mardi 16 juin 2015

L'Antre de la Folie / In the mouth of madness. Prix de la Critique, Fantasporto 96.

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site arkhamdrive-in.com

de John Carpenter. 1994. U.S.A. 1h35. Avec Sam Neil, Jürgen Prochnow, David Warner, Charlton Heston, Julie Carmen, John Glover, Frances Bay.

Sortie salles France: 8 Février 1995. U.S: 3 Février 1995

FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 :The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible, 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward.


Ultime volet de sa trilogie de l'apocalypse initiée par The Thing et Prince des Ténèbres, l'Antre de la Folie est l'un des rares films d'avoir su traiter du thème de la folie avec autant de puissance d'évocation, de par son imagerie paranoïde héritée de l'univers de Lovecraft. Si le scénario n'est en rien le prototype d'un des romans de l'écrivain, John Carpenter lui rend dignement hommage à travers un récit tortueux suggérant plus qu'il ne montre l'ascension du Mal, entre fiction et réalité jusqu'à la conjonction. D'une étonnante subtilité pour le cheminement schizophrène d'un assureur rationnel peu à peu gagné par la perplexité, l'Antre de la folie transcende son investigation parano à travers l'influence d'un écrivain porté disparu. Ce dernier s'avérant le maître de cérémonie de la folie progressive après s'être laissé inspiré par des créatures tapies dans l'ombre des enfers.


Truffé de séquences anxiogènes irrésistiblement effrayantes ou déstabilisantes à travers leur facture baroque particulièrement sardonique, l'Antre de la Folie est entièrement dédié à la singularité d'un scénario retors littéralement ensorcelant. Le Mal étant le pilier d'une malédiction conçue pour annihiler l'espèce humaine. Rien que ça ! Car par l'entremise des écrits diaboliques d'un roman d'horreur prenant forme dans la réalité de notre quotidien et possédant un à un les esprits du lectorat (avec en filigrane une réflexion sur les dangers du fanatisme éprouvant plus d'intérêt à se tailler une raison existentielle au sein de la fiction), les forces du Mal ont décidé de parachever leur dessein afin de matérialiser l'apocalypse sur terre. Leur suprématie, leur arme infaillible pour duper l'ennemi: l'extension de la folie du point de vue d'un public fanatique addicte aux romans d'horreur ! Cette mise en abyme, l'enchâssement insinueux de la fiction au sein de notre quotidennieté, John Carpenter la maîtrise à la perfection par le biais d'une réalisation vertigineuse renouvelant sans cesse l'angoisse des situations inédites. A l'instar de son final espiègle désireux de railler cette fois-ci l'esprit du spectateur pour le contaminer à son tour dans une folie contagieuse. Cette ironie mordante cultivé par un venin reptilien est également une des forces du métrage afin de mettre en exergue l'esprit sarcastique de son thème principal: la paranoïa collective engendrant l'hystérie meurtrière tout en nous interrogeant sur notre réalité potentiellement créée/manipulée par un alchimiste, un créateur, un apprenti sorcier apatride, 


Une expérience schizo douée d'organisme.
Réflexion sur l'identité, la paranoïa et le fanatisme, méditation sur le pouvoir de persuasion à travers l'autorité d'un auteur mais aussi du point de vue visionnaire d'un cinéaste, l'Antre de la Folie semble avoir été écrit par un diable ricaneur tant la puissance de ses images dérangeantes nous transfigure l'avènement de l'apocalypse. Chef-d'oeuvre schizo s'il en est, (dansl'Antre de la Folie (titre on ne peut mieux approprié) est également un jubilatoire exorcisme à nos pire frayeurs pour sa parabole impartie à l'influence du Mal et à notre attrait irrésistible pour la fiction conçue pour nous ensorceler.

*Bruno
28.08.24. 4èx. Vostfr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire