mercredi 1 janvier 2020

Le Choix des Armes

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Alain Corneau. 1981. France. 2h16. Avec Yves Montand, Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Michel Galabru, Gérard Lanvin, Jean-Claude Dauphin, Jean Rougerie, Richard Anconina.

Sortie salles France: 19 Août 1981.

FILMOGRAPHIE: Alain Corneau est un réalisateur français né le 7 août 1943 à Meung-sur-Loire (Loiret), décédé le 30 août 2010 à Paris. 1974 : France société anonyme. 1976 : Police Python 357. 1977 : La Menace. 1979 : Série noire. 1981 : Le Choix des armes. 1984 : Fort Saganne. 1986 : Le Môme. 1989 : Nocturne indien. 1991 : Tous les matins du monde. 1995 : Le Nouveau Monde. 1997 : Le Cousin. 2000 : Le Prince du Pacifique. 2002 : Stupeur et tremblements. 2005 : Les Mots bleus. 2007 : Le Deuxième Souffle. 2010: Crime d'amour.


Jalon des années 80 réalisé par l'un des spécialistes du polar Alain Corneau (réalisateur et scénariste pour l'occasion), le Choix des Armes est un grand film d'acteurs au sens le plus noble et compact. Dans la mesure où le cinéaste dirige sobrement ces derniers épaulés de leur charisme strié pour y tisser une confrontation au sommet entre 2 truands que se disputent Yves Montand (ex taulard éperdue d'amour pour sa compagne) et le monstre Gérard Depardieu (en chien fou borderline au grand coeur). Quand bien même Gérard Lanvin se fond dans le corps policier avec un héroïsme aussi pédant que détestable, si bien que dans un rôle à contre-emploi, l'étonnant Michel Galabru a bien du mal à le rappeler à l'ordre en commissaire désabusé, rongé par la culpabilité. De par la solidité de son intrigue criminelle fertile en rebondissements aussi imprévisibles que nullement outranciers, Le Choix des Armes élève le genre à son sens le plus épuré eu égard de la caractérisation véreuse d'une poignée d'antagonistes emmêlés dans des règlements de compte préjudiciables. Alain Corneau, appliqué et circonspect quant à la modestie de sa mise en scène magnifiée de paysages naturels, prenant son temps à planter son univers champêtre et ses personnages qui y évoluent dans une commune tourmente davantage sentencieuse. Tant et si bien que Corneau, habile conteur et faiseur d'images envoûtées structure son scrupuleux récit marginal au gré d'une intensité dramatique que l'on ne voit pas arriver.


Car outre sa volonté d'y dénoncer l'abus de pouvoir et les bavures policières auprès des recrues les plus zélées, ce qui est intéressant avec le Choix des Armes, c'est de nous proposer des personnages anti-manichéens se confrontant avec autant d'animosité dans leur esprit d'orgueil que d'empathie à travers leur témoignage paternel. De par la relation ambiguë, si incomprise, entre (la fragilité dépressive de) Montand et (les excès colériques de) Depardieu s'épaulant en désespoir de cause puis se repoussant avec une irrépressible contradiction. La faute incombant à un enchaînement de circonstances à la fois infortunées et contestataires eu égard des agissements psychotiques de Depardieu en truand criminel habité par la haine mais aussi le désespoir du désir de paternité. Ainsi, au vu de l'évolution tragique de l'intrigue, et en observant minutieusement l'humanisme torturé de celui-ci écorché vif par la cause de son enfance probablement miséreuse (la démission parentale est inévitablement suggérée), Le Choix des Armes y transcende les valeurs d'amour et d'amitié au moment d'y opposer une vendetta commune. Tant auprès de la relation fiévreuse entre Montand et la radieuse Catherine Deneuve (irréprochable dans la sobriété de ses expressions aussi bien sentimentales qu'empathiques) que de sa complicité bipolaire avec Depardieu. Notamment lorsque ceux-ci convergent à la protection de l'enfance au moment de subir l'injustice de l'autorité policière en instance de filature.


Dramatique, intense et si profond à travers l'humanisme écorché de ses personnages se combattant pour des enjeux d'orgueil et de respect, de tranquillité et de reconnaissance, le Choix des Armes finit par bouleverser leurs épineuses confrontations sous l'impulsion d'une innocence galvaudée. Du grand polar français, rugueux et fataliste sous couvert d'une intelligente réflexion sur la vengeance et la clémence.  

*Bruno
4èx

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