d'Alfred Sole. 1976. 1h50. Avec Linda Miller, Paula Sheppard, Brooke Shields, Louisa Horton Hill, Antonio Rocca, Lillian Roth.
Sortie salles U.S: 13 Novembre 1976
FILMOGRAPHIE: Alfred Sole est un réalisateur, scénariste et chef décorateur américain, né le 2 Juillet 1943 à Paterson, New-Jersey. 1972: Deep Sleep. 1976: Alice, sweet Alice. 1980: Tanya's Island. 1982: Pandemonium.
Inédit en salles en France, discrédité d'audience commerciale et relativement passé inaperçu lors de sa sortie Vhs retitrée Communion Sanglante, Alice sweet Alice ne trouva les faveurs des cinéphiles et des critiques qu'après revisionnage(s). Prenant pour thèmes la religion, l'adultère, le trouble psychologique, l'engagement parental et la vengeance, ce slasher malsain par son ambiance diaphane, son climat étouffant et sa violence rugueuse (le premier homicide dans l'église s'avère d'une audace effroyable !) parvient à captiver par le biais d'exactions meurtrières d'une silhouette enfantine. Après le meurtre de la petite Karen au sein d'un presbytère, sa soeur aînée Alice est suspectée par l'entourage familial et la police d'en être la potentielle responsable. Quelques jours plus tard, c'est au tour de sa tante d'être sauvagement agressée par un individu affublé d'un imperméable jaune et d'un masque sur le visage (le même accoutrement que portait Karen quelques heures avant son décès !). Témoin de l'agression, Alice persuade la police qu'il s'agit de sa soeur préalablement décédée. Déclarée perturbée pour ses penchants cruels et coupable après s'être soumise au détecteur de mensonge, elle est envoyée dans un institut spécialisé.
Combinant les codes du slasher et ceux du giallo pour la caractérisation fétichiste du tueur masqué accoutré d'une combinaison criarde, Alice sweet Alice façonne un suspense scrupuleux au fil du cheminement psychologique d'Alice et de son entourage tout en alternant avec des séquences-chocs particulièrement âpres. De par son souci de cruauté pour les meurtres sévèrement perpétrés où l'environnement glauque d'une banlieue blafarde intensifie le malaise éprouvé (le supplice intenté dans une industrie désaffectée). Sans accorder une grande importance à démasquer l'identité de l'assassin indécelable, Alfred Sole prend avant tout parti de dénoncer l'obscurantisme au coeur d'une bourgade profondément catholique tout en remettant en cause la responsabilité parentale lorsque les enfants du divorce pâtissent d'une détresse affectueuse. La grande force du film résidant dans le développement de ces personnages torturés, déchus ou peu fréquentables (le voisin ventripotent aux tendances pédophiles vivant reclus dans un appartement insalubre) évoluant autour de la fragilité d'une fillette à tendances perverses. Par la tragédie des exactions criminelles où l'innocence paye le lourd tribut de la responsabilité des adultes, la religion se retrouve destituée d'angélisme au sein même du refuge de Dieu. Outre la sobre prestance des comédiens jusqu'aux seconds-rôles charismatiques, on peut s'attarder sur le visage mi-angélique, mi-démoniaque de Paula Sheppard symbolisant avec ambivalence la dégénérescence psychologique d'une ado réfugiée dans la perversion et la jalousie depuis sa privation de gratitude.
Glauque et malsain, trouble et cruel, Communion Sanglante (pour reprendre l'alternative du titre français plus évocateur à mon sens) renoue avec la tradition du slasher en privilégiant l'étude des caractères de ses personnages partagés entre leur foi catholique, leur culpabilité et le dysfonctionnement d'un fanatisme religieux. Sombre requiem sur l'innocence galvaudée, ce grand film schizophrène est à réhabiliter d'urgence tant son atmosphère licencieuse (score lancinant à l'appui !) nous hantent la mémoire !
*Bruno
4èx
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