jeudi 19 juillet 2018

TULLY

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jason Reitman. 2018. 1h36. Avec Charlize Theron, Mackenzie Davis, Mark Duplass, Ron Livingston, Emily Haine, Elaine Tan.

Sortie salles France: 27 Juin 2018. U.S: 4 Mai 2018

FILMOGRAPHIE: Jason Reitman est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né le 19 octobre 1977 à Montréal. 2005 : Thank You for Smoking. 2007 : Juno. 2009 : In the Air. 2011 : Young Adult. 2013 : Last Days of Summer. 2014 : Men, Women and Children. 2018 : Tully. 2018 : The Front Runner.


Juno, In the Air, Young adult, Last days of summer... Jason Reitman enchaîne les réussites à un rythme métronomique, ou tout du moins il ne laisse pas indifférent par son habile faculté à nous retransmettre une émotion épurée jamais démonstrative. Si bien qu'avec Tully, j'oserai même prétendre qu'il se transcende à dépeindre sans effet de manche, car de manière résolument prude, le portrait intimiste d'une mère de famille dépassée par son rôle maternel à la suite d'une troisième naissance. Puis un beau jour, et en dépit de sa réticence, elle se décide d'engager une assistante de nuit afin de se libérer de son désagrément, voir notamment de son épuisement physique. C'est alors que la jeune baby-sitter parvient à lui redonner goût à la vie à travers leurs apartés existentiels fondés sur l'avancement de l'âge (et donc le regret du passé libertaire), l'atavisme de la vieillesse, l'appétence sexuelle et la soif de liberté. Dit comme cela, on pourrait songer à une énième comédie bonnard aux thèmes universels tant éculés, notamment auprès de la filmo du réal himself si je me réfère à Young Adult, toujours incarné par Charlize Theron.


Seulement Jason Reitman possède suffisamment de caractère, d'ambition (sa mise en scène est pleine de tact et d'invention, le montage parfois même elliptique, à l'instar de la bande originale de Cindy Lauper qu'écoutent intégralement nos héroïnes en voiture pour y suggérer la durée temporelle de leur trajet) afin d'y imprimer sa personnalité avec une humilité étonnamment poignante (pour ne pas dire franchement bouleversante au final). Si bien que le spectateur se laisse sensiblement happer dans la banalité quotidienne des deux héroïnes avec une trouble acuité. Dans le sens où aux moments intimes les plus fortuits, l'émotion perce lestement à travers l'échange des sobres regards, la douceur des mots, leur flegme complicité, la fantaisie de certains actes (leur virée nocturne en ébriété, le fameux numéro érotique improvisé auprès de son époux) et la contrariété de leurs âmes (principalement cette mélancolie aigre-douce de regretter un passé juvénile). Et ce sans jamais verser dans un patho plombant que le duo Charlize Theron / Mackenzie Davis relève haut la main, entre  tendresse fragile, chaleur humaine et petite rancune. Jason Reitman dirigeant à merveille ses interprètes avec une humilité pleine de retenue, tant auprès des non-dits que des expressions candides des regards complices.


Témoignant bouleversant d'une mère de famille en proie aux affres de la solitude, au doute, à la crainte de ne plus être chéri et à la peur de ne plus séduire, faute d'absence d'attention et de communication (l'époux est docile, timoré, introverti), Tully frappe juste et fort à travers son innocente émotion qu'on ne voit jamais arriver si bien que sa conclusion laconique d'une surprenante pudeur finit par nous ébranler le coeur avec une intensité à corps perdu. Une oeuvre magnifique donc qui laisse des traces dans l'encéphale parce qu'elle s'adresse aussi directement à notre propre psyché à travers l'identité anxiogène de Charlize Theron en remise en question existentielle, familiale et maternelle.

* Gaïus

mercredi 18 juillet 2018

LA FILLE EN LAISSE

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site i.pinimg.com

"Pets / Sessoribelle" de Raphael Nussbaum. 1974. U.S.A. 1h42. Avec Candice Rialson, Ed Bishop, Joan Blackman, Teri Guzman, Brett Parker...

Sortie salles U.S: Février 1974

FILMOGRAPHIE: Raphael Nussbaum est un réalisateur, scénariste et producteur allemand, né le 7 Decembre 1931, décédé le 23 Février 1993 en Californie. 1989: Speak of the Devil. 1988 Private Road: No Trespassing (Video). 1987 W.A.R.: Women Against Rape. 1976 The Amorous Adventures of Don Quixote and Sancho Panza. 1973 Pets. 1968 Kommando Sinai. 1963 Der Unsichtbare. 1962 Vom Zaren bis zu Stalin (Documentary). 1960 Sables brûlants.


Pur produit d'exploitation symptomatique des films de Drive-in originaires des Seventies, La Fille en laisse (Femme en cage aurait été idoine !) demeure un sympathique divertissement dans son alliage hybride d'érotisme soft, de thriller gothique et de comédie polissonne. Après avoir échappée à son compagnon abusif et avoir failli être violée par une bande de blacks, Bonnie se lie d'amitié avec Pat, une afro-américaine rencontrée le lendemain de son agression. D'un commun accord, et après avoir été prises en stop par un jogger, elles décident de le kidnapper en guise de rançon. Torturé par Pat qui parvient à lui soutirer les clefs de sa demeure afin de dérober son argent, l'individu profite de son absence pour supplier à Bonnie de le laisser en vie. C'est alors que celle-ci, gagnée par sa soif d'indépendance, de revanche et de sexe, décide de le violer. Ah ah ah ! Tant mieux pour lui me direz vous ! Voici donc le condensé de sa première partie exploitant tous azimuts séquences d'humiliations plutôt dociles, sévices timorés, streap-tease aguicheur et viol sans brutalité sous l'impulsion ardente de Candice Rialson illuminant l'écran de sa fraîcheur charnelle.


L'actrice s'exhibant tantôt demi nue, tantôt en tenue légère (jarretelles en sus) avec une décontraction pleinement assumée. La seconde partie, toujours aussi niaise et cocasse à travers ses situations gentiment improbables (Bonnie hébergée par une étrangère au moment de chaparder une pomme dans un marché, le kidnappeur finissant dans le lit de cette dernière en guise de compensation sexuelle), continue d'exploiter avec une dérision toute frugale les vicissitudes de l'insolente Bonnie abordant des rencontres aléatoires férues d'autorité et de soumission. Et ce afin de distraire le spectateur voyeur et de nous réserver un cocktail de séquences saphiques auprès d'une lesbienne possessive et d'échanges SM auprès d'un misogyne sévèrement dérangé du bulbe (Ed Bishop tout à fait charismatique en magnat cossu au regard implicitement pervers). Superbement photographié à travers des nuances flamboyantes et étonnamment soigné au niveau de ses images oniriques (coucher de soleil envoûtant sur la berge), voir également auprès de ses décors gothiques (la dernière partie confinée dans un manoir), La Fille en laisse ne cède jamais à l'ennui tant Raphael Nussbaum parvient à maîtriser le second degré des situations (limite grotesques) avec une décontraction en roue libre. Le climat insouciant, gentiment polisson, étant notamment renforcé du jeu ironique (limite semi-parodique parfois) des comédiens se prêtant aimablement au jeu de l'obédience / soumission (sachant que les rôles s'inversent) avec une provocation distanciée.


