vendredi 8 mars 2019

Planète Hurlante

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Screamers" de Christian Duguay. 1995. U.S.A/Canada/Japon. 1h48. Avec Peter Weller, Andrew Lauer, Jennifer Rubin, Roy Dupuis, Charles Edwin Powell, Ron White.

Sortie salles France: 10 Juillet 1996. U.S: 26 Janvier 1996

FILMOGRAPHIEChristian Duguay est un réalisateur, directeur de la photographie, monteur et compositeur québécois, né en 1957 à Montréal (Québec, Canada). 1991 : Scanners II : La nouvelle génération. 1992 : Scanners III. 1992 : Explosion immédiate. 1995 : Planète hurlante. 1997 : Contrat sur un terroriste. 2000 : L'Art de la guerre. 2002 : The Extremists. 2007 : Suffer Island. 2010 : Pie XII, sous le ciel de Rome. 2013 : Jappeloup. 2015 : Belle et Sébastien : L'aventure continue. 2017 : Un sac de billes.


Le pitch: Nous sommes en 2078 sur la planète Sirius 6B. L'Alliance, regroupement de mineurs qui s'oppose à un puissant consortium du NBE qui extrait un minerai radioactif, va devoir affronter dans sa lutte une redoutable armée, les Screamers, robots autonomes enfouis dans le sol qui détectent tout ce qui vit et l'exterminent. Le colonel Hendricksson, commandant de l'Alliance, va essayer de sauver les quelques mineurs rescapés.

Excellente série B des années 90 oubliée de nos jours, tant et si bien qu'à l'époque il fut boudé par le public ainsi qu'une partie de la critique, Planète Hurlante détonne par sa sobriété adulte à travers le moule du divertissement trivial. Car si l'intrigue un chouilla confuse (selon moi) s'avère peu surprenante de par sa trajectoire de survie qu'une poignée de mineurs arpentent fébrilement au sein d'un immense hangar industriel (pour le décrire vulgairement), Planète Hurlante fait preuve d'une inopinée maturité afin d'y traiter une odyssée humaine en quête d'havre de paix (celle d'y rejoindre la Terre). Et donc à travers leur périple investigateur à dénicher un chef ennemi pour y signer un accord, Planète Hurlante exploite efficacement la menace androïde des "hurleurs" (sorte de rats décharnés uniquement constitués de métal !) délibérés à exterminer la race humaine. Seulement, depuis quelques années, ces derniers ont tant évolué que d'autres modèles d'origine inconnue parviennent à tromper l'oeil humain de manière lestement insidieuse.


Christian Duguay jouant évidemment avec la paranoïa des survivants (façon The Thing) sévèrement mis au défi par un ennemi en trompe-l'oeil. Et ce à travers une moisson de rebondissements difficilement anticipable jusqu'au final aussi bien explosif que touchant quand on y traite sensiblement Spoil ! de romance artificielle Fin du Spoil. Qui plus est, nanti de décors industriels et naturels limités au sein d'un environnement réfrigérant, le cinéaste parvient pour autant à crédibiliser sa topographie en prenant son temps à planter son univers dystopique et ses personnages contradictoires évoluant de manière indécise. Ainsi donc, nous parvenons facilement et rapidement à nous familiariser avec ces héros de dernier ressort, de par la force tranquille et de sûreté que Peter Weller parvient sobrement à régenter en leader loyal, quand bien même son entourage (amical et étranger) assez bipolaire provoque doute, réflexion et questionnement quant à leurs véritables intentions, notamment eu égard de la fébrilité névrotique de certaines inimitiés. Enfin, on peut également relever le réalisme des effets spéciaux (tant en numérique qu'en matte-painting) la plupart du temps assez crédibles, notamment pour s'impressionner de la vélocité des "hurleurs" départagés en trois modèles. A moins que le doute y soit à nouveau de rigueur lors d'une conclusion mutique aussi bien couillue qu'équivoque !


A (re)découvrir sans réserve tant Christian Duguay s'avère franchement intègre et inspiré pour nous tailler un modeste spectacle d'anticipation (l'action s'y fait d'autant plus rare) où prime plus que tout son efficacité narrative (aussi éculée soit l'odyssée de survie) et la fragilité (ambiguë) de ses personnages soigneusement dessinés ! 

*Bruno
3èx

jeudi 7 mars 2019

Massacre à la Tronçonneuse 2

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site gallerytheimage.com

"The Texas Chainsaw Massacre 2" de Tobe Hooper. 1986. U.S.A. 1h40. Avec Dennis Hopper, Caroline Williams, Jim Siedow, Bill Moseley, Bill Johnson, Ken Evert, Harlan Jordan, Kirk Sisco.

Sortie salles France: 21 Janvier 1987. U.S: 22 Août 1986

FILMOGRAPHIETobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas). 1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantôme, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.


12 ans après avoir révolutionné l'horreur crapoteuse avec l'emblématique Massacre à la TronçonneuseTobe Hooper prend le contre-pied de son modèle à travers une séquelle semi-parodique. Echec commercial à sa sortie alors que la critique lui fit également grise mine, Massacre à la Tronçonneuse 2 prend l'énorme risque d'y désamorcer la crudité malsaine de son modèle en privilégiant la dérision cartoonesque, et ce afin de relancer une seconde fois l'intérêt des exactions cannibales de la famille Sawyer. Témoin auditrice d'un double assassinat depuis sa station de radio, l'animatrice Stretch Brock se confronte rapidement à l'accueil improvisé des tueurs cannibales Chop Top et Leatherface après avoir osé retransmettre sur les ondes les hurlements stridents des victimes. Chargé de l'enquête, le lieutenant "lefty" Enright cherche de son côté à se venger des auteurs de la mort de Franklin Hardesty avec l'appui d'une tronçonneuse. Après avoir échappé à la mort lors d'une altercation sanglante dans sa station, Stretch Brock prend en filature Leatherface et Chop Top confinés dans les sous-sols d'un abattoir désaffecté. C'est à ce moment même que Lefty s'engage également à arpenter le dédale depuis que l'animatrice est retenue prisonnière. 


Nanti d'un scénario avare en rebondissements, si ce n'est l'idylle amoureuse que Leatherface éprouve pour Stretch et la confrontation épique à la tronçonneuse entamée entre lui et le lieutenant Lefty, Massacre à la Tronçonneuse 2 pâti d'une structure narrative peu surprenante à travers les agissements meurtriers de la famille Sawyer contraints de perpétrer leur tradition parmi l'appui du grand-père sénile. Ainsi, afin de dynamiser l'intrigue et rendre l'ensemble ludique, Tober Hooper compte sur la posture belliqueuse de Dennis Hopper et l'extravagance des antagonistes s'égosillant et grimaçant à tout va pour provoquer l'émoi afin de conquérir le spectateur partagé entre (sou)rire amusé et fascination morbide. Pour ce faire, les maquillages conçus par Tom Savini s'avèrent parfois remarquables de réalisme (à l'instar du dépeçage humain pratiqué sur une des victimes) si on épargne deux effets rustres (les bidoches éventrées à la tronçonneuse) lors du final grand-guignolesque. Ainsi donc, à travers un enjeu de survie carburant à l'hystérie collective, c'est donc une course poursuite haletante que nous retrace Tobe Hooper sous l'impulsion fraternelle d'une animatrice radio et d'un lieutenant pugnace, pris à parti avec les élucubrations macabres des Sawyer. Le cinéaste misant également beaucoup sur l'esthétisme de l'abattoir souterrain transfiguré ici en parc d'attraction de tous les dangers (chausse trappe à l'appui). Et si l'ambiance hybride adopte parfois les ruptures de ton à travers un goût vitriolé pour la cruauté sardonique (la condition écorchée vive de l'adjoint de Stretch ainsi que la séance traditionnel du "marteau" provoquent le malaise !), l'humour volontairement railleur et le jeu sciemment outrancier du casting risquent de faire grincer des dents auprès du public non averti, rebuté ou pisse-froid, c'est selon.


Nanti d'un sens du détail inventif à travers la description physique des personnages lunaires festoyant autour d'un parc d'attraction macabre, et ponctué de moments angoissants (la 1ère intervention de Chop Top), intenses ou éprouvants (son prologue halluciné, l'altercation sanglante dans la station ou encore le soutien sentencieux entre deux victimes défigurées !), Massacre à la Tronçonneuse 2 oscille entre qualités et (menus) défauts. Faute de sa dérision un brin lourdingue par moments, et ce en dépit de la spontanéité des comédiens survoltés (mention spéciale à Caroline Williams assez expressive dans sa condition d'animatrice molestée en proie à la démence !). Que l'on adhère ou pas, force est toutefois de reconnaître que Tobe Hooper a ici tenté de pousser à l'extrême l'humour noir de son modèle à travers un concentré de cartoon horrifique limite bipolaire.  

*Bruno
07.03.19. 5èx
24.06.15. 126 v

mercredi 6 mars 2019

Leviathan. Prix des Effets-Spéciaux, Avoriaz 90.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de George P. Cosmatos. 1989. U.S.A. 1h38. Avec Peter Weller, Richard Crenna, Amanda Pays, Daniel Stern, Ernie Hudson, Michael Carmine.

Sortie salles France: 3 Janvier 1990. U.S: 17 Mars 1989

FILMOGRAPHIE: George Pan Cosmatos était un réalisateur et scénariste grec né le 4 janvier 1941 à Florence (Toscane, Italie), mort le 19 Avril 2005 à Victoria (Colombie-Britannique, Canada) d'un cancer du poumon. 1977: Le Pont de Cassandra. 1979: Bons Baisers d'Athènes. 1983: Terreur à Domicile. 1985: Rambo 2, la Mission. 1986: Cobra. 1989: Leviathan. 1993: Tombstone. 1997: Haute Trahison.


Surfant sur la vague de la science-fiction horrifique imposée par le parangon Alien et ses futurs dérivés (Mutants, Inseminoid, la Galaxie de la Terreur, Contamination, M.A.L), George Pan Cosmatos ne s'embarrasse pas de complexe pour reprendre sans une once d'imagination le canevas éculé du chef-d'oeuvre de Ridley Scott. Et ce en pillant notamment le cadre de l'action d'Abyss (celui-ci sort sur les écrans 5 mois seulement après Leviathan) à travers les fonds marins. Et le miracle de se produire, car aussi éculées soient ses situations archi prévisibles et ces personnages stéréotypés  (outre l'illustre Peter Weller fraîchement débarqué de Robocop, on y croise les très attachants seconds-couteaux Richard Crenna, Amanda Pays, Daniel Stern, Ernie Hudson, Michael Carmine et Meg Foster), Leviathan parvient à relancer l'air de déjà vu avec un savoir-faire infaillible. Tant auprès de l'expectative du suspense ciselé lors des 45 premières minutes efficacement suggérées (on ne s'ennuie pas une seconde lorsque nos protagonistes sont peu à peu gagnés par l'appréhension depuis la découverte d'une mystérieuse épave russe et des premiers symptômes pathologiques d'une victime) que des séquences-chocs aussi vigoureuses qu'homériques.


Notamment grâce à l'habileté du maquilleur Stan Winston récompensé pour ses travaux du Prix des Effets-Spéciaux à Avoriaz un an après sa sortie. Alors oui, aujourd'hui le monstre à facture bisseuse à beau parfois être mou du genou de par son manque de vélocité à alpaguer ses proies, l'action gore plutôt débridée rivalise d'intensité haletante lorsque la créature protéiforme tente de se fondre dans leur corps à chacune de ses apparitions toujours plus gargantuesques. Ainsi donc, c'est également du côté de The Thing que Cosmatos s'inspire sans vergogne afin de créer l'éventuel effet de surprise auprès des néophytes. Quand bien même il parvient efficacement à exploiter le huis-clos domestique du centre sous-marin (corridors, salles de bain, chambres, sous-sol, etc) sous l'impulsion d'un montage dynamique relançant l'action dans des directions tentaculaires. Notamment si je me réfère à son final à la fois frénétique et oppressant filmant simultanément dans un seul et même temps 2/3 actions distinctes auprès du trio de survivants molestés par la créature à travers divers champs du navire. Avec en guise de cerise sur le gâteau un dernier rebondissement fortuit à ciel ouvert (que certains verront venir à des kilomètres !) ainsi que deux savoureux clin d'oeil générés par les Dents de la Mer et Piège de Cristal ! Sur ce dernier modèle d'un règlement de compte concis, l'ultime séquence quasi hilarante s'avère irrésistible lorsque le spectateur anticipe l'action exutoire avec une prémonition jubilatoire !


Fun et jouissif, pittoresque, attachant (les personnages spontanés font franchement plaisir à voir à travers leur aimable charisme héroïque) et terrifiant (si, si !); captivant avec une juste mesure suggestive (celle du 1er acte) et autrement épique lors de sa seconde partie plus irascible, Leviathan demeure à mon sens le meilleur épigone d'Alien avec Mutants d'Allan Holzman (lui aussi récompensé du Prix des effets spéciaux et du Grand Prix du Public au Rex 7 ans au préalable). 

*Bruno
3èx

mardi 5 mars 2019

Body Snatchers

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

d'Abel Ferrara. 1993. U.S.A. 1h27. Avec Terry Kinney, Meg Tilly, Gabrielle Anwar, Reilly Murphy, Billy Wirth, Christine Elise, R. Lee Ermey, Kathleen Doyle, Forest Whitaker, G. Elvis Phillips.

Sortie en salles en France le 9 Juin 1993. U.S: 28 Janvier 1994

FILMOGRAPHIEAbel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth.


Un an après nous avoir dépeint la descente aux enfers (vitriolée) du Bad LieutenantAbel Ferrara réactualise en 1993 une troisième adaptation du fameux roman de Jack Finney, l'Invasion des profanateurs paru en 1955. Après les brillantes versions de Don Siegel et Philip Kaufman, le maître du polar urbain s'autorise un écart afin de se convertir à la science fiction horrifique en remakant une insolite offensive extra-terrestre. En l'occurrence, le cadre de l'intrigue est érigé au sein d'une base militaire afin de souligner en background sa propagande inculquée auprès de la génération 90. Dans une base militaire de l'Alabama, un chimiste s'installe avec sa famille pour assainir un dépôt de produits toxiques. Alors que son petit frère remarque l'étrange attitude de sa maîtresse et de ces camarades de classe, sa soeur aînée se lie d'amitié avec un jeune soldat durant une soirée arrosée. Un soir, dans la chambre des parents, le garçon est témoin d'une macabre découverte via l'apparition d'une créature humaine ayant dupliquer l'enveloppe corporelle de sa mère assoupie. Une invasion extra-terrestre à grande échelle vient de s'amorcer !


Co-scénarisé par Stuart Gordon, la narration de Body Snatchers réussit une troisième fois à renouveler l'intérêt d'une invasion extra-terrestre préalablement créée par un illustre auteur de science-fiction et de thriller. Ainsi, en adoptant le décor aussi bien austère qu'exigu d'une base militaire, Abel Ferrara emprisonne ses protagonistes dans ce lieu clos crépusculaire éclairé d'un hale oranger. Dans la mesure où nos héros sont ici dépeints à travers une famille de parents divorcés auquel l'adolescente Marti Malone a beaucoup de mal à respecter les consignes du paternel préventif. En classe, son petit frère Tim remarque que tous les élèves ont illustré le même dessin morbide. Alors qu'en rentrant des cours, il sera témoin de la vision effroyable de sa mère reconvertie dans le corps d'une créature d'apparence uniforme. La menace extra-terrestre est donc de prime abord efficacement perçue auprès des témoignages fragiles des progénitures de la famille Malone impuissants à convaincre leur paternel autoritaire. Dans une ambiance sombre subtilement diffuse, la tension découlant de ces perfides voleurs de corps va s'accroître au fil d'un cheminement dramatique en crescendo. Comme nos protagonistes, nous nous sentons pris au piège en interne de cette base militaire nocturne si bien qu'un sentiment d'insécurité nous est exacerbé auprès de cette menace extra-terrestre éludée d'émotion humaine, alors qu'au premier stade d'incubation elles s'y caractérisaient sous la forme de cocons.


Sournoisement, ces envahisseurs s'insinuent durant notre sommeil en absorbant notre âme, notre énergie et notre sang à l'aide de rameaux végétaux. Passé le stade de la métamorphose, et pour mieux y dénoncer sa prochaine victime, la créature profère un hurlement strident parmi l'appui de son index accusateur (photo ci-dessous). En éludant miraculeusement le sentiment de déjà vu des deux premières versions, Abel Ferrara réussit modestement à captiver et maintenir notre intérêt avec un sens efficace des situations perfides. Son caractère haletant et surtout l'ambiance d'étrangeté émanant du climat machiste voué à la dictature militaire nous confinant dans un véritable cauchemar paranoïaque. Ce sentiment prégnant d'insécurité grandissante ainsi que le comportement monolithique de ces créatures impassibles nous envoûtent à travers leur dessein subversif. Tant et si bien qu'au fil du cheminement alarmiste en perdition morale, nous nous interrogeons sur l'identité potentiellement frauduleuse de chacun de nos protagonistes confondus parmi une foule indolente, à moins d'y jouer l'apparence du zombie en guise de stratagème de survie. Spoiler !!! En prime, pour renchérir d'ambiguïté couillue, le point d'orgue en demi-teinte clôt son épilogue vers une note  (probablement) pessimiste lorsque nos deux héros réfugiés à bord d'un hélico décident d'atterrir à Atlanta sous l'obscurité d'un contre-jour solaire et parmi l'intervention d'un guide patibulaire. Fin du Spoil. 

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Sobrement interprété (Meg Tilly franchement inquiétante et magnétique, tant auprès du regard vaporeux que de sa sensualité diaphane) et mis en scène avec efficacité sans pour autant recourir à l'esbroufe (on peut d'ailleurs signaler la qualité de ces trucages, aussi clairsemés soient-ils), Body Snatchers inquiète sensiblement à travers son angoisse ténébreuse dénuée d'optimisme. Sa réflexion métaphorique sur la paranoïa collective instaurée par la hiérarchie militaire enrichissant la redite du scénario, notamment auprès de leur doctrine dictatoriale aussi expéditive que sans vergogne. Ainsi donc, à travers la série B d'un genre inhabituel, le maître du polar noir cultive son savoir-faire pour y transfigurer une scénographie mortifère à la photogénie aussi prégnante que glaçante. 

*Bruno
05.03.19. 4è
18.11.11.  192 vues

lundi 4 mars 2019

Fiancée de Chucky (la). Grand Prix du Jury, Gérardmer 1999.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Bride of Chucky" de Ronny Yu. 1998. U.S.A. 1h29. Avec Jennifer Tilly, Brad Dourif, Katherine Heigl, Nick Stabile, Alexis Arquette, Gordon Michael Woolvett.

Sortie salles France: 10 Mars 1999.

FILMOGRAPHIERonny Yu Yan-tai (chinois: 于仁泰) est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur hongkongais né en 1950 à Hong Kong.1979 : Cheung laap cheing ngoi. 1980 : La Justice d'un flic. 1981 : Xun cheng ma. 1981 : Jui gwai chat hung. 1984 : Ling qi po ren. 1985 : Si yan zi. 1986 : L'Héritier de la violence. 1988 : S.O.S. maison hantée. 1989 : Gwang tin lung foo wooi. 1991 : Qian wang 1991. 1992 : Wu Lin sheng dou shi. 1992 : Huo tou fu xing. 1993 : Bai fa mo nu zhuan II. 1993 : La Mariée aux cheveux blancs. 1995 : Ye ban ge sheng. 1997 : Magic warriors. 1998 : La Fiancée de Chucky. 1999 : Chasing Dragon. 2001 : Le 51e État. 2003 : Freddy contre Jason. 2006 : Le maître d'armes. 2013 : Saving General Yang.


