mercredi 16 novembre 2022

Smile

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de  Parker Finn. 2022. U.S.A. 1h55. Avec Sosie Bacon, Kyle Gallner, Caitlin Stasey, Jessie T. Usher, Rob Morgan, Kal Penn, Robin Weigert, Judy Reyes.

Sortie salles France: 28 Septembre 2022

FILMOGRAPHIE: Parker Fin est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2022: Smile. 

Plutôt alléchant, voir prometteur et même fascinant de par l'accroche de sa tagline, l'originalité de son titre concis et l'étrangeté de son affiche (même si à priori quelques youtubeurs n'y ont pas été autant charmés que moi); Smile est une excellente surprise à rajouter au palmarès des plus belles flippes à l'écran vues ces dernières années. Une série B adulte (et donc radicalement 1er degré) d'un jeune réalisateur néophyte féru du genre tant et si bien que Smile transpire la sincérité du travail bien fait lorsque celui-ci croit fermement en son projet. Et ce même si on peut déplorer un sentiment de déjà vu (The Ring, It Follows en tête à mon sens) et un final peut-être pas si surprenant que cela (à défaut d'être percutant, voir toujours terrifiant et malaisant), on croit à fond à cette histoire d'entité maléfique exprimant un rictus démonial au moment de s'adonner à l'horreur graphique (je n'en dis pas plus pour éviter de spoiler et dévoiler son pitch) face au témoignage impuissant d'une future victime condamnée à subir des hallucinations impossibles à contrôler. Mais outre l'idée géniale d'offrir au Mal une posture joviale "déconcertante" à travers ce fameux rictus oh combien gênant jusqu'au malaise, Parker Finn privilégie louablement durant les 2/3 tiers du récit la psychologie torturée d'une psychiatre à deux doigts de céder à la démence que le spectateur observe avec autant d'attention, de crainte, d'appréhension. 

Un peu comme le fut d'ailleurs l'héroïne Nancy Thompson des Griffes de la Nuit, l'héroïne de Smile ne parvient plus non plus à distinguer la réalité de ses hallucinations intempestives si bien que le spectateur lui tend la main dans sa psychose démunie avec une empathie quasi aussi dépressive. Ainsi, à travers le jeu nuancé de Sosie Bacon irréprochable en victime monomane s'efforçant vainement de trouver un appui amical pour s'extirper de son cauchemar paranormal au même moment d'y perpétrer son enquête officieuse, on s'identifie de plein gré à ce personnage soumis à travers le chemin de croix de son évolution morale davantage en porte à faux. Le réalisateur soulignant intelligemment son profil chétif sous l'impulsion d'une mise en scène studieuse prenant son temps à implanter autour d'elle un climat d'angoisse redoutablement palpable. Avec l'audace de cultiver entre autre quelques jump scare étonnamment percutants, notamment pour leur refus de gratuité, si bien que l'on plonge dans ce train fantôme avec une évidente fascination malsaine eu égard de la rigueur de ses scènes chocs souvent très impressionnantes (à l'instar de son prologue tétanisant). Et sur ce point frisonnant, Smile est une belle réussite coiffant au poteau 90% de la production horrifique en cette année 2022.

Talent à surveiller que cette oeuvre prometteuse plutôt maîtrisée dans le brio de sentiments d'angoisse et d'anxiété plutôt malsaines, Parker Finn accomplit avec cette modeste série B un formidable divertissement horrifique, adulte, intelligent, par moments effrayant et sans concession (jusqu'au générique final). En alternant notamment à bon escient un score dissonant et les silences pesants avec un art consommé de la tension dérangée si bien que la menace invisible n'aura jamais été aussi insécure qu'à travers le présage de ce rictus résolument morbide. 

*Bruno

vendredi 11 novembre 2022

Death Race / Course à la Mort

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

de Paul Thomas Anderson. 2008. U.S.A/Allemagne/Angleterre. 1h51 (version longue). Avec Jason Statham, Joan Allen, Tyrese Gibson, Ian McShane, Natalie Martinez

Sortie salles France: 15 Octobre 2008. U.S: 22 Août 2008 (int - 17 ans)

FILMOGRAPHIE: Paul William Scott Anderson, né le 4 mars 1965 à Newcastle upon Tyne est un producteur, réalisateur et scénariste britannique. 1994 : Shopping. 1995 : Mortal Kombat. 1997 : Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà. 1998 : Soldier. 2000 : The Sight. 2002 : Resident Evil. 2004 : Alien vs Predator. 2008: Death Race. 2010 : Resident Evil: Afterlife. 2011 : Les Trois Mousquetaires 3D. 2012 : Resident Evil : Retribution 3D. 2014 : Pompéi. 2016 : Resident Evil : Chapitre final. 2020 : Monster Hunter. 

« Ce n'est pas un remake du tout. Le premier film était une course à travers l'Amérique. C'était autour d'une course mondiale. Celui-là sera orienté vers l'avenir, donc les voitures sont encore plus futuristes. Donc vous aurez des voitures avec des fusées, des mitrailleuses, les champs de force ; des voitures pouvant se fractionner et se reformer, un peu comme les Transformers, les voitures qui deviennent invisibles... »

Paul W. S. Anderson

Déclinaison donc du cultissime Les Seigneurs de la Route (que j'ai eu l'opportunité de découvrir en salles), Death Race se révèle une bonne surprise pour l'amateur d'action bourrine que Paul Thomas Anderson (Event Horizon) rend (étonnamment) lisible en dépit de sa caméra épileptique inspirée des expérimentations pédantes de Michael Bay. Entre parenthèse, cela n'a rien à voir avec la saga  Transformers que le cinéaste ose comparer, peut-être afin d'influencer le grand public. Le récit se découpant en 3 courses endiablées alors que celui-ci a l'habileté d'éviter de se répéter afin de relancer l'action survitaminée des tôles froissées vers d'autres horizons à la fois délétères et fructueuses quant aux sorts de nos héros émérites redoublants de stratagèmes pour s'extirper de leur géôle au gré d'une intensité furibonde assez jouissive (surtout pour l'effet de surprise de la 1ère course). Car au-delà de l'efficacité de l'intrigue correctement menée, inventive et semée de petits rebondissements, Death Race impressionne formellement parlant à travers sa facture futuriste où aucun détail métallique ne nous est épargné. Le réalisateur décrivant parmi le réalisme d'une photo désaturée un univers dystopique au sein d'une prison officieuse si j'ose dire pour mettre en pratique une épreuve sportive létale inspirée des jeux du cirque romain dans la coure de l'enceinte. 

Les carrosseries customisées demeurant terriblement fascinantes, démoniales, clinquantes; de par leur aspect insalubre / rubigineux pour autant fiable, stable, tenace, notamment grâce aux sulfateuses implantées sur les capots de chaque véhicule et autres pochettes surprises. On songe clairement à la scénographie barbare de Mad-Max 2, impression renforcée lorsqu'intervient un "camion de la mort" impossible à alpaguer à travers ses nombreux gadgets meurtriers et son imposante stature quasi indestructible piétinant tout sur son passage. Quand bien même ses épreuves vertigineuses sont retransmises en direct à la TV face au voyeurisme d'une cinquantaine de millions de téléspectateurs (que nous ne verrons jamais pour se concentrer essentiellement sur le terrain de jeu strictement carcéral). On retrouve donc le personnage de Frankenstein qu'endosse avec sa virilité habituelle l'illustre Jason Statham parfaitement à l'aise en casse-cou routier s'efforçant de remporter la mise afin de retrouver sa fille hébergée chez un étranger à plus de 3500 kms. L'acteur dégageant un charisme idoine pour se glisser dans la peau (tatouée) d'un détenu stoïque, impassible, eu égard des nombreux pièges et subterfuges lancés à son encontre.

Parmi l'heureuse initiative de ne pas se prendre au sérieux, avec en prime 2/3 effets gores sardoniques et l'ultra violence de bastonnades et poursuites destroy souvent très impressionnantes, Death Race joue aimablement la carte de la série B du Samedi soir avec une perpétuelle efficacité. Aussi modestes soient ses enjeux éculés (habilement exploitées) et autres clichés sciemment assumés pour ne jamais reluquer sa montre (le film dure tout de même 1h51 dans sa version intégrale). Quant aux suites opportunistes rapidement torchées et expédiées, il n'y a rien à signaler.

*Bruno
2èx

La Fille de Dracula / Dracula's Daughter

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Lambert Hillyer. 1936. U.S.A. 1h11. Avec Otto Kruger, Gloria Holden, Marguerite Churchill, Edward Van Sloan, Gilbert Emery, Irving Pichel, Halliwell Hobbes.

Sortie salles France: 17 Juillet 1936. U.S: 11 Mai 1936

FILMOGRAPHIELambert Hillyer est un scénariste et réalisateur américain né à South Bend, le 8 juillet 1889 et mort à Los Angeles le 5 juillet 1969, quelques jours avant son 80e anniversaire.1917 : La Révélation. 1918 : Riddle Gawne, coréalisé avec William S. Hart. 1919 : Le Shérif Carmody. 1919 : Le Frère inconnu. 1919 : La Caravane. 1919 : L'Enfer des villes. 1920 : Son dernier exploit. 1920 : Son meilleur ami. 1921 : L'Homme marqué. 1921 : Sa haine. 1922 : L'Homme aux deux visages. 1922 : The Altar Stairs. 1922 : Sur les grands chemins. 1923 : The Lone Star Ranger. 1923 : La Terre a tremblé. 1923 : La Brebis égarée. 1924 : Les Fraudeurs. 1925 : Un poing d'honneur. 1926 : Vagabond malgré elle. 1932 : L'Aigle blanc. 1934 : Once to Every Woman. 1934 : The Defense Rests. 1934 : Les Écumeurs de la nuit. 1935 : Les Hommes de l'heure. 1935 : À toute allure. 1936 : Le Rayon invisible. 1936 : La Fille de Dracula. 1938 : Détenues. 1941 : Hands Across the Rockies. 1943 : Batman. 1945 : Beyond the Pecos
1948 : The Fighting Ranger. 1948 : Song of the Drifter. 


Aussi paradoxal que cela puisse paraître, La Fille de Dracula fait suite au chef-d'oeuvre de Tod Browning, Dracula tourné 3 ans au préalable. Dans la mesure où celle-ci tente en l'occurrence de se débarrasser de son fardeau filial en sollicitant l'aide d'un psychiatre puisque hantée par l'affres de pulsions vampiriques. Et ce en dépit de la mort du prince des ténèbres foudroyé d'un pieu dans le coeur par Mr Van Helsing (toujours incarné par Edward Van Sloan). Tourné dans un magnifique noir et blanc avec au passage 2/3 séquences d'un onirisme macabre proéminent, la Fille de Dracula propose l'intelligence d'éluder toute violence graphique au profit d'une intrigue à suspense soigneusement structurée. Or, là où le bas blesse, c'est que les rares situations horrifiques qui empiètent le récit (à base de somnambulisme) demeurent si timorées que nous n'avions jamais l'impression d'avoir affaire à un film d'épouvante en bonne et due forme de la Universal


Pour autant, le soin imparti à la réalisation et surtout le jeu irréprochable des acteurs (j'ai d'ailleurs été  surpris pour une oeuvre de cette époque) permettent de suivre le récit sans ennui auprès des afficionados (à contrario du grand public qui pourrait potentiellement s'ennuyer d'escompter le p'tit frisson attendu). Les protagonistes demeurant tout à fait attachants (la romcom versatile entre le docteur et la ravissante Janet en sous-intrigue ne manque pas de tendresse badine) quand bien même la présence ténébreuse et charnelle de Gloria Holden (qui détestait le genre horrifique !) nous instaure un sentiment fascinatoire plutôt convaincant en dépit de ses faibles intentions à nous susciter le sentiment insécure. On apprécie par ailleurs à travers cet âge d'or plutôt rigoriste son allusion au saphisme lorsque la comtesse semble éprouver une certaine attirance sexuelle auprès de l'une de ses proies transie d'émoi. 


Parfois gentiment amusant auprès de ses épisodes cocasses (surtout le prologue et les déconvenues dans le commissariat), La Fille de Dracula demeure une sympathique séquelle solidement réalisée et interprétée, mais à réserver cependant aux inconditionnels. 

*Bruno

jeudi 10 novembre 2022

Le Temps du Massacre / Tempo di massacro

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

de Lucio Fulci. 1966. Italie. 1h32. Avec Franco Nero, George Hilton, John M. Douglas, Nino Castelnuovo, Tom Felleghy, Rina Franchetti.

Sortie salles France: 27 Juillet 1967. Italie: 10 Août 1966

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1978: Selle d'Argent. 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantômes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


1966 imprime un tournant dans la carrière de Lucio Fulci. Dans la mesure où après avoir réalisé de nombreuses comédies, le maestro s'essaie au western avec le Temps du massacre au moment de s'inspirer de Sergio Leone depuis la sortie de Pour une Poignée de dollars tourné 2 ans plus tôt. Un western italien (spaghetti reste un terme trivial aujourd'hui obsolète) d'une violence âpre pour l'époque si bien qu'aujourd'hui on reste à nouveau impressionné par son prologue d'une inopinée cruauté horrifique (un homme dévoré vivant par des chiens après une traque sans relâche face à des témoignages voyeuristes dont certains regards pervers ne trompent pas) et la fameuse anthologie du lynchage au fouet que l'acteur Nino Castelnuovo manie avec sadisme eu égard de l'expression perverse de son visage humecté de haine, de jouissance, de tracas, d'épuisement. Pour ce faire, l'acteur demeure redoutablement inquiétant, étrange, dérangeant sous l'impulsion de son faciès maladif à la lisière d'une douce démence. Sa présence magnétique renforçant l'atmosphère trouble qui ressort de ce western franc-tireur inscrit dans une marginalité assumée si j'ose dire.  

Quand bien même Franco Nero lui partage dignement la vedette de par l'intensité de ses yeux azurs en héros redresseur de tort impliqué malgré lui dans une sinistre affaire familiale. L'intrigue demeurant parfaitement efficace, en suspens, auprès de son évolution narrative charpentée rehaussée d'étonnants rebondissements afin de renchérir l'aura de souffre qui entoure nos protagonistes en proie aux règlements de compte intimidants ou punitifs. A l'instar de son massacre final explosif où l'action quasi ininterrompue ravira les amateurs par ses chorégraphies d'une violence relativement décomplexée. Outre l'aspect captivant de son récit redoutablement cruel à travers sa dramaturgie escarpée, on est stupéfiais de l'inspiration de Fulci soignant ses cadres et sa photo scope avec un certain gout pour le baroque (les antagonistes vêtus de costumes blancs, les vallées rocailleuses également nacrées). Celui-ci transfigurant sa scénographie classique dans un modernisme fortuit en faisant preuve notamment d'une surprenante efficience pour relancer l'action vers une direction quelque peu mélancolique quant à l'amoncellement des cadavres exécutés pour des enjeux terroristes.  

Plutôt flamboyant dans une certaine mesure à travers son onirisme baroque (notamment ce plan final avec cette colombe tachetée de sang parcourant le ciel pour imposer sa liberté), Le Temps du Massacre se décline dignement en classique du western italien sous la mainmise de Lucio Fulci déjà inspiré à asseoir sa réputation malsaine de par son goût pour une violence sadienne au service narratif (on milite pour le sens de l'honneur, de la justice et des valeurs familiales) et de ses personnages mutuellement gagnés d'agissements à la fois rebelles et hargneux. 

*Bruno
3èx

mardi 1 novembre 2022

A l'Ouest rien de nouveau / All Quiet on the Western Front

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Edward Berger. 2022. Allemagne/U.S.A/Angleterre. France. 2h28. Avec Daniel Brühl, Albrecht Schuch, Felix Kammerer, Moritz Klaus, Aaron Hilmer, Edin Hasanovic.

Diffusé sur Netflix le 28 Octobre 2022

FILMOGRAPHIEEdward Berger est un réalisateur, producteur et scénariste allemand né en 1970 à Wolfsburg, Lower Saxony. 2001: Frau2 sucht HappyEnd. 1998 Gomez - Kopf oder Zahl. 1995: Wanderbread. 1994 Smelly Dinners. 1993 Sidewalk Hotel. 1992 Strait-Jacket. 2007: Windland (TV Movie). 2012: Mutter muss weg (TV Movie). 2011 Ein guter Sommer (TV Movie). 2014: Jack. 2019: All my loving. 2022: A l'Ouest rien de nouveau. 


Un message anti-guerre d'une puissance formelle et morale peu commune.
Impossible de sortir indemne d'un tel fiasco mortifié sitôt le générique mutique clos (parti-pris digne afin de rendre ultime hommage aux 17 millions de morts). Une descente aux enfers donc aussi immersive que vertigineuse eu égard de l'extrême réalisme des affrontements belliqueux d'une barbarie ad nauseam. Edward Berger relatant la fin de la 1ère guerre mondiale du point de vue germanique comme si vous y étiez (euphémisme si j'ose dire tant l'expérience s'avère éprouvante, pour ne pas dire écoeurante même si on m'avait prévenu que l'horreur était émétique). Et il faut sans doute remonter à Il faut sauver le soldat Ryan pour renouer avec un tel degré d'intensité dramatique, de tragédie électrisante et de folie paroxystique au gré d'affrontements primitifs aussi interminables qu'épuisants. Là où il n'y a ni bons ni méchants en cas de guerre internationale. Si bien que les Allemands sont tout simplement perçus comme des hommes aussi apeurés par la violence omniprésente (la leur et celle des autres) et sa contagion qui en émane inéluctablement. 


A l'instar du chemin de croix du jeune recrue Paul traversant les bombes, les balles et ses charniers de cadavres avec un humanisme inévitablement sentencieux quant à son fébrile témoignage d'assister impuissant à l'apocalypse des pièges à tranchées. La force du récit émanant de son apprentissage avec la déchéance morale. Son regard candide puis coupable à se substituer en animal sauvage comme le démontrent sans logique ses camarades et rivaux combattant armes à la main dans un élan patriotique résolument suicidaire (ou désaxé, c'est selon). D'une durée de 2h28, A l'ouest rien de nouveau ne nous laisse que peu de répit, entre scènes d'anthologie horrifiantes, aparté intimistes et compromis entre nos leaders militaires totalement déconnectés de la situation chaotique comme le souligne son final ubuesque lorsque le général Friedrichs décide de poursuivre une ultime guérilla en dépit de l'armistice fraîchement signée. 


Formellement sublime par son onirisme à la fois serein (le contraste établi avec la nature matinale ou crépusculaire), étrange puis mélancolique (surtout dès que l'armistice est adoubé), faute d'une aura morbide aphone planant sur les épaules de soldats épuisés de faim, de fatigue et de (dé)goût de se battre, A l'Ouest rien de nouveau dénonce sans ambiguïté l'absurdité de la folie guerrière auprès de l'exploitation outre-mesurée de ses recrues préalablement appâtés par l'héroïsme du patriotisme. Dénonçant sans ambages la guerre dans toute son insalubrité nécrosée au point que chaque détail nous agresse la vue parmi la fragilité d'un désespoir plus imposant lors de sa dernière demi-heure désarmante de non-sens, A l'ouest rien nouveau nous détourne le regard d'une imagerie horrifique jamais glorifiante (aucun héroïsme à l'horizon, que des visages livides martyrisés par la violence). De par son réalisme tranché aussi poisseux qu'intolérable. Si bien qu'un seul désir nous martèle l'esprit dès le générique clos: l'envie de prendre une douche, ou mieux, serrer longuement nos proches, avec amour, réconfort et beaucoup, beaucoup de tendresse. 
Pour public averti (mais à diffuser d'urgence dans tous les lycées du monde). 

*Bruno

lundi 31 octobre 2022

Don't worry Darling

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Olivia Wilde. 2022. U.S.A. 2h04. Avec Florence Pugh, Harry Styles, Olivia Wilde, Chris Pine, Gemma Chan, KiKi Layne. 

Sortie salles France: 21 Septembre 2022. U.S: 23 Septembre 2022

FILMOGRAPHIE: Olivia Jane Cockburn, dite Olivia Wilde, est une actrice, réalisatrice et productrice américaine, née le 10 mars 1984 à New York. 2011 : Free Hugs (court métrage) - également scénariste. 2016 : No Love Like Yours (clip) du groupe Edward Sharpe and the Magnetic Zeros. 2016 : Dark Necessities (clip) du groupe Red Hot Chili Peppers. 2019 : Booksmart. 2020 : Wake Up (court métrage). 2022 : Don't Worry Darling. en projet : Perfect. En projet : Olivia Wilde a signé avec Sony Pictures pour réaliser un film centré sur le personnage de comics Spider-Woman. 

Enorme surprise que ce Don't worry Darling aussi puissant, original et intrigant que Get Out et le génial les Femmes de Stepford (grand classique oublié des Seventies), en dépit de sa discrète sortie en salle. La réalisatrice Olivia Wilde parvenant promptement à susciter une irrésistible et constante curiosité eu égard du soin formel imparti à sa scénographie édénique native des années 50. Un microcosme solaire que l'on nous dépeint à travers les yeux d'Alice, jeune épouse fraîchement débarquée dans la cité ouvrière de Victory en Californie. Un projet tenu top secret que son époux a pour mission de ne point divulguer si bien que chaque épouse est contrainte de s'isoler dans leur demeure sitôt leurs maris partis au chantier pour la fabrication de matériaux avancés. Or, Alice souffre d'hallucinations récursives en s'inquiétant d'autre part de détails domestiques inquiétants et comportements insidieux, alors qu'une des épouses afro-ricaine, Margaret, lui avoue des propos malveillants incohérents qu'elle se refuse à dramatiser dans un premier temps. 

Fort de son ambiance d'inquiétude prégnante et d'une angoisse latente puis diffuse génialement fascinante, Don't worry Darling n'a aucune peine à nous embarquer tête baissée dans un épisode grandeur nature de la 4è Dimension sous l'impulsion d'un casting (faussement) fringant. En particulier la présence de Florence Pugh (révélée dans Midsommar) parvenant à nous communiquer ses sentiments de doute et d'appréhension, d'angoisse et de contrariété puis ses crises de panique avec une force expressive lestement dépressive. Si bien que sa moralité malaisante à la lisière de la folie paranoïaque et de la schizophrénie déteint sur notre conscience au gré d'une trajectoire dramatique redoutablement efficace. Olivia Wilde (ici également actrice de second-rôle en épouse modèle sciemment imberbe) maîtrisant admirablement son récit avec un sens aigu du suspense infaillible (on est tout le temps sur le qui-vive d'une éventuelle info afin de mieux nous éclairer sur son contenu bicéphale). Tant et si bien que dès qu'intervient le twist final on se désarme de stupeur à reconsidérer toute l'intrigue que nous avions vécues à travers les yeux dubitatifs d'Alice tout en s'alertant de sa condition de survie en porte-à-faux. 


Un monde Parfait.
En abordant les thèmes passionnants du matérialisme, du malaise existentiel et de la quête de perfection à daigner s'ériger un monde idéal sous une autorité patriarche, Don't worry Darling joue admirablement la carte du thriller psychologique avec un art consommé du suspense oppressant.  Florence Pugh monopolisant gracieusement l'écran avec un humanisme déconfit résolument contagieux (on se met réellement à sa place en vivant son aventure cauchemardesque avec la trouble fascination d'y vivre une seconde réalité). Son parcours à la fois épineux et précaire de quête de vérité demeurant terriblement attachant, haletant, inquiétant et magnétique sous la mainmise de sa réalisatrice très inspirée à nous ébranler l'encéphale au sein de son huis-clos trop conventionnel pour être honnête. Un régal permanent. 

Ci-joint la chronique des Femmes de Stepford: http://brunomatei.blogspot.com/…/les-femmes-de-stepford.html

*Bruno 

samedi 29 octobre 2022

Meurtres sans Ordonnance / The Good Nurse

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Tobias Lindholm. 2022. U.S.A. 2h04. Avec Jessica Chastain, Eddie Redmayne, Nnamdi Asomugha, Noah Emmerich, Kim Dickens 

Diffusé sur Netflix le 26 Octobre 2022

FILMOGRAPHIE: Tobias Lindholm né le 5 juillet 1977 est un réalisateur et scénariste danois. 2010 : R. 2012 : Hijacking (Kapringen). 2015 : A War (en danois : Krigen). 2022 : Meurtres sans ordonnance (The Good Nurse). 

Remarquable thriller psychologique transcendé du duo galvaudé Jessica Chastain / Eddie Redmayne soulevant le récit du poids de leurs épaules avec une dimension humaine aussi fébrile qu'équivoque, Meurtres sans Ordonnance relate l'histoire vraie du serial-killer Charles Cullen responsable de la mort de 29 patients dans le New-Jersey (le générique final nous révélera que ses aveux forcés émanent de sa crainte de la peine de mort alors qu'il afficherait peut-être à son palmarès plus de 400 victimes !). Et ce sur une période de 16 ans en tant qu'infirmier fréquemment muté dans divers centres hospitaliers à la suite de leurs suspicions criminelles. Dans la mesure où afin de préserver la réputation de leur entreprise, le corps médical n'osa jamais alerter la police en lieu et place de licenciement professionnel. Or, à peine muté dans un nouvel hôpital, Charles Cullen se lie d'amitié avec l'infirmière Amy Loughren, mère de 2 filles souffrant de problèmes cardiaques. L'intrigue soigneusement contée attachant autant d'importance à leur sincère relation qu'aux incidents criminels qui empiètent leur amitié au fil d'une investigation policière peu à peu prégnante. 

Dénué de complaisance et de racolage en éludant les codes du thriller horrifique pour un sujet aussi morbide, la réalisation à la fois chiadée et personnelle du danois Tobias Lindholm (l'excellent Hijacking avec sa prise d'otages maritime hyper documentée) privilégie le déclic affectif des personnages avec une appréhension subtilement inquiétante eu égard de l'évolution d'Amy partagée entre l'angoisse de sa pathologie, son rapport conflictuel avec sa fille aînée (Alix West Lefler, bluffante de maturité caractérielle du haut de ses 11 ans !) et sa frayeur morale davantage grandissante à s'opposer à son confrère potentiellement tueur en série. Eddie Redmayne endossant avec une retenue glaciale l'infirmier placide prêtant main forte à Amy avec une trouble attention réconfortante. Quand bien même Jessica Chastain se taille une carrure à la fois chétive, fébrile et résignée à daigner démasquer au fil de sa remise en question amicale l'imposteur criminel avec l'aide de 2 policiers infaillibles. Tout cela étant sobrement traité par cette poignée d'acteurs sans fard communément impliqué dans une affaire criminelle à l'aura de scandale (aucune procédure pénale contre la responsabilité hospitalière souvent confinée dans le mutisme et le déni de crainte de perdre leur autorité et leur emploi).  


"I can't !"
Récit vénéneux d'un amitié incongrue que Jessica Chastain et Eddie Redmayne endossent avec un humanisme poignant à la fois torturé et sentencieux, Meurtres sans Ordonnance captive et passionne sans l'ombre d'une esbroufe. Le réalisateur misant essentiellement sur la solidité de sa mise en scène vériste largement épaulée du duo susnommé habité par leurs démons infortunés. Sa dimension "fait-divers" demeurant d'autant plus singulière qu'elle s'avère irrésolue quant aux véritables mobiles de Charles Cullen plongé dans un insupportable mutisme, le regard grave impassible. 

*Bruno

mardi 25 octobre 2022

Barbarian

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Zach Cregger. 2022. U.S.A. 1h42. Avec Georgina Campbell, Bill Skarsgård, Justin Long, Matthew Patrick Davis, Richard Brake, Kurt Braunohler.

Sortie salles France: 9 Novembre 2022. U.S: 9 Septembre 2022

FILMOGRAPHIEZach Cregger est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 1er Mars 1981 à Arlington, Virginie, USA. 2009: Miss Mars. 2011: The Civil War on Drugs. 2022: Barbarian. 


                   Avertissement ! Evitez de reluquer tous trailers et synopsis trop explicatif.

Oubliez le titre, racoleur, inutile, injustifié (ou alors si peu) car derrière cet argument mercantile trivial se cache un excellent B movie comme on en voit trop peu de nos jours. Car de nos jours on ne les comptent même pas sur les doigts d'une main les métrages adultes parvenant à nous provoquer la frousse si on fait fi de la facilité de jump-scares souvent foireux et gratuits. Barbarian demeurant un pur divertissement horrifique entièrement dédié à la flippe du noir comme il en pullulait lors des sacro-saintes années 80. Ainsi donc, en prenant le genre au 1er degré au creux d'un esprit grand-guignol, Zach Cregger nous conçoit une sorte de train fantôme sarcastique d'une efficacité métronome quant à la gestion de sa montée de l'angoisse (formidable 1ère demi-heure basée sur la double interrogation du danger invisible et d'un éventuel suspect faussement affable !) et de ses rebondissements à ressort plutôt habilement gérés (sa seconde partie autrement intrépide et musclée) en dépit d'un final hélas paradoxalement improbable au gré de facilités dont on se serait bien passé. 


C'est d'autant plus regrettable, étonnant de sombrer soudainement dans les conventions alors qu'au préalable nous fumes constamment surpris de l'intelligence du cinéaste à se jouer des clichés pour mieux nous surprendre et relancer l'action imprévisible. L'intrigue scindée en 2 parties retraçant l'instance de survie d'une victime féminine piégée à l'intérieur d'une bâtisse de tous les dangers puis l'entrée en matière d'un nouveau personnage auquel nous ferons subitement connaissance. Zach Cregger exploitant intelligemment les décors caverneux avec un art consommé d'une tension anxiogène qui ne nous lâche pas d'une semelle (toute l'intrigue est quasi vécue en mode huis-clos nocturne). Tout du moins pour la première demi-heure formidablement contée et millimétrée car la suite autrement oppressante et haletante adoptera un virage autrement plus rythmé à travers cette folle course contre la mort que les protagonistes tentent de déjouer avec une appréhension difficilement gérable. Qui plus est,  impeccablement endossé par de jeunes comédiens se prêtant au jeu du "ouh fais-moi peur" avec une expressivité sans fard, Barbarian se décline en jubilatoire jeu de peur et de tension parmi la menace de l'innommable d'un point de vue principalement corporel j'entends (je n'en dirai pas plus). 


Le sous-sol de la Peur.
Abordant les thématiques paranoïdes de la peur de l'autre, (de l'inefficacité policière dépassée par le délitement sociétal) et du harcèlement sexuel en pleine culture Wok et du mouvement Me too, Zach Cregger accomplit avec Barbarian une immense farce macabre où l'humour noir, l'attente de l'angoisse et ses effets épeurants qui s'ensuivent défilent à un train d'enfer de par l'habile construction du récit à plusieurs segments (on peut même en compter 3). On pardonne donc ses 10 dernières minutes étonnamment risibles et incohérentes à relancer les affrontements horrifiques au gré d'une démarche insidieuse bienvenue quant à la nature humaine individualiste. Assurément l'un des meilleurs films d'horreur de 2022 que ce jeu de survie jubilatoire traité avec autant de sérieux que de dérision caustique.

*Bruno

lundi 24 octobre 2022

Jaula

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ignacio Tatay. 2022. Espagne. 1h47. Avec Elena Anaya, Pablo Molinero, Eva Tennear, Eva Llorach, Carlos Santos, Esther Aceb, Eloy Azorín

Diffusé sur Netflix le 24 Octobre 2022. Sortie salles Espagne: 9 Septembre 2022

FILMOGRAPHIE: Ignacio Tatay est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol. 2022: Jaula. 


Produit par Alex De La Iglesia, Jaula est un excellent thriller à suspense hitchcockien qui doit beaucoup de son intérêt et de son intensité grâce à la conviction de son casting irréprochable (principalement Elena Anaya en mère investigatrice seule contre tous) et à l'intelligence de sa mise en scène retardant les rebondissements pour mieux nous piéger dans l'expectative d'une intrigue centrée sur l'interrogation d'une fille apatride. Dans la mesure où Clara vient d'être recueillie par le couple Paula / Simon en pleine nuit sur une route départementale. Incapable de parler et confinée dans un cadre restreint qu'elle dessine à la craie pour se préserver contre toute intrusion, Clara semble perturbée par son mystérieux passé que Paula tentera de démystifier en dépit des soupçons pesant contre elle à la suite d'incidents incriminant la fillette. Huis-clos inquiétant bourré de suspense quant à déchiffrer les secrets qui pèsent sur les épaules de Clara, Jaula est rehaussé de la caractérisation psychologique de ses personnages que symbolisent Paula / Simon avec une dimension humaine résolument communicative quant à leurs conflits d'intérêt maternel. 


Le réalisateur jouant dans un premier temps sobrement sur l'ambivalence de la fillette aux comportements aussi étranges que délétères si je me réfère aux incidents domestiques qui auront lieu dans la demeure. D'autre part, auprès de ce huis-clos familier, on apprécie également le design de sa demeure réconfortante plutôt bien exploitée (et éclairée) de par son réalisme naturaliste (notamment auprès de ses plantes ornementales qui ornent certaines pièces). L'ambiance rassurante de cette paisible demeure contrastant peu à peu avec les sentiments d'inquiétude qui tourmentent Paula / Simon à savoir qui tire les ficelles de cette étrange énigme filiale suggérant la maltraitance infantile. Eva Tennear endossant la fillette "sauvage" avec une retenue toute à la fois craintive, fragile et hostile eu égard de ses comportements parfois erratiques à tenter de se faire comprendre auprès d'un entourage davantage désarmé de solutions fructueuses. La seconde partie empilant sur le flash-back de divers rebondissements crédibles au gré d'une intensité toujours plus oppressante quant aux enjeux de survie des victimes en porte-à-faux. 


Solidement interprété et mis en scène, notamment auprès de l'utilisation très efficace d'un score lestement inquiétant (parfois même envoûtant pour rehausser la dimension humaine de certaines séquences intimistes bâties sur une fragilité réservée), Jaula est une excellente surprise de Netflix qui ne prend pas le spectateur pour un chaland facilement influençable. Captivant, intense et émotionnellement expressif dans une juste pudeur de ton. 

*Bruno

lundi 17 octobre 2022

Les Enchaînés / Notorious

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

d'Alfred Hitchcock. 1946. U.S.A. 1h42. Avec Cary Grant, Ingrid Bergman, Claude Rains, Louis Calhern, Leopoldine Konstantin, Reinhold Schünzel. 

Sortie salles France: 19 Mars 1948. U.S: 6 Septembre 1946

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980. 1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.

Un chef-d'oeuvre d'Alfred Hitchcock illuminé du duo Gary Grant / Ingrid Bergman transperçant l'écran à chacun de leur aparté intime. Gary Grant endossant dans une expression orgueilleuse l'amant taiseux n'osant avoué son amour pour Alicia enrôlée afin d'espionner un collaborateur de son père, espion nazi tout juste incarcéré pour une peine de 20 ans. Pour se faire, elle est contrainte de le séduire afin de découvrir ce que renferme sa cave à vin. Ingrid Bergman se fondant dans le corps de cette femme éperdument amoureuse mais doutant peu à peu des sentiments de Devlin de par son comportement à la fois détaché et sévère. Ce couple glamour partagé entre la rédemption, le doute et la déception dégage donc une incroyable alchimie romantique au fil de leur évolution morale malmenée par leur stratégie d'espionnage, et ce jusqu'au péril de leur vie. Mais la passion des sentiments que nous retransmettent avec grâce impériale les acteurs est notamment sublimée du génie de la mise en scène du maître du suspense dirigeant brillamment ses acteurs car autopsiant leurs profils en plan serré avec un art consommé du détail expressif tantôt exalté tantôt sentencieux. Vénéneux jeu de dupe et de séduction autour du spectre du nazisme (alors que le métrage fut tourné 1 an après la fin de la seconde guerre mondiale), les Enchaînés est une superbe romance à suspense "contemplative" dans la mesure où la mise en scène d'Hitchcock sublime (avec tant de circonspection) les ressorts de son intrigue en suspens au sein d'une facture monochrome envoûtante. 