Rareté bonnard fleurant bon le Grindhouse avec un second degré badin, farce underground militant pour l'émancipation féminine, La Fille en laisse (il fallait oser un titre aussi librement racoleur que l'on croirait estampillé X !) est à découvrir pour tous les amateurs de curiosité barrée, notamment auprès de son dernier acte phallocrate donnant tout son sens à son titre (légèrement) fallacieux. 

Remerciement à Cine-bis-art
* Gaïus

lundi 16 juillet 2018

A LA POURSUITE DE RICKY BAKER

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Hunt for the Wilderpeople" de Taika Waititi. 2016. Nouvelle-Zélande. Avec Sam Neill, Julian Dennison, Rima Te Wiata, Rachel House, Rhys Darby, Oscar Kightley, Tioreore Ngatai-Melbourne.

Sortie France uniquement en Dvd 5 Juin 2018. Salles: Nouvelle-Zélande: 31 Mars 2016

FILMOGRAPHIE: Taika Waititi est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur néo-zélandais, né le 16 Août 1975. 2002: John and Pogo. 2004: Two Cars, One Night. 2004: Heinous Crime. 2005: Tama Tu. 2007: A chacun sa chacune. 2008: Cinema 16: World Short Films. 2010: Boy. 2014: What we do in the Shadows. 2016: A la poursuite de Ricky Baker. 2017 : Thor: Ragnarok.

Une comédie intimiste super sympa due à la personnalité anti-conventionnelle du génial auteur de Vampire en toute intimité (what we do in the shadow) et au duo antinomique Sam Neill (en chasseur bourru) / Julian Dennison (en jeune maori rebelle) cheminant communément une initiation amicale à travers les magnifiques végétations néo-zélandaises. Leurs pérégrinations marginales toujours improvisées s'inscrivant dans une idéologie libertaire aussi bien mélancolique qu'exaltante. On apprécie enfin sa partition électro étrangement symptomatique des années 80 !

* Gaïus

samedi 14 juillet 2018

TOUT LE MONDE DEBOUT

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Franck dubosc. 2018. France. 1h47. Avec Franck Dubosc, Alexandra Lamy, Gérard Darmon, Elsa Zylberstein, Caroline Anglade, Laurent Bateau, Claude Brasseur, François-Xavier Demaison.

Sortie salles France: 14 Mars 2018

FILMOGRAPHIEFranck Dubosc, né le 7 novembre 1963 au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), est un humoriste et acteur français. 2018: Tout le monde debout.


Souvent taxé par les critiques bien pensantes de comédien de pacotille à travers ses comédies populaires bon marché (la trilogie Camping, Disco, Boule et Bill 1 et 2, etc...), Franck Dubosc aurait peut-être décidé de prendre sa revanche contre ses détracteurs avec Tout le monde debout. Tant et si bien qu'il relève la gageure de passer devant et derrière la caméra avec une ambition étonnamment inspirée eut égard du soin de la mise en scène où rien n'est laissé au hasard, comme le confirme notamment son design esthétique taillé dans l'élégance (magnifique éclairages de l'architecture urbaine de Prague) et d'une étude de caractères finement brossée sous le pilier de personnages non dupes. Et le miracle de se produire car Tout le monde debout transfigure la comédie romantique sous l'impulsion du duo Franck Dubosc / Alexandra Lamy irradiant l'écran de leur accointances sentimentale de la 1ère à l'ultime seconde. Le pitch tour à tour cocasse et espiègle nous narre les tribulations d'un séducteur invétéré, Jocelyn, homme d'affaire dénué de vergogne lorsqu'il s'agit d'accoster une nouvelle proie, sa voisine de palier en lui faisant croire qu'il est infirme. Seulement, un beau jour, elle lui propose de rencontrer sa soeur Florence, une paraplégique plutôt radieuse et éloquente. Et donc, afin de mieux la séduire, il continue de se faire passer pour un handicapé jusqu'au jour où il en tombe amoureux. Hanté d'appréhension et de lâcheté, il retarde incessamment sa résolution de lui avouer la vérité en dépit des conseils avisés de sa secrétaire entêtée et de Max, son ami praticien.


Pétillant, féerique, exaltant, passionné, guilleret, féru de charme, de fraîcheur et de drôlerie, Tout le monde debout se déguste à l'instar d'une coupe de champagne comme le cinéma français n'ose plus en produire. Profondément humain, tendre et intelligent car jamais racoleur et encore moins moralisateur lorsqu'il s'agit de prôner un hymne à la différence à travers une liaison amoureuse extravertie que Dubosc, acteur, et Lamy communiquent avec tact et élégance fusionnels, Tout le monde debout  télescope au fil de leur périple romantique rire et larme avec une sincérité intarissable. Le duo incroyablement expressif nous immergeant dans leur dérive sentimentale avec une vérité mise à nu, et ce sans céder aux sirènes d'une émotion programmée si bien que Dubosc jamais avare d'inventions (la piscine customisée) et de revirements (le double jeu de Florence !) relance sans cesse les audiences et bévues amoureuses avec une efficacité en roue libre ! Notamment dans son étonnante capacité à capter avec pudeur les sentiments de ces personnages, tant auprès des silences entre les mots que des réparties fougueuses ou autrement réservées que se partagent le duo singulier. Ajoutez également autour de leurs jeux de drague improvisés d'épatants seconds-rôles (l'irrésistible Elsa Zylberstein en secrétaire névrosée, Gérard Darmon en chirurgien prévenant) se prêtant au jeu du simulacre (feindre en dernier recours et d'un commun accord la condition estropiée de Jocelyn) avec une drôlerie parfois hilarante (principalement Zylberstein en célibataire borderline en diable !). Sans compter l'émouvante participation du grand (et si rare) Claude Brasseur en paternel sclérosé à la fois égoïste, gaillard et impudent.


A travers son hommage plein d'humilité aux infirmes nous prodiguant sans une once de pathos une leçon de vie, et à travers sa réflexion sur la solitude existentielle, le refus de grandir et la quête désespérée de cueillir l'Amour, Tout le monde debout nous frappe droit au coeur avec une émotion vertigineuse (les mouchoirs sont de rigueur à plusieurs reprises, notamment lors de sa dernière image iconique !). Et donc en prime de s'être surpasser face caméra (il s'agit du rôle de sa carrière !), Franck Dubosc a immortalisé de son empreinte son premier essai si bien qu'il s'agit de la meilleure comédie que le cinéma français nous ait offert depuis ces dernières années. 

* Gaïus

Box Office France: 2 221 367 entrées

« Un jour, à cause de l’âge et parce qu’elle ne pouvait plus beaucoup se déplacer, ma mère s’est retrouvée dans un fauteuil roulant. Le fauteuil, symbole du handicap, est devenu une solution parce que, enfin, elle allait pouvoir de nouveau bouger, sortir. Mais elle a objecté : « je ne pourrai pas aller au marché de Noël car il faut monter des marches ». Ça a fait tilt. Ce qui semblait une opportunité devenait donc un obstacle. Et j’ai pensé à tous ceux qui, handicapés, sont confrontés à cela. D’autre part, j’ai toujours eu envie de raconter une histoire d’amour qui soit fondée sur la différence non pas culturelle ou sociale mais physique. Il y a une question que je me suis souvent posée, qui m’interpelle : et si tu tombais amoureux de quelqu’un d’handicapé ? C’est une vision du futur un peu compliquée, certes. Est-ce que l’amour serait plus fort que la raison ? Je pense que oui et c’est pour cela que j’ai voulu faire ce film1. »

— Franck Dubosc

vendredi 13 juillet 2018

SPASMO

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.fr

de Umberto Lenzi. 1974. 1h34. Italie. Avec Robert Hoffmann, Suzy Kendall, Ivan Rassimov, Adolfo Lastretti, Monica Monet

Sortie salles Italie: 16 Février 1974

FILMOGRAPHIE: Umberto Lenzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Aout 1931 à Massa Marittima, dans la province de Grosseto en Toscane (Italie). 1962: Le Triomphe de Robin des Bois, 1963: Maciste contre Zorro, Sandokan, le Tigre de Bornéo, 1964: Les Pirates de Malaisie, 1966: Kriminal, 1967: Les Chiens Verts du Désert, 1968: Gringo joue et gagne. 1969: Orgasmo. 1969: La Légion des Damnés, Si douces, si perverses, 1970: Paranoia, 1972: Le Tueur à l'orchidée, 1972: Au pays de l'Exorcisme, 1973: La Guerre des Gangs, 1974: Spasmo, La Rançon de la Peur, 1975: Bracelets de Sang, 1976: Brigade Spéciale, Opération Casseurs, La Mort en Sursis, 1977: Le Cynique, l'infâme et le violent, 1978: Echec au gang, 1980: La Secte des Cannibales, l'Avion de l'Apocalypse, 1981: Cannibal Ferox, 1983: Iron Master, la guerre du fer, 1988: Nightmare Beach, la Maison du Cauchemar, 1991: Démons 3, 1996: Sarayevo inferno di fuoco.


Ayant déjà préalablement oeuvré à 4 reprises dans le giallo (Orgasmo, Si douces, si perverses, Paranoia, Le Tueur à l'orchidée), Umberto Lenzi poursuit le genre avec Spasmo réalisé en 1974. Plus proche d'un thriller parano que du Giallo à proprement parler, Spasmo relate l'odyssée schizophrène de Christian, un industriel pris dans les mailles d'une perverse machination parmi la complicité de charmantes et vénéneuses beautés italiennes. Ce dernier étant amené à côtoyer des personnages interlopes entre 2/3 visions irréelles, à l'instar d'un tueur mystérieusement disparu après avoir été mortellement blessé par Christian. Et le tueur de persévérer son harcèlement pour un mobile que nous ne connaîtrons qu'à partir de la dernière demi-heure fertile en rebondissements. Notamment auprès d'une bobine super 8 illustrant des enfants terriblement expressifs, surtout si je me réfère aux yeux bleus perçants de Christian résolument ensorcelant dans son expression figée ! Une des séquences les plus fortes par son pouvoir évocateur eut égard du poids dramatique qu'on nous suggère lentement sous nos yeux.


Transcendé par l'interprétation habitée de Robert Hoffmann criant de vérité en victime borderline en proie à la persécution morale, Spasmo déroute et fascine à la fois à travers son intrigue ramifiée volontairement nébuleuse afin de mieux nous perdre dans le dédale d'un esprit dérangé. Umberto Lenzi s'efforçant de nous faire ressentir la psychose de Christian grâce au jeu expressif de son acteur  souvent empathique dans sa posture fragile, notamment lorsqu'il saisit en toute discrétion les tenants et aboutissants du fameux complot lors d'une conversation tenue secrète. Et donc à travers le thème de la folie héréditaire, Spasmo nous plonge dans un cauchemar anxiogène semé de séquences troubles et baroques (notamment ces mannequins de femmes disposées en intermittence aux 4 coins de la nature) à travers la rivalité de deux frères mutuellement rongés par la rancoeur d'un passé aussi inéquitable que traumatique. Le film esthétiquement soigné auprès de sa photo épurée amplifiant sa facture irréelle parmi la contribution d'Ennio Morricone épris d'une discrète mélodie.


Cruel, baroque et étrangement trouble par son climat d'angoisse dérangée surfant avec la désillusion, Spasmo met en exergue une douloureuse descente aux enfers psychotique qu'Umberto Lenzi s'efforce pour autant d'humaniser à travers la caractérisation fébrile de victimes incurables. Fascinant et terriblement pessimiste. 

* Gaïus
2èx

jeudi 12 juillet 2018

PRIVATE PARTS

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site lupanarsvisions.blogspot.com

de Paul Bartel. 1972. U.S.A. 1h27. Avec Ayn Ruymen, Lucille Benson, John Ventantonio, Laurie Main, Stanley Livingston, Charles Woolf.

Sortie salles U.S: Septembre 1972.

FILMOGRAPHIE: Paul Bartel est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain né le 6 août 1938 à Brooklyn, New York, et décédé le 13 mai 2000 à New York (États-Unis). 1968: The Secret Cinema (court-métrage). 1969: Naughty Nurse (court métrage). 1972: Private Parts. 1975: La Course à la mort de l'an 2000. 1976: Cannonball ! 1982 : Eating Raoul. 1984: Not for Publication. 1985: Lust in the Dust. 1986 : Les Bons tuyaux. 1989 : Scenes from the Class Struggle in Beverly Hills. 1993: Shelf Life.