Quatrième volet récompensé du Grand Prix spécial du Jury à Gérardmer, La Fiancée de Chucky est souvent considéré par les fans comme le meilleur épisode de la franchise. Car optant pour un humour sardonique beaucoup plus cocasse que ses antécédents opus, la Fiancée de Chucky redouble d'efficacité sous le pilier d'un scénario retors particulièrement bien écrit, sorte de pochette surprise à la fois décomplexée et vrillée. Car outre le plaisir de retrouver la fameuse poupée criminelle plus fougueuse que jamais lors de ses exactions immorales, Ronny Yu lui prête une liaison amoureuse avec son ancienne maîtresse Tiffany aujourd'hui réincarné dans le corps d'une poupée. Et donc en jouant avec les codes d'une romance conjugale en dent de scie, notamment auprès du couple Jade / Jesse pris en otage par les poupées et mis à mal par le père de cette dernière, faute de son autorité policière, Ronny Yu pastiche la Fiancée de Frankenstein avec une dérision perverse décalée. Les poupées insidieuses s'en donnant à coeur joie dans les subterfuges criminels et crêpages de chignon à travers une posture à la fois irrévérencieuse, politiquement incorrecte et subversive. On peut d'ailleurs rappeler l'incroyable fantaisie sarcastique de sa première partie illuminée par la dévergondée Jennifer Tilly (beauté plantureuse gothique). Si bien que cette dernière regorge d'audace criminelle à travers son personnage perfide de vamp fatale résignée à retrouver l'amour en ressuscitant Chucky lors d'une incantation vaudou.


Mené à un rythme sans faille de par sa générosité insatiable d'enchaîner les évènements rocambolesques, et souvent drôle et surprenant dans son lot de rebondissements fortuits (notamment auprès de sa seconde partie taillée en mode "road movie"), la Fiancée de Chucky fleure bon le divertissement bonnard sous l'impulsion de personnages hauts en couleur (ceux de chair et de caoutchouc) particulièrement mal élevés, teigneux et dissipés. Si on écarte toutefois la contrariété du jeune couple pris en otage car embarqué malgré lui dans une lune de miel aussi vrillé sur sanguine.  

*Bruno
4èx

Récompenses: Prix spécial du jury au festival international du film de Gérardmer 1999.
Prix spécial du jury au festival Fantastic'Arts 1999.
Prix de la meilleure actrice (Jennifer Tilly) et des meilleurs effets spéciaux lors du Fantafestival 2000.

samedi 2 mars 2019

Sur ma peau. Prix ARCA du Meilleur Film, 2018.

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Sulla mia pelle" de Alessio Cremonini. 2018. Italie. 1h40. Avec Alessandro Borghi, Max Tortora, Jasmine Trinca, Milvia Marigliano, Andrea Lattanzi, Orlando Cinque

Diffusé sur Netflix le 12 Septembre 2018 

FILMOGRAPHIEAlessio Cremonini est un scénariste et réalisateur italien, né en 1973 à Rome en Latium. 2013 : Border. 2013 : Sur ma peau.


Tiré d'une histoire vraie, Sur ma peau relate avec souci de fidélité historique la descente aux enfers du jeune Stefano appréhendé par les carabiniers (gendarmes italiens) pour détention de drogue. Durant sa houleuse garde à vue il est passé à tabac par ces derniers et se retrouve ensuite impuissant à oser les dénoncer. Tant auprès du juge, de l'avocat, des médecins, des infirmiers, des gardiens que de ses propres parents à nouveau désarmés par son éventuelle rechute toxicomane. Ballotté dans divers cellules et centres médicaux, il finit par mourir à l'hôpital dans l'indifférence 1 semaine après son arrestation. Fort d'une mise en scène vériste proche du documentaire et surtout du jeu taciturne d'Alessandro Borghi (Suburra, film et série) d'une modeste expressivité subtilement poignante, Sur ma peau nous laisse en état d'impuissance face à sa lente déliquescence que le cinéaste Alessio Cremonini radiographie avec un humanisme chétif. Tant auprès de son corps contusionné par les coups que de ses impressions morales au confins d'un mutisme dépressif. Si bien que le climat mortifié qu'il nous extériorise avec une désarmante aigreur déteint sur notre propre conscience eu égard de son conditionnement carcéral dénué d'étincelle d'humanité.


A l'exception toutefois d'autres détenus plus tolérants (dont on ne verra jamais le visage) et d'une ou deux infirmières un peu plus empathiques. Quoiqu'il advienne, l'entourage autoritaire (juge, gendarmes, gardiens, médecins) car communément soumis à leur propre déontologie se dispensera le plus couramment d'y faire preuve de discernement, de tolérance et de chaleur humaine face à l'état moribond de Stefano livré au spleen de sa solitude. Ainsi donc, dénonçant sans une once de racolage l'abus de pouvoir de carabiniers cédant parfois aux règlements de compte, les conditions de détention des détenus (tant auprès d'une garde à vue prolongée qu'au sein de leur géole), une juridiction étonnamment arbitraire (le choix d'imposer un avocat d'office à Stéfano ainsi que leur cécité face à ses multiples contusions), la charte draconienne du personnel de garde refusant aux parents de rendre visite à leur fils en soin médical, Alessio Cremonini s'y implique à l'aide d'une vigueur dramatique toujours plus dérangeante. Inévitablement bouleversant lors de son final prévisible d'une incroyable pudeur (tant auprès des derniers instants de la victime recluse que du recueillement des parents en berne), Sur ma peau renchérit dans le sentiment d'injustice à travers les postures monolithiques des médecins (toujours aussi intransigeants de s'opposer à leur règlement) et des carabiniers, notamment lorsque ces derniers annoncent la terrible nouvelle aux parents avec une révoltante absence de bienséance.


A la fois vibrant et douloureux témoignage des conditions carcérales d'un détenu molesté par l'abus de pouvoir, Sur ma peau mine le moral à travers ce fait-divers suffocant expurgé d'humanité dans les plupart des situations de claustration. Intense et vertigineux sous l'impulsion fragile d'Alessandro Borghi, ce dernier pétri d'humilité porte le film à bout de bras avec une acuité émotionnelle aussi timorée que désespérée. Difficile d'y sortir indemne face à la responsabilité policière... 