*Bruno

mercredi 12 octobre 2022

Peggy sue s'est mariée / Peggy Sue Got Married

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Francis Ford Coppola. 1986. U.S.A. 1h43. Avec Kathleen Turner, Nicolas Cage, Barry Miller, Catherine Hicks, Joan Allen, Kevin J. O'Connor.

Sortie salles France: 7 Janvier 1987

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Francis Ford Coppola est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 7 Avril 1939. 1963: Dementia 13. 1966: Big Boy. 1968: La Vallée du Bonheur. 1969: Les Gens de la pluie. 1972: Le Parrain. 1974: Conversation Secrète. Le parrain 2. 1979: Apocalypse Now. 1982: Coup de coeur. 1983: Outsiders. Rusty James. 1984: Cotton Club. 1986: Peggy Sue s'est mariée. 1987: Jardins de Pierre. 1988: Tucker. 1989: New-York Stories. 1990: Le Parrain 3. 1992: Dracula. 1996: Jack. 1997: L'Idéaliste. 2007: l'Homme sans âge. 2009: Tetro. 2011: Twixt.

Succès international en dépit de ses 425 984 entrées dans l'hexagone, Peggy Sue s'est mariée est une merveille de tendresse, de poésie et de fantaisie, le pendant romantique du célèbre Retour vers le Futur de Zemeckis si j'ose parfaire ce parallèle. Francis Ford Coppola déclarant sa flamme aux sixties lorsque Peggy se retrouve projetée dans cette époque florissante après s'être évanouie en 1985 lors d'un bal de commémoration lycéenne. Ainsi, depuis son récent divorce avec son amour de jeunesse Charlie, Peggy revit à nouveau ses premiers émois sentimentaux en tentant cette fois-ci de réparer ces erreurs d'être tombée amoureuse trop tôt de celui-ci. Un jeune utopiste féru de rock and roll dans sa quête de s'imposer chanteur reconnu du showbiz qu'endosse le juvénile Nicolas Cage à l'aide d'une force tranquille à la fois naïve, attendrissante puis fébrile eu égard de ses sentiments galvanisants pour sa muse fréquemment versatile jusqu'aux crépages de chignon. 

C'est donc un magnifique récit romantique que nous cultive sur un plateau d'argent Francis Ford Coppola, une trajectoire initiatique à travers ses thématiques du souvenir, de l'adultère, du doute, de la rédemption et de la peur de l'échec que Kathleen Turner transcende de sa présence incandescente en jeune femme anachronique ballotée entre craintes, tendresse et appréhension à jeter son dévolu sur le prétendant méritant. Celle-ci illuminant l'écran à chacune de ses apparitions fantaisistes (elle se retrouve dans la peau d'une lycéenne 25 ans plus tôt !), dans la mesure où elle parvient véritablement à nous communiquer ses sentiments contradictoires et de nous immerger dans sa psyché à la fois mélancolique et torturée à revivre les plus beaux instants de sa jeunesse (notamment auprès de la nouvelle rencontre de ses jeunes parents et grands-parents) que Coppola idéalise entre tendresse des souvenirs (jusqu'aux moindres détails d'objets familiers qui nous restent gravés dans un coin de l'encéphale). Le film, métaphysique en filigrane (on y traite également de métempsychose, on laisse planer le doute sur le rêve et le voyage temporel), exprimant une immense tendresse pour le désir amoureux que tout un chacun demeure incapable de maîtriser quant à l'évolution positive ou négative de leur destinée.   

Tout cela étant traité avec une sensibilité épurée eu égard de son vortex émotionnel nous agrippant doucement à la gorge sans que le spectateur ne s'aperçoive de son alchimie surnaturelle qu'on ne peut contrôler. Peggy Sue s'est mariée conjuguant avec un brio jamais outré ou complaisant les composantes d'humour, de romance, de science-fiction et (surtout) de tendresse sous l'impulsion d'une Kathleen Turner touchée par la grâce de son passé retrouvé. Le spectateur s'identifiant à ses émotions chétives en se remémorant ses propres souvenirs afin d'éventuellement réparer ses propres failles et erreurs que nous commettons tous dans le passé afin de mieux converger sa destinée à la réussite. Or, ici, quand on s'adresse à la valeur de l'amour, aucun prophète n'est apte de répondre à nos hésitations, nos craintes et nos espoirs, même si la force de caractère et la maturité constituent des outils substantiels pour éviter de louvoyer vers des cheminements rugueux. A revoir d'urgence donc, si bien que l'on peut parler de chef-d'oeuvre universel, hymne au vertige de l'amour (euphémisme !) reconstitué ici à travers nos souvenirs candides. Et personnellement, j'en sors commotionné, faute d'une charge émotionnelle d'une expressivité inattendue. 

*Bruno
2èx

Récompenses

National Board of Review Awards 1986 : meilleure actrice pour Kathleen Turner et Top Ten Films10

BMI Film and TV Awards 1987 : BMI Film Music Award pour John Barry

American Society of Cinematographers Awards 1987 : meilleure photographie d'un long métrage pour Jordan Cronenweth

mardi 11 octobre 2022

La Flèche et le Flambeau / The Flame and the Arrow

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jacques Tourneur. 1950. U.S.A. 1h28. Avec Burt Lancaster, Virginia Mayo, Robert Douglas, Aline MacMahon, Victor Kilian. 