Bien connu des amateurs de ciné Bis si je me réfère aux fameux Seigneurs de la Route, Cannonball  et Eating Raoul, Paul Bartel fut également signataire de Private Parts, une première réalisation malencontreusement inédite sur notre territoire. Ovni inclassable dans son alliage de suspense, thriller horrifique et comédie caustique, Private Parts mélange efficacement les genres autour des va-et-vient de marginaux à la fois attachants et extravagants. Paul Bartel, plutôt inspiré à cultiver en interne du récit un climat d'inquiétude sous-jacent, nous retraçant l'initiation lubrique d'une jeune fille de 19 ans réfugiée dans l'hôtel de sa tante au lendemain d'une dispute avec sa colocataire. Chapardeuse, fureteuse et voyeuse autour des agissements interlopes d'une foule de locataires marginaux, Cheryl se laisse séduire par un photographe introverti plutôt sensible au charme de donzelles dénudées. Toujours plus attirée par l'interdit et dangereusement naïve en dépit des avertissements de sa tante, elle scrute chaque chambre de l'hôtel avec l'ardent désir de jouer avec le feu.


Grâce au charisme saillant des comédiens incarnant un jeu extraverti limite parodique (notamment l'illustre Lucille Benson en tante bipolaire !), Private Parts se savoure tel un bonbon acidulé sous l'impulsion d'une héroïne impudente avide de curiosité et de découvertes en tous genres. Ayn Ruymen irradiant l'écran de son physique poupon avec une fraîche spontanéité, notamment lorsqu'elle arpente, entre appréhension et excitation, chaque chambre de l'hôtel. Outre ses séquences burlesques assez inventives et déjantées (le sort du rat), l'intrigue davantage ombrageuse est entrebâillée d'étonnantes séquences chocs qu'on ne voit jamais venir. A l'instar du 1er meurtre étonnamment gore et surtout de l'incroyable expérience onirique tentant de donner vie à une poupée gonflable ! (je n'en dirai pas plus pour préserver l'effet de surprise esthétique !). Bref, tout un programme donc que Paul Bartel fignole avec un souci formel maîtrisé (la topographie "sépia" de l'hôtel est constamment envoûtante par son atmosphère gothique d'où plane l'ombre de Norman Bates !); quand bien même lors de sa dernière partie il ne manque pas de nous fasciner auprès du profil torturé du photographe en proie à une solitude névrotique. John Ventantonio s'avérant tout à fait convaincant dans sa posture ambiguë de voyeur à double personnalité si bien que Paul Bartel ne manque pas d'idées débridées pour parfaire sa résolution macabre lors d'un final en trompe-l'oeil inscrit dans le sarcasme.


Excellente (pochette) surprise que cette série B impertinente oscillant les genres avec une étonnante communion, Private Parts séduit et amuse sans racolage. De par sa galerie de personnages fantasques et l'efficacité de sa dérision horrifique constamment captivante. 

* Gaïus

Remerciement à Lupanars Airlines ^^

mercredi 11 juillet 2018

FOLIE MEURTRIERE

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Mio caro assassino/My dear killer" de Tonino Valerii. 1972. Italie. 1h36. Avec George Hilton, Salvo Randone, William Berger, Patty Shepard, Marilù Tolo, Manuel Zarzo.

Sortie salles Italie: 3 Février 1972.

FILMOGRAPHIE: Tonino Valerii est un réalisateur et scénariste italien né le 20 mai 1934 à Montorio al Vomano, décédé le 13 octobre 2016 à Rome. 1966 : Per il gusto di uccidere. 1968 : Le Dernier Jour de la colère. 1969 : Texas. 1970 : Une jeune fille nommée Julien. 1972 : Folie meurtrière. 1972 : La Horde des salopards. 1973 : Mon nom est Personne. 1975 : Vai gorilla. 1977 : Sahara Cross. 1985 : Senza Scrupoli. 1986 : La Sporca insegna del coraggio. 1987 : Sicilian Connection. 1997 : Una vacanza all'inferno. 1997 : Un bel dì vedremo.


Giallo de haute tenue tourné en 72 par l'auteur du Dernier jour de la colère et de Mon nom est personne, Folie Meurtrière captive sans temps mort de par son intrigue littéralement sordide délivrant au compte goutte les tenants et aboutissants d'une ancienne affaire criminelle confrontant une foule de présumés coupables communément interlopes. Si bien que le spectateur quelque peu dissipé au déroulement de l'enquête pourrait parfois s'y perdre, de par sa complexité un brin confuse que l'inspecteur nous détaille avec un bagout volubile selon mon jugement de valeur. Car suite à la décapitation d'un détective d'assurance par une excavatrice, l'inspecteur Luca Peretti parvient à faire remonter à la surface une histoire de rapt infantile ayant mal tournée quelques années plus tôt. Le père et sa fille ayant été retrouvés en état de putréfaction dans un bunker 2 mois après leur disparition.


Mais par la cause d'un indice capital pouvant dévoiler l'identité de l'assassin, ce dernier se résout à éliminer chaque témoin gênant avant que l'inspecteur Peretti ne délie les ficelles d'une machination cupide. Nanti d'une force tranquille et de sûreté en inspecteur retors féru de vérité, George Hilton porte le film sur ses épaules si bien que son omniprésence à l'écran fait mouche dans sa détermination à reconstituer un puzzle crapuleux d'où plane en arrière plan la pédophilie. On s'étonnera d'ailleurs lors d'une brève séquence l'apparition dérangeante d'une fillette entièrement nue face écran. Outre l'acuité de l'intrigue malsaine fertile en rebondissements et entrecoupée de moments d'angoisse atmosphérique (notamment parmi l'habile exploitation de décors rustiques), Folie Meurtrière est saturée d'une violence parfois incisive. A l'instar de l'impressionnante exaction à la scie circulaire ou du tabassage d'un vieillard par un objet sculptural. On peut également relever non sans une certaine ironie macabre une efficace séquence de décapitation à la pelle mécanique en scène d'ouverture.


Un cran au dessus de ses homologues La Queue du Scorpion, Qui l'a vue mourir et le Tueur à l'Orchidée (pour citer 3 brillants succédanés tournés la même période), Folie Meurtrière est à redécouvrir d'urgence tant Tonino Valerii  parvient avec une efficacité métronomique à déranger et fasciner sous couvert d'un rapt innommable faisant resurgir la mémoire d'une fillette prodige. Avec la contribution musicale du maestro Ennio Morricone

* Gaïus
2èx

mardi 10 juillet 2018

LE SECRET DES MARROWBONE. Prix Goya du meilleur nouveau réalisateur, 2018.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site zickma.fr

"El secreto de Marrowbone" de Sergio G. Sánchez. 2017. Espagne. 1h50. Avec George MacKay,
Anya Taylor-Joy, Charlie Heaton, Mia Goth, Matthew Stagg.