Dédicace à Mylène Lam
*Bruno

Récompenses: Mostra de Venise 2018 :
Prix ARCA CinemaGiovani du meilleur film pour Alessio Cremonini
Prix FEDIC du meilleur acteur pour Alessandro Borghi
Prix Pasinetti spécial pour Alessandro Borghi et Jasmine Trinca

jeudi 28 février 2019

Green Book : sur les routes du Sud

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Peter Farrelly. 2018. U.S.A. 2h10. Avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini, Dimeter Marinov, Mike Hatton, Iqbal Theba

Sortie salles France: 23 Janvier 2019. U.S: 21 Novembre 2018

FILMOGRAPHIE: Peter Farrelly est un réalisateur, scénariste, producteur et romancier américain, , né le 17 décembre 1956 à Phoenixville. 1994 : Dumb and Dumber (coréalisé avec Bobby Farrelly). 1996 : Kingpin (coréalisé avec Bobby Farrelly). 1998 : Mary à tout prix  (coréalisé avec Bobby Farrelly). 2000 : Fous d'Irène  (coréalisé avec Bobby Farrelly). 2001 : Osmosis Jones (coréalisé avec Bobby Farrelly). 2001 : L'Amour extra-large  (coréalisé avec Bobby Farrelly). 2003 : Deux en un  (coréalisé avec Bobby Farrelly). 2003 : Blitt Happens (TV) (coréalisé avec Bobby Farrelly). 2005 : Terrain d'entente (coréalisé avec Bobby Farrelly). 2007 : Les Femmes de ses rêves(coréalisé avec Bobby Farrelly). 2011 : Bon à tirer  (coréalisé avec Bobby Farrelly). 2012 : Les Trois Corniauds  (coréalisé avec Bobby Farrelly). 2013 : My Movie Project - segment The Pitch. 2014 : Dumb and Dumber De (coréalisé avec Bobby Farrelly). 2018 : Green Book : Sur les routes du sud.


Couronné aux Golden Globes, à Toronto et aux Oscars, Green Book n'a pas volé son Oscar du Meilleur Film passé un bouche à oreille franchement élogieux. Tant auprès de la gravité de sa thématique dénonçant sans effet de manche le spectre de la ségrégation raciale (sévissant entre 1876 et 1964 dans le Sud des Etats-Unis depuis les lois Jim Crow) que du duo initiatique que forment avec force tranquille et de sûreté Viggo Mortensen / Mahershala Ali. Peter Farrelly, spécialiste entre autre de la comédie graveleuse, abordant ici le road movie contemplatif (magnifique reconstitution des années 60, aussi limités soient ses décors urbains) dans le cadre du buddy movie d'une émouvante tendresse. Pour autant, et se refusant assurément de tomber dans le piège du misérabilisme, Peter Farrelly instille autour de la gravité de ses postures haineuses une ambiance étonnamment pittoresque auprès des échanges intimes que se partagent fougueusement Tony et Don en apprentissage culturel et amical. Et si la première demi-heure un peu laborieuse peine à passionner à travers sa mise en place narrative et la présentation de ces derniers, la progression du récit s'avère aussi rafraîchissante qu'amère face à leur itinéraire de longue haleine (tiré d'une histoire vraie !). Ce duo singulier (Don est mélomane altier; Tony, chauffeur inculte réagissant avant de réfléchir) observant avec dépit et recul les intolérances ubuesques d'un Etat rongé par la haine du nègre.


Hymne à la musique (la plus épurée), à l'amitié, à la maturité, à la poésie de la prose et à l'amour du couple; ode à la tolérance et au partage des cultures étrangères, Green Book tire parti de son charme à travers la subtilité de sa simplicité humaine que forment dignement Viggo Mortensen / Mahershala Ali. Un couple antinomique (de par leur distinction culturelle et niveau social) d'une chaleur humaine lestement communicative, tant et si bien qu'ils laisseront probablement une empreinte saillante dans le paysage de la comédie caustique raciale. 

*Bruno 

Récompenses:
Festival international du film de Toronto 2018 : prix du public
Golden Globes 2019 :
Meilleur film musical ou comédie
Meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali
Meilleur scénario pour Peter Farrelly, Brian Hayes Currie et Nick Vallelonga
BAFA 2019 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali
Oscars 2019 :
Oscar du meilleur film
Oscar du meilleur scénario original pour Nick Vallelonga, Brian Currie et Peter Farrelly
Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali

Box-Office France : 1 180 534 entrées

mercredi 27 février 2019

Destination Finale 2

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site destinationfinale.fandom.com

"Final Destination 2" de David Richard Ellis. 2003. U.S.A. 1h31. Avec Ali Larter, A.J. Cook, Michael Landes, Jonathan Cherry, Keegan Connor Tracy, T.C. Carson

Sortie salles France: 9 Avril 2003

FILMOGRAPHIE: David Richard Ellis est un réalisateur américain, né le 8 septembre 1952 à Santa Monica (Californie), décédé le 7 janvier 2013 à Johannesburg, Afrique du Sud. 1996 : L'Incroyable Voyage II : À San Francisco. 2003 : Destination finale 2. 2004 : Cellular. 2006 : Des Serpents dans l'Avion. 2007 : Asylum. 2009 : Destination finale 4. 2011 : Shark 3D.


Saga lucrative ciblée ado à travers un schéma horrifique récursif mais pour autant bien huilé (exterminer les uns après les autres les rescapés d'un crash meurtrier parmi l'impériosité de la mort en personne, faute des visions prémonitoires d'un(e) témoin), Destination Finales 2 déroge à la règle de la séquelle infructueuse si bien que David Ellis parvient à mon sens à surpasser son modèle par le biais d'un rythme frénétique plus intense et de mises à morts communément plus cruelles. Les nombreux effets de surprise émanant comme de coutume de l'improvisation de la Mort (menace invisible) multipliant les subterfuges criminels à travers la banalité d'appareils ménagers, machines électriques, véhicules motorisés et feu purificateur. Ainsi donc, et après nous avoir estomaqué avec un fulgurant carambolage en guise d'explosif préambule, Destination Finale 2 parvient à renouveler son amusant concept de morts sacrificielles instaurées à rythme métronomique. Pour ce faire, comptez une victime tous les quarts d'heure comme le soulignait la tradition des emblématiques  Vendredi 13 et des Griffes de la Nuit, et ce avec une inventivité diablement jouissive.


David Ellis n'hésitant pas à recourir à un humour sardonique en guise de défouloir insolent, si bien que les effets gores souvent spectaculaires font d'autant preuve d'un réalisme débridé (à une exception près dans sa grossière numérisation). Intense et oppressant lorsque la prochaine victime davantage angoissée et parano ne sait plus où donner de la tête à contourner les pièges de la mort, et nanti d'un suspense ciselé juste avant son trépas, Destination Finale 2 renouvelle sa recette éculée à travers l'investigation des survivants s'efforçant de contourner leur destinée morbide dans une valeur fraternelle. Notamment en tentant d'y retrouver une survivante enceinte depuis le présage d'un employé de pompes funèbres leur dictant que "seule une nouvelle vie pourrait vaincre la mort". En prime de nous amuser sans temps morts à travers leur fébrilité (parfois hystérisée !), les protagonistes de se second opus s'avèrent gentiment motivés (en tête de liste l'attachante A.J. Cook en matrone juvénile) dans leur fonction précaire d'investigateurs en herbe, et ce même si certaines réactions un brins clichées pourraient prêter à sourire. On est en tous cas loin de la trivialité d'un Vendredi 13  somme toute inoffensif grâce au savoir-faire du réalisateur relançant l'action à travers des effets "boules de neige" toujours inopinés, notamment en y établissant un lien de parenté avec les victimes du 1er opus !



