mardi 7 novembre 2023

Dangereuse Alliance / The Craft

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Andrew Fleming. 1996. U.S.A. 1h41. Avec Robin Tunney, Fairuza Balk, Neve Campbell, Rachel True, Skeet Ulrich, Cliff De Young, Christine Taylor.

Sortie salles France: 24 Juillet 1996

FILMOGRAPHIEAndrew Fleming, né le 14 mars 1963 ou le 30 décembre 1965, est un réalisateur et scénariste américain.1988 : Bad Dreams. 1994 : Deux garçons, une fille, trois possibilités. 1996 : Dangereuse Alliance. 1999 : Dick : Les Coulisses de la présidence. 2003 : Espion mais pas trop ! 2007 : Nancy Drew. 2008 : Hamlet 2. 2014 : Barefoot. 2018 : Ideal Home.

Devenu culte au fil du temps (tout du moins Outre-Atlantique) et précédé d'un succès commercial inattendu pour ce genre de production à la fois modeste et horrifique, Dangereuse Alliance n'a rien perdu de son efficacité quelques décennies plus tard alors que son réalisateur se fit déjà connaître avec les forts sympathiques Panics (Bad Dreams) et Deux garçons, une fille, trois possibilités. Variation moderne du film de sorcières dans le cadre du Teen Movie franc-tireur, Dangereuse Alliance doit beaucoup de son capital attractif en la présence d'un quatuor de jouvencelles très attachantes auprès de leur fonction hétérodoxe de marginales féministes dépassées par leur suprématie surnaturelle depuis leur crise d'ado. Tout du moins auprès de la leader du groupe, Nancy, que campe magistralement Fairuza Balk en sorcière démoniale au look gothique délibérée à prendre sa revanche sur la société (elle vit dans une caravane avec sa mère alcoolique et son beau-père abusif) et son entourage lycéen de par sa condition d'exclusion. Manifeste pour le droit à la différence autour des sempiternels discours sur le harcèlement scolaire, le machisme, le bizutage et l'humiliation, Dangereuse Alliance est loin de se réduire aux conventions du Teen Movie dénué d'âme et d'ambition. 

Tant et si bien qu'à la revoyure on reste donc captivé par l'évolution progressive de ces sorcières des temps modernes éprises de revanche sur leur entourage au moment de se laisser guider par leurs pulsions destructrices de haine refoulée. Surtout auprès de celle qui subit une adolescence tourmentée d'écorchée vive en voie de rébellion. Il s'agit donc de lever le voile sur la dégénérescence psychologique de ces sorcières juvéniles trop espiègles et immatures pour s'extraire des forces du Mal auquel elles se soumettent aujourd'hui. A l'exception toutefois de Sarah, la plus censée, loyale, fragile et discursive de toutes qu'endosse avec beaucoup de charme naturel l'élégante Robin Tunney. Une ado en éveil cérébral car prenant peu à peu conscience des conséquences hostiles et dramatiques qu'exercent ses camarades d'avoir osé perpétré des expériences satanistes échappant à leur contrôle au point d'y refuser de distinguer les valeurs du Bien et du Mal. L'emprise de leur propre pouvoir individuel les amenant à surenchérir de coups bas et maléfices auprès de leurs ennemi(e)s pour se prétendre supérieure à eux au nom d'une cause démoniaque. 


Jeux Interdits.
Très efficace auprès de sa trajectoire narrative prenant son temps à implanter son intrigue et ses personnages avant de céder vers son final à de furieux règlements compte surnaturels aux FX assez crédibles, Dangereuse Alliance exploite assez habilement les thématiques du malaise existentiel chez les ados selon leur caractère et leur interprétation personnelle à distinguer les valeurs du Bien et du Mal. Et si cette série B rondement menée reste aujourd'hui bougrement ludique et spectaculaire elle le doit notamment beaucoup à la prestance très convaincante des comédiennes en herbe formant un quatuor infortuné aussi dérangeant que fascinant. 

*Bruno
3èx. vf

Infos subsidiaires
Le film est souvent considéré comme culte, principalement aux États-Unis, avec une forte présence sur internet. Dans un article de 2016, le HuffPost salue le film car il s'éloigne des clichés des autres films pour adolescents et incorpore des thèmes plus sombres. Pour le journaliste, le film mérite son statut de film culte. La même année, le magazine Complex publie un article dans lequel le film est décrit comme « encore plus progressiste que beaucoup de films sortis aujourd'hui » et considère que le visionnage du film est un « rite de passage » pour beaucoup de jeunes femmes. 

Détour Mortel / Wrong Turn

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Rob Schmidt. 2003. U.S.A. 1h24. Avec Desmond Harrington, Eliza Dushku, Emmanuelle Chriqui, Jeremy Sisto, Kevin Zegers, Lindy Booth.

Sortie salles France: 30 Juillet 2003 (Int - 16 ans)

FILMOGRAPHIE: Rob Schmidt est né le 25 septembre 1965 à Pennsylvanie, États-Unis. Il est réalisateur et acteur. The Alphabet Killer. (2008). Détour mortel (2003). An American Town (2001). Crime + Punishment (2000). Saturn (1999). 

Pur hommage aux survivals des années 70 et 80 initiés par Délivrance, La Colline a des yeux et Survivance pour y remémorer les plus notoires, Détour Mortel transpire l'amour de la série B horrifique en ne misant uniquement que sur l'efficacité des enjeux de survie qu'un quatuor de touristes tente de déjouer avec une appréhension somme toute palpable. Et si évidemment le concept et les situations horrifiques demeurent hélas éculés, Rob Schmidt possède suffisamment de savoir-faire dans son désir de vouloir bien faire, de peps (rythme pulsatile) et d'idées retorses (l'offensive nocturne dans la tour de guêt et les stratégies de défense qui en résultent) pour rendre l'aventure cauchemardesque à la fois palpitante, captivante, un tantînet atmosphérique (son cadre forestier reculé chargé d'inquiétants panoramas), mais aussi violente sous l'impulsion d'une intensité dramatique dénuée de clémence. 

Certaines scènes gores lestement concises demeurant brutales auprès de nos protagonistes épeurés sans pouvoir anticiper leur sort indécis. Qui plus est, et en dépit de la caractérisation sommaire de ces personnages (bien que Jessie fait preuve d'une certaine profondeur affectée lors d'une confidence sentimentale impartie aux raisons qui ont amené le groupe à rejoindre la forêt), ceux-ci demeurent suffisamment attachants en victimes démunies pours s'inquiéter de leur destin avec une anxiété souvent tendue. C'est peut-être d'ailleurs la meilleure qualité du métrage que de tabler sur l'intensité d'un suspense omniprésent quant au sort fébrile de ses jeunes touristes usant parfois de leur capacité de réflexion (les 2 derniers survivants) pour s'extirper de cet enfer vert. 