Sortie salles France: 7 Mars 2018. Espagne: 27 Octobre 2017.

FILMOGRAPHIESergio G. Sánchez est un réalisateur et scénariste espagnol né en 1973 à Oviedo, Asturias. 2018: Le secret des Marrowbone. 2008: Las manos del pianista (Téléfilm).


"Il ne règne aucun mot d'esprit pour sentencier une réelle maltraitance. Même après condamnation pour maltraitance la dette n'est jamais payée."
Dans la lignée des Autres, l'Echine du Diable, Fragile, le Labyrinthe de Pan, Insensibles et  l'Orphelinat, le cinéma ibérique nous offre à nouveau une perle de hantise avec le Secret des Marrowbone injustement reparti bredouille à Gérardmer en dépit de critiques fort enthousiastes. Pour autant, auréolé dans son pays natal du Prix goya du meilleur nouveau réalisateur, Sergio G. Sanchez n'a pas volé son trophée si bien qu'en tant que cinéaste néophyte, ce dernier particulièrement talentueux dans l'art de conter un récit charpenté voue un véritable amour pour le genre. Et ce tout en transplantant intelligemment le drame psychologique à la fois intense et bouleversant dans le cadre codifié du cinéma d'horreur. D'une fulgurance formelle quasi onirique au sein d'une nature champêtre où plane le conte de fée, Le secret des Marrowbone ravit les yeux et le coeur lorsque trois frères et une soeur se résignent à respecter le pacte de rester communément solidaires et ne former plus qu'un depuis la mort précipitée de leur mère. Mais traumatisés par un lourd passé, ces derniers doivent faire face à d'étranges phénomènes inexpliqués potentiellement liés à la disparition de leur père abusif.


Baignant dans un climat de mystère lattent que Sergio G. Sanchez maîtrise avec autant d'attention que de subtilité afin de ne pas précipiter le récit dans les clichés et effets-chocs racoleurs, le Secret des Marrowbone distille d'autant mieux une certaine plénitude en nous familiarisant avec nos protagonistes si désarmés car livrés à eux mêmes. De par la tendre cohésion familiale entamée entre ces 4 orphelins s'efforçant de taire la disparition de leur mère aux citadins, faute de leur jeune âge (ils sont tous âgés de - de 21 ans) et afin de préserver leur nouvelle propriété isolée du village local. Qui plus est, parmi l'arrivée aléatoire d'Allie, ravissante jeune bibliothécaire, Jack, le frère aîné, s'éprend rapidement d'affection pour elle en dépit de la jalousie de son frère Gamelle et d'un jeune notaire. Bref, le récit semé d'interrogations et d'indices en suspens parvient promptement à séduire et à inquiéter de par la profonde humanité des personnages juvéniles pris à parti avec des évènements irrationnels que Sergio Sanchez suggère plus qu'il ne montre. Et ce jusqu'à ce que l'intrigue davantage sombre et perfide ne bifurque dans son dernier acte vers un retournement de situation à la dramaturgie escarpée. Ce nouveau niveau de lecture adoptant dès lors une tournure tragique littéralement bouleversante en abordant avec une sensibilité prude les douloureux thèmes de la maltraitance, de l'innocence scarifiée et du traumatisme.


Les Enfants du Silence
Impeccablement convaincant auprès de son casting juvénile résolument investi dans leur fonction aussi bien soumise qu'héroïque, Le secret des Marrowbone tire-parti de son intensité émotionnelle grâce à sa dimension humaine inévitablement fragile évoluant au fil d'une intrigue criminelle en proie au surnaturel. Conte cruel sur la perte de l'être cher, histoire d'amour pure afin d'accéder à la sérénité, Sergio Sanchez joue subtilement avec les codes du film d'épouvante pour mieux nous ébranler. Entre appréhension et désagrément. 

* Gaïus

Clin d'oeil à toi ami Seb ^^

lundi 9 juillet 2018

BLUE HOLOCAUST

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"Buio omega/Beyond the Darkness/Folie Sanglante" de Joe D'Amato. 1979. Italie. 1h34. Avec Kieran Canter, Cinzia Monreale, Franca Stoppi, Sam Modesto, Anna Cardini, Lucio D'Elia, Mario Pezzin.

Sortie Salles France: 30 Juin 1982 (Int - 18 ans). Italie: 15 Novembre 1979.

FILMOGRAPHIE SELECTIVEJoe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien. 1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980:Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981: Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.


Un an avant son scandaleux AnthropophagousJoe d'Amato nous avait déjà bien secoué avec Blue Holocaust que beaucoup considèrent à raison comme sa pièce maîtresse. Tourné en quatre semaines avec un budget dérisoire, il s'agit d'un remake (au vitriol) du film Il Terzio occhio (Third Eye) de Mino Guerrini avec Franco Nero en tête d'affiche. Le jour où Francesco apprend la mort de sa fiancée, celui-ci plonge dans une détresse inconsolable à point d'en exhumer son cadavre pour le ramener chez lui. Vivant reclus dans une vaste demeure parmi sa gouvernante, celui-ci sombre peu à peu dans une folie meurtrière après avoir accosté d'innocentes jeunes filles. En 1979, pour la première fois de sa carrière, l'inénarrable Joe D'Amato se lance dans l'entreprise d'un pur film d'horreur repoussant les limites du montrable à travers une macabre romance en déliquescence morale. Grâce à son ambiance poisseuse indéfectible renforcée d'une photo blafarde, Blue Holocaust  constitue un sommet d'horreur crapoteuse pour la relation immorale entretenue entre une domestique et son propriétaire.


Car à travers une trame sulfureuse traitant des thèmes de la nécrophilie, de la perversité et à échelle moindre du cannibalisme, Joe d'Amato en extrait un conte malsain d'une folie scabreuse. De par ses excès gores vomitifs très hard, son ambiance macabre saturée du thème hypnotique des Goblin et les profils licencieux réservés aux principaux protagonistes, Blue Holocaust oscille fascination et répulsion. Francesco et sa majordome Iris étant dépeints comme un duo dysfonctionnel dépravé puisque dénué de morale, voire aussi de raison. Pour cause, durant sa dérive meurtrière, on ne saisit pas vraiment pour quel véritable motif Francesco est subitement atteint de folie sadique ! S'autorisant à multiplier les maîtresses afin de mieux opérer ses fantasmes nécrophiles et subitement erratique (il arrache les ongles d'une auto-stop avec une haine aussi improbable que nonsensique !), il parvient pour autant à nous titiller une certaine empathie auprès de sa douleur mélancolique. Quand bien même Iris, manipulatrice sans vergogne car amoureuse de lui, usera de convoitise dans sa complicité meurtrière et ses intimidations afin de s'approprier son coeur.