Quoiqu'il en soit, Destination Finale 2 ne trompe pas sur la marchandise dans sa formulation de B movie du samedi soir afin de rameuter le fan de divertissement horrifique bonnard se réjouissant d'un humour noir constamment décomplexé. 

*Bruno
2èx

mardi 26 février 2019

Intuitions

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Gift" de Sam Raimi. 2001. U.S.A. 1h52. Avec Cate Blanchett, Giovanni Ribisi, Keanu Reeves, Katie Holmes, Greg Kinnear, Hilary Swank.

Sortie salles France: 18 Avril 2001

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis. 1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


« Il y a à Savannah des chênes extraordinaires aux formes tourmentées et noueuses. Ils sont témoins, aux yeux du public, qu'un autre monde pourrait bien exister, une force surnaturelle… Ces arbres nous disent que la vie est peut-être bien plus mystérieuse que nous ne pouvons le percevoir. C'est ce dont le personnage de Cate Blanchett est capable : avoir une perception de la réalité au-delà de la nôtre6… »
— Sam Raimi

Thriller fantastique remarquablement interprété (Cate Blanchett, Giovanni Ribisi, Keanu Reeves - dans un rôle vil à contre-emploi -, Katie Holmes, Greg Kinnear, Hilary SwankJ. K. Simmons sont communément irréprochables), Intuitions s'alloue d'une dimension psychologique particulièrement ténue auprès d'une voyante en berne s'efforçant d'élucider un crime d'adultère en dépit de mentalités intolérantes. Car si on regrette le classicisme de son intrigue policière après avoir grillé au bout d'1 heure de métrage l'identité de l'assassin, Intuitions est heureusement sauvé par sa vigueur dramatique flirtant avec un surnaturel cérébral. La potentielle vie après la mort étant ici dépeinte sans une once de ridicule à travers l'humanisation meurtrie de ces protagonistes bouleversés par le deuil ou la maltraitance (les personnages contradictoires de Valérie en victime complice de son époux violent, et de Buddy dans la peau névralgique d'un solitaire bipolaire).


Et donc à travers le schéma d'un thriller à suspense à inclination spirituelle, Sam Raimi parvient à y transfigurer un superbe portrait de femme chétive que Kate Blanchet parvient à esquisser avec une douceur d'expression à la fois démunie et vaillante. Tant auprès du corps policier ridiculisant ses éventuels dons de voyance, que des éventuels suspects insidieux qu'elle s'efforcera pour autant de démasquer par le biais de ses rêves prémonitoires. Profondément marquée par la disparition de son époux, nantie de pudeur et de bienveillance lorsqu'elle tire couramment les cartes auprès de son entourage amical, et surtout dévouée à prêter main forte à un jeune marginal (Giovanni Ribisi dans le rôle "martyr" de sa vie !) traumatisé par une maltraitance paternelle, Kate Blanchet se taille une carrure de philanthrope à travers son bouleversant personnage d'Annabelle victime d'accusations infondées. Esthétiquement soigné à travers ses décors bucoliques solaires ou autrement mortuaires (visions macabres à l'appui !), Sam Raimi exploite lestement la nature atypique de Savannah (une ville située aux Sud-est des Etats-Unis) par le biais de ses immenses arbres ornés d'une chevelure opaline.


Douloureux drame familial porté par un casting spontané, Intuitions renouvelle le thriller le plus prévisible sous le pilier d'un argument surnaturel laissant libre court à la vulnérabilité humaine de protagonistes tiraillés par leurs faiblesses morales du Mal préjudiciable. Sam Raimi se réservant notamment d'adoucir son brutal dénouement par le biais d'une bouleversante relation amicale où l'espoir en l'au-delà émane d'une âme charitable. 

*Bruno
3èx

lundi 25 février 2019

Vampires

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Carpenter. 1998. U.S.A. 1h47. Avec James Woods, Daniel Baldwin, Sheryl Lee, Thomas Ian Griffith, Maximilian Schell, Tim Guinee, Mark Boone Junior, Gregory Sierra, Cary-Hiroyuki Tagawa.

Sortie salles France: 15 Avril 1998. U.S: 30 Octobre 1998

FILMOGRAPHIEJohn Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974: Dark Star, 1976: Assaut, 1978: Halloween, la nuit des masques, 1980: Fog, 1981: New York 1997, 1982: The Thing, 1983: Christine, 1984: Starman, 1986: Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, 1987: Prince des ténèbres, 1988: Invasion Los Angeles, 1992: Les Aventures d'un homme invisible, 1995: L'Antre de la folie, 1995: Le Village des damnés, 1996: Los Angeles 2013, 1998: Vampires, 2001: Ghosts of Mars, 2010: The Ward


En 1998, John Carpenter s'est entrepris de dépoussiérer la mythologie du vampire avec Vampires. Un western horrifico-gothique où James Woods et ses mercenaires passent à l'offensive auprès des goules du maître Valek ! Et de nous pondre comme de coutume chez le maître de l'horreur une série B fougueuse au design probant (scope à l'appui !), si bien que les créatures de la nuit s'affublent d'un splendide charisme néo-gothique à travers leur défroque séculaire ! Jack Crow, chasseur de vampires des temps modernes, exerce pour le compte du Vatican. Avec ses acolytes, il réussit de nouveau à débusquer un nid de goules dans une bâtisse abandonnée, mais leur maître Valek réussit à prendre la fuite. Le vampire décide alors de se venger en décimant la quasi totalité de l'équipe de Jack. Avec l'aide de son compagnon Montoya, du prêtre Adam Guiteau et de Katrina, une prostituée infectée, Jack décide de livrer une guerre sans merci contre Valek et ses sbires, et par la même occasion retrouver une croix intangible avant que le Mal n'y domine le monde. 


Photo saturée flamboyante, scénographie aride auprès d'une campagne solaire et mise en scène au cordeau d'un Carpenter en pleine possession de ses moyens, Vampires demeure une nouvelle odyssée virile dans le cadre du western horrifique. Ainsi donc, sous l'impulsion d'un casting 3 étoiles, chaque personnage belliqueux explose l'écran à travers leur caractère aussi bien preux que pugnace. Tant auprès de l'opiniâtre Jack Crow (James Woods magistral de machisme primaire en anti-héros  intraitable !) et ses recrues, ou de Valek, maître des vampires épaulé de goules exhumées des profondeurs terrestres. Par le truchement d'un scénario aussi simple qu'astucieux érigé sous la hiérarchie d'un catholicisme véreux, privilégiant ainsi nos créatures d'accéder à une ultime victoire afin de vaincre la lumière solaire, John Carpenter renouvelle l'iconographie du vampire avec lyrisme crépusculaire. Les codes du genre s'avérant habilement détournés afin de redorer un sang neuf au folklore dans une facture somme toute vintage, pour ne pas dire assez médiéval (notamment auprès du repère des moines et d'autres goules). Situés dans l'Ouest américain, les refuges sporadiques de cabanons, motel et monastère instillent une aura angoissante sous jacente lorsque les créatures démoniaques s'y planquent dans les recoins les plus ténébreux en guise de repos. Quant aux chasseurs de vampires au look de cow-boy à lunettes noires, ils s'affublent d'arbalètes, fusils à pompe, haches et pieux affûtés sous la mainmise de leur leader au langage trivial (Carpenter ne lésinant pas sur les répliques cocasses pour détendre l'atmosphère). Quand bien même nos créatures mégalos accoutrées de soutane noires s'apparentent à des ouailles sataniques assoiffés de sang !