Un très bon divertissement donc qui fleure bon l'amour de la série B horrifique en toute simpicité de par son charme artisanal dénué de prétention. 

*Bruno
3èx. vostfr

lundi 6 novembre 2023

Suitable Flesh

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Joe Lynch. 2023. U.S.A. 1h38. Avec Heather Graham, Judah Lewis, Barbara Crampton, Bruce Davison, Johnathon Schaech. 

VOD.

FILMOGRAPHIE: Joe Lynch est un réalisateur et producteur américain. 2011: Chillerama. 2013: Knights of Badassdom. 2014: Everly. 2017: Mayhem. 


A tous les fans des années 80, du cinéma de Stuart Gordon à ses plus belles heures et des nouvelles d'H.P Lovecraft, Suitable Flesh est une formidable surprise exploitant intelligemment gore et érotisme de par  l'efficacité de son amusante intrigue faisant inévitablement référence à Hidden et The Thing. Porté à bout de bras par la blonde fluette Heather Graham en doctoresse bicéphale (malgré elle) entourée de l'illustre Barbara Crampton en faire-valoir psychiatrique, de Bruce Davison en voleur de corps (de prime abord sclérosé) et enfin de Johnathon Schaech en époux trompé à l'ironie sous-jacente, Suitable Flesh parvient constamment à retenir l'attention. 


Autant pour cet avenant casting se prêtant au jeu du surnaturel au gré de règlements de compte aussi bien cérébraux que corporels que pour l'horreur des situations débridées émaillées d'effets (très) gores du plus bel effet charnel (à une exception près - le couteau dans le front numérisé -). D'autre part, outre le soin de sa réalisation au budget pour autant étriqué, on s'étonne de l'inventivité du montage (alternatif) et de certains effets de mise en scène (le coup du GPS afin d'observer 2 actions distinctes en évitant le contre-champs, les séquences de transformations concises mais percutantes - rehaussées de bruitages dissonants - alors que tout est suggéré) que Joe Lynch filme en scope afin de renforcer l'aspect cinégénique de l'entreprise. Une excellente série B donc se détachant largement du lot mainstream si bien que sa mise en scène aussi bien intègre qu'inspirée respire l'odeur des années 80, quitte à me répéter. 


*Bruno
Vostfr

dimanche 5 novembre 2023

Long Week-end (2008)

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jammie Blancks. 2009. Australie. 1h28. Avec James Caviezel Claudia Karvan Robert Taylor.

Sortie salles France: 30 Janvier 2009

FILMOGRAPHIE: Jamie Blanck est un réalisateur et compositeur australien. 1998 : Urban Legend. 2000 : Mortelle Saint-Valentin. 2007 : Storm Warning ou Insane. 2009 : Long Weekend. 2010 : Needle


Un remake infortuné d'une puissance formelle, cérébrale et narrative aussi digne que son modèle.
Vilipendé un peu partout si je ne m'abuse lors de sa sortie confidentielle, Long Week-end, version 2008, est à mes yeux un remake écolo exceptionnel à tous points de vue. Tant narratif pour sa thématique écolo tristement actuelle, formelle (on en prend plein la vue au sein de ce paradis perdu filmé en scope), atmosphérique (quel malaise palpable planant dans l'air !) que du jeu expressif des acteurs communément détestables dans leur fonction rigoureusement antipathique. Car même si Jamie Blanks utilise la facilité du copié-collé, cet authentique cauchemar naturaliste (les images magnifiquement éclairées et contrastées sont absolument sublimes par leur tonalité sensorielle) parvient miraculeusement, et avec réel talent de conteur et de faiseur d'images; à nous coller au siège 1h30 durant. De par sa faculté à nous attacher à ce couple aussi irresponsable qu'égoïste n'attachant aucun crédit à leur environnement naturel (tout à la fois étrangement mutique et sensiblement auditif) que par l'ambiance feutrée que le cinéaste parvient à instiller autour de leurs faits et gestes immatures sous l'impulsion d'un climat d'étrangeté aussi expressif que le chef-d'oeuvre de Colin Egleston (qui est au passage un de mes films préférés même s'il demeure autrement plus oppressant). 

Et donc à travers le soin imparti à cette progression de l'angoisse et du suspense savamment distillés au fil d'évènements insidieux toujours plus graves et inquiétants, j'insiste à surligner le jeu criant de vérité du couple James Caviezel / Claudia Karvan se crêpant le chignon avec une arrogance, une immaturité, voir même une haine davantage risible, pathétique eu égard de la tournure morale de leur dissension obtuse irrécupérable. Soutenu d'une partition monocorde à la fois pesante et envoûtante irriguant toute l'intrigue lestement anxiogène, Long-Week-end convoque un malaise d'autant plus vigoureux qu'il fait appel au pouvoir de suggestion en la présence de dame nature et de ces animaux sauvages molestés par l'hostilité de l'homme dénué de respect dans sa nature mégalo, altière, méprisante, ingrate. Il y émane un moment de cinéma horrifique aussi rude et escarpé que désespéré et tragique de par son intensité dramatique en crescendo dénuée d'illusion. Tant et si bien que l'on sort de la projo la mine quasi dépressive, tout du moins pleine d'amertume, d'avoir assister à cette confrontation cruelle entre l'homme et la nature incapables de communier entre eux faute de notre irrespect à violer leur terre et tuer sans état d'âme ces hôtes qui n'avaient rien demander. 

A découvrir d'urgence pour tous amateurs de films d'ambiance prégnante tributaire d'un Fantastique adulte d'autant plus malsain, malaisant, angoissant qu'il suscite une réelle frousse au sein de cette nature sournoise que nous ne sommes pas prêts d'omettre.  

*Bruno
2èx. Vostfr (une soirée d'exception ce Samedi 05.11.23 dès 22h)

Ci-joint la chronique de son modèle de 79https://brunomatei.blogspot.com/2018/10/long-week-end.html

jeudi 2 novembre 2023

Dark Shadows

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Tim Burton. 2012. U.S.A. 1h53. Avec  Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Helena Bonham Carter, Eva Green, Jackie Earle Haley, Jonny Lee Miller, Chloë Grace Moretz, Bella Heathcote

Sortie salles France: 9 Mai 2012

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie. 1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine et les Enfants particuliers.