Cette complicité transgressive entre eux fascine irrémédiablement de par son climat obsédant d'où émane l'effluve mortuaire (un peu à la manière cynique du maladif Baiser Macabre de Lamberto Bava si bien que D'Amato reprend d'ailleurs la même conclusion sardonique de manière subtilement rationnelle !). Scandé du score particulièrement atmosphérique des Goblin et relativement efficient à travers sa narration viciée, D'Amato, très inspiré par l'imagerie dégueulbif (zooms à l'appui), nous entraîne dans leur dérive obscène pour l'enjeu d'un amour éperdu. L'ambiance morbide tributaire de ses excès gores intolérables (l'éviscération de la défunte provoque la nausée avant que son coeur ne soit grugé à pleines dents par son amant !), le décor peu rassurant du pavillon rural orné de pièces froides ou lugubres et l'omniprésence du cadavre confiné dans la chambre insufflant une aura de souffre sensiblement capiteuse. Et si les seconds-rôles s'avèrent stériles comme souvent chez  D'Amato, on peut heureusement se réconforter auprès de Franca Stoppi incarnant avec un charisme démonial une gouvernante possessive tour à tour jalouse, perverse, voire même hystérique au fil de sa déchéance criminelle. Peu expressive dans son vocabulaire concis mais sidérante d'austérité dans sa morphologie famélique, l'actrice se fond dans le corps d'une mégère avec beaucoup de magnétisme patibulaire ! Quand à Kieran Canter, son physique bellâtre de veuf aux yeux verts accablé par le chagrin diffuse un saisissant contraste auprès de ses saillies immorales et perverses lorsqu'il se contraint de se débarrasser des témoins gênants.


En dépit de dialogues prémâchés et de la psychologie expéditive des personnages, Blue Holocaust  prône les mérites d'une horreur déviante avec un réalisme perturbant. L'audace putassière accordée aux dérives gores (l'éviscération susnommée, le cannibalisme de Francesco, le bain de soude sur l'auto-stoppeuse sont viscéralement écoeurants !) et l'ambiance de romantisme mortifère tournant autour des amants endeuillés laissent en mémoire une étreinte inusitée de par son aura purulente décomplexée. 

* Gaïus
26.03.12
09.07.18. 5èx

Définition de Buio Omega (anecdote reprise sur le site devildead): La lettre "Omega" (relevée sur le véhicule des pompes funèbres) symbolise la fin, d'après la parole de Dieu "Je suis l'Alpha et l'Omega", je suis le début et la fin de toutes choses. "Buio" signifiant les ténèbres...

vendredi 6 juillet 2018

LE TUEUR A L'ORCHIDEE

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com

"Sette orchidee macchiate di rosso" d'Umberto Lenzi. 1972. Italie. 1h32. Avec Rossella Falk, Antonio Sabàto, Uschi Glas, Pier Paolo Capponi, Petra Schürmann, Marisa Mell, Gabriella Giorgelli.

Sortie salles Italie: 24 Février 1972 (Int - 18 ans).

FILMOGRAPHIE: Umberto Lenzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Aout 1931 à Massa Marittima, dans la province de Grosseto en Toscane (Italie). 1962: Le Triomphe de Robin des Bois, 1963: Maciste contre Zorro, Sandokan, le Tigre de Bornéo, 1964: Les Pirates de Malaisie, 1966: Kriminal, 1967: Les Chiens Verts du Désert, 1968: Gringo joue et gagne, 1969: La Légion des Damnés, Si douces, si perverses, 1970: Paranoia, 1972: Le Tueur à l'orchidée, 1972: Au pays de l'Exorcisme, 1973: La Guerre des Gangs, 1974: Spasmo, La Rançon de la Peur, 1975: Bracelets de Sang, 1976: Brigade Spéciale, Opération Casseurs, La Mort en Sursis, 1977: Le Cynique, l'infâme et le violent, 1978: Echec au gang, 1980: La Secte des Cannibales, l'Avion de l'Apocalypse, 1981: Cannibal Ferox, 1983: Iron Master, la guerre du fer, 1988: Nightmare Beach, la Maison du Cauchemar, 1991: Démons 3, 1996: Sarayevo inferno di fuoco.


Orchidée (nom féminin): Fleur coupée de cette plante (notamment d'origine exotique), généralement recherchée pour sa valeur ornementale, l'originalité de ses formes, l'éclat ou la finesse de ses coloris, parfois jugée trop extravagante, voire maléfique.

En pleine vogue du Giallo à l'orée des Seventies, Umberto Lenzi nous offre sa version des faits avec le Tueur à l'Orchidée même s'il eut déjà oeuvré 2 ans plus tôt dans le thriller parmi le décevant Si douces, si perverses et le sympathique Päranoïa. D'ailleurs, selon mon jugement de valeur, sa trajectoire narrative dédiée quasiment à l'enquête policière de longue haleine occulte un peu les codes giallesques à proprement parler. Et ce même si le tueur ganté affublé d'une gabardine noire accomplit ses exactions meurtrières avec une cruauté aussi bien gore que baroque (à l'instar des pots de peintures se déversant lentement sur le corps d'une victime). D'ailleurs sur ce point, le premier quart d'heure riche en homicides ravira les amateurs de par son rythme effréné et le réalisme assez malsain qui y émane.


On peut aussi relever vers la dernière demi-heure une séquence choc assez gorasse que le tueur perpétue à la chignole, si bien que Lenzi filme son acte extrême parmi la complaisance des gros zooms. Pour en revenir à l'enquête policière que mènent un détective privé et l'une des 7 victimes (s'étant fait passer pour morte avec la complicité de la police), Le Tueur à l'Orchidée ne nous laisse aucun répit dans son panel d'indices à résoudre (la fameuse demi-lune argentée laissée sur les corps des victimes, les 7 orchidées déposés sur la tombe), rebondissements, faux coupables et séquences angoissantes en interne des huis-clos domestiques. Et si la réalisation avait gagnée à être un peu mieux maîtrisée, sa partition plus idoine et sa photo plus épurée, la sobriété des acteurs (accompagnés de quelques italiennes plantureuses pour autant timorées) et surtout son suspense émoulu pallient sans prétention ces scories.


Tour à tour passionnant, inquiétant et sensiblement capiteux à travers son ambiance horrifique typiquement latine, le Tueur à l'orchidée ne déçoit nullement auprès de son investigation policière impeccablement ficelée par un détective retors en proie à la vengeance d'un misogyne protestant. Un excellent succédané donc toujours aussi étonnamment magnétique et jouissif. 

