vendredi 12 juin 2015

Les Monstres de la Mer / Humanoids from the deep/Monster

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site boblarkin.blogspot.com

de Barbara Peeters. 1980. U.S.A. 1h20. Avec Doug McClure, Ann Turkel, Vic Morrow, Cindy Weintraub, Anthony Penya, Denise Galik-Furey, Lynn Theel.

Sortie salles : 28 Août 1980

FILMOGRAPHIE: Barbara Peeters est une réalisatrice, scénariste, actrice et productrice américaine. 1970: Je suis une hard-girl. 1972: Bury me an Angel. 1974: Summer School Teachers. 1978: Starhops. 1980: Les Monstres de la Mer.


Produit par Roger Corman, juste avant qu’il ne se consacre à d’autres projets tout aussi débridés (La Galaxie de la Terreur, Mutants), Les Monstres de la mer peut sans conteste rejoindre ce duo gagnant tant il est conçu avec autant d’intention sincère que de maladresse. Cette contradiction engendre un divertissement d’une dérision irrésistible, porté par des ressorts dramatiques que la réalisatrice aborde gravement, à l’aide d’un montage sporadique mais efficace. Bourré de clichés et de personnages stéréotypés, Barbara Peeters en abuse sans complexe pour divertir un public complice, venu frissonner le sourire aux lèvres. Dominé par d’aimables trognes de seconde zone bien connues des amateurs (Doug McClure et le regretté Vic Morrow !), Les Monstres de la mer s’édifie en concentré d’horreur bisseuse, uniquement voué au plaisir innocent du samedi soir.

Ciblant pour thème la pollution via le DNA 5, substance conçue pour stimuler l’hormone de croissance des saumons génétiquement modifiés à des fins agroalimentaires, l’intrigue n’est qu’un prétexte à émailler, à intervalles réguliers, agressions sanglantes d’amphibiens humanoïdes, étreintes sexuelles de jeunes touristes en rut et stratégies d’attaque menées par les résidents d’un port ! Car après avoir dévoré ces saumons mutants, les cœlacanthes (poissons crossoptérygiens) ont fini par adopter une mutation génétique semblable à celle de l’homme-poisson.


Si l’on songe naturellement au Continent des hommes-poissons de Martino, leur anatomie visqueuse évoque tout autant la créature du lac noir de Jack Arnold. Et si ces créatures quasi omniprésentes prêtent à sourire par leur apparence grand-guignolesque et leur posture tantôt meurtrière, tantôt lubrique (elles n’hésitent pas à violer des filles en bikini, étendues sur la plage, pour parachever leur évolution !), la qualité des maquillages fascine néanmoins par leur aspect étonnamment réaliste. On est en tout cas loin de la défroque caoutchouteuse des Kaijus japonais issus de la Toho.

Délibérée à façonner un pur produit d’exploitation dédié à la vigueur trépidante, Barbara Peeters ne perd pas de temps et embraye dès les premières minutes : deux rebondissements tragiques précèdent une hilarante baston de rue, où les coups pleuvent sous l’œil hilare de la foule d’un bal populaire. L’intrigue se recentre ensuite sur les tensions entre un pêcheur raciste (Vic Morrow), très remonté contre la défiance d’un Indien placide, et un pêcheur pacifiste (Doug McClure), venu prêter main-forte au second avant de découvrir l’origine des humanoïdes, épaulé d’une scientifique.

Pour parachever ce traditionnel concept catastrophiste hérité des Dents de la mer, Les Monstres de la mer surenchérit avec la fête annuelle de la station balnéaire, où les créatures, réunies en masse, vont ébranler la tranquillité des invités. Une scène de panique anthologique, fertile en rebondissements sanglants et en explosions, quand bien même la drôlerie involontaire de la plupart des affrontements naît autant de la frénésie risible des monstres que de celle des protagonistes, surjouant leur condition épeurée.


Débordant de générosité entre action homérique, sexe polisson et effusions de gore parfois spectaculaires, Les Monstres de la mer alterne cocasserie et fascination. Par le biais de ses créatures avides de rancœur meurtrière et de la prestance cabotine de comédiens de seconde zone, sobrement impliqués dans leur héroïsme en herbe, il émane de cette savoureuse série B un charme bonnard, aussi grotesque que jouissif, fréquemment rehaussé par le grand-guignol d’effets spéciaux adroits et de gore cracra.

*Eric Binford.

Clin d'oeil à Jean-Pierre Putters.
01.06.26. 4èx
23/09/21.

La Chronique de Mutanthttp://brunomatei.blogspot.com/2012/01/mutant-forbidden-world-grand-prix-du.html
La chronique de la Galaxie de la Terreur (la): http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-galaxie-de-la-terreur.ht…

La critique de Mathias Chaput:
Produit par Roger Corman en pleine apogée des films fantastiques et d'horreur qui fleurissaient outre Atlantique et qui remplissaient les drive-in et les salles obscures, il faut être honnête et reconnaitre que ce "MONSTRES DE LA MER" est un véritable régal, un petit bijou du genre...

Le film s'apparente sans difficultés aux « pop corn movies » qui firent le bonheur des aficionados puis bien après des vidéastes, friands de films gore de monstres, pimentés par un soupçon d'érotisme et un sens de l'action inné, qui fit l'apanage et la marque de fabrique du père Corman, qui rencontra un gros succès grâce à cette recette parfaitement huilée et à l'efficacité inaltérable et inaltérée...
Doug Mac Clure (l'inoubliable acteur des films de Kevin Connorsur les continents oubliés, "LE SIXIEME CONTINENT", "LE CONTINENT OUBLIE" et consorts) tient une composition honnête dans son rôle de redresseur de torts bourru et forçant la sympathie et les autres comédiens sont parfaitement impliqués, amplifiant la crédibilité du métrage qui pousse même le détail sur une origine de l'apparition des monstres parfaitement concevable et identifiable pour le spectateur...

Il y a une logique à tout cela, les « monstres » issus de mutations génétiques ne tombent pas là comme un cheveu dans la soupe, leur présence est la résultante de faits bien précis !
La réalisation est soignée, les effets gore font mouche (notamment dans la scène de l'attaque lors de la foire, qui vire à la pantalonnade !) jusqu'à un dénouement particulièrement graveleux et cradingue, à réserver aux plus aguerris d'entre nous...

Une bonne histoire, un bon scénario, des moyens conséquents, tout cela fait prendre la mayonnaise correctement et l'ensemble s'avère convaincant et particulièrement réussi !
Un petit bijou, témoignage d'une époque révolue, où naïveté se conjuguait avec imagination via un postulat délirant certes, mais qui tient parfaitement la route !
Excellent ! 8,5/10




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