Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com
de Vincenzo Natali. 2009. U.S.A/France/Canada. 1h44. Avec Adrien Brody, Sarah Polley, David Hewlett, Delphine Chanéac, Brandon McGibbon, Simona Maicanescu.
Sortie salles France: 30 Juin 2010. U.S: 4 Juin 2010
FILMOGRAPHIE: Vincenzo Natali est un réalisateur, scénariste et producteur canadien, né le 6 Janvier 1969 à Détroit, Michigan. 1997: Cube. 2002: Cypher. 2003: Nothing. 2009: Splice. 2013: Haunter.
(Sempiternelle) Mise en garde contre les manipulations génétiques à des fins médicales, Splice empreinte ce thème d'anticipation afin d'y façonner une série B aussi efficace que bougrement inquiétante eu égard de son aura de souffre perméable. Le Pitch: Afin de favoriser la recherche médicamenteuse, un couple de chercheurs joue aux apprentis-sorciers en combinant l'ADN humain avec celui de divers animaux. Il en résulte une créature hybride mi-humaine, mi-animale que le duo décide de confiner dans la grange de leur foyer. Prénommé Dren, cette dernière adopte un comportement toujours plus agressif depuis sa claustration, quand bien même les rapports du couple de scientifiques s'avèrent houleux face à leur situation devenue ingérable. Sous couvert de science-fiction alarmiste, le réalisateur de Cube exploite fort efficacement le mythe du savant fou sous l'impulsion d'un suspense soutenu quant à l'évolution morale (puis physique) de la créature et de nos apprentis sorciers ne sachant plus distinguer le bien du mal. Par le biais d'effets spéciaux numériques incroyablement réalistes, Splice insuffle un indéniable pouvoir de fascination pour l'attrait immaculé du cobaye androgyne chamarré d'un regard sensuel aussi diaphane qu'anxiogène.
Le réalisateur accordant notamment avec soin documenté d'y dépeindre les diverses étapes de sa transformation, de sa gestation à sa maturité. Outre l'aspect attractif de cette découverte révolutionnaire tenant lieu de situations tantôt tendres, tantôt cocasses, l'intrigue met en parallèle les rapports équivoques du couple de chercheurs bravant les lois et leur éthique pour parfaire leur intérêt personnel (la quête de célébrité) et médical (notamment afin de créer un vaccin contre Alzheimer). Par conséquent, de par leurs expériences frauduleuses y émane un comportement malsain bâti sur le mensonge, la trahison et même l'adultère lorsque la sexualité commence à susciter chez l'un d'eux un désir irrépressible d'expérience nouvelle avec l'étranger. Et donc, à travers leur autorité contradictoire dénuée de repère dans leur éthique anti manichéenne, et l'attitude toujours plus farouche de Dren, une tension palpable commence à s'irriguer autour d'eux, quand bien même le spectateur, conscient de leur tardive prise de conscience redoute une issue dramatique. Parfois angoissant, voir même flippant auprès de la posture imprévisible de la créature plus vraie que nature, Splice n'en demeure pas moins passionnant et empathique de par le caractère attachant des amants en perdition (Adrien Brody et Sarah Polley provoquent une épaisseur psychologique davantage sentencieuse dans leurs accès de remords et quête désespérée de rédemption) . Sans compter l'aspect onirique de certaines séquences crépusculaires (particulièrement le final à la dramaturgie homérique) qu'une créature en mutation progressive instaure en nouvelle icone du bestiaire fantastique.
A la fois malsain, inquiétant et parfois même étonnamment pervers, Splice parvient surtout à conjuguer avec intelligence suspense, tension, émotion, appréhension et tendresse autour des agissements véreux du trio maudit. Tant au niveau de leur amour maternel que de la montée progressive du danger engendrant de façon insidieuse le ressort du sacrifice. Outre l'alchimie romantique du duo infortuné se disputant la vedette avec rigueur dramatique, l'oeuvre fétide est toutefois contrebalancée d'un sens de l'émerveillement en la présence ambivalente de Dren, victime hybride malencontreusement enfantée par le genre humain.
*Bruno
08.04.23. 3èx
17.08.15 / 02.11.10 - 70v
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