Sortie salles France: 27 Juin 1951. U.S: 7 Juillet 1950

FILMOGRAPHIE: Jacques Thomas, dit Jacques Tourneur est un réalisateur français, né à Paris 12e, le 12 novembre 1904 et mort à Bergerac (Dordogne) le 19 décembre 1977 (à 73 ans). 1931 : Tout ça ne vaut pas l'amour ou Un vieux garçon. 1933 : Toto ou Son Altesse voyage. 1933 : Pour être aimé. 1934 : Les Filles de la concierge. 1939 : They All Come Out. 1939 : Nick Carter, Master Detective. 1940 : Phantom Raiders. 1941 : Doctors Don't Tell. 1942 : La Féline. 1943 : Vaudou. 1943 : L'Homme-léopard. 1944 : Jours de gloire. 1944 : Angoisse. 1946 : Le Passage du canyon. 1947 : La Griffe du passé ou Pendez-moi haut et court. 1948 : Berlin Express. 1949 : La Vie facile. 1950 : Stars in my Crown. 1950 : La Flèche et le Flambeau. 1951 : L'enquête est close. 1951 : La Flibustière des Antilles. 1952 : Le Gaucho. 1953 : Les Révoltés de la Claire-Louise. 1955 : Le juge Thorne fait sa loi. 1955 : Un jeu risqué. 1956 : L'Or et l'Amour. 1957 : Rendez-vous avec la peur. 1957 : Poursuites dans la nuit. 1958 : La Cible parfaite. 1959 : Tombouctou. 1959 : La Bataille de Marathon. 1960 : Passage secret coréalisé avec George Waggner. 1961 : Fury River. 1963 : Le croque-mort s'en mêle. 1965 : La Cité sous la mer.

Plaisant de bout en bout

L'année 2018 débute et je continue mon cycle Jacques Tourneur grâce au très joli coffret que la TMC avait édité. Pour le coup, le cinéaste français change totalement de genre avec un film d'aventures, aux allures de capes et d'épées. La Flèche et le Flambeau est une sorte de Robin des Bois revisité, avec bien sûr des différences.

On prend un héros, défenseur des honnêtes gens et des citoyens, un méchant noble (quoique parfois assez nuancé), une belle dame issue de ce milieu de la noblesse mais attirée par le bandit et on obtient un film d'une heure trente assez agréable.

Il faut dire que le cinéaste a le bon ton de raconter l'histoire avec énormément de légèreté, permettant à Burt Lancaster et ses comparses de faire des cabrioles dignes du cirque. D'ailleurs, Lancaster, sportif de haut vol est féru de cabrioles de cirque. On retrouve notamment dans ce film Nick Cravat, ami d'enfance du comédien et qui joue Piccolo. Les deux comparses tourneront très souvent ensemble et mourront, toujours amis, la même année, en 1994. D'ailleurs, l'énergie déployée par les acteurs, le ton de la farce qui revient assez régulière fait qu'on peut adhérer assez facilement au film.

Si c'est parfois un peu daté dans certains effets, avec un accent un peu trop théâtral pour certaines choses, le film demeure franchement très plaisant de bout en bout. L'histoire est agréable, sympathique avec ses petits défauts aussi.

Il n'empêche que c'est finalement l'un des mes Jacques Tourneur préféré. Je le mets au même niveau que La Féline en ce qui concerne l'intérêt évoqué chez moi. Un bon petit moment de cinéma, sublimé par le Technicolor.

Ecrit par Batman1985 (sens critique)

7/10

Film de cape et d'épées et d'arcs et de flèches et de collants verdâtres moule-burnes et de sourires aux dents blanches ultra-brite.

Tourneur semble se parer de la panoplie du faiseur hollywoodien en nous livrant là un technicolor gai, virevoltant, bien fait mais sans élément particulier, sortant de l'ordinaire du film d'action de l'époque.

Le jeune Lancaster et ses copains du cirque utilisent à merveille les jeux du cirque. Le monde des acrobates dont il est issu est ici largement mis à contribution. Il est étroitement associé au scénario. Funambules, acrobates, sauteurs épatants font des numéros de cirque des scènes d'action originales. C'est bien là le composant essentiel du film.

Bon petit film, agréable, enjoué.

Ecrit par Alligator (sens critique)

7/10

lundi 10 octobre 2022

Effraction

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Daniel Duval. 1983. France. 1h34. Avec Marlène Jobert, Bruno Cremer, Jacques Villeret, Florent Pagny, Jean-Pierre Dravel, Robert Darame 

Sortie salles France: 6 Avril 1983

FILMOGRAPHIEDaniel Duval, né le 28 novembre 1944 à Vitry-sur-Seine et mort le 9 octobre 2013 à Paris 10e, est un acteur, réalisateur et scénariste français.1974 : Le Voyage d'Amélie. 1976 : L'Ombre des châteaux. 1979 : La Dérobade. 1981 : L'Amour trop fort. 1983 : Effraction. 2006 : Le Temps des porte-plumes. 

Totalement oublié de nos jours (on comprend pourquoi à la revoyure) et peu diffusé à la TV; Effraction est une étrange curiosité franchouillarde au cachet bis gentiment sympathique. Tout du moins auprès de la génération 80 qui sait apprécier les oeuvres mineures dénuées de prétention et tournées avec une volonté de bien faire aussi malhabile soit la réalisation de Daniel Duval (lui qui se fit pourtant connaître avec le percutant La Dérobade auquel il était également acteur). Ponctué de séquences saugrenues (notamment auprès de la posture lunaire de certains seconds-rôles et figurants, avec en sus l'apparition surprise du jeunot néophyte Florent Pagny), Effraction dégage une certaine ambiance provinciale symptomatique de son époque dans lequel il fut conçu. Et ce en dépit d'une intrigue étique sans surprise (probablement le gros point noir) que l'on reluque toutefois sans trop d'ennui grâce à sa simplicité naïve. 

Si bien que l'on est surtout attaché à la présence toute à fait convaincante du couple avenant Bruno Kremer / Annie Girardot auprès de leurs étreintes sentimentales, quand bien même Jacques Villeret surjoue fréquemment en braqueur / preneur d'otage psychopathe dans un rôle à contre-emploi dont il peine à faire omettre l'acteur comique que l'on a coutume de fréquenter. Parfois même involontairement drôle (à l'instar de son look grossier quand il joue le braqueur), l'acteur hystérise notamment sa posture criminelle à travers des éclairs de violence grand-guignolesques peu réalistes mais ludiques de par sa surenchère appuyée. Dispensable évidemment mais parfois séduisant (surtout sa 1ère partie avant l'effraction dans l'hôtel) et quelque peu attachant par son côté foutraque et bricolé (à l'instar de son score métronome à la limite de l'autoparodie).

*Bruno