jeudi 15 décembre 2022

The Fabelmans. Prix du Public, Toronto, 2022.

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site  Imdb.com

de Steven Spielberg. 2022. U.S.A. 2h31. Avec Gabriel LaBelle, Michelle Williams, Seth Rogen, Paul Dano, Julia Butters, Sam Rechner, Gabriel Bateman, Chloe East, Oakes Fegley.

Sortie salles France: 22 Février 2023

FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis). 1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade. 1989: Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2011 : Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne. 2011 : Cheval de guerre. 2012 : Lincoln. 2015 : Le Pont des Espions. 2016 : Le Bon Gros Géant. 2017 : Pentagon Papers. 2018 : Ready Player One. 2021 : West Side Story. 2022 : The Fabelmans. 


"Les films sont des rêves mon chéri que tu n'oublies jamais. J'te promets que quand ce s'ra terminé tu auras un grand sourire sur ton visage !".
Récit autobiographique décrivant 2h30 durant la jeunesse de Steven Spielberg (ici également co-scénariste parmi Tony Kushner) quand bien même lorsque le fondu au noir final apparait, on se surprend déjà de voir défiler le générique sous un score tranquille, The Fabelmans touche en plein coeur le spectateur et le cinéphile (main dans la main, une fois n'est pas coutume) de par son intensité émotionnelle à la fois éprouvante, capiteuse, gracieuse. Tant et si bien que passé maître dans l'art d'y conter l'histoire, d'y autopsier ses persos dans une vibrante humanité et d'y styliser ses images pléthoriques (ou poétiques, c'est selon) au gré d'une sensibilité innée que l'on valide sans se poser de question, Steven Spielberg nous bouleverse à nouveau dans l'intime lorsqu'il aborde la douloureuse thématique du divorce qu'il vécut lors de son adolescence des années 50 à 1960. Or, si nous avions déjà eu un aperçu lors des projos d'E.T et d'A.I, ici il se dévoile à nu avec une rigoureuse franchise de par son souci documenté d'y dépeindre la quotidienneté bouleversée de ses personnages tributaires de l'éclatement de la cellule familiale. En particulier les enfants, quoique le point de vue des parents demeurent également digne d'intérêt. 

Quand bien même le jeune Sam (Steven donc) se découvre une passion pour le cinéma que Spielberg transcende en juxtaposant illusion et réalité avec un art consommé de la poésie émerveillée. Mais de par la gravité de son thème susnommé prenant le pas sur la passion du cinéma (en forme de mise en abyme), on peut de toute évidence avouer qu'il s'agit bien de son oeuvre la plus personnelle tant le cinéaste se livre corps et âme à nous délivrer ses états d'âme face à la pudeur d'une caméra mature esquissant ses profils torturés à l'aide d'une vérité humaine infiniment communicative. Comme s'il s'agissait de notre propre vécu familial et cette angoisse viscérale, cette hantise refoulée de perdre nos parents. Si bien que littéralement impliqués par la fragilité de leurs émotions (chez Spielberg, les protagonistes demeurent profondément humains par leur valeur morale), les larmes coulent parfois à travers ses déchirures de coeur contraintes de subir la séparation parentale. Les acteurs, magnifiques de pudeur, d'humilité, de sobriété par leurs expressivités fulminantes ou désespérées nous communiquant une moisson d'émotions à la fois troubles, dures, cruelles ou contrairement sages, rassurantes passées des prises de décision réfléchies. Alors qu'au sein de ce désordre conjugal où enfant et ado, en perte de repères, sont pris dans la tourmente de la peur d'être séparés, Sam s'efforcera néanmoins de poursuivre sa vocation cinématographique de par son amour inné pour l'illusion de la pellicule. Et ce en faisant déjà la part des choses entre mauvais et vrai cinéma lors de sa projo de Day Beach face à un public euphorique. Avec en filigrane un hommage tant émouvant à ces classiques immuables de papa que l'on se remémore avec une nostalgie gratifiante. 


“Le cinéma est un mélange parfait de vérité et de spectacle.”
Bouleversant à plus d'un titre (pour ne pas dire déchirant parfois) à travers la profondeur des personnages fouillés dans l'intimité d'une quotidienneté familiale aussi aimante et colérique qu'extravagante (surtout la mère lunaire) et sémillante, The Fabelmans est une nouvelle étoile stellaire que Spielberg fait vibrer et briller sous l'oeil scrupuleux de sa caméra prodige. L'oeuvre extrêmement personnelle, onirique, foisonnante, dépressive, demeurant autant un drame familial charpenté, humble et documenté, qu'un hymne à la chimère du 7è art le plus libérateur, éclaté (telle une bulle de champagne), vertigineux. Un nouveau chef-d'oeuvre au demeurant que l'on a déjà envie de redécouvrir sitôt le générique clos puisque si attristé de quitter ce portrait de famille tout à la fois écorché, digne et ambitieux. 

*Bruno 

Bones and All. Lion d'Argent du Meilleur Réalisateur.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Luca Guadagnino. 2022. U.S.A/Italie. 2h11. Avec Taylor Russell, Timothée Chalamet, Mark Rylance, André Holland, Michael Stuhlbarg, David Gordon Green, Jessica Harper, Chloë Sevigny 

Sortie salles France: 23 Novembre 2022

FILMOGRAPHIE: Luca Guadagnino est un réalisateur scénariste et producteur italien, né le 10 août 1971 à Palerme en Sicile. 1999 : The Protagonists. 2001 : Sconvolto così. 2003 : Mundo civilizado (documentaire). 2004 : Cuoco contadino (documentaire). 2005 : Melissa P. 2009 : Amore. 2015 : A Bigger Splash. 2017 : Call Me by Your Name. 2018 : Suspiria. 2020 : Salvatore - Shoemaker of Dreams (documentaire). 2022 : Bones & All. 

C'est très bon mais c'est très particulier aussi, si bien que ça ne plaira assurément pas à tous. 

Dommage que l'on éprouve peu d'empathie pour la romance galvaudée de ce couple de serial-killer en perdition car il y a des scènes puissamment féroces et une ambiance d'étrangeté parfois terriblement fascinante et inhospitalière (notamment auprès de sa première demi-heure à la lisière d'un fantastique feutré, le moment que j'ai préféré). 

On aurait peut-être aussi opté pour une narration plus riche et inventive et un rythme plus trépidant (2h11 c'est un peu too much pour ce que ça raconte) même si on reste assez captivé par ce road movie vitriolé traversé de séquences extrêmes insoutenables au point de détourner le regard auprès des plus fragiles (ce fut mon cas à 2 reprises). Et c'est franchement nauséeux à ce niveau émétique parce que c'est cru, sans concession, impitoyable, pour ne pas dire dégueulasse. 