"Lorsque tu changes ta façon de voir les choses, les choses que tu regardes changent".
L'important est de ne jamais désespérer car après avoir tenté à 3 reprises ce Dark Shadows bankable estampillé Burton, c'est finalement au 4è visionnage que je fus enfin convaincu pour me laisser emporter par son potentiel à la fois qualitatif, émotionnel, formel (même si sur ce dernier point je ne l'eu jamais décrié). Car si au 1er abord je reprochais surtout ses sautes d'humour lourdingue imparties au jeu cabotin de Johnny Depp, je reconnais aujourd'hui que ce divertissement pétulant me parait autrement plus ludique, plaisant, pittoresque tout en étant étonnamment inventif. Et ce même si de toute évidence certaines séquences censées drôles tombent à plat en de rares occasions et que j'accepte enfin aujourd'hui l'aspect sciemment anachronique du personnage anti-manichéen de Barnabas, vampire délétère sur le point de prendre sa revanche contre la sorcière Angélique (Eva Green éclate l'écran pour voler quasiment la vedette à tout le casting en matrone vénéneuse à la fois cupide, perverse, provocante, immorale). Quant au jeu semi-parodique de Depp que j'eu tant décrié à l'époque, il m'est apparu aujourd'hui habité par sa sombre posture aussi bien renfrognée qu'ironique (distanciée par la discrétion). A l'instar de cette foule d'illustres seconds-rôles s'exprimant avec une fougue fringante de participer sans complexe à l'aventure gothico-macabre grand public. 

En revanche, dommage que Michele Pfeiffer et Chloë Grace Moretz ne soient pas plus mises en valeur, plus exploitées surtout à travers leur présence altière (pour Pfeiffer en baronne sournoise) et dévergondée (pour Chloë en rebelle juvénile). D'autre part, d'oser conjuguer le gothisme classique au sein du contexte contemporain des Seventies est ici finalement payant tant l'aventure rocambolesque s'apparente à un arc en ciel singulier auprès de moult séquences gentiment débridées et autres plages musicales prégnantes (Alice Cooper y participe en concert !) que Tim Burton façonne avec douce fantaisie dénuée de prétention. C'est donc sans se prendre au sérieux que l'on aborde cette fort sympathique comédie fantastique émaillée parfois de séquences magnifiques aux couleurs harmonieuses (le prologue crépusculaire débordant d'étrangeté onirique, son final percutant littéralement en roue libre, la coucherie survoltée entre Barnabas et Angélique sur un air de Barry White, le concert de Cooper, la visite du sous-terrain du manoir) autour des thèmes chers à l'auteur. A savoir l'acceptation de la différence, l'amour impossible entre deux êtres que tout sépare, la démission parentale, la marginalité et la peur de vieillir au sein d'un univers aussi bien gothique que vampirique. Sa photo désaturée renforçant la magnificence de ses décors côtiers et surtout domestiques au sein de cet immense manoir que l'on aimerait abriter pour l'éternité. 

Ainsi, sans toutefois renouer avec l'ambition autonome de ses plus belles réussites, loin s'en faut, Tim Burton parvient donc ici à distraire dans la simplicité à travers cette récréation bonnard formellement fulgurante (on en prend plein les yeux quasiment à chaque plan), rafraichissante, politiquement incorrecte et émotionnellement séduisante sous l'impulsion d'un défilé de comédiens très en forme au sein de leur cocon gothico-lunaire. 

*Bruno
4èx

mercredi 1 novembre 2023

When Evil Lurks / Cuando acecha la maldad / Quand le mal rode.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Demián Rugna. 2023. Argentine. 1h39. Avec Ezequiel Rodriguez, Demián Salomon, Luis Ziembrowski, Silvia Sabater, Marcelo Michinaux

Sortie salles U.S: 27 Octobre 2023

FILMOGRAPHIEDemián Rugna est un réalisateur et scénariste argentin né le 13 septembre 1979. Il est scénariste et monteur. Il est connu pour Terrified (2017), (2016). No sabés con quién estás hablando. The Last Gateway (2007) et Cuando acecha la maldad (2023).

Ne tournons pas autour du pot, When Evil Lurks est une bombe horrifique issue d'Argentine. Le meilleur film d'horreur de 2023 (avec La Main que pas mal de fans comparent de par son réalisme tranché dénué de concession et sa terreur viscérale qui en émane) doublé d'une nouvelle référence du film de possédé auquel Evil-dead Rises fait bien pâle figure (bien qu'il ait beaucoup divisé, à raison selon moi). Or, nous avions affaire ici à une sorte d'Evil-Dead naturaliste par son refus du grand-guignol autant que de la surenchère que le cinéaste parvient admirablement à écarter en dépit de 3/4 séquences tétanisantes à marquer d'une pierre blanche. Tant et si bien que sans vouloir dévoiler d'indices, une séquence horrifique sort véritablement du lot au point que les âmes sensibles auront bien du mal à s'en remettre de par l'audace du cinéaste d'oser filmer l'inmontrable sans toutefois sombrer dans une complaisance déplacée. Une scène-choc extrême donc vue nulle part ailleurs qui fera date dans le paysage horrifique (le plus réaliste qui soit). Alors que quelques instants plus tard une autre situation impactante mettra à nouveau vos nerfs à rude épreuve sous l'impulsion constante d'FX charnels, pour ne pas dire mécaniques. A l'ancienne donc. Car si When Evil Lurks parvient à nous foutre la trouille avec une intelligence hors-pair auprès de sa réinvention des codes du film de possédé (à l'instar des 7 commandements pour s'y préserver !), c'est qu'il prend son sujet au 1er degré auprès d'un climat bucolique d'un onirisme naturaliste immersif que des protagonistes, à bout de souffle, arpentent afin de retrouver un possédé putréfié (comme surgi d'un film de Fulci !) au moment même où leur village baigne dans des accès de violence incontrôlées. 

