lundi 29 juin 2015

Messiah of evil / le messie du mal

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site rarehorror.com 

de Willard Huyck et Gloria Katz. 1971. U.S.A. 1h30. Avec Marianna Hill, Michael Greer, Anitra Ford, Joy Bang, Elisha Cook Jr, Royal Dano.

FILMOGRAPHIE: Willard Huyck est un réalisateur, scénariste producteur et acteur américain, né le 8 Septembre 1945 à Los Angeles, Californie, U.S.A. 1971: Messiah of Evil. 1979: French Postcards. 1984: Une Défense Canon. 1986: Howard le canard. Gloria Katz est une réalisatrice, productrice et actrice américaine, née le 25 Octobre 1942 à Los Angeles, Californie, U.S.A. 1971: Messiah of Evil.


Inédit en salles en France, Messiah of Evil fut enfin exhumé de l’oubli grâce aux étendards Artus Films et le Chat qui fume, qui eurent l’aubaine de l’éditer en DVD et en Blu-ray. Film culte au sens premier du terme, alors qu’il n’était à l’origine qu’une commande, cette série B au budget dérisoire déploie un pouvoir de fascination rare par son ambiance crépusculaire, éthérée, et par la posture mutique de ses antagonistes cannibales. 

Alertée par une lettre, Arletty part rejoindre son père, artiste peintre, dans le village spectral de Point Dune. Sur place, elle découvre son absence et se retrouve vite confrontée à l’intrusion d’un trio aux motivations troubles. Tandis que les rues s’emplissent d’ombres inquiétantes, la cité bascule dans une orgie cannibale, ses habitants contaminés par un mal ancien. 

Ovni indépendant, à la croisée du cinéma d’auteur et de l’exploitation, Messiah of Evil frappe par son esthétisme baroque, ses rouges et ses bleus rappelant les fulgurances stylisées d’un certain Mario Bava.


Tourné en Techniscope (ce « parent pauvre du Cinémascope », comme l’évoque Alain Petit dans le bonus DVD d’Artus), porté par des comédiens presque tous méconnus - hormis l’héroïne et deux apparitions fugitives - le film développe une intrigue insolite et déroutante, guidée par l’errance nocturne de personnages en quête de réponses. Retrouver la trace d’un peintre absorbé dans un fléau immémorial, comprendre l’étrange rituel d’une communauté vouée à attendre l’oracle d’une lune rouge. Toute l’œuvre se cristallise dans les allers-retours d’Arletty et de ses compagnons, prisonniers d’une bourgade fantôme dont les rares habitants sont atteints d’un mal prophétisé par un pasteur revenu hanter le monde tous les cent ans. Volontairement labyrinthique, le récit égarant le spectateur comme dans un rêve fiévreux, Huyck et Katz (couple cinéaste) multiplient visions insolites et ruptures d’espace, privilégiant le pictural, le poétique, l’atmosphérique : décors baroques où s’étalent des fresques politiques, plages désertes aux reflets livides, centre urbain vidé de sens, comme rongé de l’intérieur. Le rythme languissant, les comportements incohérents, tout conspire à enfermer le spectateur dans une bulle hermétique, sous l’ombre planante de Carnival of Souls.


"Messiah of Evil : fantasmagorie baroque au bord de l’oubli" 
Porté par une partition électro envoûtante, résonnant parfois comme un écho précurseur à Carpenter, Messiah of Evil se vit comme une plongée fantasmagorique, au fil des pas incertains d’Arletty dans un univers hanté de fantômes qui versent des larmes de sang. La présence doucement étrange et magnétique de Marianna Hill (vue dans L’Homme des hautes plaines, Le Parrain II) ajoute au trouble, tandis que l’expérience puise sa force et son impact émotionnel dans sa densité formelle, façonnant un cauchemar d’une étrange tangibilité impossible à omettre de la mémoire. 

— le cinéphile du cœur noir

27.09.25. 3èx
29.06.15
21.09.10 (222 vues)

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