A découvrir, d'autant plus que l'interprétation fulgurante (même certains seconds-rôles très marquants !) reste la grande qualité de ce métrage personnel posant un regard attentif (sans aucun jugement) sur les marginaux et les laissés pour compte au sein d'une Amérique profonde sans repère. Et à ce niveau contemplatif, les décors naturels sont immersifs par leur atmosphère parcimonieuse.

Et comme le souligne sa tagline, c'est effectivement un métrage qui laisse des traces dans la rétine et l'encéphale que l'on adhère ou pas.

*Bruno

Récompenses

Mostra de Venise 2022 :

Lion d'argent du meilleur réalisateur

Prix Marcello-Mastroianni du meilleur espoir pour Taylor Russell

mercredi 7 décembre 2022

Reflets dans un oeil d'or / Reflections in a Golden Eye

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de John Huston. 1967. U.S.A. 1h49. Avec Marlon Brando, Elizabeth Taylor, Brian Keith, Julie Harris, Robert Forster, Gordon Mitchell.

Sortie salles France: 21 Décembre 1967 (Int - 13 ans). U.S: 13 Octobre 1967

FILMOGRAPHIE: John Huston est un réalisateur et acteur américain, né le 5 août 1906 à Nevada, dans le Missouri, et mort le 28 août 1987 à Middletown, dans le Rhode Island aux États-Unis.1941 : Le Faucon maltais. 1942 : L'amour n'est pas en jeu. 1942 : Griffes jaunes. 1943 : Report from the Aleutians. 1945 : La Bataille de San Pietro. 1948 : Le Trésor de la Sierra Madre. 1948 : La Folle Enquête. 1948 : Key Largo. 1949 : Les Insurgés. 1950 : Quand la ville dort. 1951 : La Charge victorieuse. 1951 : African Queen. 1952 : Moulin Rouge. 1953 : Plus fort que le diable. 1956 : Moby Dick. 1957 : Dieu seul le sait. 1958 : Le Barbare et la Geisha. 1958 : Les Racines du ciel. 1960 : Le Vent de la plaine. 1961 : Les Désaxés. 1962 : Freud, passions secrètes. 1963 : Le Dernier de la liste. 1964 : La Nuit de l'iguane. 1966 : La Bible. 1967 : Casino Royale. 1967 : Reflets dans un œil d'or. 1969 : Davey des grands chemins. 1969 : Promenade avec l'amour et la mort. 1970 : La Lettre du Kremlin. 1971 : Les Complices de la dernière chance. 1972 : La Dernière Chance. 1972 : Juge et Hors-la-loi. 1973 : Le Piège. 1975 : L'Homme qui voulut être roi. 1976 : Independence. 1979 : Avec les compliments de Charlie. 1979 : Le Malin. 1980 : Phobia. 1981 : À nous la victoire. 1982 : Annie. 1984 : Au-dessous du volcan. 1985 : L'Honneur des Prizzi. 1987 : Gens de Dublin.

A Bertrand Tavernier et Rui Nogueira qui, dans un entretien de 1970 lui demandaient quel était son film préféré, John Huston répondait: "En premier lieu je crois que je mettrais Reflets dans un Oeil d'or. C'est un film que j'aime dans sa totalité". 

J'imagine la mine déconfite d'une majorité de spectateurs à la sortie de la projo de Reflets dans un oeil d'or sorti en 1967. Une oeuvre personnelle sulfureuse, vénéneuse, trouble, déconcertante, malaisante de par son climat baroque fréquemment déstabilisant si bien que l'attrait dérangeant de ces portraits de couples borderline pèse sur notre moral, à l'instar des protagonistes les plus fragiles sombrant toujours un peu plus dans une déliquescence irréversible. Tel le souligne son épilogue dramatique où le cauchemar erratique se dispute à une fatalité tragique à travers le va et vient de mouvements de caméra incontrôlables. C'est d'ailleurs par un avertissement que débuta le récit à travers sa citation "Il y a un fort dans le Sud où voici quelques années un meurtre fut commis". Ainsi, on reste bouche bé lorsque l'on revoit aujourd'hui cette oeuvre anticonformiste conçue vers la fin des années 60 avec une audace psychologique forçant le respect. John Huston jouant la carte de la provocation avec un art consommé de sa maîtrise technique appuyé du jeu "tourmenté" des acteurs habités de regards hagards, mutiques, introvertis eu égard de leur souffrance morale à approcher l'amour sans se laisser bercer par ses effets salvateurs. 


Tout le récit contemplatif n'étant qu'un vortex d'émotions dépitées, contrariées, aigries, à la lisière de la démence si bien que le spectateur captivé par ses postures peu recommandables demeure lui aussi dans un état de fragilité anxiogène qui ne nous lâchera pas d'une semelle. Bien au contraire. Elisabeth Taylor incarnant avec sa force de caractère qu'on lui connait l'épouse adultère dans une posture autoritaire et décomplexée, quand bien même Marlon Brandon use, abuse de maladresse, de frustration, de refoulement (gay !), de monolithisme en major paumé sombrant dans une anxiété dépressive, même auprès du témoignage secondaire de ses élèves de cours plongés dans la pudeur du non-dit. Mais il y a aussi Alison, l'épouse du colonel Morris Langdon que Julie Harris campe avec une expressivité névralgique eu égard de son témoignage fébrile, gagné de perplexité, à reluquer chaque soir le Soldat L.G. Williams épiant la chambre de Léonora (Elisabeth Taylor). Robert Foster se fondant dans le corps de celui-ci solitaire dans son plus simple appareil lorsqu'il chevauche secrètement son cheval en forêt à l'abri du regard des indiscrets. Or, Léonora, mais aussi Weldon, arpentent parfois les lieux avec une curiosité tantôt assumée, tantôt dérangée. 

Psychologiquement pesant, éprouvant, voir étouffant, de par son climat malsain où folie et perversité se télescopent dans des directions imprévisibles davantage lourdes de conséquences, Reflets dans un oeil d'or bouscule les habitudes du spectateur après de sa thématique de l'échec amoureux tout en jouant avec nos nerfs sous l'impulsion d'un réalisme d'étrangeté de plus en plus prégnant par son escalade sentimentale infructueuse. Perturbant par sa dramaturgie à la fois dépressive et psychotique, Reflets dans un Oeil d'or est probablement l'une des oeuvres acrimonieuses les plus inquiétantes des années 60 (annonçant fatalement l'authenticité crue des Seventies).  

Pour public averti.

*Bruno
2èx

jeudi 1 décembre 2022

Jennifer's Body

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site  Imdb.com

de Karyn Kusama. 2009. U.S.A. 1h47 (uncut). Avec Megan Fox, Emma Gallello, Amanda Seyfried, Megan Charpentier, Johnny Simmons, Adam Brody, J. K. Simmons. 