Or, ne vous attendez pas à un vortex de scènes-chocs à vous plaquer au siège (passées les quelques séquences-chocs extrêmes des 40 premières minutes), à l'instar de l'inégalable montagne russe Evil-Dead (82). Si bien que When Evil Lurks est plus malin, attentionné, circonspect, innovant, à hauteur d'homme pour crédibiliser à tous prix son récit en s'attardant avant tout sur la psychologie des personnages torturés. Spécialement 2 frères s'évertuant à repousser le Mal au sein de leur bourgade en compagnie de comparses et membres familiaux davantage conscients, et donc, sévèrement tourmentés, accablés de la pandémie du danger aussi bien invisible que contrairement formelle. Et c'est ce qui fait la puissance de ce récit en alerte que de tabler sur l'attente du pire, sur l'intensité de sa violence et du désarroi des métayers faisant face à des confrontations démoniaques dénuées de vision grand-guignolesque (ou alors si peu). Le cinéaste misant sur l'hyper réalisme de situations horrifiques escarpées, notamment en tablant sur l'innocence la plus intolérable puis sur une forme de poésie macabre que l'on n'attendait pas. Le jeu tant investi des acteurs méconnus (même auprès des enfants vibrant d'ambiguïté !), leur parcours du combattant pour repousser le Mal, mais aussi tenter de l'endiguer, demeurant d'autant plus perturbant, harassant que le cinéaste ne cédera à nulle échappatoire possible. 

Cauchemar naturaliste subtilement erratique donc auprès d'un climat malsain étrangement fascinant, poisseux et repoussant (alors que la photo saturée est paradoxalement sublime !), When Evil Lurks est une claque dans la gueule pour son audace et son intelligence si burnées de ne pas sombrer dans le ridicule et repousser dame censure (insensé que de telles scènes de nos jours aient pu voir le jour sur un écran ciné !). Le film aussi bien posé que dégénéré exploitant lestement les thématiques de la foi et de la superstition avec une forme de vérité documentée que le spectateur reçoit de plein fouet avec un magnétisme émotionnel jouissif. Tant et si bien que l'on croit sans ambages à ce que l'on voit, l'angoisse, l'appréhension et la terreur au ventre, avec toutefois au terme un sentiment d'amertume d'avoir (trop) brièvement quitter le cauchemar sur une ultime note inconsolable. 

Pour public averti.

*Bruno

Ci-joint la critique de Jean-Marc Micciche:

Séance découverte avec l'intense et percutant When Evil Lurks , film argentin diabolique qui dépoussière avec une grande force le film de démon possédé. Demian Rugna avait témoigné lors de précédent film Terrified, avec peu de moyen, à nous dresser les cheveux sur la tête. Il avait un don pour orienter l'horreur vers une forme de chaos absolu et c'est précédemment la puissance de son film.  Dès les premiers instants, le réal installe une ambiance et surtout un univers avec ses régles et son fonctionnement. Un malaise palpable qui se prend son temps avant de faire dérailler systématiquement la scène vers l'effroi le plus pur, la terreur la plus sourde, la poésie morbide la plus macabre. Coup de boutoir sur coup de boutoir, le spectateur reçoit quelques mandales bien fortes ravi de voir un film fantastique aussi radical qu'original. Un choc. Le cinéphile old school se rappellera avec délices de certains films des années 70 qui n'ont jamais l'impact et la popularité de certains classiques mais qui ont laissé des traces indélébiles sur certains esprits (The Asphyx, Incubus, La sentinelle des maudits, Lets scare Jessica to death, The entity). When Evil Lurks est cette race là. Nobles, sournoises et viscérales....

lundi 30 octobre 2023

Sound of Freedom

                                                              Photo empruntée sur google, appartenant au site

de Alejandro Gómez Monteverde. 2023. U.S.A. 2h11. Avec Jim Caviezel, Mira Sorvino, Bill Camp, Eduardo Verástegui, Javier Godino, José Zúñiga, Kurt Fuller.

Sortie salles France: 15 Novembre 2023. U.S: 4 Juillet 2023

FILMOGRAPHIEAlejandro Monteverde est né le 13 juillet 1977 au Mexique. Il est réalisateur et scénariste. Sound of Freedom (2023), Little Boy (2015) et Bella (2006). Il est marié avec Ali Landry Monteverde depuis le 8 avril 2006. Lui et Ali Landry Monteverde ont trois enfants.

"Le témoignage de Tim sur l'opération colombienne a conduit le congrès des Etats-Unis a adopter une législation renforçant la coopération internationale dans les affaires de trafic d'enfants. La traite des  êtres humains est une activité qui rapporte 150 milliards de dollars par an. Les Etats-Unis figurent parmi les principales destinations pour la traite des êtres humains et son aussi parmi les plus gros consommateurs de relation sexuelles avec des enfants. Il y a plus d'êtres humains pris au piège de l'esclavage aujourd'hui qu'à n'importe quel autre moment de l'histoire, y compris lorsque l'esclavage était légal. Des millions de ces esclaves sont des enfants." 

Tiré d'une histoire vraie pour relater la traite d'enfants réduits à l'esclavage sexuel en Colombie, Sound of Freedom est un uppercut émotionnel comme on pouvait s'y en douter avec un sujet aussi grave que sulfureux. Car taillé comme un thriller à suspense dans le cadre du drame psychologique que l'on observe avec une attention infiniment impliquée lorsqu'il s'agit de tenter de sauver la vie de nombreux enfants que Tim Ballard tente d'extraire de leurs bourreaux avec l'appui d'un ancien membre du Cartel, Sound of Freedom est d'autant plus grave, méritant, passionnant qu'il est conté sans complaisance aucune dans son refus de voyeurisme ou de violence graphique. Pour autant, et c'est bien là où l'oeuvre salutaire a tout mon respect afin d'élever la thématique avec dignité et intelligence, son intensité dramatique en intermittence éprouvante nous bouleverse aux larmes par le reflet psychologique de ses enfants à la fois malmenés et torturés par des pervers pédophiles scrupuleusement organisés. Outre la dextérité de sa réalisation ténue portant un regard studieux sur ses personnages redresseurs de tort s'efforçant de soulever des montagnes lorsqu'il s'agit de se confronter aux réseaux pédophiles, sa distribution dénuée de fard rend d'autant plus crédible la dangerosité de son climat d'insécurité malsaine à la lueur d'espoir indécise. 

