.

Sortie salles France: 31 Juillet 1968 (Int - 18 ans). Canada: 13 Décembre 1967

FILMOGRAPHIEMark Rydell est un acteur, réalisateur et producteur américain, né le 23 mars 1934 à New York (États-Unis). 1964-1966 : Gunsmoke (série TV). 1968 : Le Renard. 1969 : Reivers. 1972 : Les Cowboys. 1976 : Deux farfelus à New York. 1979 : The Rose. 1981 : La Maison du lac. 1984 : La Rivière. 1991 : For the Boys. 1994 : Intersection. 1996 : Le Crime du Siècle. 2001 : Il était une fois James Dean. 2006 : Even Money.


Rareté introuvable ou presque si je me réfère à la générosité du blog Warning Zone de me l'avoir fait découvrir (même si dans un contexte aléatoire), Le Renard constitue à mes yeux une merveille de thriller psychologique dont l'atmosphère feutrée et son décor exigu peuvent rappeler par instants l'étonnant (et aussi méconnu) La Petite fille au bout du chemin, le chef-d'oeuvre l'Obsédé, ou plus reconnaissable, l'étrange et envoûtant Zombie venu d'ailleurs si bien qu'il s'agit (à ma surprise) de la déclinaison horrifique de l'oeuvre susnommée ! Et on peut dire qu'en terme de 1er essai derrière la caméra, Mark Rydell (réal discret mais pour autant notoire des célèbres The Rose, La Maison du Lac et de la Rivière) surprend par sa direction d'acteurs affûtée et l'inventivité de sa mise en scène (tels les divers angles dont s'impose le montage auprès de l'abattage d'un arbre) autopsiant un triangle amoureux assez tabou pour l'époque (raison pour laquelle le film fut interdit aux - de 18 ans dans l'hexagone). Recluses dans leur ferme, Jill et Ellen vivent communément une tendre complicité à l'abri des regards indiscrets. Si Jill ne cache pas sa tendresse auprès de sa compagne (en dépit de sa frigidité), Ellen commence à souffrir de sa solitude, notamment faute d'une frustration sexuelle. Alors qu'un renard rode régulièrement auprès de leur poulailler, un autre spécimen aussi rusé vient frapper un soir à leur porte pour leur solliciter l'hospitalité. Au fil des jours de complicité amicale, leur relation s'amenuise un peu plus lorsque l'inconnu finit subitement par avouer son amour auprès 
d' Ellen. 


Drame psychologique à la fois rugueux, douloureux et intense autour d'une lutte des sexes, Le Renard parvient avec un réalisme trouble à nous immerger dans les liaisons dangereuses d'un trio possessif en éveil d'affirmation. Le réalisateur dressant du point de vue masculin le portrait d'un machiste assez perfide pour parvenir à ses fins. Mais au-delà de l'aspect antipathique de cet unique personnage plutôt phallocrate, le Renard extériorise son potentiel dramatique dans la relation équivoque qu'entretient le couple de lesbiennes sexuellement refoulées. En abordant avec pudeur les thèmes de l'amour, du désir sexuel, de la jalousie et de la possessivité, le Renard s'alloue dès les prémisses d'un climat de déréliction ensorcelant au fil d'une intrigue progressivement poignante et oppressante. Les deux comédiennes superbement dépeintes entre révolte sentimentale et complexité morale parvenant à distiller une franche compassion auprès de leur amour conflictuel où le désespoir gagne un peu plus du terrain. Le cheminement narratif, incertain et hésitant auprès de leurs choix sentimentaux et de crainte de trahison, adoptant une tournure autrement plus grave de conséquences en second acte lorsque ces dernières vont enfin librement assumer leur saphisme depuis les intimidations du prédateur.