Sortie salles France: 21 Octobre 2009

FILMOGRAPHIEKaryn K. Kusama, née le 21 mars 1968 à Brooklyn, est une scénariste et réalisatrice américaine pour le cinéma et la télévision. 2000 : Girlfight. 2005 : Æon Flux. 2007 : The L Word (série télévisée) épisode 4-10 Little Boy Blue. 2009 : Jennifer's Body. 2015 : The Invitation. 2017 : XX pour le segment Her Only Living Son. 2018 : Destroyer. 

Il m'aura suffit d'écouter les allégations optimistes d'une youtubeuse (reluquée en guise d'ennui, j'avoue) et d'y lire quelques articles US aussi convaincus issus du site Wikipedia (voir en fin de chronique) pour me laisser à nouveau tenter par la déception (ou plutôt le déceptif = trompeur) Jennifer's Body que tout le monde, ou presque, bouda lors de sa sortie, faute à une promotion biaisée uniquement bâtie sur le sex-appeal de la star bankable, Megan Fox. Ainsi donc, à la revoyure, et sans me laisser influencer par une démotivation défaitiste, quelle fut ma "réelle" surprise de me (re)plonger dans ce teen movie horrifique beaucoup plus profond, humain, intelligent et original qu'il n'y parait. Sans compter le talent commun de ces comédiens qui existent par eux mêmes sans se laisser piéger par l'ombre du stéréotype. Si bien que sous couvert de divertissement faussement consensuel (suffit de repérer une quantité de dialogues plutôt crus en prime d'être ciselés, inventifs, sarcastiques), la réalisatrice Karyn K. Kusama nous façonne les fascinants portraits de 2 lycéennes antinomiques en voie de rébellion contre la gente masculine. L'une étant une pétasse vaniteuse et superficielle, faute de son apparence élégamment torride, allumeuse n'ayant d'autre but que de plaire à tous prix au plus grand nombre. L'autre sa meilleure amie autrement réservée et timorée mais éprise de fascination pour celle que tous les garçons s'arrachent en guise de coucherie d'un soir au moment de découvrir la sexualité avec son petit ami. Esthétiquement soigné, pour ne pas dire alambiqué, à chaque plan, avec son lot de séquences étonnamment oniriques (on est parfois à la lisière du conte et de la féerie macabre), Jennifer's Body n'a aucune peine pour nous conter avec autant de sincérité que d'amour et d'attention un récit horrifique à suspense ponctué de séquences chocs redoutablement efficaces. 

Tant auprès de la qualité numérique de ses FX saillants que de son gore à la fois baroque, érotisant et décomplexé (tout du moins dans la version Uncut rallongée de 5 minutes). Mais outre sa structure narrative soigneusement planifiée auquel nous nous immergeons facilement de par l'identification des personnages, on se passionne donc pour ses attachants profils de lycéennes torturées et revanchardes partagées entre malaise existentiel et peur de la sexualité (les thèmes du harcèlement sexuel et du viol adoptant aujourd'hui un écho beaucoup plus amer par son actualité contemporaine faisant écho au mouvement Me Too) en dépit de leur langage grossier à se prétendre autrement provocatrices aux yeux des mâles. Le récit accordant autant d'intérêt à la conversion de Megan Fox en succube punitive que de passion pour la fragilité attendrie de la modeste Anita (Amanda Seyfried) en proie à une remise en question finale inopinément subversive, pour ne pas dire immorale. Megan Fox demeurant sobrement convaincante en démone de l'enfer lestement habitée par ses pulsions sexuelles dévastatrices alors qu'au préalable elle cultiva un flegme autrement séducteur pour réconforter ses proies et les dévorer. En tout état de cause, l'actrice se fond personnellement dans l'auto-dérision avec un franc naturel parfois même troublant ou autrement fulgurant, notamment auprès de séquences de lévitation magnifiquement réalistes pour nous plonger dans son introspection sataniste métaphorique. Quand bien même Amanda Seyfried fait preuve de recul et de maturité pour sa sagesse humaniste au moment de se laisser vaincre par sa curiosité, sa remise en question morale, ses interrogations à reconsidérer sa meilleure amie de par son humanisme à la fois fébrile, contrariée eu égard de son témoignage prescient d'assister aux éléments dévastateurs d'un surnaturel épuré. 


La Revanche d'une Brune.
Captivant drame social transplanté dans un ésotérisme horrifique en y dépassant le simple cadre du divertissement mainstream auquel il fut injustement estampillé lors de sa sortie (j'en suis autant coupable), Jennifer's Body est à revoir d'urgence pour son propos intelligent faisant honneur aux émotions véristes (une fois n'est pas coutume pour le sous-genre du Teen movie). Mais encore pour son originalité formelle (et du genre auquel il fut intelligemment transplanté), ses réparties chiadées, le talent de ses interprètes (Megan Fox est tant investie en dépit de nos mauvaises langues) et ses thématiques plus actuelles qu'au préalable. Tant et si bien que l'on croirait renouer avec un certain  cinéma horrifique des années 80 pour le parti-pris de la réalisatrice à envoûter au 1er degré en y esquissant les sensibles portraits de lycéennes en quête identitaire perturbées par l'attirance du sexe opposé (tout en opposant également l'expérience du saphisme magnifiquement filmée parmi l'audace du plan serré). 

*Bruno

Postérité
Quelques années après sa sortie, le film prend en notoriété, principalement aux États-Unis. Plusieurs journalistes américains publient des analyses plus positives du film, le considérant comme un film culte.

En 2018, Constance Grady de Vox rapporte que le film est désormais considéré par beaucoup comme un « classique féministe oublié ». Grady déclare qu'à la suite du mouvement MeToo, qui a mis en lumière le harcèlement sexuel et sexiste dans l'industrie du divertissement, le fait que le film mette en scène un groupe d'homme qui sacrifie le corps d'une fille pour réussir dans leurs carrières a fait que son histoire est devenue inconfortablement familière. Pour la journaliste, ce point de vue permet de le voir comme un film qui suit la vengeance de Jennifer qui utilise son corps contre ses attaquants, plutôt que comme un fantasme sexuel1.

Dans une analyse du film, le site Bloody Disgusting déclare qu'il était en avance du son temps. Pour Comic Book Resources, le film est devenu un « classique camp et culte ».

En 2021, Libby Torres d'Insider déclare que le film, qui a été réalisé et écrit par des femmes, montre la puissance du regard féminin et des histoires que les femmes peuvent raconter lorsqu'elles ne se soucient pas de plaire aux hommes. La même année, The Criterion Collection, un éditeur spécialisé dans les grands films, sélectionne le film pour une diffusion sur sa chaîne et son service de streaming.