A l'instar de son final périlleux, mission de dernier ressort de tous les dangers afin de retrouver en vie la petite Rocio pour l'extraire de sa geôle. On peut donc oh combien saluer la présence humaine de Jim Caviezel en ancien agent du gouvernement insufflant une mine à la fois grave, souvent impassible, désabusée presque, et contractée dans son ambition personnelle à perpétrer un nouveau coup d'éclat pour l'enjeu d'une innocence infantile d'autant plus difficile à localiser. Dommage que cet acteur se fasse si rare au cinéma tant il dégage à mon sens un charisme authentique (aujourd'hui strié) n'appartenant qu'à lui dans sa sobre posture d'investigateur héroïque à la fois placide, discret, dans la réserve, pour parvenir à ses fins et faire tomber ces bourreaux paraphiles. Définitivement un grand comédien. Les autres seconds-rôles ne sont pas en reste pour l'appuyer dans ses actions couillues, à l'instar de Bill Camp fort en caractère dans le corps d'un ancien criminel motivé de rédemption eu égard de sa nouvelle mission personnelle de se consacrer uniquement au sort des enfants esclaves. Enfin, dommage que la douceur de miel Mira Sorvino ne soit pas plus présente à l'écran tant elle se fait si rare en épouse aimante respectueuse, confiante envers les motivations morales de son époux résolument investi dans sa fonction professionnelle davantage autonome. Quant aux enfants sentencieux communément épatants de vérité démunie, fragile auprès de leur perte de repères, s'ils bouleversent bien entendu aux larmes par leur expressivité timorée, apeurée, égarée, ils sont admirablement dirigés pour s'extraire d'une émotion programmée ou encore d'un patho déplacé. 

Soutenu d'une superbe partition chorale faisant écho à la nature précieuse car si innocente de ses enfants brutalement arrachés à leurs parents, Sound of Freedom ne peut laisser personne indifférent dans sa démarche intègre de dénoncer le fléau de la pédophilie davantage croissant, plus encore que le trafic d'armes ou de cocaïne. Indubitablement éprouvant car dur et cruel de témoigner de notre impuissance face à la condition intolérable de ses enfants réduits à la consommation sexuelle, Sound of Freedom frappe au coeur de plein fouet par la pudeur de son émotion contenue laissant parfois libre court aux larmes de la délivrance. Un grand film d'utilité publique tout aussi effrayant que bouleversant qui laisse des séquelles dans l'encéphale de par la noblesse de cette entreprise cinématographique vouée corps et âmes à la cause infantile. 

*Bruno

Timothy « Tim » Ballard est le fondateur et PDG de Operation Underground Railroad (OUR), PDG de The Nazarene Fund et auteur de plusieurs livres. Il organise des activités au niveau national et international pour mettre fin au trafic d'enfants

Ci-joint la critique de Jean-Marc Micciche;
Séance découverte avec le magnifique et poignant polar Sound Of Freedom. Marqué par des polémiques à coté de la plaque surtout au vu du résultat final, Sound of freedom est un chemin de croix d'un policier qui n'hésite pas de partir en croisade pour sauver des enfants du trafic d'esclavage et de la pédophilie... Dés la scène d'ouverture, on saisit pour la justesse de l'approche du film surtout au vu de la nature du sujet. Pas de sensationnalisme dans la démarche, juste une volonté à travers un pur récit de polar, à incarner une réalité sordide que le recit et la mise en scène arrive merveilleusement à suggérer. Dès lors le spectateur épouse la cause de son héros (superbe Jim Caviziel), dans sa volonté de sauver son âme de la noirceur des ténèbres et la noirceur humaine. Tout le suspense et la dramaturgie du récit et des personnages est au service d'un objectif (sauver la fille) et améne le spectateur à espérer une délivrance. L'émotion et l'empathie est là, partout dans le film et à l'heure où la grande majorité des films sont incapables d'impliquer les spectateurs dans l'émotion pure sans cynisme, Sound of Freedom est précieux. Quant à la polémique autour du film, c'est au final insignifiant au vu du résultat de ce film indépendant venant de nulle part...9/10

samedi 28 octobre 2023

Panic Room

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Fincher. 2002. U.S.A. 1h52. Avec Jodie Foster, Kristin Stewart, Forest Whitaker, Jared Leto, Dwight Yoakam.

Sortie salles France: 24 Avril 2002. U.S: 29 Mars 2002

FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962 à Denver (Colorado). 1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac. 2008: L'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network. 2011: Millénium. 2014: Gone Girl. 2020 : Mank. 2023 : The Killer

Méséstimé par la critique française de l'époque car après quelques recherches sur le net je fus agréablement surpris de constater les opinions contrairement favorables Outre-Atlantique, Panic Room est sans mauvais jeu de mot une référence du suspense Hitchcockien. Tant et si bien qu'à la revoyure je l'ai trouvé beaucoup plus stimulant, affolant, vertigineux de par l'incroyable maîtrise (technique / narrative) de Fincher à nous confectionner de façon stylisée (la caméra mobile se faufile dans n'importe quel recoin du refuge domestique) un suspense estomaquant eu égard de l'hyper efficacité de son concept imparti aux huis-clos claustro. Et ce sans compter sur l'aspect fascinatoire de l'immense appartement filmé sous tous les angles (j'insiste) comme si nous y étions. Effet immersif assuré donc, notamment auprès de ses divers étages que les protagonistes arpentent de façon à la fois tendue, déterminée, angoissée, pour ne pas dire à cran au fil d'un cheminement sur la corde raide. Meg Altman et sa fille Sarah étant contrainte de s'emprisonner dans leur chambre de survie ultra high-tech pour se protéger de 3 cambrioleurs ayant investi les lieux de leur nouvel appartement huppé. Livrées à elles-mêmes elles devont donc user de bravoure, beaucoup d'audaces et subterfuges pour déjouer les cambrioleurs de parvenir à leur fin. A savoir empôcher le magot de millions de dollars planqués malencontreusement dans la chambre de survie. Voilà pour le pitch simpliste narré avec une attention toute particulière lorsqu'il s'agit d'un maître en la matière, Mr David Fincher. Car véritablement inspiré par ce qu'il filme (on ne compte plus les plans séquences en 3D, l'attention accordée à la luminosité, le soin de la photo sépia) et amoureux de son actrice Jodie Foster, explosant l'écran à chaque cadre (là aussi ce fut une totale redécouverte pour sa force d'expression au diapason), celui-ci parvient à faire naitre angoisse, suspense et action sous l'impulsion d'un rythme alerte dénué de temps mort (ephémisme). 