* Gaïus

jeudi 5 juillet 2018

LA FUREUR DE VAINCRE

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

"Fist of Fury" de Lo Wei. 1972. Hong-Kong. 1h46. Avec Bruce Lee, Nora Miao, James Tien, Maria Yi

Sortie salles France: 2 Août 1973. Hong-Kong: 22 Mars 1972. U.S: 7 novembre 1972

FILMOGRAPHIE: Lo Wei (né le 12 décembre 1918, province de Jiangsu, Chine – décédé le 20 janvier 1996, Hong Kong) est un réalisateur et un acteur hongkongais. 1953 : Mr. Handsome. 1970 : Brothers Five. 1971 : The Big Boss. 1971 : The Invincible Eight. 1971 : Vengeance of a Snowgirl. 1972 : La Fureur de vaincre. 1976 : L'Impitoyable. 1976 : La Nouvelle Fureur de vaincre. 1976 : The Killer Meteors. 1977 : Snake and Crane: The Arts of Shaolin. 1977 : Le Vengeur. 1978 : Magnificent Bodyguards. 1978 : L'Irrésistible. 1979 : Le Poing de la vengeance. 1983 : Le Cri de la hyène.


"La meilleure façon de se venger d'un ennemi c'est de ne pas lui ressembler"
Sorti à Hong-Kong la même année que la Fureur du Dragon (à quelques mois d'intervalle), La Fureur de Vaincre fit à nouveau exploser le box-office français avec 3 016 105 entrées. Réalisé par Lo Wei, signataire de Big Boss sorti un an au préalable, la Fureur de Vaincre dépeint la rivalité entre 2 écoles d'arts-martiaux, les (gentils) chinois contre les (méchants) japonais depuis la mort mystérieuse du grand maître chinois surnommé Huo. De retour au pays, Chen Zhen digère difficilement le deuil de son mentor au moment de se confronter à l'intimidation d'élèves japonais potentiellement responsables de la disparition de ce dernier. Ivre de vengeance, il plonge rapidement dans une folie meurtrière au point d'entraîner dans sa déchéance des représailles préjudiciables. 


Film d'action plutôt nerveux dans son lot de combats de kung-fu hétéroclites (notamment auprès de l'attirail d'armes blanches et du fameux Nunchaku que Bruce Lee manie avec une agilité indétrônable) et assez dense auprès du profil peu recommandable d'un justicier incapable de réprimer sa haine contre le racisme et l'injustice, La Fureur de Vaincre est sublimé par la présence du petit dragon littéralement habité en ange exterminateur ! Bruce Lee se livrant corps et âme face caméra avec une férocité primitive d'une intensité vertigineuse ! Certains affrontements homériques surfant parfois même avec le surnaturel (si j'ose dire), de par son regard magnétique stoïque, sa posture à la fois rigide et comprimée et surtout sa vélocité corporelle contrastée de muscles d'airain ! On peut d'ailleurs surligner en guise de point d'orgue les 2 ultimes affrontements d'une intensité à couper le souffle puisque faisant office d'anthologie chorégraphique (notamment par le biais du ralenti expérimental et des bruitages outrés !) avant de se surprendre de son épilogue sacrificiel dénonçant en filigrane, et à travers les conséquences de la vengeance, la corruption judiciaire et policière. 


Le droit de tuer
En dépit d'un jeu d'acteurs parfois outré et d'une réalisation pas toujours habile (notamment auprès de faux raccords ou d'une vaine séquence polissonne), la Fureur de vaincre demeure un furieux spectacle d'arts-martiaux à redécouvrir avant tout pour le talent imputrescible de Bruce Lee portant le film sur ses (petites) épaules saillantes. 

* Gaius Baltar
2èx

mercredi 4 juillet 2018

READER PLAYER ONE

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Steven Spielberg. 2018. U.S.A. 2h20. Avec Tye Sheridan, Olivia Cooke, Ben Mendelsohn, T. J. Miller, Simon Pegg, Mark Rylance, Lena Waithe.

Sortie salles France: 28 Mars 2018. U.S: 29 Mars 2018

FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis). 1971: Duel , 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode),1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad,1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004:Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal,2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln. 2015: Le Pont des Espions. 2016 : Le Bon Gros Géant. 2017 : Pentagon Papers. 2018 : Ready Player One. 2020 : Indiana Jones 5.

                                                                -----------------------------------------

Sans remettre en cause sa qualité technique étourdissante et ses ambitions narratives indiscutables (très visionnaires), j'en suis malade de ne pas avoir accroché en dépit de son monstrueux 1er quart d'heure ultra jouissif (j'étais comme un gosse face écran !).
En tout état de cause, je comprends aisément les fans de réalité virtuelle.

* Bruno

Box Office- France: 2 268 439 entrées

Ci-joint la chronique de Jean-Marc Micciche
https://jeanmarcmicciche.blogspot.com/2018/04/ready-player-one-why-cant-we-go.html

mardi 3 juillet 2018

LA PLANETE DES MONSTRES / LE FILS DE GODZILLA

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site lemondedeskaijus.free.fr

"Kaijûtô no kessen: Gojira no musuko" de Jun Fukuda. 1967. Japon. 1h26. Avec Tadao Takashima, Akira Kubo, Beverly Maeda.

Sortie salles France: 1er Mars 1978. Japon: 16 Décembre 1967

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Jun Fukuda (福田 純, Fukuda Jun?) est un réalisateur et scénariste japonais, né le 17 février 1923 à Manshu (Corée), décédé le 3 décembre 2000 à Setagaya (Japon). 1959: Osorubeki hiasobi. 1960 : Denso Ningen. 1961 : Hoero datsugokushu. 1961 : Nasake muyo no wana. 1961 : Nakito gozansu. 1962 : Ankokugai no kiba. 1963 : Nippon jitsuwa jidai. 1963 : Hawai no wakadaishō. 1963 : Norainu sakusen. 1964 : Trap of Suicide Kilometer. 1964 : Chi to daiyamondo. 1966 : Godzilla, Ebirah et Mothra : Duel dans les mers du sud. 1967 : Le Fils de Godzilla. 1968 : Hyappatsu hyakuchu: Ogon on me. 1969 : Nyu jirando no wakadaishō. 1969 : Konto Gojugo-go: Uchu daibōken. 1970 : Yaju toshi. 1970 : Kigeki sore ga otoko no ikiru michi. 1971 : Nishi no betenshi, higashi no sagishi. 1971 : 3000 kiro no wana. 1972 : Godzilla vs Gigan. 1973 : Godzilla vs Megalon. 1974 : Godzilla contre Mecanik Monster. 1974 : Kigeki damashi no jingi. 1974 : Esupai. 1977 : La Guerre de l'espace.