Lors d'une interview sur le nouveau succès soudain du film, la scénariste Diablo Cody déclare ne pas l'avoir vu venir et dévoile que le film a été mal vendu lors de sa phase de promotion. Cody révèle que la production voulait attirer les hommes qui aiment Megan Fox et n'a donc rien fait pour que le film soit également attrayant pour un public féminin

Ci-joint article issu du site Première:

SELON MEGAN FOX, JENNIFER'S BODY N'A PAS ETE COMPRIS.
Pour le dixième anniversaire de l’œuvre, l’équipe s’est exprimée sur les difficultés qu'a rencontré le film d'horreur.
Treize ans se sont écoulés depuis la sortie de Jennifer’s Body, un film d’horreur dans lequel Megan Fox interprète une beauté fatale possédée par un démon. La belle Jennifer dévore les hommes, au grand dam de Needy, discrète amie d’enfance qui fera tout pour protéger les lycéens de leur petite ville, à commencer par son petit ami Chip. Spoiler : ça finit mal. Y compris pour le box-office du film d’horreur.
Pour cet anniversaire, l’équipe du film s’est rassemblée et a discuté de l’œuvre avec Variety. Megan fox en a profité pour parler de l’incompréhension par le public et les erreurs de communication qui y sont liées. "Quasiment tout le service marketing scandait "Megan Fox est sexy, venez voir le film". Sauf que le film ne parlait pas de ça. Il était justement question des gens se concentrant sur un point et oubliant le plus important, il était question de la sexualisation de personnes qui ne veulent pas l’être, il était question de l’impuissance de jeunes filles et de femmes face à tout ça. Et personne n’était prêt à entendre ce message."
Une sexualisation dont elle a fait les frais à la même époque que la création du film. Mise en lumière par le film Transformers, Megan Fox a commencé à se faire harceler par les paparazzi. Et malgré les précautions de son équipe, la jeune femme a fini par être photographiée alors qu’elle entrait presque entièrement nue dans un lac pour une scène.
"En plein tournage, j’ai eu le pressentiment que quelqu’un pouvait me prendre en photo," reprend-elle. "On a commencé à tourner, je suis rentrée dans le lac, j’ai fait toute la scène. Et je n’avais pas quitté le plateau quand mon téléphone a sonné. C’était mon agent et je savais exactement ce qu’il allait me dire au ton de sa voix : j’avais été prise en photo. J’ai craqué, parce qu’à ce moment-là je ne supportais plus d’être chassée par les médias, je me sentais surexposée. J’avais fini par me sentir martyrisée par le monde entier. Le plateau était mon seul refuge et même ça s’était envolé. La dernière once de privé qu’il me restait était mon corps. Je voulais le garder pour moi mais on s’est emparé de mon image et les photos ont été publiées. Alors oui, j’ai craqué."
L’actrice est attendue dans de prochains projets, comme la comédie dramatique de James Franco, l'arlésienne Zeroville, ou celle de Brian Petsos, Big Gold Brick. Elle devrait également apparaître dans le drame fantastique Above the Shadows de Claudia Myers. En espérant que la communication soit bonne cette fois.

Box-Office France: 320 961 entrées

lundi 28 novembre 2022

L'Homme qui tua Liberty Valance / The Man Who Shot Liberty Valance

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ebay.fr

de John Ford. 1962. U.S.A. 2h03. Avec John Wayne, James Stewart, Vera Miles, Lee Marvin, Edmond O'Brien, Andy Devine.

Sortie salles France: 3 Octobre 1962

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Ford, (John Martin Feeney), est un réalisateur et producteur américain, né le 1er février 1894 à Cape Elizabeth près de Portland (Maine) et mort le 31 août 1973 à Palm Desert (Californie). 1928 : Napoleon's Barber. 1932 : Tête brûlée. 1934 : La Patrouille perdue. 1939 : La Chevauchée fantastique. 1939 : Sur la piste des Mohawks. 1940 : Les Raisins de la colère. 1941 : Qu'elle était verte ma vallée. 1942 : La Bataille de Midway. 1946 : La Poursuite infernale. 1948 : Le Massacre de Fort Apache. 1949 : La Charge héroïque. 1950 : Le Convoi des braves. 1950 : Rio Grande. 1952 : L'Homme tranquille. 1953 : Mogambo. 1955 : Ce n'est qu'un au revoir. 1956 : La Prisonnière du désert. 1960 : Le Sergent noir. 1960 : Alamo, réalisateur de la 2e équipe. 1962 : L'Homme qui tua Liberty Valance. 1962 : La Conquête de l'Ouest. 1963 : La Taverne de l'Irlandais. 1964 : Les Cheyennes. 1976 : Chesty: A Tribute to a Legend (documentaire).

Considéré comme l'un des plus grands westerns de l'histoire du cinéma et selon certains critiques comme le meilleur film de Ford, l'Homme qui tua Liberty Valance n'a pas usurpé sa place au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès américain instaurée depuis 2007. Car découvrir pour la première fois ce grand moment de cinéma demeure émotionnellement capiteux, voir même éprouvant (notamment auprès de la brutalité de sa grande violence qu'exerce un Lee Marvin félin injecté de fiel et d'orgueil dans sa posture décomplexée d'omnipotence) eu égard de l'intensité dramatique qui se dégage des tourments des personnages en proie à une réflexion sur l'auto-justice (que tout un chacun peut un jour perpétrer lors d'un concours de circonstances irréversibles) après avoir flirté la valeur pédagogue. James Stewart incarnant avec une classe réservée l'honnête sénateur Stoddard désireux d'éduquer les habitants de la ville de Shinbone dans leur condition à la fois analphabète, inculte et alcoolique. 

Mais après avoir été grièvement blessé par le bandit Liberty Valance lors d'un hold-up, Stoddard demeure le bouc émissaire au moment de s'installer comme cuisinier dans un restaurant et d'y faire la connaissance de Tom Doniphon (John Wayne, impérial de charisme viril dans sa force tranquille et de sureté avant de se laisser submerger par le dépit amoureux) et sa compagne Haillie (Vera Miles résolument radieuse de posture affirmée, divine de volonté et de dignité auprès de ses valeurs morales inscrites dans la rectitude, si douce et tendre lorsqu'elle admire un étranger destiné à révolutionner les mentalités). Ainsi, à travers la caractérisation littéralement hypnotique de ses personnages s'efforçant de rétablir l'ordre et la justice dans une ville livrée à l'anarchie, la médiocrité et l'ignorance dans leur condition soumise, on reste constamment tétanisé de fascination empathique, portée par la puissance du récit vindicatif où la notion de héros est ici galvaudée, biaisée par un retournement de situation bicéphale (en évitant de trop en dévoiler). John Ford, épaulé de sa mise en scène à la fois chiadée, monochrome (noir et blanc immaculé qui plus est 4K !), ultra pointilleuse (les préparatifs des repas dans la cuisine détonnent par son réalisme surmené !), cultivant un climat mélancolique au coeur de cette ville fantôme apprenant peu à peu les valeurs essentielles de la démocratie et du droit de vote dans une société en mutabilité tour à tour technologique et cérébrale. 