Autant dire que nous restions collé à notre siège car scrupuleusement attentif aux faits et gestes des cambrioleurs et surtout de Meg et Sarah s'évertuant à narguer leurs adversaires avec une intelligence finaude jubilatoire de par l'inversion des rôles impartis. Jodie Foster, infiniment habitée par son rôle de femme forte, dégageant un charisme forcené en héroïne burnée provocant les stratagèmes de défense avec un art consommé de la motivation cérébrale. Et sur ce point, si les situations pourraient peut-être parfois paraître un brin improbables, l'actrice dégage une telle énergie physique et viscérale, une telle persuasion limite primale qu'elle y transcende l'impossible de par sa foi inébranlable. Non, franchement elle reste très impressionnante, à se demander même s'il ne s'agit pas là d'un de ses meilleurs rôles. Quant à Kristen Stewart, elle aussi surprend du haut de ses 12 ans grâce à sa sobriété épurée de participer au cauchemar domestique avec une expressivité toujours impliquée en dépit de sa présence secondaire toutefois indispensable au cours de l'action anxiogène. Néanmoins, dans son désir de trop plaire ou d'en faire trop, David Fincher s'embarasse à mon goût d'un cliché éculé (Sarah est diabétique insulino-dépendante) pour renouveller l'action et la tension aux moments les plus précaires quant à leur enjeu de survie plus horrifiant. Pour autant, on marche toutefois à plein tube lors de ces revirements angoissants, notamment auprès de rebondissements plutôt retors car assez surprenants, pour ne pas dire paniquant (notamment cet incroyable intervention de 2 policiers face à une Jodie Foster bicéphale d'un flegme génialement équivoque). Enfin, outre les présences très convaincantes de Jared Leto en cambrioleur zélé trop sur de lui et Dwight Yoakam en psychopathe placide à la gachette facile, Forest Whitaker vole la vedette à ses compagnons de par son humanisme torturé afin de ne pas céder à la violence d'autrui. Ce qui nous vaudra par ailleurs quelques surprises quant à son évolution morale tant en perdition qu'en requête de rédemption pour tenir lieu de désespoir de cause. 


Le Piège.
Sérieusement, foncez revoir Panic Room, modèle de suspense Hitchcockien qui vous plaquera au siège de part en part au sein d'une souricière de tous les dangers. Car délicieusement tendu et angoissant, fascinant et jubilatoire, cet insidieux jeu du chat et de la souris se permet en outre de valoriser la cause féministe à travers le superbe profil d'une femme indépendante délibérée à provoquer le trio machiste avec une capacité de réflexion génialement profitable. A réhabiliter d'urgence donc, tout du moins dans l'hexagone. 

*Bruno
2èx

Box Office France; 1 324 402 entrées

mercredi 25 octobre 2023

Mort d'un Pourri

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de George Lagutner. 1977. France. 2h04. Avec Alain Delon, Ornella Muti, Stéphane Audran, Mireille Darc, Maurice Ronet, Michel Aumont, Jean Bouise, Daniel Ceccaldi, Julien Guiomar, Klaus Kinski, François Chaumette, Xavier Depraz.

Sortie salles France: 7 Décembre 1977

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Georges Lautner est un réalisateur et scénariste français, né le 24 Janvier 1926 à Nice, décédé le 22 Novembre 2013 à Paris. 1958: la Môme aux boutons. 1959: Marche ou crève. 1962: L'Oeil du monocle. 1963: Les Tontons flingueurs. 1963: Des Pissenlits par la racine. 1964: Le Monocle rit jaune. 1964: Les Barbouzes. 1966: Ne nous fâchons pas. 1967: Le Grande sauterelle. 1968: Le Pacha. 1969: Sur la route de Salina. 1970: Laisse aller, c'est une valse. 1971: Il était une fois un flic. 1972: Quelques messieurs trop tranquilles. 1973: La Valise. 1974: Les Seins de glace. 1975: Pas ce problème ! 1976: On aura tout vu. 1977: Mort d'un pourri. 1978: Ils sont fous ces sorciers. 1979: Flic ou voyou. 1980: Le Guignolo. 1981: Est-ce bien raisonnable ? 1981: Le Professionnel. 1984: Joyeuse Pâques. 1984: Le Cowboy. 1985: La cage aux folles 3. 1986: La vie dissolue de Gérard Floque. 1988: La Maison Assassinée. 1989: Présumé dangereux. 1991: Triplex. 1991: Room service. 1992: l'Inconnu dans la maison.

Excellent polar solidement réalisé par le spécialiste du genre Georges Lautner et produit par Alain Delon à une période moins glorieuse où il tentait de récupérer sa popularité, Mort d'un pourri dénonce une corruption politique de grande ampleur eu égard des rebondissements disséminés au compte-goutte et de sa morale pessimiste qu'Alain Delon en personne énonce avec une amertume désabusée lors de l'épilogue. Celui-ci endossant le personnage hétérodoxe du complice meurtrier afin d'y protéger un député véreux, ami de longue date, en guise de fidélité et de loyauté. Avec son casting florissant (outre Stéphane Audran, Mireille Darc, Maurice Ronet, Michel Aumont, Jean Bouise, Daniel Ceccaldi, on y croise même l'imperturbable Klaus Kinski et la troublante Ornella Muti) et sa réalisation studieuse prenant son temps à charpenter son récit davantage captivant (notamment au niveau des 45 dernières minutes plus tendues et nerveuses quant au sort indécis de Maréchal - Delon - délibéré à connaître l'identité de l'assassin au moment où celui-ci essuie de sévères règlements de compte), Mort d'un Pourri fleure bon le cinéma des Seventies sous l'impulsion d'une atmosphère urbaine à la fois élégiaque,  blafarde, anti solaire donc. 

On peut d'ailleurs largement prôner la superbe partition jazzy de Philippe Sarde accompagnant l'ambiance à la fois inquiétante, délétère, sinistrosée avec une émotion fragile presque dépressive. Tout cela étant mené sans fioriture afin d'y favoriser son réalisme urbain résolument expressif, à l'instar de plages d'intimité nocturnes ou de quelques séquences de poursuites automobiles supervisées par le spécialiste Rémy Julienne. Du vrai cinéma à l'ancienne donc comme on n'ose plus en faire de nos jours (notamment de par son rythme languissant nullement ennuyeux) mené par un Alain Delon étonnamment placide, calculateur, circonspect afin de mieux duper et provoquer ses adversaires constamment lancés à ses trousses. Une force tranquille et de sureté en somme parfois contrebalancée d'une expressivité narquoise sobrement nuancée. 

P.S: la qualité HD restaurée est resplendissante. 


*Bruno

mardi 24 octobre 2023

Saw X / Décadence X

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Kevin Greutert. 2023. U.S.A. 1h58. Avec Tobin Bell, Shawnee Smith, Synnøve Macody Lund, Steven Brand, Renata Vaca, Joshua Okamoto.

Sortie salles France: 25 Octobre 2023 (Int - 16 ans). U.S: 29 Septembre 2023 (Int - 17 ans).

FILMOGRAPHIE: Kevin Greutert, né le 31 mars 1965 à Pasadena en Californie aux États-Unis, est un réalisateur et monteur américain. 2009 : Saw VI. 2010 : Saw VII. 2014 : Jessabelle. 2015 : Visions. 2017 : Jackals. 2023 : Saw X. 