Au-delà de tout cet aspect musclé, John Carpenter n'oublie pas pour autant de véhiculer une charge érotique de par la superbe apparition de la jeune Katrina, (Sheryl Lee, divine de beauté ardente, notamment lors de ses désirs incontrôlés émanant d'un lien télékinésique !). Prostituée infectée irrésistiblement transie d'extase lorsque la morsure charnelle du maître Valek y pénètre sa chair. A travers la sensualité extatique de cette victime en tacite jouissance, la situation éculée peut ainsi renaître de ces cendres afin de réinterpréter de façon somme toute ensorcelante une poésie macabre résolument trouble ! En prime, dans une mesure subsidiaire, une romance assez touchante est illustrée entre elle et Montaya, tous deux secrètement amoureux Spoil ! mais finalement contraints de s'exiler durant deux jours afin de profiter de leur ultime romance fin du Spoil. Conjuguant donc avec fluidité les scènes terrifiantes et homériques pour contrecarrer les forces du Mal et s'emparer de la croix de Bezier, John Carpenter multiplie les péripéties au fil narratif (le prologue explosif dans le cabanon, le massacre dans le motel et celui du monastère, les altercations successives dans l'ascenseur). Tout en y alliant suspense lattent et revirement (l'appréhension dans les galeries souterraines, la liturgie finale et les véritables motivations du Vatican) afin de transcender une série B photogénique où prime réalisme et efficacité. A l'image funeste de l'exhumation des maîtres s'extirpant l'un après l'autre des entrailles de la terre sous un crépuscule ocre !


Fort de caractère à travers ces protagonistes farouches et misanthropes n'hésitant pas en background à y railler l'église catholique (sans toutefois la renier !) parmi le témoignage d'un prêtre burné (très attachante prestance de Tim Guinee en faire-valoir en initiation héroïque), Vampires sublime le genre dans un modeste format de série B d'une émouvante sincérité. Car mis en scène avec autonomie et sens du rythme sans faille, le pouvoir de fascination de Vampires est également transfiguré du charisme sépulcral de Valek et ces goules, tant et si bien qu'ils font probablement partis des plus fascinants spécimens gothiques vus dans le paysage horrifique.

Bruno
25.02.19. 4èx
13.09.12. (109)

jeudi 21 février 2019

Mid90'S

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jonah Hill. 2018. U.S.A. 1h25. Avec Sunny Suljic, Lucas Hedges, Katherine Waterston, Gio Galicia.

Sortie salles France: 24 Avril 2019. U.S: 26 Octobre 2018

FILMOGRAPHIE: Jonah Hill Feldstein (né le 20 décembre 1983) est un acteur, réalisateur, producteur, scénariste et comédien américain.


Le Pitch: Dans le Los Angeles des années 90, Stevie, 13 ans, a du mal à trouver sa place entre sa mère souvent absente et un grand frère caractériel. Quand une bande de skateurs le prend sous son aile, il se prépare à passer l’été de sa vie…

Clairement influencé par Kids de Larry Clark, Mid90'S est une poignante chronique ado de la "génération 90" sous l'impulsion d'une exaltante BO rock symptomatique de son époque. Réalisé par l'acteur Jonah Hill, cette première oeuvre indépendante à la fois attachante et vibrante d'humanité dépeint la quotidienneté de skateurs livrés à l'abandon parental et à la drogue. A noter que le film (souffrant un peu de la comparaison avec Kids selon moi) fut tourné en 4/3 et en 16 mm afin de saturer son réalisme urbain épaulé de la force d'expression des comédiens méconnus.

mercredi 20 février 2019

Girl. Caméra d'or / Prix FIPRESCI / Queer Palm

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Lukas Dhont. 2018. Belgique/Pays-Bas. 1h46. Avec Victor Polster, Arieh Worthalter, Oliver Bodart, Katelijne Damen, Valentijn Dhaenens, Tijmen Govaerts.

Sortie salles France: 10 Octobre 2018. Belgique: 17 Octobre 2018

FILMOGRAPHIELukas Dhont, est un réalisateur et scénariste belge, né en 1991. 2018: Girl.


Sublime portrait de danseuse étoile meurtrie par sa condition androgyne, Girl est un moment de cinéma touché par la grâce, tant et si bien que pour son premier long, le réalisateur belge Lukas Dhont nous signe un véritable coup de maître. Illuminé par la présence filiforme de Victor Polester  (récompensée d'un Prix d'interprétation à Cannes et en Belgique), d'une fragilité et d'une sensibilité à fleur de peau, Girl s'avère d'une acuité émotionnelle dérangeante de par l'ultra vérisme que Victor Polester s'impose lors d'un parti-pris documenté. Et donc à travers sa mise en scène naturaliste filmant les corps (parfois mis à nu) et les pores des personnages avec pudeur sensorielle, Girl touche à l'âme et au coeur de par sa faculté à nous fondre dans la peau de Lara empressée d'y changer de sexe afin d'asseoir sa féminité. Car jeune danseuse étoile âgée de 16 ans, elle s'efforcera de parfaire sa passion en y martyrisant son corps chétif puisque tour à tour victime de diligence, de malnutrition, de mal-être identitaire et d'humiliation communautaire.


Ainsi donc, en éludant toute forme de voyeurisme et de complaisance auprès d'un sujet aussi bien tabou qu'ardu, Lukas Dhondt nous fait pénétrer dans l'intimité morale de Lara avec un hyper réalisme résolument trouble. Si bien que le spectateur en perte de repère car désorienté par la frontière entre fiction et réalité semble lui aussi blessé et contrarié par la dépression progressive de Lara à travers l'intimité de ses états d'âme faute de sa condition apatride. Notamment dans la mesure où rarement une jeune actrice néophyte n'eut autant parvenu à exprimer face caméra ses sentiments introvertis à l'aide d'une vigueur de jeu plus vrai que nature. Outre le magnétisme de son interprétation habitée, Girl est notamment rehaussé d'une présence paternelle hyper spontanée qu'Arieh Worthalter retransmet à l'écran avec une force d'expression noble eu égard de son amour protecteur pour sa fille en phase chrysalide. A eux deux ils forment dans une trouble impression de sentiment vérité une symbiose parentale parfois houleuse mais toujours transcendée d'un amour commun irrépressible auprès de leurs valeurs révérencieuses.