Oeuvre maudite si j'ose dire, de par son invisibilité et son absence de gratitude (en dépit de son Golden Globe du Meilleur Film étranger décerné un an après sa sortie), Le Renard demeure une perle rare de romance vénéneuse sous couvert d'un drame intimiste aussi cruel que bouleversant (l'épilogue glaçant imprégné d'amertume nous restant en travers de la gorge). Mais au-delà de son climat de langueur résolument envoûtant (rehaussé de la mélodie fragile de Lalo Schifrin), on peut saluer le jeu naturel du casting parvenant à nous familiariser auprès de leur accointance avec une dimension humaine malingre. Le trio assez insidieux endossant la fonction d'amants infortunés avides de sentiments depuis leur requête éperdue du désir sexuel, de l'équilibre moral et de la sécurité pécuniaire. A découvrir d'urgence ! 

* Bruno

lundi 26 février 2018

AU REVOIR LA HAUT

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

d'Albert Dupontel. 2017. France. 1h57. Avec Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Nahuel Pérez Biscayart, Niels Arestrup, Émilie Dequenne, Mélanie Thierry.

Sortie salles France: 25 Octobre 2017.

FILMOGRAPHIEAlbert Dupontel (Philippe Guillaume) est un acteur, réalisateur, scénariste et humoriste français, né le 11 janvier 1964 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). 1992 - Désiré (court-métrage). 1996 - Bernie. 1999 - Le Créateur. 2006 - Enfermés dehors. 2009 - Le Vilain. 2013 - 9 mois ferme. 2017 - Au revoir là-haut.


Auréolé d'une réputation flatteuse chez la critique et les spectateurs si bien qu'il engrange 2 021 654 entrées sur notre territoire, Au revoir là haut est sans doute l'oeuvre la plus ambitieuse de Dupontel, nouvelle fois acteur et réalisateur. Pamphlet anti militariste bouleversant autour de l'amour impossible entre un père et son fils (thématique centrale du film), Au revoir là haut distille une émotion aussi bien contenue qu'épurée au travers de quelques situations d'intimité d'une riche intensité dramatique. Dupontel, réalisateur, filmant avec brio incontesté une reconstitution historique plus vraie que nature, à l'instar de son prologue belliqueux s'efforçant de retranscrire sans fioriture les horreurs du front. En dehors de son brio technique et formel (les splendides décors et la photo sont flamboyants), Au revoir là haut parvient à captiver et à entretenir l'expectative grâce à la densité d'un scénario dramatique faisant honneur à un trio de personnages en marge de la société.


Prisonnier d'un trou d'obus et sur le point de périr étouffé, Albert est sauvé in extremis par son compagnon Edouard, au moment même où ce dernier est éjecté par l'explosion d'une grenade. La mâchoire arrachée, il est placé à l'hôpital en attendant une épineuse convalescence. Envisageant le suicide, car honteux de rentrer au bercail face à l'autorité d'un père castrateur, Albert lui propose de se faire passer pour mort en usurpant l'identité d'un tiers. Emménagés ensemble dans un foyer parmi la compagnie d'une fillette orpheline, Edouard, dessinateur ambitieux, propose à Albert de monter une transaction illégale dans le secteur de la pub. A savoir façonner une revue compilant des dessins de monuments de morts pour les promouvoir auprès de notables. 


Drame historique saupoudré de poésie et d'humour noir, Au revoir là haut nous propose un spectacle assez baroque sous la mainmise de Dupontel aussi à l'aise devant que derrière la caméra. Ce dernier complètement impliqué dans son projet s'efforçant de soigner le fond et la forme avec un amour évident pour le cinéma le plus authentique. A savoir communier divertissement et film d'auteur parmi l'efficacité d'un rythme habilement soutenu et la caractérisation de personnages d'une fragilité jamais démonstrative. Faisant donc preuve d'une grande pudeur pour y dresser leur portrait torturé ou démuni, Albert Dupontel parvient à faire naître une vibrante émotion parfois difficilement gérable. Notamment grâce à sa substantialité narrative à la fois imprévue, légère et grave sublimant les  portraits de marginaux infortunés victimes des aléas de la guerre.


Au final, Dupontel, acteur borderline et réalisateur avisé pétri d'amour pour l'art et ses personnages (magnifiquement esquissés), nous offre avec Au revoir là haut une oeuvre désenchantée d'une tendresse finalement sensitive (certaines séquences faisant office d'anthologie émotionnelle !) abordant avec originalité les thèmes du trauma de la guerre, de l'injustice de destins brisés, des relations parentales conflictuelles, du pardon, de l'espoir, de la clémence et de l'aubaine sous l'apparat d'une poésie aussi candide qu'abstraite. Du cinéma fort, beau et cruel, qui restera dans les mémoires.  