Relancer la fameuse saga estampillée "Tortur'porn" après 7 opus tous plus inutiles les uns les autres (en aditionnant Spirale : L'Héritage de Saw) relevait d'une gageure impossible. Et pourtant Kevin Greutert (à qui l'on doit pourtant Saw 6 et 7) parvient sans mal à réactiver la machine hardcore avec ce 10è opus autrement retors, prenant, affolant, efficace, évidemment sardonique, voir même surprenant eu égard de l'ingéniosité des tortures toutes plus machiavéliques les unes que les autres servi d'un scénario à twist (!) privilégiant la caractérisation humaine d'un des plus célèbres criminels de l'histoire de l'horreur qui tâche: Jigsaw John Kramer. Et si l'intrigue pourrait paraître chez une frange du public tirée par les cheveux (à l'instar des actions invraisemblables des victimes pour se défaire de leur piège transcendées d'une intensité putride à la limite du soutenable), elle demeure pour autant à mon sens assez solide pour relancer les exactions putassières et assez intelligente pour y dénoncer en filigrane le charlatanisme de la chirurgie auprès de margoulins sans scrupule, sans compter le cynisme des labos pharmaceutiques en étroite complicité. 


Mais outre l'aspect à la fois jouissif et malaisant des châtiments corporels hyper gores et réalistes (je crois qu'on avait pas vu aussi émétique depuis l'opus 3 interdit aux - de 18 ans) que l'on nous sert sans anesthésie, Saw X est notamment enrichi d'un cast spécialement convaincant, expressif, caractériel (jusqu'aux seconds-rôles les moins éloquents, à l'instar du gamin mexicain) sous l'impulsion de Tobin Bell se fondant une ultime fois dans le corps décati du tueur moribond avec un flegme ici un peu plus indulgent comme le souligne sa compassion pour certains personnages. On apprécie également de retrouver l'invitée surprise Shawnee Smith (de retour après le second opus) en faire-valoir criminel au physique aujourd'hui autrement plus inquiétant passées quelques années de rides. Bref, les personnages existent par eux-mêmes sans déborder pour notre plaisir de spectateur attentif à leurs faits et gestes pour s'extirper de la mort. Néanmoins, pour apprécier le (nouveau) spectacle barbare d'une étonnante efficacité (qui plus est épaulé d'une certaine maîtrise dans la réalisation et d'une photo épurée), il vaudrait peut-être mieux aborder le divertissement au second degré tant l'ironie mordante fait des étincelles en dépit de l'hyper réalisme de l'horreur extrême que l'on redoute autant que l'on escompte dans notre fort intérieur de pervers refoulé (ah ah !).   


D'une durée d'1h58 défiant notre notion temporelle, Saw X est une heureuse surprise inespérée après tant d'âneries mercantiles purement opportunistes passée la trilogie modestement réussie. Méchamment délirant, extrême, captivant, constamment tendu, jamais ridicule et assez dégueulasse auprès de ces anthologies incroyablement inventives, cet ultime chapitre faisant honorablement suite au 1er opus parvient à réanimer la saga parmi le savoir-faire d'un scénario subterfuge dénonçant une fois de plus l'attrait à la fois pusillanime, égotiste, vénal de l'homme prêt à phagocyter son prochain (tant pour sa survie que pour son propre intérêt). C'était sans compter sur John Kramer, redresseur (amoral ?) de tort un peu plus humaniste qu'autrefois. 

Ordre de préférence de la saga: 1 - 3 - 10 - 2.

*Bruno

jeudi 19 octobre 2023

La Nuit de la Comète / Night of the comet

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de  Thom Eberhardt.1984. U.S.A. 1h35. Avec Catherine Mary Stewart, Kelli Maroney, Robert Beltran, Mary Woronov, Geoffrey Lewis, Peter Fox.

Sortie salles France: ?. U.S: 16 Novembre 1984

FILMOGRAPHIEThom Eberhardt est un réalisateur et scénariste américain né le 7 mars 1947 à Los Angeles, Californie (États-Unis). 1983 : Sole Survivor. 1984 : La Nuit de la comète. 1988 : The Night Before. 1988 : Élémentaire, mon cher... Lock Holmes. 1989 : Cours d'anatomie. 1992 : Captain Ron. 1993 : Space Rangers (série télévisée). 1997 : Face Down (TV). 1998 : Il était deux foiS (TV). 2000 : Ratz (TV). 2002 : I Was a Teenage Faust (TV). 

Je tiens d'abord à remercier ma projo déceptive du Toubib de Pierre Granier-Deferre sans qui je n'aurai pu oser enchainer dans improvisation l'excellente surprise que représente pour moi La Nuit de la Comète. Une perle des années 80 pas assez reconnue selon mon jugement de valeur (d'ailleurs beaucoup plus positif qu'au 1er visionnage) tant ce p'tit métrage génialement dénué de prétention eut pu me faire rêver avec une simplicité somme toute décomplexée. Et c'est justement ce qui fait le charme et le piquant de cette prod digne d'Amblin si j'ose dire, toutes proportions gardées, dans la mesure où le cinéaste Thom Eberhardt (inconnu pour moi) s'y entend pour nous immerger dans son univers post-apo avec une sincérité, une formalité (combien de rutilants panoramiques urbains m'ont totalement envoûtés, tel un rêve de gosse émerveillé !) et surtout une candeur forçant le respect. Notamment eu égard de la bonhomie du casting amiteux, prioritairement les actrices Catherine Mary StewartKelli Maroney  jouant les soeurettes rivales avec tant d'implication auprès de leur charme innocent symptomatique des prods des années 80. 

                                      

Le climat de légereté qui environne tout le récit, conjugué à certains moments de flippe (les 3 premières apparitions des zombies m'ont réellement foutu les jetons à ma stupeur !) et de moments pittoresques confinant cette série B au divertissement atypique dans sa globalité. Qui plus est, et afin probablement de parfaire son métrage et de le clarifier (narrativement parlant) dans une plus-value de générosité, l'ultime demi-heure se permet d'enchainer les rebondissements, actions, quiproquos puis bouquet de tendresse imbibée de dérision (le final saugrenu est juste magnifique de poésie auprès de cette cohésion complice, aussi simpliste soit cette conclusion sciemment ubuesque) avec une spontanéité sémillante. On quitte donc l'aventure post-apo parmi nos sentiments fougueux de tendresse, bonheur, sourire de s'être autant familiarisé auprès de ces survivants juvéniles rarement angoissés/apeurés par leur condition de déreliction pour au contraire affronter l'avenir avec une insouciance ultra jouissive. Et c'est justement ce qui rend si fun, ludique, exaltante cette Nuit de la Comète que de compter sur le sarcasme et les bons sentiments badins pour emporter l'adhésion avec une faculté immersive proche de la féerie finalement. 