Je suis une légende ?
D'une rare puissance émotionnelle alors que John Ford ne cesse de la distiller avec réserve et discrétion, avec parfois l'utilisation du hors-champs ou du non-dit (suffit de saisir les visages des protagonistes mutiques pour lire dans leurs pensées), l'Homme qui tua Liberty Valance est un chef-d'oeuvre universel destiné à perdurer son pouvoir hypnotique sous l'impulsion de son message progressiste profondément humaniste: l'émergence d'une démocratie inculquant aux votants les valeurs essentielles pour diriger en bonne et due forme toute une ville dans le respect des lois, de l'autorité et du civisme. Alors que son personnage principal, symbole de droiture, de résilience et de culture, pour autant tourmenté de son secret inavouable, restera hanté par la perte de son sang-froid après avoir cédé à la riposte expéditive qu'il combattait fermement.  

*Bruno

Ci-joint l'analyse passionnante de Jean-Baptiste Thoret.



jeudi 24 novembre 2022

Armageddon Time

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Gray. 2022. U.S.A. 1h55. Avec Michael Banks Repeta, Anne Hathaway, Jeremy Strong, Anthony Hopkins, Jaylin Webb, Ryan Sell

Sortie salles France: 9 Novembre 2022

FILMOGRAPHIE: James Gray est un réalisateur, scénariste et producteur américain né à New York en 1969. 1994 : Little Odessa. 2000 : The Yards. 2007 : La nuit nous appartient. 2008 : Two Lovers. 2013 : The Immigrant. 2016 : The Lost City of Z. 2019 : Ad Astra. 2022: Armageddon Time. 


"Contempler, tel des yeux d'enfant, les prodiges d'un cinéaste digne de ce nom, c'est comme tourner autour de son oeuvre tel un papillon de nuit attiré par la lumière des projos."
Immense réalisateur n'ayant plus rien à prouver auprès des cinéphiles et de la critique (son dernier chef-d'oeuvre remonte à 2016 avec The Lost City of Z, sorte de version adulte des Aventuriers de l'Arche Perdue si je peux me permettre ce raccourci), James Gray nous revient avec une magnifique autobiographie relatant sa propre jeunesse du point de vue de Paul Graff. Un ado dissipé (tant en classe qu'au cocon familial) passionné par l'art du dessin et vouant une admiration pour son grand-père prévenant (incarné par le dinosaure Anthony Hopkins du haut de ses 84 ans). Récit initiatique relatant l'évolution morale de ce jeune juif perturbé par les valeurs dichotomiques du Bien et du Mal que lui enseignent les adultes (il est constamment en éveil cérébral de par la curiosité de son regard candide), notamment en faisant face à l'antisémitisme et au racisme, comme le souligne son meilleur ami afro ricain Johnny davantage en proie à l'autodestruction à force de subir le discrédit de l'entourage de sa bourgade, Armageddon Time est un grand moment de cinéma aussi puissant, authentique et symptomatique de celui des Seventies. 


Alors que paradoxalement le récit s'esquisse à l'orée des années 80 au parti-pris d'une photo granuleuse à la fois immaculée et épurée, James Gray le transfigure avec son sens du cadrage géométrique où rien n'est laissé au hasard (parmi le refus de fioriture) et surtout avec l'extrême pudeur d'y radiographier ses personnages profondément humains, pour autant jamais démonstratifs. Tant et si bien que ce qui bouleverse ici n'émane pas d'une émotion programmée ou d'un quelconque pathos bon marché facilement décelable. Non, ce qui émeut autant et nous fait chavirer ou tant vibrer découle de sa capacité innée à sculpter ses personnages dans un cadre naturel si respirable. A les faire vivre face à nous entre noblesse et humilité des sentiments de par leur fragilité à observer le monde en subissant l'usure du temps au moment d'assumer un cher disparu. Mais encore relever la gageure de leur évolution personnelle à tenter de progresser au gré d'une mélancolie existentielle déteignant sur notre propre conscience. Le spectateur s'identifiant à cette famille juive et au jeune Paul en émettant un parallèle avec notre propre vécu (nos fameuses réminiscences restées enfouies dans l'inconscient) du point de vue de la précarité de notre adolescence et de l'amour porté pour nos parents en dépit de nos (graves) erreurs de céder parfois à la facilité de l'insolence, pour ne pas dire du mal au sein de notre condition rebelle en quête identitaire. 


Drame existentiel d'une digne beauté par sa rigueur dramatique si réservée, pudique, mesurée, Armageddon Time se décline en hymne à la vie, à l'amour et à l'amitié (quelle triste preuve s'ouvre à nos yeux vers sa dernière partie à la fois cruelle et exutoire !) à travers l'injustice de la vieillesse, du sens du sacrifice et de la persévérance. A condition toutefois d'ouvrir l'oeil le plus lucide, de s'élever aux valeurs les plus expressives et sincères, de mener notre chemin tortueux vers une forme de sagesse rédemptrice après avoir essuyé les expériences de la douleur menant à maturité. Tout bien considéré, Armageddon Time demeure donc à mes yeux probablement l'oeuvre la plus cinématographique de 2022, au sens large. Et c'est donc à ne rater sous aucun prétexte pour les amoureux de cinéma révolu. 

*Bruno

mercredi 23 novembre 2022

Ticks

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Tony Randel. 1993. U.S.A. 1h28 (uncut version concernant uniquement des séquences de dialogues). Avec Rosalind Allen, Ami Dolenz, Seth Green, Virginya Keehne, Ray Oriel, Alfonso Ribeiro, Peter Scolari

Sortie DTV France: 10 Août 1994

FILMOGRAPHIE: Tony Randel, né le 29 mai 1956 est un réalisateur, scénariste et monteur américain. Il est parfois crédité sous le nom Anthony Randel. 2007 : The Double Born. 1998 : Assignment Berlin. 1996 : Morsures (Rattled). 1996 : Confiance aveugle (One Good Turn). 1995 : North Star : La Légende de Ken le survivant (Fist of the North Star). 1993 : Ticks (Infested). 1992 : Amityville 1993 : Votre heure a sonné (Amityville 1992: It's About Time). 1992 : Inside Out II. 1991 : Les Enfants des ténèbres (Children of the Night). 1988 : Hellraiser 2 (Hellraiser : Hellbound). 1985 : Def-Con 4. 