* Bruno

samedi 24 février 2018

HELLRAISER: LE PACTE. Prix de la peur, Avoriaz 88.


de Clive Barker. 1987. Angleterre. 1h30. Avec Andrew Robinson, Clare Higgins, Ashley Laurence, Sean Chapman, Oliver Smith, Robert Hines, Anthony Allen, Leon Davis, Michael Cassidy, Frank Baker.

Sortie en salles en France le 24 Février 1988. U.S: 18 Septembre 1987

FILMOGRAPHIEClive Barker est un réalisateur, écrivain, peintre, producteur et scénariste anglais, né le 5 Octobre 1952. 1973: Salome (court). 1978: The Forbidden (court). 1987: Hellraiser. 1990: Cabal. 1995: Le Maître des Illusions.


Pour son premier long-métrage tiré de son propre roman "The Hellbound Heart", l'écrivain anglais Clive Barker transpose à l'écran un univers SM constitué d'icônes maléfiques extirpées d'un enfer de douleur et de plaisir. Justement récompensé à AvoriazHellraiser n'a rien perdu de sa saveur putride conjuguant avec une audace anti-religieuse sexe et hardgore. Franck, pèlerin fasciné par les plaisirs de la chair, achète un étrange écrin chez un brocanteur. Chez lui, après l'avoir manipulé, le cube libère des forces diaboliques tout droits sorties de l'enfer. Déchiqueté par les "cénobites", des monstres voués à l'accueillir dans l'au-delà, Franck parvient à s'y extraire après que son frère, emménagé dans son ancienne demeure se soit blessé à la main (quelques gouttes de sang le ramenant à la vie). Mais Franck a besoin de sang humain pour se régénérer !


Premier volet d'une saga culte symbolisée par Pinhead (tête d'épingle !), Hellraiser repousse les limites du conformisme dans un savant alliage d'horreur morbide et de lascivité malsaine. La perversité de ses thèmes redoublant d'audace pour la posture masochiste d'hédonistes adeptes de luxure et de douleur. Par l'entremise d'un cube hermétique, Franck, personnage lubrique addicte au plaisir dans sa disparité, se retrouve projeter dans le monde occulte des Cénobites. De répugnantes créatures difformes affublées de combinaisons noires en latex et recouvert de plaies entaillées, laissant transparaître quelques ustensiles métalliques sur leur corps scarifié. Pour renouer avec son existence antérieure, ce mécréant planqué dans le grenier de son ancienne demeure a un besoin inhérent de sang humain afin de se régénérer. Pour cela, il compte sur la complicité de son ancienne maîtresse afin de lui ramener d'aimables quidams trousseurs de jupon. Franck, cadavre décrépi échappé de son enfer, et sa muse Julia sont donc les amants maudits d'une quête meurtrière afin de parfaire sa résurrection somatique.


Clive Barker, créateur d'une mythologie atypique, ne lésine pas sur l'imagerie sanglante face à la transformation physique d'un corps décharné retrouvant peu à peu sa forme originelle (bien qu'au stade final, il dupliquera sournoisement la physionomie de son frère Franck). Il filme de manière épurée des images morbides souvent saisissantes et sensuellement macabres, scandées par la fameuse procession lancinante du génial thème de Christopher Young. La poésie funeste qui émane de ces séquences effrontées nous fascine autant qu'elle nous répugne parce qu'elle nous renvoie de manière inconsciente à nos pulsions perverses. Sauf que chez BarkerHellraiser explose les tabous et les frontières de la bienséance, blasphème jésus en personne et transcende un univers sadomaso que symbolise une ligue de Cénobites subordonnés au plaisir de la douleur. Le profil de ses personnages maléfiques, totalement novateurs dans leur physionomie fétichiste nous entraîne dans un troublant cauchemar malsain auquel la fille de Larry devra finalement compromettre en dernier ressort un pacte pour renoncer à la convocation de l'enfer. On est aussi particulièrement désarçonné par le personnage éhonté de Julia, matriarche meurtrière perfide épouvantablement sournoise car revendiquant sa libido insatiable pour subvenir à la renaissance de son amant mortifère.