Plongée en apnée dans la psyché esseulée d'une androgyne à la sensibilité morale bouleversante, Girl nous saisit d'émotions jamais programmées. Entre brutalité et candeur de sentiments contradictoires qu'on nous illustre ici sans fioriture à travers les thèmes de la différence, du respect de soi, de l'éveil sexuel et de la beauté corporelle radiographiée ici du point de vue d'une ado hybride en proie au dolorisme afin de fuir sa condition transgenre. De par la précision chirurgicale de sa réalisation naturaliste émane une oeuvre écorchée vive pour autant humble et lumineuse puisque portée par l'inoubliable fragilité de Victor Polester transperçant l'écran parmi l'intensité de son regard virginal. 

*Bruno

Box Office France: 352 663 entrées

Récompenses:
Festival de cinéma européen des Arcs 2017 : prix Lab d'Eurimages (Work in Progresss).
Festival de Cannes 2018:
Caméra d'or.
Prix FIPRESCI de la section Un certain regard.
Prix d'interprétation de la section Un certain regard pour Victor Polster.
Queer Palm.
Festival international du film de Saint-Sébastien 2018 : prix du public du meilleur film européen.
Festival du film de Londres 2018 : prix du meilleur premier film.
31e cérémonie des prix du cinéma européen : Discovery of the Year - Prix FIPRESCI.
Magritte 2019:
Magritte du meilleur film flamand.
Magritte du meilleur scénario original ou adaptation pour Lukas Dhont et Angelo Tijssens.
Magritte du meilleur acteur pour Victor Polster.
Magritte du meilleur acteur dans un second rôle pour Arieh Worthalter.
24e cérémonie des prix Lumières : Prix Lumières du meilleur film francophone

mardi 19 février 2019

L'Internat

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Boarding School" de Boaz Yakin. 2018. U.S.A. 1h52. Avec Luke Prael, Sterling Jerins, Will Patton, Samantha Mathis, David Aaron Baker, Michael Wikes, Barbara Kingsley.

Sortie Dvd France: 18 Février 2019. Salles U.S: 31 Août 2018

FILMOGRAPHIEBoaz Yakin est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 20 juin 1966 à New York. 1994 : Fresh. 1998 : Sonia Horowitz, l'insoumise. 2000: Le Plus Beau des combats. 2003: Filles de bonne famille. 2008: Death in Love. 2012: Safe. 2015: Max. 2018: L'Internat.


Honteusement inédit en salles chez nous si j'ose dire, même si je peux toutefois comprendre la frilosité des distributeurs face à une oeuvre indépendante aussi diaphane que perverse, L'Internat est une pépite horrifique comme on en produit si peu dans le cinéma mainstream. Sujet à de terrifiants cauchemars nocturnes depuis la mort de sa grand-mère, et découvert un soir par son beau-père dans une tenue féminine, Jacob est aussitôt envoyé dans un internat. Peu rassuré à l'idée d'apprivoiser sa nouvelle école, il tente néanmoins de se réconforter auprès de ses nouveaux camarades ayant comme point commun des troubles pathologiques. Mais au fil des cours dictés par un enseignant psycho-rigide, Jacob et sa nouvelle amie Christine suspectent l'effigie de l'internat au moment même d'y opérer une surprenante découverte identitaire. Formellement sublime (je pèse mes mots !) si bien que l'ombre d'Argento et de Bava se télescopent à travers un stylisme baroque, l'Internat enivre les mirettes dans un gothisme gracile à damner un saint ! Tant et si bien que l'on serait tenté à moult reprises de cliquer sur la touche "retour rapide" afin de mieux en savourer ses cadres les plus flamboyants (le jeu harmonieux des lumières est juste mémorable au point d'y faire pâlir de jalousie les maestro susnommés !). Mais au-delà de sa fulgurance picturale d'une beauté aussi ténue que ténébreuse, l'Internat déroute notre façon d'aborder le genre lorsque le réalisateur prend malin plaisir à jouer avec les codes pour mieux égarer nos repères.


Car efficacement intriguant, ombrageux, psychanalytique et inquiétant à la fois, la narration volontairement démanchée dégage un irrésistible pouvoir de fascination. Dans la mesure où le spectateur scrupuleux d'y dénicher le moindre indice suit cette trame avec un intérêt mêlé de curiosité, d'incompréhension et d'appréhension. Le réalisateur se réservant notamment de distiller lors de son premier acte la moindre effusion de sang en privilégiant le suspense latent intensifié de la caractérisation équivoque des jeunes internes. Particulièrement l'introverti Jacob souffrant d'un complexe identitaire (interprétation habitée de Luke Prael dans sa pâleur magnétique) mais peu à peu timidement épris d'amitié avec l'étrange et provocatrice Christine littéralement décomplexée dans son franc-parler (Sterling Jerins s'avérant étonnamment spontanée à travers la maturité de ses sentiments !). A partir du moment ou ceux-ci se livrent à un vénéneux jeu de séduction tantôt morbide en jouant les investigateurs insolents, L'Internat adopte une tournure autrement délétère que le spectateur ne peut anticiper à travers sa narration sinueuse émaillée de visions cauchemardesques (l'ombre du nazisme planant sur les épaules de Jacob à travers le fantôme de sa grand-mère traumatisée par la Shoa). Et donc autour des thèmes de la différence, de l'identité et surtout de l'eugénisme, Boaz Yakin finit par nous broder en second acte un délire giallesque complètement vrillé en y opposant brutalement l'innocence des enfants (d'une étonnante capacité de réflexion pour nos 2 héros mentionnés plus haut) avec le monde beaucoup plus sournois et perfide des adultes impérieux.


Nanti d'un climat d'étrangeté et de mystère toujours plus palpable avant de céder à l'explosion de violences criminelles, l'Internat aborde le cinéma d'horreur sous le pilier d'un épineux drame psychologique du point de vue initiatique d'un ado complexé confronté à la perversité humaine. Tant auprès d'une trouble innocence galvaudée que du côté du nazisme ayant laissé comme héritage l'eugénisme le plus immoral. Onirique dans ses allures de conte où même la féerie s'y instille par moments (les fameux collages d'étoiles de Phil sur le mur), intense, dur et trouble, principalement auprès de son schéma narratif reptilien que l'on peut potentiellement considérer parfois décousu, l'Internat resplendit d'originalité couillue sous la lumière une formalité baroque infiniment ensorcelante. Autant avouer que les fans d'Argento et de Bava y seront étonnamment comblés à travers sa gangue inusité d'horreur adulte ! 

*Bruno