vendredi 14 août 2015

Planet Terror

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site planetterror.wikia.com

de Robert Rodriguez. 2007. U.S.A. 1h45. Avec Rose McGowan, Freddy Rodríguez, Marley Shelton,
Josh Brolin, Naveen Andrews, Michael Biehn, Stacy « Fergie » Ferguson, Michael Parks, Tom Savini, Jeff Fahey, Carlos Gallardo, Nicky Katt, Bruce Willis, Quentin Tarantino.

Sortie salles France: 14 Août 2007. U.S: 6 Avril 2007

FILMOGRAPHIE: Robert Rodriguez est un réalisateur et musicien américain, d'origine mexicaine, né le 20 Juin 1968 à San Antonio, Texas, Etats-Unis. 1992: El Mariachi. 1993: Roadtracers (télé-film). 1995: Desperado. 1995: Groom Service (Four Rooms, segment: The Misbehavers). 1996: Une Nuit en Enfer. 1998: The Faculty. 2001: Spy Kids. 2002: Spy Kids 2. 2003: Spy Kids 3. 2003: Desperado 2. 2005: Sin City. 2005: Les Aventures de Shark Boy et Lava Girl. 2007: Planète Terror. 2009: Shorts. 2010: Machete (co-réalisé avec Ethan Maniquis). 2011: Spy Kids 4. 2013: Machete Kills. 2014: Sin City: j'ai tué pour elle. 2014: From dusk till Daw: The Series (épis 1,2 et 4). 2015: Machete Kills Again... in Space.


Vibrant hommage aux séries Z horrifiques des années 70 et 80, Planet Terror s’édifie en offrande ultime, celle que tous les amoureux du Bis espéraient un jour voir éclore sur grand écran. Autrement dit, ceux qui ont été bercés par des pellicules aussi incongrues que L’Avion de l’Apocalypse, Le Monstre qui vient de l’espace, Le Manoir de la Terreur ou Contamination. Si le duo Rodriguez/Tarantino nous avait déjà comblés avec le polar vampiresque (au goût de Tequila) Une Nuit en Enfer, nos lurons remettent le couvert de l’ultra-référence, en décuplant l’épice action/gore autour d’une invasion de zombies purulents. La faute à une transaction militaire menée par le lieutenant Muldoon : un gaz mortel s’échappe et infecte la population d’une bourgade rurale. Cherry, go-go danseuse en rupture de barre, et son ex-amoureux, s’allient à un restaurateur et une poignée de mercenaires pour repousser les monstres affamés de chair humaine.

Ce pitch éculé que les amateurs connaissent par cœur, Rodriguez en extirpe une gigantesque farce macabre, bourrée jusqu’à la moelle de poursuites, gunfights et agressions sauvages. Une confrontation démesurée entre zombies (à tête de pizza, siouplaît !) et survivants cloîtrés entre hôpital, grill-room et base militaire. Baignant dans le mauvais goût le plus délicieux, avec un gore aux effluves transalpines (clin d’œil savoureux à Fulci et sa fameuse écharde !), Rodriguez s’en donne à cœur joie, illustrant avec esbroufe grand-guignolesque d’innombrables éventrations, décapitations, démembrements, mutilations... à grand renfort de geysers de sang.

Outre la jouissance de son action trépidante nappée d’humour noir, Planet Terror est transcendé par une galerie de personnages tous plus excentriques, cyniques et ubuesques les uns que les autres. Porté par les trognes charismatiques de comédiens en roue libre - dignes rejetons des années 80 - le film arbore une patine vintage irrésistible, notamment dans la manière iconique dont Rodriguez dessine ses deux héroïnes estropiées. Le film rivalise d’idées saugrenues (la mitraillette encastrée dans le moignon d’une unijambiste !) et de situations scabreuses et pittoresques : des couilles émasculées comme enjeu diplomatique, des pustules giclant en pleine face au détour d’un dialogue.

Mais derrière l’absurde s’impose un soin constant de l’ambiance, qu’elle soit rurale (le grill-room) ou médicale (l’hôpital en alerte). Rodriguez cisèle l’esthétique flamboyante d’une photo rongée de scratchs - clin d’œil appuyé aux vieilles bobines Grindhouse -, rythmée par une partition électro en droite ligne d’un Carpenter halluciné. Une poésie visuelle et sonore qui ne tarit jamais dans son flot de trouvailles fantasques, graveleuses, répulsives.


Planet Terror, hymne solennel aux bisseries Z et autres classiques du gore transalpin que Fulci avait souillé de sa patte licencieuse, transfigure l’hommage, dépoussière le cinéma d’exploitation avec une vigueur galvanisante, une inventivité débridée, une verve insolente (les dialogues rivalisent de vulgarité gouailleuse !) et une générosité dévastatrice. Immersif en diable dans sa volonté de sacraliser l’atmosphère palpable d’une bourgade texane en proie à un surnaturel charognard, Planet Terror redore le zombie apathique avec un purisme fiévreux, porté par des comédiens cartoonesques littéralement fascinants.

Bruno
05.07.25 — 3èx

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