de Gabrielle Beaumont. 1980. U.S.A. 1h26. Avec Malcolm Stoddard, Cyd Hayman, Angela Pleasance, Patrick Barr, Wilhelmina Green.
Mea culpa ! 4 visionnages il m'eut fallu pour enfin l'apprécier.
Exploité sous l’étendard étoilé d’Hollywood Video, Les Yeux du Mal fit fantasmer toute une génération de fantasticophiles de vidéoclubs avec sa jaquette flamboyante, héritée de La Malédiction et de L’Exorciste. Une rutilante affiche crépusculaire, dans la droite lignée d’Une si gentille petite fille, des Tueurs de l’éclipse ou encore de De si gentils petits monstres. Des plaisirs innocents, redoutablement ludiques, pour qui sait savourer les bisseries décomplexées au délire assumé.
Primé au Festival Fantastique de Paris — dixit la jaquette française — Les Yeux du Mal embrasse le genre horrifique au premier degré, à travers l’affrontement psychologique d’un père et d’une mère se disputant l’autorité sur leur enfant adoptif, depuis la disparition de sa mère biologique. La petite Wilhelmina Green s’impose d’ailleurs par une photogénie troublante : ce regard noir, à la fois perçant et rigide, presque figé. Son inexpressivité sert parfaitement le climat d’étrangeté qui l’entoure, entre mutisme et postures ambiguës, le récit misant à fond sur la suggestion, l’interrogation sans réponse, l’ambiguïté morale.
Et c’est ce qui renforce l’aspect captivant, envoûtant (nappe musicale inquiétante à l’appui) des Yeux du Mal : cette exploration des liens paternels en déliquescence, gangrenés par les disparitions infantiles qui ravagent une famille déjà lourdement endeuillée. Une impuissance désespérée, mais teintée de colère sourde.
On retiendra aussi deux séquences assez chocs, malsaines, inattendues : le sort d’un bambin violemment sacrifié, ou cette scène dérangeante où la petite Bonnie embrasse son père sur la bouche, à deux reprises, durant son sommeil.
Pour les amateurs de curiosités oubliées des années 80, Les Yeux du Mal saura encore sans doute séduire les collectionneurs incorrigibles de films d’horreur bisseux, soigneusement contés, atmosphériques au possible et interprétés. À voir impérativement en VO — le jour et la nuit face à une VF certes maladroite, mais non dénuée d’un certain charme à travers ses inflexions familières.
Un divertissement intelligent, qui repousse tout effet racoleur pour miser sur le développement de personnages meurtris. Et puis, il y a Angela Pleasence (oui, la fille de Donald), dont la froideur glaçante impressionne dès le prologue, et jusque dans un épilogue sans réponse, venu mieux encore tourmenter l’esprit de cette éventuelle damnation occulte.
Bravo tu as reussi
RépondreSupprimerlol, quand on lâche rien aussi
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