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Mis en scène avec un lyrisme ensorcelant, Hellraiser dégage un audacieux parfum de souffre et de scandale de par son environnement malsain résolument vertigineux. L'onirisme macabre de ces images gores rehaussées d'impressionnants effets-spéciaux, ses personnages immodérément immoraux, l'ambiance putride qui en découle et son score infiniment épuré acheminent l'essai au culte d'une délectable horreur SM ! 

* Bruno
05.01.19. (4èx)

La chronique d'Hellraiser 2: http://brunomatei.blogspot.com/2011/10/hellraiser-2-les-ecorches-hellbound.html

Note: Avant d'opter pour Hellraiser, la production avait songé au titre Sadomasochistes from Beyond the Grave, qu'on pourrait traduire par Les Masochistes d'outre-tombe.
La maison du film se situe au 55 Ludovico Place, qui se trouve être l'adresse de l'institut Ludovico du film Orange Mécanique où Alex avait été envoyé pour devenir non-violent.

RécompensesPrix spécial de la peur à Avoriaz en 1988.
Prix de la Critique à Fantasporto en 1988.

19.10.11.   4
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jeudi 22 février 2018

SPOOKIES

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Genie Joseph (Eugénie Joseph). 1986. U.S.A. 1h25. Avec Felix Ward, Dan Scott, Alec Nemser, Maria Pechukas, A.J. Lowenthal.

Sortie salles France: Mars 1986 (uniquement au Rex de Paris). 14 Mai 1986 (uniquement au Festival de Cannes). U.S: Janvier 1988.

FILMOGRAPHIE: Genie Joseph est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 31 Janvier 1956 à Long Island, New York, USA. 2010: Pheromone (Video short). 1987: Mind Benders. 1986: Spookies.


Naveton des années 80, Spookies vaut essentiellement pour l'atmosphère horrifique de son préambule timidement séduisant, pour le soin de sa photo et des décors (aussi limités soient-ils !) et surtout pour la qualité de ses effets-spéciaux artisanaux plutôt créatifs (et ce même si on sent clairement l'influence de Ghoulies et d'Evil-dead). Car hélas son histoire, son casting et sa mise en scène résolument insipides ne sont guère à la hauteur.

* Bruno

mercredi 21 février 2018

LES HORREURS DE FRANKENSTEIN

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"The Horror of Frankenstein" de Jimmy Sangster. 1970. Angleterre. 1h35. Avec Ralph Bates, Kate O'Mara, Veronica Carlson, Dennis Price, Jon Finch, Bernard Archard.

Sortie salles Angleterre: 8 Novembre 1970.

FILMOGRAPHIE: Jimmy Sangster est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma britannique né le 2 décembre 1927 dans le North Wales (Pays de Galles), décédé le 19 août 2011 à Londres. 1970 : Les Horreurs de Frankenstein. 1971 : Lust for a Vampire. 1972 : Sueur froide dans la nuit.


Sixième et avant dernier volet de la saga Frankenstein, les Horreurs de Frankenstein est considéré par beaucoup de critiques comme le plus faible (pour ne pas dire le plus mauvais chez les langues les plus lapidaires). Faute d'un script remanié par Sangster himself sous le ton de la semi-parodie (il préfigure d'ailleurs d'une certaine manière Chair pour Frankenstein réalisé 4 ans plus tard !) que les fans ont sans doute mal perçu à l'époque. Déclinaison orthodoxe mais pour autant insolente des chefs-d'oeuvre de James Wales et de Terence Fisher, Les Horreurs de Frankenstein baigne dans un climat bisseux décomplexé comme le rehausse sa seconde partie quant à la résurrection du monstre ingérable. Une créature à la fois pataude et inexpressive que l'on croirait sortie d'une série Z si bien que ses débandades criminelles prêtent presque à rire sous la mainmise de son créateur jeanfoutiste, sans vergogne et machiste (sa dissension légèrement pittoresque entre ses deux maîtresses superbement campées par Kate O'Mara et Veronica Carlson).