Film de Kaiju ayant bercé les adolescents des années 80 lors de son exploitation Vhs (sous l'effigie de l'inoubliable éditeur VIP !), la Planète des Monstres entame l'aventure fantastique sous un angle familial si bien que la plupart des séquences homériques prêtent parfois/souvent à l'hilarité de par son innocente dérision. Notamment si je me réfère aux rapports paternels entre Godzilla et son fils lors de son apprentissage à la maturité que Junk Fukuda filme avec une tendresse pittoresque, aussi précaires soient ses trucages archaïques. Pour preuve, la séquence où Godzilla tente de lui apprendre pour la première fois à cracher du feu nucléaire fait office d'anthologie déjantée ! Et donc, assister aux combats extravagants de ses monstres géants en costume de latex relève de la singularité si bien que le spectateur observe émerveillé ses combats improbables en renouant promptement avec son âme d'enfant. Et la magie du cinéma de fonctionner à plein tube puisque l'on croit sans peine à la mobilité de ces derniers déambulant dans la forêt, Junk Fukuda insérant parfois habilement au sein du même cadre les êtres humains de taille subitement réduite !


Nombre de séquences potentiellement grotesques étant transfigurés par le sens du dépaysement  féerique auquel l'auteur porte pour ces monstres, particulièrement auprès du duo héroïque Godzilla et son fils empoté, faute de son âge néophyte. La dernière séquence se clôturant d'ailleurs sur une assez émouvante étreinte lorsque le duo confiné sur l'île se résout à se protéger de la neige manipulée par les climatologues. Le pitch nous ayant préalablement relaté l'expédition d'une poignée de météorologues implantés sur une île afin de trouver une solution à la famine. Pour cela, ils décidèrent de modifier le climat tropical à l'aide d'un procédé radioactif ayant comme conséquences de modifier le métabolisme de monstres atteints de gigantisme (trois mantes ainsi qu'une araignée). Et donc, afin de rendre l'aventure aussi spectaculaire que cocasse, Junk Fukuda fait se confronter homme contre monstres et monstres contre monstres à rythme métronome. Les règlements de compte débridés dégageant une réelle poésie candide (notamment parmi l'intervention d'une sauvageonne solitaire plutôt sensibles aux sorts de Godzilla et de son rejeton) si bien que le spectateur se laisse aimablement embarquer dans ses jeux de guerre fantaisistes avec un esprit bonnard souvent irrésistible. Junk Fukuda faisant fi de toute prétention avec comme souci premier de séduire en toute humilité un grand public sensible à l'imagerie féerique.

Remerciement à Lupanars Visions

* Bruno
2èx

lundi 2 juillet 2018

LA MALEDICTION DE LA VEUVE NOIRE

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorpedia.com

"Curse of the Black Widow" de Dan Curtis. 1977. U.S.A. 1h40. Avec Anthony Franciosa, Donna Mills, Patty Duke, June Lockhart, June Allyson, Max Gail.

Diffusé en France le 31 Août 1983. U.S: 16 Septembre 1977

FILMOGRAPHIE: Dan Curtis est un producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 12 Août 1927 à Bridgeport, Connecticut (Etats-Unis), décédé le 27 mars 2006 à Brentwood (Californie).
1966: Dark Shadows (série TV). 1970: La Fiancée du Vampire. 1971: Night of dark shadows. 1973: Dracula. 1973: The Night Strangler (télé-film). 1975: La Poupée de la Terreur. 1976: Trauma. 1977: Dead of Night. 1977: La Malédiction de la veuve noire (télé-film). 1992: Intruders (télé-film). 1996: La Poupée de la terreur 2 (télé-film).


Classique télévisuel des années 80 si j'ose dire, La Malédiction de la veuve noire marqua toute une génération de spectateurs lors de sa diffusion en prime-time le Mercredi 31 Août 1983. Ces derniers ayant été captivés par l'enquête frissonnante que mènent un détective privé et sa secrétaire afin d'appréhender une mystérieuse tueuse surnommée Valérie Stéphane. Dan Curtis, maître en la matière, aussi discret que malencontreusement peu reconnu (à l'instar de son authentique chef-d'oeuvre Trauma), parvient à transcender l'improbable grâce à son savoir-faire infaillible si bien que son pitch de prime abord capillotracté est rapidement balayé par l'efficacité de sa réalisation, sa structure narrative (distillant un suspense permanent) et le jeu spontané des comédiens résolument investis dans leur perplexité à se confronter à une légende indienne qui aurait le pouvoir de métamorphoser une femme en arachnide certaines nuits de pleine lune.


La cool attitude de Tony Franciosa en détective avenant épaulé de l'irrésistible Roz Kelly en secrétaire à la fois déjantée et finaude formant un duo extrêmement attachant, de par leurs réparties pleines d'humour et leur tendre relation amicale si bien qu'on leur soupçonnerait un semblant de romance naissante. Ainsi, si la Malédiction de la Veuve noire s'avère aussi ludique et étonnamment passionnant, il le doit notamment à son ambiance d'angoisse particulièrement réussie lors des séquences nocturnes en y faisant intervenir le thème de la schizophrénie. Et ce par le biais de la tueuse souvent filmée en arrière plan pour entretenir le mystère sur son apparence lascive (principalement lors de sa 1ère partie), quand bien même Dan Curtis renchérit d'intensité lors d'un dénouement révélateur fertile en péripéties. Deux, trois séquences chocs font également leur effet de fascination/répulsion si bien que l'une d'elles s'avère par ailleurs assez violente pour un télé-film de cette époque. Un meurtre plutôt brutal ayant sans doute renforcé sa popularité auprès des ados effrayés. Et si certains trucages cheap (pour autant soignés !) feront aujourd'hui un peu sourire, la manière leste dont Dan Curtis perdure appréhension/fascination auprès des apparitions dantesques de l'araignée (notamment lorsqu'on aperçoit de l'écume à la bouche à travers le gros plan de son visage) pallie ce menu défaut.


Télé-film d'excellente facture dans son alliage insolite d'intrigue policière et d'épouvante séculaire (notamment en jouant sur l'apparence inquiétante d'une riche demeure remplie de secrets), La Malédiction de la Veuve noire n'a rien perdu de son attrait ludique et de son vénéneux pouvoir de fascination sous l'impulsion d'un casting solide (notamment Vic Morrow en lieutenant insidieux) se prêtant au jeu du "ouh, fais moi peur" avec une aisance indécrottable. A revoir absolument, surtout auprès de la génération 80 ! 

* Bruno
2èx