                         "Un des fleurons du genre du début des années 90". PSYCHOVISION

Dtv oublié des années 90 alors qu'il vient juste d'être commercialisé dans une splendide édition 4K, Ticks est effectivement, et à ma grande surprise à la revoyure, un des fleurons des années 90 en terme de série B du samedi soir impeccablement troussée. Tony Randel, réalisateur de l'inoubliable Hellraiser 2, s'en donnant à coeur joie dans sa moisson d'effets-chocs généreusement étalés à l'écran à renfort d'effets mécaniques du plus bel effet. Tant et si bien que l'attraction principale de cet Haribo acidulé que l'on croirait plutôt extirpé des années 80 émane de ses créatures carnivores redoutablement voraces et véloces afin de s'agripper aux victimes pour les piquer, ou mieux, les dévorer de l'intérieur sous l'impulsion d'effets gores d'un rouge saturé (en mode gélatineux). Comme de coutume dans ce genre de produit d'exploitation dénué de prétention, le scénario plutôt inepte n'est qu'un prétexte pour emprunter le cheminement du survival forestier lorsque un couple de sociologues accompagnent des ados difficiles au coeur d'une forêt insécure plutôt perméable et magnifiquement photographié. Outre la menace des créatures étonnamment convaincantes par leur réalisme artisanal, le réalisateur a la bonne idée d'introduire un duo de péquenots trafiquants d'herbe afin de renforcer le sentiment d'insécurité de nos jeunes héros molesté par 2 menaces aussi meurtrières. 

Tony Randel n'hésitant pas à injecter quelques doses de cruautés quant au sort précaire de nos touristes juvéniles à la fois écervelés mais attachants dans la mesure où l'on s'identifie à leur cauchemar improbable avec une certaine once d'empathie eu égard de la tournure dramatique de certaines situations fortuites. Tout cela étant miraculeusement efficace tant le cinéaste redouble de générosité à cumuler les agressions tous azimuts au sein d'une scénographie forestière immersive. Pour ce faire, il faut impérativement revoir Ticks en qualité 4K tant l'image contrastée, saturée, luminescente, nous en fout plein la vue 1h25 durant au sein de ce train fantôme constamment réjouissant. La cerise sur la gâteau émanant de son final en apothéose lorsqu'une créature soudainement géante apparait dans le chalet pour tenter d'y dévorer goulument ses occupants. Un hommage pittoresque aux films de monstres géants que l'on aurait peut-être toutefois mieux apprécié si son scénario linéaire avait su faire preuve de plus d'inventivité au niveau des clichés rebattus. Rien de préjudiciable toutefois tant l'aventure horrifique se suit sur un rythme d'enfer sous l'impulsion d'ados aimablement bonnards et de méchants qu'on adore détester. 

A revoir donc pour les fans de films de monstres bâtis sur l'aspect jouissif de ses agressions carnassières (ici) quasi ininterrompues. En précisant à titre subsidiaire que le producteur exécutif n'est autre que Brian Yuzna épaulé du directeur d'FX Doug Beswick (Terminator, Aliens) et des maquilleurs issus de l'écurie K.N.B (pour plus d'infos reportez vous sur la critique idoine du site Psychovision)

*Bruno
2èx

mardi 22 novembre 2022

100 Dollars pour un Shérif / True Grit

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Henry Hathaway. 1969. U.S.A. 2h08. Avec John Wayne, Glen Campbell, Kim Darby, Robert Duvall, Jeff Corey, Strother Martin, Jeremy Slate

Sortie salles France: 18 Février 1970 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIEHenry Hathaway est un réalisateur et producteur américain né le 13 mars 1898 à Sacramento (Californie), décédé le 11 février 1985 à Los Angeles (Californie). 1932 : Heritage of the Desert. 1932 : Blanco, seigneur des prairies. 1933 : La Ruée fantastique. 1933 : Under the Tonto Rim. 1933 : Sunset Pass. 1933 : Man of the Forest. 1933 : Jusqu'au dernier homme. 1934 : Les Gars de la marine. 1934 : The Witching Hour. 1934 : La Dernière Ronde. 1934 : C'est pour toujours. 1935 : Les Trois Lanciers du Bengale. 1935 : Peter Ibbetson. 1936 : La Fille du bois maudit. 1936 : I Loved a Soldier (film inachevé). 1936 : Go West, Young Man. 1937 : Âmes à la mer. 1938 : Les Gars du large. 1939 : La Glorieuse Aventure. 1940 : Johnny Apollo. 1940 : L'Odyssée des Mormons. 1941 : Le Retour du proscrit. 1941 : Crépuscule. 1942 : Ten Gentlemen from West Point. 1942 : La Pagode en flammes. 

Réalisé par le spécialiste du genre, Henry Hathaway, 100 dollars pour un shérif (alors qu'il s'agit plutôt d'un Marshal) est un superbe western, l'un des derniers inscrit dans le classicisme en cette année 1969. Incarné par l'incorrigible John Wayne, récompensé ici pour la première fois de l'Oscar du Meilleur Acteur (alors qu'il s'agit  paradoxalement d'un rôle à contre-emploi, douce ironie !), l'intrigue à suspense est rehaussée de l'attachante présence de Glen Campbell portant le film à bout de bras dans sa fonction de justicière au caractère robuste à contrario de Rooster, shérif alcoolique plutôt cupide, égoïste et bourru. A eux deux ils forment un tandem contradictoire à la fois pittoresque, tendre et colérique eu égard de leur divergence morale à daigner traquer Tom Chaney responsable de la mort du père de la jeune Maty. Celle-ci étant délibérée à accompagner Rooster et son faire-valoir La Boeuf en dépit du rejet du premier à se laisser intimider par une fillette autrement intelligente et sensible. 

Glen Campbell s'extirpant à tous prix du cabotinage redouté en apportant un jeu nuancé à travers ses prises de position affirmées jamais outrées et son sens du devoir, d'amitié et de loyauté qu'elle tente d'inculquer en filigrane à ces deux machistes plutôt préoccupés par le gain. Magnifié de somptueux paysages aussi vastes que dépaysants dans un format 1.77, 100 dollars pour un shérif prend son temps à planter son histoire en privilégiant l'étude caractérielle de ses trois personnages en proie aux dangers impromptus entre deux/trois accalmies. Pour ce faire, le réalisateur parvient à se démarquer des clichés et de la routine en faisant vivre (ou plutôt en laissant respirer) son récit et ses personnages à travers son lyrisme et l'attrait épique de certaines situations de rebellions. Nos héros nous entraînant dans une aventure exaltante en dépit de quelques éclairs de violence remarquablement menés avec au bout du chemin un épilogue subtilement émouvant dans son refus de pathos. 100 dollars pour un shérif apportant au final un joli discours sur le sens de l'amitié après avoir essuyé l'injustice du deuil du point de vue d'une jeune femme militant pour le sens du partage et de la rédemption d'après sa foi en la pérennité. 

Un grand western donc indiscutablement solide et maîtrisé de par sa mise en scène technicienne, sa scénographie tantôt fantasmagorique et l'ampleur humaine de ses personnages aussi faillibles que stoïques. 