Teenage Mutant Horror Comet Zombies
Et donc pour conclure aussi simplement que cette satire dystopique: "C'était quand même quelque chose les années 80 ❤"

*Bruno
2èx

mercredi 18 octobre 2023

Le Toubib

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Pierre Granier-Deferre. 1979. France/Allemagne de l'Ouest. 1h36. Avec Alain Delon, Véronique Jeannot, Bernard Giraudeau, Francine Bergé, Michel Auclair, Catherine Lachens, Bernard Le Coq, Henri Attal, Jean-Pierre Bacri.

Sortie salles France: 27 Octobre 1979

FILMOGRAPHIEPierre Granier-Deferre, né le 22 juillet 1927 dans le 9e arrondissement de Paris et mort le 16 novembre 2007 dans le 16e arrondissement de Paris, est un réalisateur français.1961 : Le Petit Garçon de l'ascenseur.1962 : Les Aventures de Salavin. 1965 : La Métamorphose des cloportes. 1965 : Paris au mois d'août. 1967 : Le Grand Dadais. 1970 : La Horse. 1971 : Le Chat. 1971 : La Veuve Couderc. 1973 : Le Fils. 1973 : Le Train. 1974 : La Race des seigneurs. 1975 : La Cage. 1975 : Adieu poulet. 1976 : Une femme à sa fenêtre. 1979 : Le Toubib. 1981 : Une étrange affaire. 1982 : L'Étoile du Nord. 1983 : L'Ami de Vincent. 1985 : L'Homme aux yeux d'argent. 1986 : Cours privé. 1987 : Noyade interdite. 1988 : La Couleur du vent. 1990 : L'Autrichienne. 1992 : La Voix. 1993 : Archipel. 1995 : Le Petit Garçon. 


Comme l'une des règles d'or sur Strange Vomit Dolls est plutôt d'éviter de discréditer un film que l'on a pas aimé, je laisse libre arbitre au spectateur de juger par lui même.


*Bruno

mardi 17 octobre 2023

Le Pianiste / The Pianist. Palme d'Or, Cannes 2002.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Roman Polanski. 2002. France/Royaume-Uni/Pologne/Allemagne. 2h29. Avec Adrien Brody, Thomas Kretschmann, Frank Finlay, Maureen Lipman, Emilia Fox, Ed Stoppard, Ronan Vibert, Michał Żebrowski.

Sortie salles France: 26 Septembre 2002

FILMOGRAPHIE: Roman Polanski (né le 18 août 1933 à Paris) est un comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra puis un producteur, scénariste et réalisateur de cinéma franco-polonais. 1962 : Le Couteau dans l'eau , 1965 : Répulsion, 1966 : Cul-de-sac, 1967 : Le Bal des vampires, 1968 : Rosemary’s baby, 1971 : Macbeth, 1972 : Quoi ?, 1974 : Chinatown, 1976 : Le Locataire ,1979 : Tess, 1986 : Pirates, 1988 : Frantic, 1992 : Lunes de fiel ,1994 : La Jeune Fille et la Mort , 1999 : La Neuvième Porte ,2002 : Le Pianiste,2005 : Oliver Twist, 2010 : The Ghost Writer. 2011 : Carnage. 2013 : La Vénus à la fourrure. 2017 : D'après une histoire vraie. 2019 : J'accuse. 2023 : The Palace. 

Retraçant le destin hors du commun du pianiste Władysław Szpilman, survivant polonais du ghetto de Varsovie perpétré par l'Allemagne nazie durant la seconde guerre, Le Pianiste est une épreuve de force aussi éprouvante qu'insupportable de par l'acuité de son intensité dramatique dénuée de concession. Roman Polanski, résolument impliqué par son histoire vraie à la reconstitution infaillible, optant pour un vérisme documenté parfois à la limite du supportable (principalement la 1ère heure) pour retranscrire l'horreur nazie exterminant sans vergogne la communauté juive avec une haine inqualifiable. 


Outre la descente aux enfers en porte-à-faux impartie au personnage du pianiste en proie à la famine, la solitude et la maladie (la jaunisse), Adrian Brody endosse probablement l'un des plus beaux rôles de sa carrière en survivant de dernier ressort aussi empoté (il cumule certaines bourdes épineuses) que chanceux durant sa quête désespérée d'échapper aux nazies en se confinant dans les endroits les plus décharnés, insalubres, exigus (avec au terme de son cheminement de saisissantes images post-apos). Ce personnage à la fois héroïque et bienfaiteur demeurant d'une rigueur émotionnelle ardue auprès de son destin maudit gagné par son désir de vie, aussi fluet soit son espoir; notamment en la présence fortuite d'un (étrange) ange gardien nazi sans doute influencé par la rédemption. Grand moment de cinéma aussi puissant et expressif que La Liste de Schindler, Requiem pour un Massacre, le Vieux Fusil ou encore l'inoubliable série Holocauste, Le Pianiste ne nous laisse nullement indemne en dépit de son final libérateur d'une poésie fragile aussi amère qu'émotive. Sans omettre la beauté inquiétante de sa photographie blafarde extrêmement soignée par ses nuances de ton grisonnantes et quelque peu sépias.  

P.S: Restauration 4K de qualité optimale (message d'info en sus avant le générique).

*Bruno
2èx

Récompenses

Palme d'or au Festival de Cannes 2002

Prix Jacques-Prévert du scénario 2002, catégorie meilleur scénario adapté pour Ronald Harwood

Césars 2003

César du meilleur film : Roman Polanski et ses producteurs Robert Benmussa et Alain Sarde

César du meilleur réalisateur : Roman Polanski

César du meilleur acteur : Adrien Brody

César de la meilleure musique écrite pour un film : Wojciech Kil. ar

César du meilleur décor : Allan Starski

César de la meilleure photographie : Paweł Edelman

César du meilleur son : Jean-Marie Blondel, Gérard Hardy et Dean Humphreys

Goyas 2003 : meilleur film européen

Oscars 2003

Oscar du meilleur réalisateur : Roman Polanski

Oscar du meilleur acteur : Adrien Brody

Oscar du meilleur scénario adapté : Ronald Harwood

BAFTA Awards 2003

BAFTA du meilleur film

BAFTA du meilleur réalisateur : Roman Polanski