Ce dernier multipliant, tel un renard matois, les stratégies véreuses avec une insouciance outre-mesure afin de se débarrasser de chaque témoin gênant. Tant et si bien que son ambition première (créer la vie de ses mains en guise de mégalomanie) s'avère ici détournée au profit d'une décadence meurtrière à la fois vaniteuse et insidieuse. Et donc, si la première partie, éculée et négligeable, laisse présager le pire, en dépit de touches d'humour noir proéminentes (à l'instar du sort réservé à l'adjoint atone de Frankenstein), la suite bifurque vers des raccourcis inopinément plaisants, pour ne pas dire délirants selon votre goût pour la farce macabre estampillée "second degré". A savoir que les va-et- vient (contradictoires) de la créature sillonnant le château et la campagne font preuve d'une cocasserie tacite dans sa posture versatile de se plier ou non aux exigences de son maître. 


Comme de coutume flamboyant sous l'étendard de la Hammer, de par sa photo contrastée, ses décors gothiques épurés et ses actrices plantureuses à la beauté lascive, les Horreurs de Frankenstein empreinte la démarche du sarcasme pour tenter de redorer un sang neuf à sa noble saga, sous l'impulsion inopinément impudente de Ralph Bates assez plaisant en baron décadent (précurseur d'Udo Kier si j'ose dire !). A apprécier au second degré, faute de quoi certains puristes risqueraient de faire grise mine ! 

* Bruno
3èx

lundi 19 février 2018

COLD SKIN

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Xavier Gens. 2017. France/Espagne. 1h47. Avec David Oakes, Aura Garrido, Ray Stevenson, John Benfield.

Sortie salles France: 10 Septembre 2017 (l'Etrange Festival). Espagne: 20 Octobre 2017

FILMOGRAPHIE: Xavier Gens est un réalisateur, scénariste, producteur exécutif et acteur français, né le 27 Avril 1975 à Dunkerque. 2007: Hitman. 2008: Frontières. 2012: The Divide. 2012: The ABCs of death (un segment). 2017: The Crucifixion. 2017: Cold Skin.


Un message désespéré d'amour et de paix dans un monde de violence avili par la peur de l'autre. 

Après la déception The Crucifixion, Xavier gens nous revient revigoré avec Cold Skin. Une oeuvre fantastique modeste jouant la carte de l'intimité sous le pivot de deux protagonistes aussi pugnaces que fragiles dans leur condition esseulée. Entamant intelligemment au cours du récit des réflexions sur l'origine des conflits, l'incommunicabilité entre les ethnies, la crainte de la différence et la misanthropie du point de vue d'un Robinson bourru traumatisé par la disparition de son épouse, Cold Skin provoque une émotion quasi désespérée si je me réfère à sa conclusion irrésolue en quête d'exutoire. En 1914, un météorologue s'exile sur une île durant un an en compagnie du gardien d'un phare. Chaque nuit, ils doivent livrer un combat sans merci contre des créatures hostiles prenant d'assaut leur foyer. 


Ce pitch linéaire et inquiétant, soigneusement conté et imagé (tant auprès de sa photo limpide que de la beauté des décors sauvages), est un prétexte afin de brosser les caractères bien trempés de deux protagonistes contraints d'utiliser les armes pour survivre à une résilience de rude épreuve. Cold Skin puisant sa force dans la description évolutive de ses derniers, notamment auprès du météorologue beaucoup plus curieux et empathique à tenter de comprendre la race des amphibiens n'attaquant que de nuit pour mieux les ébranler. Prenant soin de développer les fêlures et faiblesses humaines du duo divergent, si bien que les scènes d'actions intenses et percutantes les font évoluer d'un point de vue dramatique, Xavier Gens distille une émotion prude parfois poignante qui percera lors de l'épilogue bouleversant. Ce dernier très affecté par la cause animale et le spécisme parvenant louablement à attendrir et à donner chair à une créature domestique à l'aide de maquillages très convaincants. Son récit efficacement exacerbé de pugilats sanglants instaurant scrupuleusement un climat mélancolique quant au poids de la solitude que se résignent à résister deux belligérants du haut de leur phare.