*Bruno

FILMO (suite): 1944 : Le Jockey de l'amour. 1944 : Le Porte-avions X. 1945 : La Grande Dame et le Mauvais Garçon. 1945 : La Maison de la 92e Rue. 1946 : L'Impasse tragique. 1947 : 13, rue Madeleine. 1947 : Le Carrefour de la mort. 1948 : Appelez nord 777. 1949 : Les Marins de l'Orgueilleux. 1950 : La Rose noire. 1951 : La marine est dans le lac. 1951 : 14 Heures. 1951 : L'Attaque de la malle-poste. 1951 : Le Renard du désert. 1952 : Courrier diplomatique. 1952 : La Sarabande des pantins. 1953 : Niagara. 1953 : La Sorcière blanche. 1954 : Prince Vaillant. 1954 : Le Jardin du diable. 1955 : Le Cercle infernal. 1956 : Le Fond de la bouteille. 1956 : À vingt-trois pas du mystère. 1957 : La Cité disparue. 1958 : La Fureur des hommes. 1959 : La Ferme des hommes brûlés. 1960 : Les Sept Voleurs. 1960 : Le Grand Sam. 1962 : La Conquête de l'Ouest. 1964 : Le Plus Grand Cirque du monde. 1965 : Les Quatre Fils de Katie Elder. 1966 : Nevada Smith. 1967 : Le Dernier Safari. 1968 : Cinq cartes à abattre. 1969 : Cent dollars pour un shérif. 1971 : Le Cinquième Commando. 1971 : Quand siffle la dernière balle. 1974 : Hangup. 

mercredi 16 novembre 2022

Smile

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de  Parker Finn. 2022. U.S.A. 1h55. Avec Sosie Bacon, Kyle Gallner, Caitlin Stasey, Jessie T. Usher, Rob Morgan, Kal Penn, Robin Weigert, Judy Reyes.

Sortie salles France: 28 Septembre 2022

FILMOGRAPHIE: Parker Fin est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2022: Smile. 

Plutôt alléchant, voir prometteur et même fascinant de par l'accroche de sa tagline, l'originalité de son titre concis et l'étrangeté de son affiche (même si à priori quelques youtubeurs n'y ont pas été autant charmés que moi); Smile est une excellente surprise à rajouter au palmarès des plus belles flippes à l'écran vues ces dernières années. Une série B adulte (et donc radicalement 1er degré) d'un jeune réalisateur néophyte féru du genre tant et si bien que Smile transpire la sincérité du travail bien fait lorsque celui-ci croit fermement en son projet. Et ce même si on peut déplorer un sentiment de déjà vu (The Ring, It Follows en tête à mon sens) et un final peut-être pas si surprenant que cela (à défaut d'être percutant, voir toujours terrifiant et malaisant), on croit à fond à cette histoire d'entité maléfique exprimant un rictus démonial au moment de s'adonner à l'horreur graphique (je n'en dis pas plus pour éviter de spoiler et dévoiler son pitch) face au témoignage impuissant d'une future victime condamnée à subir des hallucinations impossibles à contrôler. Mais outre l'idée géniale d'offrir au Mal une posture joviale "déconcertante" à travers ce fameux rictus oh combien gênant jusqu'au malaise, Parker Finn privilégie louablement durant les 2/3 tiers du récit la psychologie torturée d'une psychiatre à deux doigts de céder à la démence que le spectateur observe avec autant d'attention, de crainte, d'appréhension. 

Un peu comme le fut d'ailleurs l'héroïne Nancy Thompson des Griffes de la Nuit, l'héroïne de Smile ne parvient plus non plus à distinguer la réalité de ses hallucinations intempestives si bien que le spectateur lui tend la main dans sa psychose démunie avec une empathie quasi aussi dépressive. Ainsi, à travers le jeu nuancé de Sosie Bacon irréprochable en victime monomane s'efforçant vainement de trouver un appui amical pour s'extirper de son cauchemar paranormal au même moment d'y perpétrer son enquête officieuse, on s'identifie de plein gré à ce personnage soumis à travers le chemin de croix de son évolution morale davantage en porte à faux. Le réalisateur soulignant intelligemment son profil chétif sous l'impulsion d'une mise en scène studieuse prenant son temps à implanter autour d'elle un climat d'angoisse redoutablement palpable. Avec l'audace de cultiver entre autre quelques jump scare étonnamment percutants, notamment pour leur refus de gratuité, si bien que l'on plonge dans ce train fantôme avec une évidente fascination malsaine eu égard de la rigueur de ses scènes chocs souvent très impressionnantes (à l'instar de son prologue tétanisant). Et sur ce point frisonnant, Smile est une belle réussite coiffant au poteau 90% de la production horrifique en cette année 2022.

Talent à surveiller que cette oeuvre prometteuse plutôt maîtrisée dans le brio de sentiments d'angoisse et d'anxiété plutôt malsaines, Parker Finn accomplit avec cette modeste série B un formidable divertissement horrifique, adulte, intelligent, par moments effrayant et sans concession (jusqu'au générique final). En alternant notamment à bon escient un score dissonant et les silences pesants avec un art consommé de la tension dérangée si bien que la menace invisible n'aura jamais été aussi insécure qu'à travers le présage de ce rictus résolument morbide. 

*Bruno

vendredi 11 novembre 2022

Death Race / Course à la Mort

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

de Paul Thomas Anderson. 2008. U.S.A/Allemagne/Angleterre. 1h51 (version longue). Avec Jason Statham, Joan Allen, Tyrese Gibson, Ian McShane, Natalie Martinez

Sortie salles France: 15 Octobre 2008. U.S: 22 Août 2008 (int - 17 ans)

FILMOGRAPHIE: Paul William Scott Anderson, né le 4 mars 1965 à Newcastle upon Tyne est un producteur, réalisateur et scénariste britannique. 1994 : Shopping. 1995 : Mortal Kombat. 1997 : Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà. 1998 : Soldier. 2000 : The Sight. 2002 : Resident Evil. 2004 : Alien vs Predator. 2008: Death Race. 2010 : Resident Evil: Afterlife. 2011 : Les Trois Mousquetaires 3D. 2012 : Resident Evil : Retribution 3D. 2014 : Pompéi. 2016 : Resident Evil : Chapitre final. 2020 : Monster Hunter. 

