de Wes Craven. 1986. U.S.A. 1h31. Avec Matthew Laborteaux, Kristy Swanson,
Michael Sharrett, Anne Twomey, Anne Ramsey, Richard Marcus.
Sortie salles France: 21 Janvier 1987. U.S: 10 Octobre 1986
FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.
Divertissement nanardesque pour les uns, navet pour d’autres, où le bon, le moins bon et le pire cohabitent dans une intrigue aussi prévisible que capillotractée, L’Amie Mortelle figure souvent parmi les œuvres les plus décriées de la carrière de Wes Craven. Pourtant, cette réactualisation de Frankenstein (mâtinée de Robocop acnéen, si j’ose dire) se révèle étonnamment attachante pour peu qu’on fasse preuve d’indulgence — et qu’on accepte de la prendre au second degré. Car il faut bien l’admettre : certaines situations ridicules finissent par provoquer une drôlerie involontaire là où l’on attendait une tension dramatique. Tant par le cabotinage outrancier de certains seconds rôles (la bande de délinquants harcelant Paul et Tom accompagnés du robot Bibi, le twist final avec le retour grotesque du leader de la bande, ou le père abusif de Samantha, erreur de casting manifeste !) que par des scènes absurdes mal ficelées — comme ce suspense laborieux autour d’une tasse de café que la drogue peine à troubler malgré l’angoisse de leurs complices.
Teen movie ludique au cœur de son groupe d’ados irresponsables, épris d’amitié pour un fringant robot évoquant celui de Short Circuit, L’Amie Mortelle navigue entre comédie et romance avant de sombrer dans une horreur macabre. Lorsque Samantha revient d’entre les morts, ressuscitée par son petit ami Paul — apprenti sorcier aveuglé par un amour qui outrepasse l’éthique —, le récit bascule dans une vendetta concise mais étonnamment efficace, ponctuée de deux séquences sanglantes (le ballon de basket pulvérisant la tête d’une rombière, ou le sort réservé au père ivrogne et brutal). Mais ce qui frappe surtout, c’est l’interprétation étonnamment habitée de Kristy Swanson, en créature humanoïde découvrant peu à peu des éclats d’humanité au fil de sa relation avec son “créateur”. Relation impossible, tragique, abordant la thématique de la perte de l’être cher — et ce jusqu’au déchirement : Paul s’accroche à l’illusion d’une seconde chance, tandis que Tom, plus lucide, oppose son bon sens à l’obsession de son ami. L’Amie mortelle, dans ses instants les plus sincères, parvient même à distiller une tendresse discrète, lorsqu’un souvenir ravive en Samantha une étincelle de conscience que Paul tente, désespérément, de faire renaître.
Discours visionnaire sur les dérives de l’intelligence artificielle et notre mégalomanie à repousser les frontières du progrès, L’Amie Mortelle reste, malgré ses maladresses, un film fort sympathique et jamais ennuyeux — notamment grâce à son ambiance typiquement eighties, baignée de cette lumière adolescente aux promesses naïves. Et même si l’on sent poindre une certaine frustration face à ce que Craven aurait pu faire d’un sujet aussi universel, il n’en reste pas moins qu’un charme étrange opère… si l’on accepte l’imperfection comme part intégrante du spectacle.
*Bruno
12.05.25. 5èx. Vost
03.01.20.
20.10.16
20.10.16
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