"On perd son humanité dans un océan de chagrin"
En humaniste porteur d'espoir, de désir d'amour et de discernement auprès de l'étranger (ici d'origine animale !), Xavier Xens joue la carte de la modestie et de la pudeur avec cette oeuvre fantastique adulte, délicatement poignante (voir même bouleversante auprès de son interrogation finale) quant à l'instinct belliqueux de l'homme rattrapé par sa conscience morale d'une solitude irrespirable. Beau et sensible, à l'instar du score lyrique de Víctor Reyes

* Bruno


vendredi 16 février 2018

MOM AND DAD

 
                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Brian Taylor. 2017. U.S.A. 1h23. Avec Nicolas Cage, Selma Blair, Anne Winters, Zachary Arthur, Olivia Crocicchia.

Sortie salles U.S: 19 Janvier 2018

FILMOGRAPHIE: Brian Taylor est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 12 Juin 1970. 2006: Haute Tension. 2009: Haute Tension 2. 2009: Ultimate Game. 2012: Ghost Rider 2. 2017: Mom and Dad.


Signataire des déjà bien allumés Haute Tension 1 et 2, Brian Taylor enfonce le clou avec le frappadingue Mom and Dad. Une farce horrifique à la fois très noire et vitriolée de par l'unicité de son pitch aussi fou et grotesque qu'improbable. Et pour cause, pour une raison inconnue (même si le réalisateur sous-entend que la contamination émane de la neige parasitaire des écrans TV), tous les parents d'une paisible bourgade sombrent dans une folie meurtrière incontrôlée en dépit des forces de police infructueuses. Férus de haine et de violence, ils s'en prennent uniquement à leur chérubin en guise de rancoeur punitive. Concentré de délire déjanté et de violence cartoonesque se raillant d'une génération impertinente sevrée au consumérisme depuis l'émergence du net, des smartphones et écrans plats, Mom and Dad fait office de montagne russe dans son enchaînement de poursuites domestiques et exactions meurtrières saturées d'une bande-son électro stridente remarquablement percutante.


Ces sonorités parfois dissonantes ou autrement symphoniques instaurant avec originalité et modernité un climat trouble/saugrenu d'insécurité haletante autour d'une situation chaotique échappant à la raison des enfants. Couramment intense après nous avoir habilement illustré le comportement sournois d'une ligue parentale subitement primitive; Mom and Dad cumule les situations de panique et les confrontations musclées au gré d'un rythme stressant fertile en rebondissements débridés (le final bordélique valant son pesant de cacahuètes lors d'un conflit trinaire rendue ingérable !). Franchement inquiétant et parfois même terrifiant (la patiente de l'hôpital s'efforçant d'étrangler son bébé après avoir accouché est à la limite du soutenable de crainte que le cinéaste n'aille jusqu'au bout de l'intolérable !), on peut notamment compter sur les vociférations des comédiens "adultes" prenant malin plaisir à jouer les psychotiques si bien qu'ils nous rappellent parfois les postures outrées de Jack Torrance de Shining. Et à ce jeu pervers de la maltraitance en roue libre, Nicolas Cage et sa partenaire Selma Blair font quasi part égale dans les postures démentielles à courser leurs bambins au sein de leur foyer retranché. Quant aux ados en initiation de survie et stratégies offensives,  Anne Winters et Zachary Arthur se partagent solidairement la vedette avec un désarroi assez perméable si bien que nous craignons réellement pour leur sort avec une appréhension inconfortable.


Farce sardonique efficacement ficelée et diaboliquement folingue, Mom and Dad créé surprise et stupeur avec une vigueur pulsatile. Le jeu du chat et de la souris s'avérant suffisamment inventif, méchamment violent et drôlement saugrenu pour se laisser embarquer dans cette improbable vendetta parentale que Cage et Blair s'amusent communément à singer avec un sérieux dérangé. Electrisant et désarçonnant ! 

* Bruno