« Ce n'est pas un remake du tout. Le premier film était une course à travers l'Amérique. C'était autour d'une course mondiale. Celui-là sera orienté vers l'avenir, donc les voitures sont encore plus futuristes. Donc vous aurez des voitures avec des fusées, des mitrailleuses, les champs de force ; des voitures pouvant se fractionner et se reformer, un peu comme les Transformers, les voitures qui deviennent invisibles... »

Paul W. S. Anderson

Déclinaison donc du cultissime Les Seigneurs de la Route (que j'ai eu l'opportunité de découvrir en salles), Death Race se révèle une bonne surprise pour l'amateur d'action bourrine que Paul Thomas Anderson (Event Horizon) rend (étonnamment) lisible en dépit de sa caméra épileptique inspirée des expérimentations pédantes de Michael Bay. Entre parenthèse, cela n'a rien à voir avec la saga  Transformers que le cinéaste ose comparer, peut-être afin d'influencer le grand public. Le récit se découpant en 3 courses endiablées alors que celui-ci a l'habileté d'éviter de se répéter afin de relancer l'action survitaminée des tôles froissées vers d'autres horizons à la fois délétères et fructueuses quant aux sorts de nos héros émérites redoublants de stratagèmes pour s'extirper de leur géôle au gré d'une intensité furibonde assez jouissive (surtout pour l'effet de surprise de la 1ère course). Car au-delà de l'efficacité de l'intrigue correctement menée, inventive et semée de petits rebondissements, Death Race impressionne formellement parlant à travers sa facture futuriste où aucun détail métallique ne nous est épargné. Le réalisateur décrivant parmi le réalisme d'une photo désaturée un univers dystopique au sein d'une prison officieuse si j'ose dire pour mettre en pratique une épreuve sportive létale inspirée des jeux du cirque romain dans la coure de l'enceinte. 

Les carrosseries customisées demeurant terriblement fascinantes, démoniales, clinquantes; de par leur aspect insalubre / rubigineux pour autant fiable, stable, tenace, notamment grâce aux sulfateuses implantées sur les capots de chaque véhicule et autres pochettes surprises. On songe clairement à la scénographie barbare de Mad-Max 2, impression renforcée lorsqu'intervient un "camion de la mort" impossible à alpaguer à travers ses nombreux gadgets meurtriers et son imposante stature quasi indestructible piétinant tout sur son passage. Quand bien même ses épreuves vertigineuses sont retransmises en direct à la TV face au voyeurisme d'une cinquantaine de millions de téléspectateurs (que nous ne verrons jamais pour se concentrer essentiellement sur le terrain de jeu strictement carcéral). On retrouve donc le personnage de Frankenstein qu'endosse avec sa virilité habituelle l'illustre Jason Statham parfaitement à l'aise en casse-cou routier s'efforçant de remporter la mise afin de retrouver sa fille hébergée chez un étranger à plus de 3500 kms. L'acteur dégageant un charisme idoine pour se glisser dans la peau (tatouée) d'un détenu stoïque, impassible, eu égard des nombreux pièges et subterfuges lancés à son encontre.

Parmi l'heureuse initiative de ne pas se prendre au sérieux, avec en prime 2/3 effets gores sardoniques et l'ultra violence de bastonnades et poursuites destroy souvent très impressionnantes, Death Race joue aimablement la carte de la série B du Samedi soir avec une perpétuelle efficacité. Aussi modestes soient ses enjeux éculés (habilement exploitées) et autres clichés sciemment assumés pour ne jamais reluquer sa montre (le film dure tout de même 1h51 dans sa version intégrale). Quant aux suites opportunistes rapidement torchées et expédiées, il n'y a rien à signaler.

*Bruno
2èx

La Fille de Dracula / Dracula's Daughter

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Lambert Hillyer. 1936. U.S.A. 1h11. Avec Otto Kruger, Gloria Holden, Marguerite Churchill, Edward Van Sloan, Gilbert Emery, Irving Pichel, Halliwell Hobbes.

Sortie salles France: 17 Juillet 1936. U.S: 11 Mai 1936

FILMOGRAPHIELambert Hillyer est un scénariste et réalisateur américain né à South Bend, le 8 juillet 1889 et mort à Los Angeles le 5 juillet 1969, quelques jours avant son 80e anniversaire.1917 : La Révélation. 1918 : Riddle Gawne, coréalisé avec William S. Hart. 1919 : Le Shérif Carmody. 1919 : Le Frère inconnu. 1919 : La Caravane. 1919 : L'Enfer des villes. 1920 : Son dernier exploit. 1920 : Son meilleur ami. 1921 : L'Homme marqué. 1921 : Sa haine. 1922 : L'Homme aux deux visages. 1922 : The Altar Stairs. 1922 : Sur les grands chemins. 1923 : The Lone Star Ranger. 1923 : La Terre a tremblé. 1923 : La Brebis égarée. 1924 : Les Fraudeurs. 1925 : Un poing d'honneur. 1926 : Vagabond malgré elle. 1932 : L'Aigle blanc. 1934 : Once to Every Woman. 1934 : The Defense Rests. 1934 : Les Écumeurs de la nuit. 1935 : Les Hommes de l'heure. 1935 : À toute allure. 1936 : Le Rayon invisible. 1936 : La Fille de Dracula. 1938 : Détenues. 1941 : Hands Across the Rockies. 1943 : Batman. 1945 : Beyond the Pecos
1948 : The Fighting Ranger. 1948 : Song of the Drifter. 


Aussi paradoxal que cela puisse paraître, La Fille de Dracula fait suite au chef-d'oeuvre de Tod Browning, Dracula tourné 3 ans au préalable. Dans la mesure où celle-ci tente en l'occurrence de se débarrasser de son fardeau filial en sollicitant l'aide d'un psychiatre puisque hantée par l'affres de pulsions vampiriques. Et ce en dépit de la mort du prince des ténèbres foudroyé d'un pieu dans le coeur par Mr Van Helsing (toujours incarné par Edward Van Sloan). Tourné dans un magnifique noir et blanc avec au passage 2/3 séquences d'un onirisme macabre proéminent, la Fille de Dracula propose l'intelligence d'éluder toute violence graphique au profit d'une intrigue à suspense soigneusement structurée. Or, là où le bas blesse, c'est que les rares situations horrifiques qui empiètent le récit (à base de somnambulisme) demeurent si timorées que nous n'avions jamais l'impression d'avoir affaire à un film d'épouvante en bonne et due forme de la Universal


Pour autant, le soin imparti à la réalisation et surtout le jeu irréprochable des acteurs (j'ai d'ailleurs été  surpris pour une oeuvre de cette époque) permettent de suivre le récit sans ennui auprès des afficionados (à contrario du grand public qui pourrait potentiellement s'ennuyer d'escompter le p'tit frisson attendu). Les protagonistes demeurant tout à fait attachants (la romcom versatile entre le docteur et la ravissante Janet en sous-intrigue ne manque pas de tendresse badine) quand bien même la présence ténébreuse et charnelle de Gloria Holden (qui détestait le genre horrifique !) nous instaure un sentiment fascinatoire plutôt convaincant en dépit de ses faibles intentions à nous susciter le sentiment insécure. On apprécie par ailleurs à travers cet âge d'or plutôt rigoriste son allusion au saphisme lorsque la comtesse semble éprouver une certaine attirance sexuelle auprès de l'une de ses proies transie d'émoi. 


Parfois gentiment amusant auprès de ses épisodes cocasses (surtout le prologue et les déconvenues dans le commissariat), La Fille de Dracula demeure une sympathique séquelle solidement réalisée et interprétée, mais à réserver cependant aux inconditionnels. 

*Bruno